Lorsque Vincent d'Indy écrivit sa Seconde symphonie en 1902, un certain Debussy mettait Pelléas et Mélisande entre les oreilles ébahies de ses contemporains. Sans doute le malheureux d'Indy, pétri de tradition - voire un chouïa réactionnaire, au moins dans sa conception de la société, mais aussi un peu de la musique - en fit-il un peu de température, car sa Seconde s'apparente plus au romantisme tardif français qu'à l'avant-garde pourfendeuse d'anciens. Et quand bien même il semblait admirer l'audace et l'invention de son jeune collègue, il ne pouvait pas ne pas saisir que son temps était révolu, sa symphonie datée d'avance. Alors, chers auditeurs, un conseil : écoutez cette oeuvre magnifique comme si elle n'avait pas d'âge, pas de date de composition, pas de passé, pas de futur; comme si elle n'existait que pour elle-même, un monolithe tombé du ciel ardéchois si cher à d'Indy. Autre paysage, la Forêt Noire - en Allemagne, eh oui, bien que le musicien fût assez férocement nationaliste - évoquée dans les Tableaux de voyage de 1892 (pour la version orchestrale, les pièces pour piano initiales datant de 1889), tour à tour sombre et schubertienne, même si le ton reste résolument français. Enfin, la musique de scène pour la pièce Karadec du très-oublié André Alexandre, un des petits bijoux de d'Indy, écrit dans un esprit quelque peu bretonnisant, nous rappellera combien il aimait les thèmes d'inspiration folklorique ou populaire.

SYMPHONIES N 4-6

SYMPHONIES N°4 VERSION 1947 1947)

SYMPHONIES N°5 & 6

SYMPHONIES N° 5 & 6

SYMPHONIES N° 5 & 7

Reconstitution d’un programme symphonique beethovénien idéal, mais imaginaire, sous la direction de Wilhelm Furtwängler au faîte de son art donné dans une capitale autrichienne ressuscitée au pupitre des Wiener Philharmoniker. Pour mémoire.

SYMPHONIES N°8

Datés de 1789, les manuscrits des deux symphonies présentes sur ce disque furent dédiés à un comte français et le matériel d'orchestre à un prince allemand ! Quels qu'en fussent les « vrais » dédicataires, ces oeuvres témoignent magnifiquement de la pleine maturité du compositeur, un accomplissement qui lui vaudrait bientôt d'être nommé docteur honoris causa à Oxford. Quant à la scène dramatique Berenice, che fai? créée en 1795 à Londres, elle valut à Haydn un succès mémorable.

SYMPHONIES N° 93, 93, 97, 98 & 99

Le jeune chef d’orchestre ukrainien Kirill Karabits poursuit le cycle complet des symphonies de Prokofiev, à la tête du Bornemouth Symphony Orchestra qu’il dirige depuis 2007. Les symphonies 4 et 5 sont au programme, troisième volet de cette intégrale dont les volumes précédents ont été très bien accueillis par la presse.

Hommage à Alexandre Glazounov qui fit des musiciens russes d'après Tchaïkovski de vrais professionnels, lui-même compositeur émérite, et donna ses lettres de noblesse à la symphonie classique comme à la musique de ballet d'avant et d'après le Groupe des Cinq. De ce pédagogue étonnamment désintéressé, Mravinski tint à programmer quelques pages qui s'inscrivent ingénument dans l'art romantique alors qu'il préférait les pages 'interdites' de ses élèves, du jeune Stravinsky, chahuteur invétéré, comme de Prokofiev, alors pianiste prétentieux et insupportable...

A la découverte de l’enfant terrible de la musique contemporaine américaine, George Antheil, avec, en première mondiale, Over the Plains, une oeuvre orchestrale inspirée des plaines du Texas. Le label Chandos poursuit son exploration fascinante du répertoire américain et après avoir rendu hommage à Aaron Copland, la série nous permet de découvrir l’enfant terrible de la musique contemporaine américaine, George Antheil, disparu en 1959 en laissant une oeuvre protéiforme, avec des pièces comme Ballet Mécanique d’un avant-gardisme choquant à l’époque, inspirée des premiers ballets de Stravinsky. Dans un registre plus conventionnel, le chef d’orchestre John Storgards, à la tête du BBC Philharmonic, nous présente les symphonies N° 4 et 5 et, en première mondiale, la pièce orchestrale intitulée Over the Plains.

Des cartes postales de vacances. Vraiment ? Le Mendelssohn de la maturité s'opposa toujours à l'usage des épithètes écossaise et italienne pour ses symphonies en la mineur et majeur respectivement, comme pour souligner leurs qualités de musique pure. Leur inspiration directe fut pourtant l'expérience de son Grand Tour européen de 1829-32 : des ruines lugubres de l'abbaye de Holyrood aux paysages lumineux de Rome et de Naples, son imaginaire façonna des chefs-d'oeuvre rarement égalés pour leur sens de la couleur orchestrale, que magnifient ici les instruments d'époque du Freiburger Barockorchester.

L'épanouissement romantique selon Frans Brüggen. Ecouter Frans Brüggen, quelle que soit la musique qu'il interprète, est une expérience aussi édifiante que captivante. Fasciné depuis toujours par Mendelssohn - dont il a enregistré A Midsummer Night's Dream en 1997, Glossa Cabinet -, Frans Brüggen exprime à merveille les torrents d'émotion qui envahirent le compositeur durant son Grand Tour, depuis les brumes des Highlands de l'Écosse à la clarté torride de Rome. Bien plus que sa seconde version, l'Italienne telle qu'elle fut créée à Londres, en 1833, offre avec l'Ecossaise (complétée plus tard) un fort contraste que Brüggen met en valeur pour mieux refléter les bouleversements sauvages des états d'âme du compositeur, ce que commente élégamment Roeland Hazendonk dans l'essai qui accompagne le disque. Ces nouvelles lectures de Frans Brüggen - captées, comme toujours, dans des enregistrements live réalisés durant les tournées de l'orchestre, cette fois à Utrecht - sont parachevées par la transcription orchestrale émouvante d'une musique aussi chère à Brüggen que celle de Mendelssohn : le choral qui conclut la cantate nº 107 de Bach, Was willst du dich betrüben.

Chaque sonate de Scarlatti est une zone qu'explore la jeune Lillian Gordis avec inventivité et talent.

SUITES POUR CLAVECIN. PAVANE

Avec ce disque consacré à Bach, Fabrizio Chiovetta confirme les qualités déjà largement saluées dans Haydn et Schubert : grande délicatesse de toucher, variété des couleurs mais aussi rigueur toute classique du trait. Ce programme lui permet de faire valoir également une liberté dans le phrasé, un sens mélodique trop rares dans ce répertoire. Au rebours du Bach sévère et mathématicien que ces pages célèbres nous ont souvent fait entendre, voici un Bach plein d'esprit et d'humeurs, semblant presque parfois improviser au fil d'une inspiration que le cadre formel ne contraint pas, mais nourrit. Ce Bach à hauteur d'homme semble ici nous parler directement - et nous ne percevons que mieux la lumineuse profondeur de son génie.

Comment ? Offenbach a écrit des oeuvres pour violoncelle ? En effet, si nul n'ignore le fabuleux talent du compositeur d'opérettes, peu de gens savent qu'il était aussi un brillant violoncelliste. Même si les deux suites proposées dans ce disque présentent bien des difficultés pour leurs interprètes, il y a dans cette oeuvre une bouffée d'insouciance, un jaillissement spontané de la phrase mélodique qui faisait d'ailleurs dire à son auteur : Je mourrai certainement avec une mélodie au bout de ma plume. Ce titre est paru pour la première fois en 1985.

La poétique légendaire du flûtiste Wilbert Hazelzet a été, des années durant, l’une des enseignes de Glossa. Avec cette double réédition d’enregistrements de J.S. Bach, nous retrouvons Hazelzet à son apogée : il ré-imagine ce que Bach aurait pu faire en combinant la Partita pour flûte avec ses propres transcriptions de trois Suites pour violoncelle (!) tout en faisant équipe avec son partenaire artistique de toute une vie, Jacques Ogg (claveciniste culte), pour nous offrir d’autres transcriptions de l’oeuvre immortelle de Bach. Voici donc un double album pour l’éternité !