Quitter Paris, retrouver le Sud,Et rejoindre le Cap d’Antibes.C’est dans cette maison blanche,Que je retrouve ces sensations oubliées.Celle de l’air qui rafraîchit la véranda,De la chaleur des marches qui mènent au jardin,Et de l’eau turquoise de la piscine qui éblouit.Je m’allonge sous les citronniers, à l’ombre,Et contemple le ciel bleu dans lequel se perdent quelques nuages.Le chant des cigales est doucement remplacé par les rires.Les rayons du soleil caressent mon visage,Apaisé et charmé par la douceur de l’été.
Nonchalante, elle avance d’un pas régulier. Son port de tête, et le balancement langoureux de sa démarche, sont sans doute un peu travaillés. Mais elle ne veut surtout pas avoir l’air de mettre trop de coquetterie dans cette coiffe blanche. Souveraine, elle fait mine de ne pas voir qu’autour d’elle, tous les yeux se lèvent sur ce turban clair qui s’ouvre en corolle. Chaque pétale de sa coiffe ressemble à une aile blanche. Et sa silhouette frêle vacille fièrement sous le poids de cette couronne auréolée de soleil que toutes les fleurs lui envient.
Quai Saint-Bernard, près du Jardin des Plantes, les premiers couples arrivent jardin Tino-Rossi. À mesure que la nuit tombe, les danseurs se font de plus en plus nombreux et les gradins se remplissent. Sous la lune argentée et les lumières des péniches de touristes qui sillonnent le quai à quelques mètres de là, les corps se mêlent au rythme de la musique. C’est alors que deux regards se croisent. Une discrète invitation les amène à se retrouver au centre de la piste. Comme emportés, ils enchaînent les danses dans la chaleur de la nuit. De ce corps à corps tout en séduction ponctué de sourires complices, ils finissent par s’éclipser pour donner libre cours à des désirs plus charnels. Au petit matin, se dégage des draps un parfum de nuit blanche, d’étreintes polissonnes et lascives.
Au crépuscule les portes du palais se referment. Le marbre clair a gardé la chaleur étouffante du jour. On croirait tout à coup que le jardin s’apaise et que les arbres ouvrent leurs bras. La nuit du désert avance sous les arcades et le jardin est comme encerclé d’alcôves sombres. Quelqu’un passe en silence dans le noir qui tombe. On entend le bruit feutré d’un tissu qui ondoie comme une cape, le son discret d’un cuir qui se patine. La silhouette lente et altière passe dans le jardin silencieux. C’est peut-être Abramad. Une porte lourde s’ouvre et laisse entrer un peu de clarté. Une ombre fière s’étend sur la pierre dans l’entrebâillement de lumière dorée. Elle disparaît. Il faut lever la tête vers les sept fenêtres du palais, ouvertes comme degrands yeux noirs. Dans l’obscurité silencieuse, quelqu’un se tient là et fait face au désert.