Le téléphone n'arrête pas de sonner. Armande est seule à la maison et elle est terrifiée. Elle sent la présence d'agresseurs invisibles derrière chaque porte, elle entrevoit des pièges courir le long des murs. A treize ans, c'est la première fois qu'elle accepte de se garder toute seule, sans baby-sitter. Elle a promis qu'elle n'aurait pas peur, mais elle ne peut s'empêcher de calculer le nombre de secondes pour arriver jusqu'au téléphone situé dans l'entrée. Au bout du fil, Esther, sa grande soeur, la supplie de voler pour elle la jolie pochette brodée de maman. Peut-être est-elle cachée dans cette valise que leur mère range sous son lit ? Armande progresse lentement vers la chambre, puis jusqu'à la valise. Celle-ci ne contient que des lettres. Elle reconnaît l'écriture de son père, volatilisé depuis huit ans. Bizarre ! La dernière lettre remonte à avant-hier. Le téléphone se remet à sonner. Maintenant, Armande a peur d'un fantôme...
Il est dix heures et Maman n'a toujours pas bougé de son lit. Elle a téléphoné, et puis elle a dit : « Je suis fatiguée, je n'ai pas beaucoup de courage. » Angèle ne sait pas pourquoi sa maman reste cachée sous sa couette, aussi muette qu'une momie, avec un air de plus en plus triste. Ce qu'elle sait, c'est qu'il n'y a pas d'école ce matin et qu'elle a envie de s'amuser, d'aller dehors même s'il pleut, et surtout envie que sa maman rigole. « Ce n'est pas si simple » répond Maman. « Il faudrait un petit miracle pour que ça s'arrange ». Angèle se met aussitôt au travail et on ne peut pas dire que les idées lui manquent… Mais il arrive parfois qu'on ait un petit miracle, là, juste sous son nez, et qu'on ne le voit même pas.
Madame Kornebik règle tous vos problèmes ! Luce a lu cette petite annonce dans le journal. Et ça tombe bien car la petite fille a un problème énorme : elle veut changer de prénom. Au téléphone, la drôle de bonne femme lui fixe rendez-vous le dimanche suivant, au 7, avenue des Petits-Eclairs-au-Chocolat, à Forêt-la-Gaillarde. En raccrochant, Luce n’est plus du tout sûre de vouloir aller au rendez-vous. Et si cette madame Kornebik était une vieille sorcière qui voulait l’attirer dans un piège pour la dévorer toute crue ? Luce devra s’armer de courage pour traverser la forêt et frapper à la porte de cette mystérieuse Kornebik…
Emilien est fatigué. Il a une mère-tille mère. Ce n'est pas qu'elle n'ait pas d'hommes dans sa vie. Ils défilent. Elle les jette toits. Comme homme de la famille, il ne reste que lui. Il ne peut même pas compter sur son futur petit frère. Ce sera Justine, une sœur, donc. Emilien a peur. Le téléphone, puis l'électricité ont été coupés à l'appartement. Six soirs sur sept, c'est raviolis au dîner. Quand quelqu'un frappe à la porte, c'est un huissier. Émilien s'évade. En étudiant Phèdre ou en dévorant les oeuvres complètes de Barbara Cartland que lui a fait découvrir sa vieille voisine, Mlle Sainfoin. Que des histoires d'amour compliquées... mais qui lui donnent une idée. Marier sa mère. Son oncle Valentin a toujours eu un faible pour elle. Il n'est pas riche mais c'est une vraie fée du logis. Et puis, il a une devise qui semble appropriée à la situation : C'est quand tout va mal que tout va bien !
Bon-Papa est mort. Bon-Papa qui appelait Suzanne Cocotte, qui faisait des blagues vraiment pas drôles avec la mousse de sa bière, qui avait une chemise à carreaux trempée de sueur, qui dégommait les taupes au fusil, et qui disait : « Voyons, on ne pleure pas pour un hamster. » Bon-Papa à qui Suzanne tirait la langue, intérieurement, plusieurs fois par jour, parce qu'elle en avait marre de ses plaisanteries, qu'elle était contre l'assassinat de taupes, et qu'elle avait beaucoup pleuré à la mort de son hamster. Bon-Papa est mort dans sa chemise à carreaux, en tondant la pelouse avec Suzanne. La maison est pleine de larmes, de coups de téléphone, d'hommes en chaussures noires, et de silences inquiétants. Dans la cour, il y avait une grande malle noire. Suzanne se pose des questions, elle pense à Bon-Papa et elle attend l'arrivée de l'oncle Henri.