Danny Steve revient à la charge en s'appropriant littéralement le format de la collection Comix. Négligeant toujours un peu les us et coutumes de la bande dessinée pour favoriser l'expression graphique, elle nous propose ici un « comix d'ambiance ». Le résultat est un très beau livre, velu, où dessins ettextes se mélangent pour noyer le lecteur dans un hypothétique monologue amoureux.
Bernard Barracuda ne bouge plus, ne communique plus, n'aime plus, ne s'insurge plus, ne voit plus... Comment faire, dès lors, pour reprendre le cours de son existence ? Son entourage s'en charge pour lui ! Infirmières, médecins, patients de l'hôpital, et même sa Tata se démènent pour lui rendre la vie belle. Mais cet ingrat se refuse à faire le moindre effort... Val Fret invente avec un trait enfantin et drôle le quotidien d'un paraplégique ou plutôt de son entourage, car Bernard Barracuda n'est pas que le personnage principal de ce récit, il est le catalyseur impuissant de toutes les saloperies humaines et le révélateur des bassesses du monde qui l'entoure.
Le colosse Alain Lluch, chargé de marketing chez Mitbolls, une puissante multinationale de l'alimentaire, est au bord du licenciement depuis sa dernière campagne de pub désastreuse. À la recherche d'un moyen désespéré pour sauver sa tête, il fait une découverte extraordinaire au détour d'un kebab : une montagne de viande à peine avariée qui fera une matière première tout à fait acceptable pour les nouvelles lasagnes de sa firme.Son patron est ravi, l'argent, la drogue et les femmes coulent à flot, malheureusement l'organisme d'Alain ne supportera pas longtemps ces excès. Au sommet de sa gloire, Alain craque : infarctus, délires hallucinatoires mais surtout un anneau gastrique lui interdisant toute consommation animale le changeront à jamais. Comment se relèvera-t-il de ces épreuves ? Cet anneau maléfique aura-t-il raison de son appétit légendaire ? Et surtout que peuvent bien manigancer Gladys et Nougat, la femme et le chien d'Alain, pendant sa convalescence ? Réunissant les principaux protagonistes de l'univers hyperréaliste de Mr Kern, Le Cas Alain Lluch offre une vision décalée mais lucide de l'ultralibéralisme et de la malbouffe, deux sujets d'actualité.
Tard dans la nuit, le «drooo-drooo» retentissant d'un téléphone tire brutalement un privé anonyme des affres d'un sommeil agité et peuplé de rêves dangereusement prémonitoires... Iago Van Güllick, puissant magnat de l'industrie rongé par le cancer, le charge alors d'une enquête à priori fort anodine : retrouver la trace d'une mystérieuse laborantine soupçonnée d'espionnage industriel... Mais les indices sont ténus et les minces pistes qui s'offrent au détective sont comme autant de cul-de-sac qui ont le don de titiller encore un peu plus sa légendaire pugnacité de privé de seconde classe. Un feutre négligemment vissé au sommet de son crâne, il promène sa dégaine à la Humphrey Bogart dans le lacis inextricable de cette enquête décidemment bien étrange.A la manière d'un vieux tabloïd parcheminé au graphisme délicieusement rétro, Blexbolex passe en revue, avec une jubilation évidente, tous les codes graphiques et narratifs du polar hollywoodien des années 40-50! Outre l'ombre poisseuse d'un Vernom Sullivan des meilleurs jours, on y croise, pêle-mêle, tous ces personnages salement cabossés qui font le sel de la littérature et du cinéma policier : privé flegmatique, flics ripoux, gangster dur à cuire ou autre vamp vénéneuse dont la beauté incendiaire ne suffit plus à dissimuler les effroyables secrets dont elle est détentrice... Savant mélange de polar et de science-fiction, L'OEIL PRIVÉ clame haut et fort l'immense talent de cet auteur dont les nombreuses parutions, chez Cornélius, au Dernier Cri ou encore Le 9ème Monde, sont demeurées jusqu'à lors bien trop confidentielles...