Publié en 2009, vingt ans après le soulèvement des étudiants chinois et sa répression sanglante par le pouvoir en place, Oublier Tiananmen évoque ces événements tragiques à travers le regard d'un journaliste italien qui se rend à Pékin pour interroger acteurs et témoins, dans le but de rédiger un article. Mais au delà de l'intérêt journalistique, les raisons qui poussent cet homme à s'envoler pour la Chine sont également intimes : dans sa jeunesse, il était amoureux de Fu-Chi, fille d'un réfugié politique chinois en Italie.Ils avaient fait le serment de se retrouver vingt ans plus tard place Tiananmen : l'homme ignore ce qu'est devenue la jeune fille, mais une nostalgie irrépressible le pousse à accomplir le voyage. Le tragique des événements historiques sur lesquels il enquête se mêle au désenchantement d'un amour perdu. Au fil de ses rencontres, le narrateur prend conscience de l'horreur de la répression, mais aussi de l'ampleur de l'oubli qui aujourd'hui l'occulte.Alternant encre et peinture, noirs et blancs très expressifs, qui font penser au trait de Baudoin ou encore de Baru, et des passages en couleur, Davide Reviati rend hommage au courage des étudiants chinois dans cet album à la fois sensible et précisément documenté.
« Qu'est-ce qui vaut la peine d'être dit de moi ? » Frédéric Debomy, journaliste et scénariste de BD, tente de décliner la proposition embarrassante de son ami, le grand Edmond Baudoin : lui tirer le portrait.En vain. Pour le dessinateur, cette pudeur constitue au contraire l'amorce idéale, celle d'une esquisse au trait charbonneux, où les fragments épars d'une trajectoire à la fois banale et exceptionnelle - amour, attente, rupture ou deuil - se répondent à travers un double prisme :Le regard que les autres portent sur soi et celui qu'on porte aux autres. Au fil du dialogue qui s'établit peu à peu entre les deux hommes, le récit graphique prend ses libertés, et le style inimitable de Baudoin, à mi-chemin entre peinture et bande dessinée, fait la part belle à l'imaginaire et à la suggestion. Un tableau dansant, direct, fluide et fuyant comme la vie.
Dans un pays de neige et de glace, les vainqueurs de la guerre civile ont fini par imposer leur ordre. Un petit groupe d'activistes tentede résister à l'oppression, et prépare un attentat.C'est James Hardin, un lapin, qui est le cerveau - et l'agent principal - du complot. Il a dérobé des documents ultra secrets au siège même de l'état major. Le général Hanslowe est furieux, et charge Calvin Engel - un tigre - et Pavel - un corbeau -, de poursuivre le lapin. Mais les coéquipiers ne s'apprécient guère : Engel est convaincu que Pavel est un traitre, il fera tout pour le prouver, quitte à manipuler des témoins.S.M. Vidaurri montre des personnages aux prises avec leur propres démons, déchirés par des cas de conscience, partagés entre fidélité à leurs idéaux et la tentation de l'abandon. La ligne de démarcation entre courage et lâcheté n'est pas toujours très nette dans ce monde où la guerre a laissé bien des séquelles.