Le loup de Kiki Smith tient un gant rouge entre les dents ; Pierre Alechinsky repense les images du penseur qu’Asger Jorn avait collectées ; Paul Roussopoulos, mathématicien et physicien, dessine ses peintures à l’aide d’un clou ; des gens anonymes se reconnaissent dans des portraits imaginaires et troublants peints par Kamagurka…La peinture se mêle au dessin qui se mêle et se heurte à la sculpture ou à l’installation, dans un jeu de hasard et de rigueur, de gravité et d’humour. Paul Nizon, Delfeil de Ton, Rainer Michael Mason, Roger Knobelspiess, Caroline Lamarche, Hector Obalk, chacun dans son art, participent à ce joyeux éclectisme où se devine un ordre secret. Plus que le talent et la virtuosité, ce Cahier propose un vaste état des lieux de la surprise.
L'aventure du dessin se poursuit : la couleur se fait trait et le trait se fait couleur. Vincent Van Gogh écrivait : « Le vrai dessin, c'est de modeler avec la couleur. » Dessin ? Peinture ? Entre ces deux arts longtemps opposés, la conversation se poursuit néanmoins. Dans ce numéro, elle bat son plein. Autour du portrait, autour du paysage. Elle réunit des artistes qui ne se connaissent pas et que tout pourrait opposer. Ils sont d'ici et d'ailleurs, de Norvège, d'Allemagne, des Pays-Bas, de Russie. Pour la plupart, ils n'exposent pas, ou peu, sinon dans des lieux confidentiels, dans leur atelier ou leur appartement. Combien de galeries et de musées les ont-ils oubliés ? Sous prétexte de rentabilité, ils ont perdu beaucoup de leur audace.Comment, dès lors, apprécier la créativité des dessinateurs d'aujourd'hui ? Ce numéro du Cahier dessiné se propose de mettre certains d'entre eux en lumière, modestement, en attendant des jours plus généreux.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Noyau pourrait très bien nous dessiner telle ou telle situation d'un trait noir, direct, sans chichis. Mais voilà, il ne se contente pas des codes éprouvés du dessin d'humour, il va chercher la composition la plus savante, le cadrage inhabituel, la plongée ou la contreplongée malaisée, sans parler du jeu subtil des surfaces et des matières. Et c'est précisément parce qu'il en appelle à cette extrême difficulté que s'offre à lui une autre vision des choses. La réalité prend des airs inédits : les voitures roulent sans roues, les portes s'ouvrent sur des murs, le chasseur ne chasse qu'avec sesgardes du corps, toute une ville brûle dans l'âtre de la cheminée, et les objets les plus variés se transforment en pain, croissant, biscuit. Pour bien nous faire sentir sa réalité à lui, il évoque quelques souvenirs d'enfance, en noir et gris, comme sur des photos d'autrefois. Il nous rappelle ainsi que son regard sur le monde ne date pas d'hier. C'est une longue histoire. Il fallait une virtuosité époustouflante pour que nous l'admettions.Un monde à l'envers plus riche de détails et de nuances que le vrai.
Le loup de Kiki Smith tient un gant rouge entre les dents ; Pierre Alechinsky repense les images du penseur qu'Asger Jorn avait collectées ; Paul Roussopoulos, mathématicien et physicien, dessine ses peintures à l'aide d'un clou ; des gens anonymes se reconnaissent dans des portraits imaginaires et troublants peints par Kamagurka' La peinture se mêle au dessin qui se mêle et se heurte à la sculpture ou à l'installation, dans un jeu de hasard et de rigueur, de gravité et d'humour. Paul Nizon, Delfeil de Ton, Rainer Michael Mason, Roger Knobelspiess, Caroline Lamarche, Hector Obalk, chacun dans son art, participent à ce joyeux éclectisme où se devine un ordre secret. Plus que le talent et la virtuosité, ce Cahier propose un vaste état des lieux de la surprise.De Victor Hugo à Reiser, de Bruno Schulz à Sempé, de Siné à Kiki Smith, d'Alberto Giacometti à Mix & Remix, en passant par Roland Topor, Pierre Alechinsky, Wols, Fred Deux et de nombreux contemporains, le numéro 10 de la revue Le Cahier dessiné propose un éventail hors du commun, associant le dessin d'art, le dessin d'humour et le dessin d'art brut. À Paris, pendant six mois, de janvier à juillet 2015, le Musée de la Halle Saint- Pierre présente une exposition des Cahiers dessinés intitulée « Le dessin dans tous ses états », qui rassemble près de 70 artistes, classiques ou à découvrir. Ce nouveau numéro en sera le catalogue. En 300 pages et 600 illustrations, il invite à un parcours sans frontières à travers le dessin du xixe au xxie siècle, accompagné de textes de nombreux écrivains, tels que Éric Chevillard, Pierre Bergounioux, Philippe Djian ou Linda Lé, qui se font les passeurs de leurs oeuvres préférées. Par la diversité et la qualité des oeuvres présentées, Le Cahier dessiné N° 10 ouvre un espace illimité au dessin.