Flipper vit dans un quartier quelconque en banlieue d'une grande ville. En pleine adolescence, sa vie oscille entre le skate, les jeux vidéo, ses potes avec qui c'est la franche rigolade et les rêvasseries. Trois siècles après La Fontaine et ses célèbres fables, le récit animalier demeure décidément un des modes narratifs les plus subtilement subversifs et à même de brocarder avec intelligence et subtilité les travers du genre humain. À découvrir ou à redécouvrir, le petit monde de Flipper ne laissera pas les zoophiles de marbre. En tout cas, pour les fans encore réticents, Les Requins Marteaux peaufi nent cette splendide réédition en y ajoutant deux histoires parues dans Ferraille Illustré et une histoire inédite. Essentiel pour les amateurs de plongée en histoires troubles!
Dans un futur proche, un couple de jeunes chômeurs japonais se retrouve bloqué dans une France paralysée par les grèves. Tandis qu'on annonce la suppression des aides sociales dans l'indifférence générale, EXIL, un jeu vidéo au réalisme troublant fait son apparition. Que sont venus faire Ryù et Mui dans ce pays en mutationoe Ils passent le plus clair de leur temps dans leur chambre, où lorsqu'ils ne jouent pas, ils filment leurs ébats sexuels. Petit à petit, images numériques, rêves et fragments de journaux télévisés prennent le pas sur la réalité...Première collaboration entre le scénariste Lionel Tran et le dessinateur Ivan Brun, Otaku est un album d'anticipation à court terme d'une maîtrise formelle impressionnante qui court-circuite de manière vertigineuse notre rapport à la modernité. Fiction subjective, sans concession, Otaku scrute le désinvestissement politique d'une génération mutante, écartelée entre précarité et confort technologique.Un livre fort, dérangeant, ambitieux qui nous aide à décrypter une réalité face à laquelle nous avons de moins en moins de recul.
Samuel est un avatar, un cheval de Troie aux contours rassurants. D'une beauté plastique implacable alliant pureté de la ligne claire et baroque disneyen, c'est un prédateur séduisant, se dissimulant sous des atours familiers et joyeux pour mieux nous entraîner vers de sombres abysses existentielles.Entre Candide, Keaton et Jésus, Samuel est à la fois le héros, le clown, et la victime de son propre univers, un purgatoire au psychédélisme pop qu'il parcourt comme on parcourt un jeu vidéo, niveau par niveau. Tel un fantôme, il traverse autant qu'il est traversé, stoïque et imperméable aux émotions.D'une aventure à l'autre, il connaîtra mille morts pour quelques renaissances. Toujours en mouvement, à la poursuite ou en fuite d'une identité, de ses racines, ou d'un sens. À cheval entre Psychanalyse et Mythologie, Tommi Musturi se sert de son héros comme d'un cobaye, multipliant sur lui les expériences comme un enfant curieux face à une fourmilière. Au cours de ses jeux cruels, il convoquera à la fois Dieu, la société et les hommes. Figure incontournable de la bande dessinée finlandaise, artiste protéiforme à la fois éditeur, auteur, graphiste, et illustrateur, Tommi Musturi développe depuis plus de 10 ans et autant de livres, un univers des plus singuliers, à la fois jouissif et réflexif. Tommi s'amuse, comme d'autres auteurs emblématiques de la maison, à pervertir la culture de masse. Il était donc tout naturel qu'il finisse par nous rejoindre.
En 2001, Lilian Bourgeat est invité en résidence durant cinq mois au centre d'art contemporain de Pougues-les-Eaux, près de Nevers.La direction lui confie la somme rondelette de 10 000 francs pour réaliser un travail inédit, qui sera exposé au centre d'art. Pougues-les-Eaux est principalement connu pour son casino, qui jouxte le centre, et Lilian Bourgeat décide alors de jouer l'intégralité de la somme aux machines à sous. Sa performance est filmée. S'il gagne, il utilise l'argent pour une nouvelle couvre ; s'il perd, il exposera le film au centre d'art.Malheureusement, Lilian n'a pas beaucoup de chance à ce jeu là et lorsqu'il présente la vidéo au centre d'art, cette histoire a déjà fait le tour de la Nièvre. La censure tente de s'exercer, maladroitement. On demande à l'artiste de rendre la somme d'argent ou de produire une autre réalisation, malgré les recommandations des meilleurs experts (des amis en fait), attestant la haute qualité de ce travail artistique.Que fait-il face à la censure ? Il accuse ! Lilian invite alors Philippe Vuillemin à faire la caricature de cette histoire. Le dessin de Vuillemin, plus féroce encore que l'oeuvre de Bourgeat, prit sa place dans l'exposition, agrandi et sérigraphié sur une bâche en plastique. Et personne n'y trouva plus rien à dire. Depuis cette date, les personnages de Vuillemin s'invitent fréquemment dans les expositions de Lilian Bourgeat.Et pour notre plus grand plaisir, ils distribuent torgnoles et mains au cul (selon le sexe) aux visiteurs nonchalants de ses expositions. Voici l'album de ces visites... Olivier Vadrot.