Dans ce nouveau Patte de Mouche, on retrouve Tania, Nestor et Ratiba, déjà mis en scène par Alex Baladi dans Histoire de la balafre et L'Irrationnel et un café.Tania et Ratiba décident d'aller voir une vieille tireuse de cartes à l'accent genevois indéchiffrable. La magie des cartes opère, mais pas comme elles s'y attendaient...
Assis devant son bol de thé, un maître japonais des effets spéciaux fait le bilan de ses échecs et de ses succès. Parmi ces derniers, il a rayé Tokyo plusieurs fois de la carte, fait naître des papillons géants sur des cordes et fait s'affronter des monstres des abysses. Un album librement inspiré de la vie d'Eiji Tsuburaya (1901-1970), créateur, entre autres, des effets spéciaux de Godzilla.
Le Mon Lapin de Jérôme Mulot est sans thématique et sans Florent Ruppert !La personnalité de cet auteur que l'on connait peu en solo, est ici éclairée par les contributeurs qu'il a réunis. Jérôme Mulot a réuni des auteurs déjà convoqués dans de précédents Mon Lapin, et d'autres encore novices dans cette nouvelle formule : Benoît Jacques, Tom Gauld (page ci-contre), Olivier Schrauwen, Vincent Sardon, Caroline Sury, José Parrondo, Stanislas et Benjamin Chaumaz.Renouant avec les versions précédentes de Lapin, cet opus 7 de Mon Lapin est placé sous le signe de l'improvisation, et Jérôme Mulot, guidé par ses seules affinités graphiques, est le premier rédacteur en chef à donner carte blanche à ses contributeurs.
Parfaitement adapté à la collection Côtelette, Hard West va permettre de découvrir l'autre face du génie finlandais Matti Hagelberg. Pas de carte à gratter ici, mais des pages minimalistes au pinceau, au service de l'un des ouvrages les plus drôles qui a pour sujet la bande dessinée, ou plutôt une forme méconnue de la bande dessinée : le western de gare italien. L'intrigue commence quand un dessinateur finlandais, Mikko Komu, reprend l'un des westerns italiens les plus célèbres, aux aventures duquel se sont succédées des générations de dessinateurs académiques italiens : Calamity Kid. Le livre est presque exclusivement composé des réactions des lecteurs à cet événement souvent jugé comme scandaleux, et le plus souvent en plan fixe. Déjà totalement culte en Finlande, Hard West devrait devenir ici aussi le livre fétiche des amateurs de paraboles insolites liées à la bande dessinée.
De nouveau en coproduction avec les Éditions Moderne de Zürich, ce livre de Thomas Ott compile les meilleurs récits de ses trois premiers albums cartonnés, parus aux Éditions Moderne dans les années 1990 : Tales of error, Greetings from Hellville et Dead End, dans le même petit format cartonné avec dos toilé que les récents Cinéma Panopticum et 73307-23-4153-6-96-8. Les premières histoires de Thomas Ott, parues dans Strapazin puis dans Tales of error, ont marqué toute une génération par leur technique imparable à la carte à gratter, leur science de la lumière expressionniste, la noirceur insondable de leurs histoires, désespérées mais jamais dénuées d'une pointe d'humour. Explorant avec acuité tous les aspects du Mal (sexe, argent, crimes, jeu, etc.), Thomas Ott est une sorte de moraliste Rock'n'Roll : pas la peine de s'adonner au culturisme pour défendre la veuve et l'orphelin si c'est pour se prendre une bastos dans le buffet à la première occasion.
Avec Silvia Regina, Matti Hagelberg dresse un portrait lugubre de la Finlande, le pays qui l’a vu naitre.En employant habilement l’art de la parabole et en mêlant des références culturelles populaires et classiques, il dénonce l’absurdité des sociétés modernes déchirées par le libéralisme, la détresse des classes opprimées et l’avidité des élites. Avec finesse, il détourne les institutions pour mieux les corrompre. C’est ainsi que le drapeau finlandais abandonne son bleu roi et son blanc immaculé au profit d’un marron-caca et d’un jaune-pisse. Ce n’est pas pour rien que le titre du livre est un emprunt au nom d’un bateau de croisière, Le Silvia Régina, qui fut un temps le fleuron de l’industrie nautique scandinave. Tout un symbole qui fait naufrage !Silvia Regina clôt la trilogie entamée par Matti Hagelberg en 2002 avec Holmenkollen, suivi par Kekkonen en 2007. Son oeuvre est indéfinissable, elle associe à la fois réalisme et surréalisme, l’esthétique de la carte à gratter et l’écriture poétique, le cynisme et l’humour. De publication en publication, il affirme un univers singulier, volontairement chaotique et marginal. Près de 20 ans après sa première publication en français dans les pages de La Monstrueuse (Chacal Puant), l’auteur finlandais n’a rien perdu de son inventivité et de sa férocité.
Soirée d'un faune est un ballet dessiné contemporain en un acte sur la musique du Prélude à l'après-midi d'un faune de Claude Debussy, elle-même inspirée du poème de Stéphane Mallarmé L'Après-midi d'un faune. Debussy décrit ainsi son oeuvre : « La musique de ce Prélude est une illustration très libre du beau poème de Stéphane Mallarmé.Elle ne prétend nullement à une synthèse de celui-ci. Ce sont plutôt des décors successifs à travers lesquels se meuvent les désirs et les rêves d'un faune dans la chaleur de cet après-midi. Puis, las de poursuivre la fuite peureuse des nymphes et des naïades, il se laisse aller au soleil enivrant, rempli de songes enfin réalisés, de possession totale dans l'universelle nature. » Le ballet dessiné Soirée d'un faune se propose de dépeindre le moment qui suit cet après-midi, comme si le faune de Mallarmé avait continué sa journée en enjambant le cours des années et s'était retrouvé dans une soirée du XXIe siècle. L'oeuvre symphonique de Debussy compte 110 mesures, le poème de Mallarmé est lui-même composé de 110 alexandrins et le ballet présenté ici est interprété par 110 danseurs et danseuses. Florent Ruppert et Jérôme Mulot innovent une nouvelle fois en concevant ce ballet dessiné dans un format identique à celui d'une carte routière, offrant deux modes de lecture, par séquences au dépliage, en poster narratif le document déplié.