Une impressionnante série de saynètes graphiques et musicales. Quand le son des instruments est matérialisé par ce qu'on peut raisonnablement appeler des étrons, on a là un des livres les plus drôles de Mahler.
un an après Safari Monseigneur, Florent Ruppert & Jerome Mulot publient à l'Association ce second livre composé d'histoires courtes (dont certaines ont été vues dans Ferraille). Entre compositions photographiques à base de prostituées mutilées et scènes de zoophilie nocturnes, ce livre ravira les âmes sensibles de tous bords. Il satisfaira aussi les amateurs d'OuBaPo et de jeux graphiques, le livre comportant diverses stereoscopies et autres phenakistoscopes. Un livre qui confirme l'importance de ce duo d'auteurs au sein de la nouvelle génération.
En 108 dessins, Andréas Kündig décrit, d'un trait minimaliste, un monde étrange qui prend forme au fil des pages. Andréas Kündig égrène ses pensées au gré de son crayon, prenant des notes sur les associations d'idées qui traversent son cerveau et forment un inventaire de l'absurde, du saugrenu ou de l'impossible.Merveilles d'inventions graphiques, humour unique, réflexions métaphy-siques : Un coup de vent contre un bout de viande est avant tout un livre de dessin, et des chemins qu'il peut tracer.
Il n'y a qu'un seul Tampographe. C'est une des particularités de cette profession. C'est comme pour le Pape, ou le Père Noël, ou le Monstre du Loch Ness. Il n'y a qu'un seul poste à pourvoir.Vincent Sardon est tampographe. Il crée des tampons et il rouspète. C'est ce qu'il fait de mieux. Ses tampons sont des jeux graphiques qui renouvellent de fond en comble le genre moribond et ringard de la gravure, ses poussées de haine sont le prétexte à des textes autobiographiques hilarants qui traitent de la vie d'artiste en milieu hostile.L'Association a la fierté d'annoncer qu'elle publiera en janvier le journal de création du Tampographe Sardon, qui raconte quatre années de production artistique, de mauvaises vibrations et de vie d'atelier avec : tous ses tampons créés depuis 2007, ses billets d'humeur, et son blog.
Troisième livre collectif de voyage après l'Egypte et le Mexique, L'Association en Inde propose le regard de deux Finlandais, un Suisse, un Québecois et un Français sur ce Pays. Tourisme, Workshops, Mousson et Dyssenteries sont au programme de ces visites mouvementées. Delisle et Thiriet ont partagé une invitation du centre culturel français ; Hagelberg et Tukiainen, couple dans la vie, racontent deux voyages différents et qui s'entrecoupent ; et Frederik Peeters lui, raconte un souvenir plus ancien, à base d'accident d'autobus en pleine campagne indienne... Cinq récits et cinq approches graphiques très différentes.
Si l'annonce d'un livre de Pakito Bolino est un événement en soi, la véritable surprise est qu'il s'agit d'un véritable album de bande dessinée. Certes, il s'agit d'une sorte d'ectoplasme de bande dessinée d'aventures de série Z, dans sa version originale faite d'un mélange d'anglais dégénéré et d'onomatopées japonaises ; bien sûr il s'agit d'un travail de détournement d'un immense corpus d'éléments graphiques de toutes natures, mais cette base est absolument redessinée, en 82 formidables planches au trait rehaussées d'une bichromie jaune. Il ne s'agit pas uniquement d'un magnifique livre-objet hors format : le lecteur pourra lire (en V.O. donc) une quintessence de comics où les savants fous et les espions nazis réacquièrent enfin de leur superbe et de leur pouvoir malfaisant et angoissant. Spermanga est le livre idéal pour réconcilier oubapiens, néo-situationnistes, esthètes et simples fans de BD.
Le Mon Lapin de Jérôme Mulot est sans thématique et sans Florent Ruppert !La personnalité de cet auteur que l'on connait peu en solo, est ici éclairée par les contributeurs qu'il a réunis. Jérôme Mulot a réuni des auteurs déjà convoqués dans de précédents Mon Lapin, et d'autres encore novices dans cette nouvelle formule : Benoît Jacques, Tom Gauld (page ci-contre), Olivier Schrauwen, Vincent Sardon, Caroline Sury, José Parrondo, Stanislas et Benjamin Chaumaz.Renouant avec les versions précédentes de Lapin, cet opus 7 de Mon Lapin est placé sous le signe de l'improvisation, et Jérôme Mulot, guidé par ses seules affinités graphiques, est le premier rédacteur en chef à donner carte blanche à ses contributeurs.
Marjane Satrapi est née en 1969 à Rasht, dans la région de Guilan, sur les bords de la mer caspienne. Iranienne, elle grandit à Téhéran où elle étudie au lycée français et aux Beaux-Arts, avant de partir à Strasbourg poursuive les Arts Déco. Dans ce premier épisode, elle retrace une partie de l'histoire de sa famille ainsi que ses dix premières années, jusqu'à la chute du régime du shah.
Jochen Gerner, arpenteur hors-pair de la bande dessinée et de ses marges, réunit ici un collectif d’artistes inhabituel pour un Lapin qui ne ressemblera à aucun autre.Bettina Henni, Vanessa Dziuba, Kitty Crowther, David Poullard : tous ont en commun d’avoir une pratique artistique en dehors de la bande dessinée. Plasticiens, typographes, auteur de livres pour enfants, ils pratiquent ici, sous l’égide de Jochen Gerner, un art de la bande dessinée qui leur est personnel, et qui entre en résonance avec leur parcours.Alliés à quelques franc-tireurs de talent tels que Simon Roussin et Gala Vanson, ce numéro propose un parcours entre ville et forêt, entre abstraction et figuration, qui recèle de trésors et d’images à explorer.L’ensemble définit un atlas, une cartographie de la bande dessinée et de ses marges graphiques, que Jochen Gerner, a composé avec un soin et une science qui n’appartient qu’à lui.Avec les participations de : Laurent Cilluffo, Kitty Crowther, Aurélien Débat, Vanessa Dziuba, Jochen Gerner, Bettina Henni, Laurence Lagier, Kévin Lucbert, Nicolas Nadé, David Poullard, Mathieu Renard, Simon Roussin, Gala Vanson & Mehdi Zannad.
On connaît Haïti, malheureusement, par son omniprésence dans l'actualité, toutes les catastrophes politiques et naturelles auxquelles le pays a du^ faire face ces dernières années.Ici, pas de drame, c'est autre chose que nous proposent Grégoire Carlé et Sylvestre Bouquet. Animés tous deux d'une passion pour les mythologies et les cultures primitives des quatre coins du globe, ils ont obtenu en 2012 le soutien financier du Centre Européen d'Actions Artistiques Contemporaines de Strasbourg pour une résidence à Jacmel, en Haïti. Dans Trou Zombi (qui est le nom d'un lieu-dit haïtien), ils nous racontent par une série d'anecdotes souvent drôles leur quête mystique, qui les mènera jusqu' à une véritable cérémonie vaudou. Ils décrivent le quotidien le plus trivial de deux blancs-becs en Haïti, évoquent les odeurs, les sons et les images qui les assaillent, révèlent la manière très particulière dont les haïtiens, du moins ceux qu'ils croisent, vivent leur foi.Le récit est ponctué de magnifiques dessins pleine page, à mi-chemin entre icône religieuse et arcane de tarot, comme pour illustrer l'évangile de leur cheminement vers l'expérience ultime.Les styles graphiques très différents des deux auteurs se croisent et se répondent, chacun enrichissant de son point de vue la narration de l'autre. C'est une oeuvre ambitieuse qui mêle récit de voyage et témoignage humanitaire alimentée d'une vision onirique, poétique et d'autodérision.
Avec ce nouveau projet, Alex Baladi creuse encore un cran plus loin l'exploration du langage de la Bande Dessinée, prouvant de nouveau qu'il est bien l'un des Auteurs à en maîtriser le mieux les ressorts et les ressources. Car même en dehors de l'OuBaPo, Baladi se place toujours résolument sur le terrain de l'expérimentation. Gribouillis semble partir d'une gageure : offrir une suite au Patte de mouche abstrait Petit Trait... mais une suite en guise d'explication narrative : nous sommes bien ici dans une fiction. Où comment le petit trait devient l'un des personnages de cette histoire, en compagnie de deux soeurs qui sont témoins d'une sorte de phénomène paranormal, qu'elles tenteront de décrire et de dessiner, et qui s'avèrera ressembler à un... gribouillis.Car l'auteur nous prévient d'emblée : nous sommes ici dans un monde à deux dimensions. Et nul mieux que Baladi ne parvient à faire exister et ressentir ce monde à deux dimensions, et à le pousser dans ses retranchements graphiques et narratifs.
Les strips de José Parrondo fonctionnent comme des énigmes. Le trait est simple, les images épurées, le style minimaliste, l'attraction instantanée. Mais face à ces pages à priori muettes, les questions affluent : cette fenêtre est-elle un tableau ? Ce paysage est-il factice ou réel ? Cet arbre est-il plat ou en volume ? Y a-t-il un Eggman ou plusieurs ? Est-il ici ou ailleurs ? L'action se déroule-t-elle à l'extérieur ou à l'intérieur ? Ce qui nous regardons est-il vraiment ce que nous voyons ? Autant de questions que chaque lecteur devra négocier avec son moi profond pour en découvrir le non-sens qui mène au rire véritable.Eggman, petit oeuf doté de courtes pattes et de yeux ronds comme des billes, nous entraîne dans un univers insolite où les jeux d'échelle, le trompe-l'oeil et l'illusion règnent en maîtres. Tableau, longue-vue, fenêtre, escalier, serrure, bulles de bande dessinée, ronds, carrés, tirets parsèment ses aventures. En mêlant objets identifiables et éléments purement graphiques, José Parrondo s'amuse avec les signes et les codes de la bande dessinée pour créer un univers délicieusement absurde et plein de dissonances poétiques, tout en jonglant sans retenue avec la rétine et l'intelligence de ses lecteurs.Pour cet album, José Parrondo alterne à nouveau les techniques : aux strips muets en noir et blanc viennent s'ajouter une série de peintures à l'acrylique mélangeant dessins, jeux de mots ainsi que quelques photographies.
L'Association poursuit l'édition du travail de Jochen Gerner, qui creuse toujours de plus en plus l'érosion des frontières entre Bande Dessinée et Art Contemporain. Après Branchages et Panorama du Feu, Abstraction (1941-1968) représente la version livre d'un travail exposé à la biennale d'Art Contemporain du Havre (mais contrairement aux deux ouvrages précédents, il ne s'agit pas là d'un tirage numéroté).Abstraction (1941-1968) poursuit les réflexions de Gerner autour des bandes dessinées populaires de l'époque de la Guerre Froide, et ajoute à cette exploration une question esthétique qui rejoint les enjeux de l'expressionnisme abstrait américain de ces mêmes années 50-60.Ainsi, en extrapolant des détails graphiques propres à chaque case de ce récit de Guerre anonyme (Sueurs froides, paru en 1968 dans le pocket NAVY n°124 ), en recouvrant avec ces motifs devenus abstraits la totalité des cases, et en ne conservant que quelques mots choisis, Jochen Gerner pousse-t-il dans ses retranchements ses interrogations fondamentales sur la Bande Dessinée, la figuration, et, posant à sa manière les enjeux et les filigranes de la période historique de la Guerre Froide, passe un nouveau cap dans sa démarche artistique unique et exemplaire.
Inconnue trois ans avant la fin de la saga, notre Prophète préférée est devenue entretemps un phénomène littéraire et médiatique qui dépasse les frontières habituelles de la bande dessinée. Ce quatrième Tome relate le retour de Marjane Satrapi dans l'Iran islamique et ses années de Beaux-Arts, jusqu'au moment de son exil en France.
Dans cet album autobiographique, l'auteur, qui n'a pas été diplômé des Arts déco de Strasbourg et qui est toujours célibataire, est contraint de retourner chez ses parents, dans une petite ville de Vendée. Comme sa carrière de dessinateur ne décolle pas et que ses parents lui reprochent son manque d'activité, il accepte de devenir le correspondant local de L'Hebdo.
Dans ce recueil de 5 histoires, certaines précédemment publiées dans la revue éponyme de Breakdown Press, Joe Kessler dépeint un monde riche en quêtes, en sensations, en surprises. Les couleurs, franches voire flamboyantes, épaulent la narration d'un point de vue subjectif : l'environnement apparaît et disparaît en fonction de ce que vivent les personnages.Les odeurs, la peur, le plaisir, l'urgence sont représentées comme autant d'explosions chromatiques.Lucarne, Windowpane en anglais mêle le récit de l'auteur et la perception de ses protagonistes.Lucarne, c'est aussi la vision depuis une case de bande dessinée. Une narration innovante et envoûtante, qui mérite plusieurs lectures, pour dépasser l'émerveillement esthétique qu'il suscite la première fois.Lauréat en 2017 du prix Audience Award à l'East London Comics & Arts Festival, Joe Kessler vit et travaille en Grande-Bretagne.
Tonic aime à grande vitesse. Amoureux pressant et éconduit, accompagné de son ami Fail, il poursuit sa bien-aimée qui n'a de cesse de s'échapper. Dans ce récit virevoltant et enlevé qui emprunte l'esthétique des jeux d'arcades, les planches s'enchaînent à vive allure, à chaque fois ponctuées par l'apparition de cette fameuse fille qui joue à « suis moi, je te fuis ».Jérémy Piningre et Mathieu Lefèvre, diplômés des Arts Décoratifs de Strasbourg et que l'on a pu déjà apercevoir dans la revue Belles Illustrations, signent un récit haletant qui ne devrait pas manquer de marquer les esprits.
Premier volume d'une série de trois Mimolettes, Baku représente la première publication de Grégoire Carlé, jeune auteur de la nouvelle génération qui rejoint depuis quelques temps L'Association. Né en 1984, Grégoire Carlé, diplômé des Arts Décoratifs de Strasbourg, a publié dans le fanzine Ecarquillettes et les productions du collectif Troglodyte. Sa maîtrise graphique et narrative en font d'emblée un des auteurs sur lesquels l'avenir pourra compter. Baku dépeint la rêverie d'Ichô, enfant isolé sur une île avec sa famille dans le Japon du XIXe siècle. Crabes maudits, esprits moqueurs et fantômes ont beau être de la partie, on est ici loin de l'esthétique du manga. S'inspirant partiellement des nouvelles de l'écrivain Lafcadio Hearn (1850-1904), Grégoire Carlé restitue les mythologies japonaises avec un brio évident et une sensibilité toute personnelle.
Incontestablement l'une des plus fortes découvertes de la nouvelle formule de Lapin lors de sa publication en feuilleton (n° 37 à 42), le volume définitif en collecti on Ciboulette du Jeanine de Matthias Picard (qui comporte une quarantaine de planches inédites) va représenter l'une des publications majeures de ce printemps.Matthias Picard, alors qu'il était étudiant à l'Ecole des Arts-Déco de Strasbourg, a fait la connaissance de Jeanine, sa voisine, prostituée, la soixantaine, qui a entrepris de lui raconter sa vie. La vie de Jeanine se révèle tellement incroyable et passionnante qu'il décide vite de la retranscrire en bande dessinée. Jeanine a grandi en Algérie : plutôt garçon manqué, elle n'était pas prédisposée vis-à-vis des hommes et se destinait à la compétition de natation. Entre autres exploits de son étrange destinée, elle sauve un militaire de la noyade, puis deux petits Algériens des balles de la police française qui tire sur la foule d'Alger en mars 1962. Après diverses tribulations et une déception amoureuse, Jeanine devient Isa la Suédoise, la plus grande prostituée de Strasbourg, et participe activement au mouvement politique de reconnaissance du plus vieux métier du Monde.C'est la rencontre avec cette vie héroïque que Matthias Picard raconte, avec tact et sensibilité, dans un livre majeur à ranger aux côtés de Pascin et de La Guerre d'Alan.
Jamais éditée en album, cette oeuvre de Massimo Mattioli, représentant 232 planches en couleur, est parue dans Pif entre 1968 et 1973. Elle a fait l'objet pour la présente publication d'un véritable travail de restauration d'orfèvre, page après page, d'après les parutions de Pif, ni les originaux, ni les films ne subsistant. Un chef d'oeuvre d'humour et de poésie pour tous publics, pour la première fois en librairie.
En 2008, Isabelle Pralong obtenait à Angoulême le Prix Essentiel Révélation pour L'Eléphant aux éditions Vertige Graphic. L'originalité et la sensibilité de cette jeune dessinatrice suisse passe un cap supplémentaire avec ce deuxième livre, encore plus atypique et audacieux : Oui, mais il ne bat que pour vous est la strophe finale du poème Pièce de coeur de Heiner Müller, dont chaque strophe forme l'intertitre de chaque chapitre.L'ouvrage alterne des scènes autobiographiques de la vraie vie, réalistes et croustillantes, et des scènes fantasmatiques de la vie imaginaire qui elles, se basent sur la fable bouddhiste selon laquelle pour se réaliser, il faut attraper son singe intérieur et pouvoir s'asseoir et boire le thé avec lui.
L'un des premiers défis fous de Lewis Trondheim (1992): celui de mener à bien une improvisation de 500 planches, pour apprendre à dessiner... et aussi pour faire preuve d'une impressionnante aisance à manier l'écriture d'un feuilleton en bande dessinée.
Un salon. Un homme dans une couverture chauffante et sa vieille mère, en conflit permanent mais inséparables, voici le décor et le casting de Flaschko. C'est cette atmosphère confinée que Nicolas Mahler a choisi pour aborder avec son humour acide, absurde et minimaliste de grands sujets de société tels que la famille, la solitude, l'enfermement, les addictions, le vieillissement ou la sexualité. Somnambules, frileux, amateurs de triple-sec, candidats pour la maison de retraite, fans de déchets ou de Sylvia Kristel, et aussi tous les autres, Flaschko est fait pour vous.Pour Noël, nous vous proposons cette nouvelle édition à l'italienne, un best-of largement augmenté dans une luxueuse reliure cartonnée, dos toilé.
On l'avait déjà remarqué à travers les strips de Lapin : Ayroles nourrit une fascination particulière pour le personnage de Killoffer. Il a passé le cap en décidant de lui consacrer un livre. Mon Killoffer de poche est drôle aussi pour ceux qui ne connaissent pas Killoffer.
Lorsqu'au début des années 90 les parents de Charles Berberian quittent Paris pour s'installer sur la côte d'Azur, il éprouve instantanément de l'aversion pour cette région et les gens qui y vivent, symbole du vieillissement de ses parents, lieu defutilité et de douceur factice. Pour tromper l'ennui lors de ses visites, il dessine ce qui l'entoure, croquant postures ridicules et rituels dérisoires, et finit par se laisser apprivoiser par le cadre qu'ont choisi ses parents pour leurs vieux jours. D'agacé et moqueur, son regard devient tendre, et se pose alors avec bienveillance sur les derniers moments de ses proches. Quand tu viens me voir ? est une promenade nostalgique au long des plages méditerranéennes, témoins immuables du temps qui passe. Charles Berberian partage avec nous, de son trait spontané et toujours juste, entre dérision, pudeur et sensibilité, le journal d’un déclin inéluctable.
Envoyé pour trois mois à Shenzhen, en Chine, pour superviser un studio de dessin animé, le Canadien Guy Delisle raconte par le menu les rapports parfois incongrus, souvent drôles, toujours enrichissants qu'il entretint tout au long de son séjour avec ses collègues et amis, malgré la barrière de la langue et avec un style unique, incisif et observateur.
josé Parrondo n'avait pas encore expérimenté la Collection Mimolette. Ce sera chose faite avec Les monstres ne savent pas lire l'heure, qui mettra en scène Monsieur Poupée aux prises avec un monstre, un squelette d'animal et une bande de moules... Pour enfants ? Peut-être, mais tordus, et pour adultes tordus aussi...
Créé pour l'hélas éphémère revue Strips, Le Pays des trois sourires est une série de 100 strips d'un Lewis Trondheim qui renoue avec l'univers métaphysique de Moins d'un quart de seconde pour vivre. Dans cet album le monde est plat. Dieu y a provisoirement l'apparence d'un plat de spaghettis à la bolognaise, et on se demande où va tout ça. Mais comme toujours avec Trondheim, les situations les plus abracadabrantes deviennent logiques.
Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Traversant avec elle révolution, guerre, deuil, exil, mais aussi apprentissage de la vie, puberté, premières amours, nous la suivrons jusqu'à son départ définitif pour la France en 1994. Paru à l'origine entre 2000 et 2004 en 4 volumes, Persepolis est la première bande dessinée iranienne, l'autobiographie dessinée d'une orientale en exil.Depuis sa sortie, Persepolis a fait le tour du monde, est devenu un classique étudié dans les écoles et a fait l'objet d'une adaptation au cinéma de nombreuses fois récompensée. Pour fêter les 10 ans de la version monovolume qui regroupe les quatre tomes, L'Association se paye le luxe d'une nouvelle édition reliée et cartonnée dotée d'une toute nouvelle couverture et de pages de garde dessinées pour l'occasion par Marjane Satrapi.
Pour Killoffer, ce n'est pas tous les jours faciles d'être Killoffer. Il faut pouvoir assumer, se construire un personnage et surtout briller en société.Bref, « faire Artiste ». C'est pour cela que Killoffer se donne de grands airs. Mais voilà, Killoffer a beau être un génie des temps modernes, il n'en reste pas moins un être humain comme les autres. Il mange, il pleure, il boit, il chie et tout le reste aussi. Killoffer a également des peines, des tourments et des questionnements. Autocentré et désinvolte, vous apprendrez à l'aimer ou à le détester. L'ouvrage devait s'appeler « KILLOFFER, en long, en large et en travers » puis « KILLOFFER, en long et en large » pour finalement se nommer En KILLOFFER. Un titre simple, efficace et ingénieux, à l'image de son créateur. Plus qu'un recueil des planches mensuelles parues dans la revue Le Tigre, En KILLOFFER est une plongée dans la psyché, ô combien compliquée de l'auteur. À noter que la moindre anecdote relatée aurait été vécue par l'intéressé. Que demander de plus à ce virtuose de la ligne noire ? On ne le présente plus, Killoffer est exposé en galerie, Killoffer est un illustrateur de renom, Killoffer est membre de l'Oubapo, Killoffer est un des fondateurs de L'Asso. Et c'est pour cela que Killo est parfois « un petit peu » mégalo. Merci KILLO-FIER !
Faut qu'on y aille sinon on va louper le dernier drakkar, un titre en trompe-l'oeil pour un vrai-faux manuel de bande dessinée à l'usage de tout lecteur déridé.Comment construire des phylactères ? Comment surmonter les affres de la création ? Comment faire de ce chemin de croix une partie de plaisir ? Et surtout, comment trouver l'inspiration ? Muzo fait profiter tous les aspirants dessinateurs de ses conseils expérimentés. Dans cette fantaisie, le lecteur attentif pourra trouver les réponses aux questions qui l'obsèdent.Un livre à ne louper sous aucun prétexte donc (comme le dernier drakkar, d'ailleurs). Car même si deux vikings sont toujours un bon début pour faire une bonne histoire, il faut au moins tout le talent de Muzo pour nous instruire avec autant d'humour.
David B. est un génie. Il a reculé les limites de la bande dessinée et c'est tout naturellement qu'il s'en trouve, la plupart du temps, écarté des honneurs officiels réservés à ce mode d'expression. Ça viendra. Il est vrai que David B. ne rend pas la tâche facile aux béotiens, tant il s'écarte de tout : de lui-même et du monde. Mais pour mieux y revenir.Mon frère et le Roi du Monde, en partant de la commande d'une exposition pour le Festival de Colomiers et pour le musée de L'Abbaye Sainte-Croix-des-Sables-D'Olonne, est une suite de 36 diptyques, 72 portraits face à face qui, au delà de la virtuosité qu'on lui connait, vont explorer un ailleurs d'autant plus troublant qu'ils relèvent d'une inquiétante familiarité : Un David B. qui renoue, qui tourne autour, qui revient à SON sujet : un autre-lui-même : le frère. Un autre frère : le Roi du Monde. Une autre forme d'autobiographie : purement plastique, mais qui ne raconte pas moins pour autant (voir : plus, peut-être...) Une suite de dessins qui, en représentant le frère et la figure mythologique dont parle Rene Guénon, dessine UN portrait : celui de l'auteur à travers... son double ? Quel double ? Qui est le frère ? Qui est le roi ? Ne serait-ce pas toujours David ?... Mais un David toujours en devenir, toujours en recherche, toujours rêvélé et à la fois caché. Un David TOUJOURS : B.
En résidence pour une année à la Maison des Auteurs d'Angoulême, Jessica Abel et Matt Madden en ont profité pour réveillonner en famille avec Lewis Trondheim. Alors que tout un chacun se contenterait d'une coupe de champagne, eux se sont appliqués à dessiner des scènes, en s'inspirant des jouets des enfants éparpillés dans le salon. Ils ont ensuite réuni ces dessins et les ont assemblés en un récit.Le résultat a de faux airs de Toy Story, avec ses combats, ses fuites et son dénouement inattendu. Le tout, bien sûr, évoque le plaisir du jeu et la nostalgie de l'enfance, avec une grâce qui ne pouvait surgir que du hasard.
Au début des années soixante, Edmond Baudoin est appelé pour faire son service militaire, il est incorporé chez les hussards à Orléans. Même si la fin de la guerre est proche, l'armée française continue ses opérations en Algérie. Il sait qu'il devra tôt ou tard partir pour combattre, mais la feuille de routepour le départ n'arrivera jamais. Alors que ces camarades sont déjà sur place, il apprend qu'il n'ira pas, ses supérieurs ayant décidé de mettre à contribution ses qualités exceptionnelles de tireur d'élite dans des concours.J'ai été sniper retrace les souvenirs de l'auteur là où l'on ne l'attendait pas, lui qui préfère vraisemblablement ses pinceaux aux fusils.
Lapinot, le bras plâtré est face à un nouveau dilemme : doit-il ou non porter plainte contre les parents qui l'ont injustement tabassé dans un jardin public, après l'avoir pris pour un pédophile ? Tiraillé entre son besoin de justice et son empathie pour les familles de ses assaillants, Lapinot part se mettre au vert avec Richard. Une retraite compliquée, puisqu'une météorite s'écrase sur le capot de la voiture, alors qu'ils font une pause sur le parking d'un supermarché...Et les ennuis commencent ! Bastons, appât du gain, courses-poursuites en forêt, collapsologues barrés... Lapinot et Richard ne sont décidément pas au bout de leurs peines. Toujours en phase avec les obsessions de ses contemporains, Lewis Trondheim signe ici un nouvel album au goût musqué d'apocalypse, comme un mode d'emploi pour survivre en riant en milieu hostile, le cinquième de la série triomphante Les Nouvelles Aventures de Lapinot à L'Association.
C'est à l'Ouvroir de Bandes Dessinées Potentielles que le journal Libération s'est adressé cet été pour divertir ses vacanciers de lecteurs. Durant six semaines, les éminents ouBaPiens Ayroles, Gerner, Killoffer, Lécroart, Menu et Trondheim se sont attelés à une tâche un peu contraignante, à coups de pliages, d'itérations, de palindromes, de strips croisés, d'upside-down et de morlaques. Six exercices qu'ils ont chacun à leur manière menés d'une main de maître. Cet OuPus 3 qui paraît avant l'OuPus 2 prévu courant 2001, réunit l'intégralité de ces travaux. Un cahier détachable de 12 pages est encarté pour permettre au lecteur d'effectuer les exercices de pliage sans abîmer l'ouvrage.
C'est le retour de Bouclette, Surfer Girl et Gypsy, les GTO's pour « Girls Together Outrageously », les groupies emblématiques qui ont embrasé la scène rock des sixties. Plus excentriques que jamais, elles poursuivent leur idylle auprès des icônes de la pop-culture que sont Brian Jones, Jim Morrison ou encore Jimmy Page. Avec l'appui de Frank Zappa, les voilà encouragées à enregistrer un album. Elles chantent admirablement faux pour exprimer leur amour des garçons. Alors que les discours féministes de l'époque présentent les groupies comme des femmes astreintes à la domination des hommes, elles revendiquent leur pouvoir et leurs libertés. La passion, le sexe, la drogue, la musique, tout s'entremêle.Dans la Face B d'Autel California, les héroïnes ont désormais quitté l'adolescence et perdent progressivement leur insouciance. C'est le temps des remises en question pour Miss Pamela des Barres, a.k.a Bouclette. Après le massacre perpétré par Charles Manson et sa clique de fanatiques au 10050 Cielo Drive, rien ne sera jamais plus comme avant. On assiste vraisemblablement au déclin de l'utopie hippie, les groupes se séparent et certaines étoiles de la contre-culture disparaissent définitivement dans l'alcool et les psychotropes. Du swing de Treat Me Nice à la ballade romantique Blue Moon, Elvis Presley, omniprésent, aura donné la tonalité du diptyque de Nine Antico. L'intensité de la narration ferait passer la fiction pour une réalité, ou alors la réalité pour une fiction, on ne saurait dire. Ici, rien n'est idéalisé, tout est très documenté et réfléchi jusqu'aux références musicales qui rythment le récit.
Depuis Lamort & Compagnie (1998) et Bosnian Flat Dog (2005), Max Andersson revient enfin à L'Association après douze ans d'absence. Et on n'a rien perdu pour attendre. Ce livre relié au petit format est un concentré d'apocalypse dans lequel Max Andersson creuse et déterre les vestiges d'un monde enfoui dans les ténèbres. L'Excavation est un merveilleux cauchemar interminable où tout est cassé ou en voie de rupture, les choses comme les êtres, où tout est en décomposition ou en voie d'extinction, le pouvoir comme la résistance, où tout est absurde et drôle, comme un désespoir qui aurait encore du savoir-vivre. Encore un peu. Pas pour longtemps. Dépêchez-vous.
Pour son numéro 7, Mon Lapin Quotidien se propose de donner la part belle à nos auteurs, auteuses, autrices motrices tirant avec force les wagons d'oeuvres artistiques qui peuplent les pages du journal depuis de nombreux trimestres.Du roman-photo sentimental au pamphlet coup de gueule, de la chronique autobiographique au projet muséal, les muses s'amusent autantdans la colonne que la rubrique, en vrac, de bric, de broc, voire à brac, fières à bras pas sexistes accueillant un supplément «Monsieur» et l'équipe habituelle dont la réputation n'est plus à faire, elles se déchaînent avec inclusivité pour vous inviter à passer à l'acte d'achat, la lecture, la courbure et la pointure.
Août 2017 : sur un quai de gare à Nice, Edmond Baudoin croise Mariette et sa fille Lou. Sa quête de l'humain s'arrête sur leur regard. Il revient de La Roya où il travaillait avec Troubs pour décrire le quotidien de ceux qui aident les réfugiés en difficulté (Humains, La Roya est un fleuve), elles rentrent de Suisse, à pied, du lac Léman à la Méditerranée, le long de cette frontière intangible et pourtant si sévère pour ceux qui tentent de la franchir. Mariette et Lou ont une histoire, terrible : elles ont perdu un mari et un père brutalement en montagne, en 2009. Depuis, elles partent dès qu'elles le peuvent toutes les deux, marcher et explorer la montagne, partout dans le monde, comme il aimait le faire.
Lewis Trondheim et Brigitte Findakly forment en bande dessinée comme à la ville un duo depuis de nombreuses années. Si la bibliographie pléthorique de Lewis Trondheim n'a plus de secret pour personne, celle de Brigitte Findakly, son épouse et coloriste, quoique toute aussi importante, reste pourtant moins connue. De Pif Gadget, à ses débuts, au Chat du Rabbin, des Formidables aventures de Lapinot au Retour à la terre, on lui doit la mise en couleurs d'une centaine d'albums. Avec ce livre à quatre mains, pré-publié en partie dans « Les strips de la matinale » du Monde, Lewis Trondheim délaisse pour la première fois les animaux anthropomorphisés pour raconter l'histoire de celle qui partage sa vie, née en Irak, d'un père irakien et d'une mère française à l'orée des années 1960. Coquelicots d'Irak retrace son enfance passée à Mossoul, ville du nord de l'Irak, à une époque où, bien avant l'arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, se succèdent coups d'État et dictatures militaires. Déroulant le fil de ses souvenirs, on découvre alors une vie de famille affectée par les aberrations de la dictature et leurs répercussions sur la vie quotidienne, jusqu'à un inéluctable exil vers la France au début des années 1970.Une arrivée en France elle aussi difficile, une expérience migratoire faite de difficultés administratives, sociales et culturelles. Dans ce récit qui prend pour toile de fond une triste actualité, Lewis Trondheim et Brigitte Findakly brossent en saynètes percutantes et sans ambages, mais pas moins sensibles pour autant, la trajectoire singulière de la coloriste qui, pour la première fois, occupe le premier rôle dans un livre. Ponctué de photos et de parenthèses sur les coutumes, la culture irakienne et les souvenirs de l'Irak de Brigitte Findakly, on partage avec elle la nostalgie de ceux qui ont laissé derrière eux leur pays d'origine, et les liens fugaces qui subsistent, tout à l'image des coquelicots devenus si fragiles une fois déracinés.
Pour son numéro 14, MLQ décide de célébrer, à la lueur des étoiles et à grand fracas : LA NUIT ! Après un numéro 13 marqué par le fascisme, le nazisme et le macronisme, voici venu le temps de la nuit. Non pas celle des longs couteaux, ni de cristal (encore que...), mais la nuit tendre, la calme nuit, la sage nuit réparatrice et qui porte conseil, celle qui fait repartir de plus belle. Et aussi les autres nuits torrides et envoutantes qui, parait-il, sont au bas mot mille et une, dix-mille et une, cent-mille et une.Une infinité et une ! Mais si vous ne jurez que par le jour, alors, réjouissez-vous, car ce numéro nocturne de 16 pages sera en outre accompagné d'un supplément JOUR de quatre pages ! Avec, en bonus, pour le bonheur des pupilles et pour le même prix : une bichromie bleue nuit. Suite au numéro 13 et à la fusion cosmique Faucompré / Killoffer aux manettes du journal - et toujours avec Rocco aux manettes de la maquette, qu'on se rassure ! - de nouvelles recrues atterrissent sur la planète MLQ.Parmi elles Anna Haifisch, Charles Pennequin, Maïté Grandjouan, David Dufresne, Nathalie Quintane, Hector de la Vallée, Fantazio, Martes Bathori, Mrzyk & Moriceau, Baptiste Virot, etc
La Grande Guerre véhicule aujourd’hui encore une iconographie très marquée : le froid, la faim, les tranchées, les paysages dévastés, la violence des combats, l’horreur, l’uniforme des poilus, les gueules cassées, les masques à gaz, les baïonnettes, les explosions. La liste est longue, tant et si bien qu’il ne semble plus rester grand chose à apprendre de la guerre de 14-18. Les histoires créées pour Maudite ! reposent sur cet événement majeur du XXe siècle, mais les auteurs l’ont utilisé comme une matière première pour se livrer à leur propre imaginaire. Ici, vous ne trouverez pas de reconstitutions académiques de grandes batailles, de récits héroïques et encore moins de fictions documentaires. Vincent Vanoli a regroupé une vingtaine d’artistes afin de les faire travailler autour de ce sujet pour qu’ils réagissent avec leurs sensibilités individuelles. Résultat, ce collectif fait vivre une multiplicité de points de vue créatifs. Tous ont d’ailleurs pensé et réalisé leurs créations de différentes manières, mais ensemble ils façonnent une interprétation contemporaine, celle des auteurs de L’Association. Vous l’aurez compris, Maudite ! n’est pas un simple document commémoratif sur la Première Guerre Mondiale mais bien un lieu de confrontation des imaginaires à travers les symboles qui ont été engendré par ce conflit mondial.
Après l'excellent Mambo (Prix Artemisia 2012), Claire Braud revient enfin avec une nouvelle Eperluette.Alma, l'héroïne de cette fiction, dirige une petite communauté, qui vit en bordure de la jungle, dans ce qui ressemble bien à un paradis perdu, à l'écart de la civilisation. Leur existence est menacée par l'armée, qui capture leurs buffles pour nourrir ses troupes. Alma partie, de rage, détruire sa ferme, les hommes du village attendent son retour, occupés aux préparatifs d'une soirée d'anniversaire. Tous s'inquiètent pour leur ave-nir, dans ce pays menacé par l'armée, par les touristes et par la pollution.Avec ce récit mystérieux et sensuel, au rythme enlevé, Claire Braud confirme, après le ravissement de Mambo, tous les espoirs placés en elle.
Encore une fois, Ruppert & Mulot nous surprennent avec un livre inclassable, qui constitue sans doute l'un des livres-objets les plus atypiques que l'on puisse trouver au catalogue d'une maison d'édition. Un Cadeau est un livre dont il faudra découper les pages au fur et à mesure de la lecture, à l'image de l'étudiant en médecine qui découpe un cadavre à la recherche de son cadeau.Ruppert & Mulot nous raconte l'histoire d'un cadeau, offert à Noël dans la morgue d'un hôpital parisien. Face à cette situation simple, le lecteur réagira comme il peut, découpant son livre pour, lui aussi, tourner la dernière page avec un cadavre sur les bras. On retrouve le goût pour l'humour noir des deux auteurs, dans cette plaisanterie potache qui ne laissera personne indifférent.
HP est une grande fresque ayant pour sujet le milieu de la psychiatrie en France de-puis les années soixante jusqu'aujourd'hui. C'est par le petit bout de la lorgnette que Lisa Mandel choisitde raconter cette évolution historique, interrogeant parents et amis qui ont travaillé dans le secteur psychiatrique. Le caractère anecdotique de HP, ajouté au dessin léger et humoristique de Lisa Mandel, aurait pu édulcorer le propos, mais la véracité des faits est parfois si atroce ou si absurde que ce livre ne laissera personne indifférent.Dans ce deuxième volume, Lisa Mandel poursuit son exploration de l'histoire du mi-lieu psychiatrique en France. Ses parents et leurs amis ont chacun été affectés dans des services différents, certains adoptant des méthodes dites d'« avant-garde ». L'auteure aborde ici une période clé pour la psychiatrie qui sort de ses archaïsmes pour aller vers de nouvelles pratiques. Les années 70 ouvrent une période de libéra-tion morale, qui touche aussi le monde médical. Encore une fois Lisa Mandel s'ap-puie sur les témoignages de ses proches ayant travaillé dans cet univers. C'est la rencontre entre le dessin léger et humoristique de Lisa Mandel et la gravité des faits rapportés qui fait tout l'intérêt de ce second opus.
Dans une plaine inconnue, une colonie de moineaux s'interroge sur leur faim et sur la signification des choses, quand un événement imprévu va troubler la banalité de leur existence. Les faits étranges se multiplient autour d'eux, et peu à peu ils sont gagnés par l'angoisse. Dans ce monde indéfini, les moineaux doivent faire front pour éviter les disparitions, les attaques d'un aviateur échoué, et l'inconnu qui s'abat sur eux.Premier livre d'Anders Nilsen, entamé il y a quinze ans pour être achevé en 2011, cette épopée fantastique et subtile commence par la révélation d'un motif récurrent chez l'auteur dans ses essais de dessins automatiques : l'oiseau. C'est peu dire que ce récit, d'abord fondé sur l'improvisation avant de prendre forme jusqu'au dénouement final, s'attache à nous faire pénétrer dans un espace fantasmagorique et beckettien, qui coïncide avec les profondeurs de sa psyché. Comme les oiseaux, le lecteur est soumis à ce monde inconnu et mouvant, déstabilisant et totalement fascinant.Véritable révélation parmi la nouvelle génération des auteurs américains, Nilsen est sans doute celui qui a su le mieux s'affranchir de ses glorieux aînés. Big Questions montre que la bande dessinée peut encore nous surprendre, dès lors que l'auteur plonge au fond de lui-même pour en sortir des images dont l'étrangeté nous émeut et nous trouble.
Du swing de Treat Me Nice à la ballade romantique Blue Moon, Elvis Presley aura donné la tonalité de ce diptyque réuni aujourd'hui dans un coffret habillé par son autrice Nine Antico. De l'adolescence à la désillusion, Nine Antico nous plonge dans la culture américaine des années 50-70 et de ses égéries éphémères : Autel California ou le phénomène des groupies à l'heure de l'apparition du mythe moderne de la star.On assiste aux premiers pas de Bouclette, jeune fille encore naïve qui va bientôt réchauffer sa destinée sous les feux ardents des rocks stars pour devenir l'une des plus célèbres groupies. Nous retrouvons dans la Face B notre héroïne Bouclette ainsi que Surfer Girl et Gypsy, les GTO's pour Girls Together Outrageously en perte d'insouciance. C'est le temps des remises en question pour Miss Pamela des Barres, a.k.a Bouclette.Après le massacre perpétré par Charles Manson et sa clique de fanatiques au 10050 Cielo Drive, rien ne sera jamais plus comme avant. On assiste vraisemblablement au déclin de l'utopie hippie, les groupes se séparent et certaines étoiles de la contre-culture disparaissent définitivement dans l'alcool et les psychotropes. Nine Antico nous emporte dans un récit très documenté où l'on croise les icônes de la pop-culture comme Brian Jones, Jim Morrison, Jimmy Page, Phil Spector, Keith Richards ou encore Mick Jagger.
C'est dans le cadre des 24 heures de la bande dessinée du Festival d'Angoulême 2009 qu'ont été réalisées les 22 pages de Visite Express.« Une histoire muette dans le cadre d'un musée » : la double contrainte du thème donné alors, a amené Lewis Trondheim a imaginé une fable toute angoumoisine. Avec l'original du fauve sous le bras, la mascotte qu'il a crée en 2007 lorsqu'il présidait le festival, il part pour une visite privée et impromptue de ce qui est encore la future Cité Internationale de la bande dessinée. Soudainement surpris par une crue démentielle de la Charente, ce n'est qu'in extremis qu'il réussit à échapper à la noyade.Heureusement pour lui et le directeur du musée qui l'accompagne, les planches de bande dessinée des grands auteurs conservées par le musée, se font planche de salut...elles flottent à merveille. Drôle et acide, ce récit enlevé se devait bien de trouver sa place dans la collection Patte de mouche.
Chasse aux requins, mâles dominants, beuveries, défonce, désoeuvrement et inertie, le chaos règne sur le monde. Jeune ouvrier dans une usine à papier, Éric Palmer emménage en colocation avec Perry, un coureur de jupons désinvolte. Jusque-là, il supportait les dérives décadentes de ses amis, mais sa vie va prendre une tournure particulière lorsqu'il sympathise avec un de ses collègues, un marginal dénommé Billy Boy.Sous son influence, il plonge alors, tête baissée, dans un univers mystérieux et sinistre où triomphe la sorcellerie. Face au complot maçonnique, aux organisations souterraines, aux conspirations occultes, aux manipulations psychologiques et aux gnomes errants, notre héros n'a d'autres choix que de se lancer dans une quête moraliste impossible pour sauver l'humanité. Pour cela, il s'impose une discipline rigoureuse à grands coups d'introspection mystique, de gonflette et de régimes constitués uniquement de navets et d'huile de poisson.Tant que l'ordre des choses ne sera pas rétabli, le néant dominera la terre. Moïse des temps modernes, Palmer apprendra à ses dépens que nul n'est prophète en son pays. Highbone Theater raconte une saga étrange et hilarante imaginée par Joe Daly, l'auteur de la série Dungeon Quest. On retrouve dans cette fable psychédélique de 580 pages le goût du sud-Africain pour les blagues débiles, les personnages maladroits et les quiproquos vaudevillesques.Son style visuel troublant associé à son écriture, qui entremêle à outrance délires paranoïaques, références bibliques et ésotériques, évoque une série B hallucinée. Assurément, cette histoire aurait pu être une comédie « stoners», un genre cinématographique populaire aux États-Unis, prenant pour sujet de jeunes consommateurs de cannabis à qui il arrive de surprenantes péripéties.
Comment présenter L'An 01 ? Est-ce une bande dessinée de Gébé, un film de Jacques Doillon, un mouvement, une utopie ?En 1970, Gébé publie ses premières planches, et dans Charlie Hebdo l'aventure commence.Le premier livre qui les recueille paraît un an plus tard. Ensuite, c'est un film, que Jacques Doillon réalise, avec la participation d'Alain Resnais, de Jean Rouch, et de nombreux acteurs et amis : Coluche, Miou-Miou, Gotlib, Stan Lee.L'An 01, c'est l'envie d'en finir pour de bon, mais sans violence, avec une société morne et matérialiste, vendu comme un horizon indépassable. On arrête tout, là, maintenant, et on imagine, au fur et à mesure, le monde à venir. Le tout avec poésie et humour, avec une liberté et une joie qui ne manque pas de rafraîchir nos cerveaux engourdis. Pendant toute la durée de réalisation du film, Gébé dessine, dans ses planches, le film en train de se faire, prolonge le travail, répond au lecteur, rend compte de l'enthousiasme général. Le film, c'est l'Utopie en train de se faire, L'An 01 qui commence. La bande dessinée, elle c'est le carnet, la mémoire de cette révolution en marche. Le monde entier participe au film. Le scénario paraît en feuilleton dans Charlie Hebdo. Pour la première fois, les planches de Gébé et le film de Jacques Doillon seront disponibles de conserve. Écologie, amour, refus des rapports marchands, réinvention de soi et de la société : et si L'An 01 commençait pour de bon ?
Après Bande de sonnets qui puisait son inspiration dans la poésie classique, et après Le Cycle, L'Elite et Le Cercle Vicieux, Etienne Lécroart installe l'OuBaPo sur le terrain des mathématiques, à l'exemple des fondateurs de son prédécesseur litté-raire, l'OuLiPo. Eodermdromes, carrés latins orthogonaux, algèbre de Boole : Contes & décomptes propose de nouvelles contraintes, à partir de formules, de calculs et de figures géométriques, comme autant de casse-têtes ludiques à dé-chiffrer.Prenant appui sur le nombre d'or, ou sur le nombre Pi pour raconter ses vacances en Grèce, Etienne Lécroart aime à moquer la vanité humaine, les jeunes, les vieux, les savants et les légendes du Far West. Mais ces histoires recèlent aussi beaucoup d'émotion, dans la difficulté de communiquer, dans l'évocation de ses souvenirs et de ses peines.Avec ces contraintes mathématiques, Etienne Lécroart a trouvé la voie pour livrer son recueil le plus introspectif.
En ce temps là, Joann était plus jeune, il faisait encore ses premières armes : des capes et des épées et se faisait les dents sur... TOUT. Déjà. Sa fringale ne connaissait pas de bornes et n'a jamais été rassasiée depuis. A (re ?)lire cet album édité pour la première fois en 1995, outre le pur plaisir de lecture que Joann Sfar a su nous communiquer par le pur plaisir de création qu'il a de toute évidence éprouvé à le faire, on est fasciné de voir la naissance d'un univers qui ira en se ramifiant, en se développant pour atteindre l'étendue que l'on sait aujourd'hui.Tout n'y est pas déjà, non, l'univers de Sfar est trop grand pour entrer tout entier dans les limites d'un seul livre, mais comme tout livre de Sfar, l'histoire qui se raconte, comme d'elle-même, toute seule comme une grande, nous parle d'autres histoires aussi, plante les germes d'autres univers, d'autres histoires, concomitantes ou à venir, évoque d'autres personnages, d'autres vies. Joann Sfar est, lui, déjà là tout entier, en revanche.Tout son enthousiasme, sa liberté, sa faconde. Dans les aventures picaresques du Borgne Gauchet (avec un T), mousquetaire plus Depardieu que D'Artagnan, plus Portos que Cyrano, brute lettrée, bretteur hors de pair qui baise à couilles rabattues la reine de Saba, tète des monstres, ferraille contre des spectres, le récit est débridé. Pas de limites à l'imagination, pas de bornes à la liberté.
Vingt quatre heures, pour Lewis Trondheim, c'est combien d'heures en trop, pour faire un album de bande dessinée ? Trondheim est un athlète, Lewis est un sportif. En 24 heures, il est à même de vous pondre un récit. Avec contrainte, qui plus est ! Mais ça n'étonnera plus personne... La prouesse ne réside pas là. Le tour de force, chez lui, consiste à nous faire croire que nous sommes intelligents. Nous SEULS avons compris, sous ses dehors bourrus, qui EST Lewis Trondheim.Lewis, en parlant à chacun de nous, s'adresse à tout le monde et, finalement, ne fait que parler de lui-même, bien entendu ! Sa maitrise du langage bande dessinée est telle que nous pourrons toujours le suivre n'importe où. Ici, sous une contrainte où il doit utiliser plus de 80 photos de l'Instagram de Boulet, il nous donne, en moins de 24 heures, un récit virtuose qui se joue des obstacles, qui slalome entre les écueils. Du grand art. Comme d'hab.
Diablotus soulève des cailloux au cas où ce serait le crâne d'un squelette pour pouvoir le jeter au feu. Diablotus est le premier volet de la série Enfer et Damnation.
De nouveau en coproduction avec les Éditions Moderne de Zürich, ce livre de Thomas Ott compile les meilleurs récits de ses trois premiers albums cartonnés, parus aux Éditions Moderne dans les années 1990 : Tales of error, Greetings from Hellville et Dead End, dans le même petit format cartonné avec dos toilé que les récents Cinéma Panopticum et 73307-23-4153-6-96-8. Les premières histoires de Thomas Ott, parues dans Strapazin puis dans Tales of error, ont marqué toute une génération par leur technique imparable à la carte à gratter, leur science de la lumière expressionniste, la noirceur insondable de leurs histoires, désespérées mais jamais dénuées d'une pointe d'humour. Explorant avec acuité tous les aspects du Mal (sexe, argent, crimes, jeu, etc.), Thomas Ott est une sorte de moraliste Rock'n'Roll : pas la peine de s'adonner au culturisme pour défendre la veuve et l'orphelin si c'est pour se prendre une bastos dans le buffet à la première occasion.
La Roya est un fleuve qui prend sa source en France, au col de Tende et se jette dans la Méditerranée à Vintimille, en Italie. Durant l'été 2017, Baudoin et Troubs ont parcouru cette vallée à la rencontre des membres du collectif « Roya Citoyenne », des gens qui, comme Cédric Herrou, viennent en aide aux migrants qui tentent de passer la frontière. Comme à leur habitude (Viva la vida, Le Goût de la terre), ils ont rempli leurs carnets de portraits et ils interrogent avec bienveillance et simplicité, la violence du monde et l'humanité qui en jaillit. Cette fois ils sont ici, dans le sud de la France, confrontés au racisme et à la solidarité. Cette question ne les quitte pas : « Pourquoi pour moi c'est possible et pas pour un Afghan, un Soudanais, un Érythréen, un... ? ».Préfacé par J.M.G Le Clézio, Humains interroge notre vivre ensemble et notre projet européen confronté aux migrations politiques aujourd'hui et climatiques demain et nous rappelle que ce que les états qualifient de flux représentent en fait de précieuses vies humaines.