Histoire complexe et intrigante, Anyone 40 est un polar aux entrées multiples peuplé de personnages déroutants.La singularité du travail de Léo apparaît ici tout entière et tient tant à la sincérité littéraire de l'histoire qu'il construit dans un hasard et un désordre maîtrisés, qu'à son travail graphique : des images paranoïaques, complotistes, étranges dans lesquelles des parasites s'invitent, mettent les dessins en tension, en torsion.Empruntant au cut-up, Léo recompose ses pages de manière quasi-musicale, avec un travail de montage, de collage à partir d'images glanées sur internet. Ainsi, le rapport texte / image semble construit par un virus, que le hasard numérique aurait doté d'un goût artistique subtil.Des interférences traversent les pages, créant du bruit, dans le fond comme dans la forme. On songe aux arts numériques, au glitch, à cette neige apparaissant sur les écrans des télévisions peinant à trouver LE bon signal.
Dans Parzan, référence explicite aux bandes dessinées populaires pour la jeunesse, Bertoyas rend hommage au récit d'aventure.Tel un petit lecteur se jetant sur ses feutres après avoir fini son illustré, il improvise une intrigue qui se perd et revient au gré des envies. Le dessin est intuitif, les expériences de toutes sortes et les références à la culture populaire pleuvent, nous démontrant qu'on peut être encore un petit peu intéressant après 8 ans.Une production aussi indispensable que confidentielle.
Avec Quoi de plus normal qu'infliger la vie ?, Oriane Lassus interroge avec une intelligence acide et sensible la question de la nulliparité. Et si la réponse n'était pas si évidente que ça ? Et si on pouvait ne pas trouver ça « normal », justement, de procréer ?À travers le regard et l'environnement d'une protagoniste anonyme, c'est le jeu d'influences imposé par une société normative qui est questionné, et la difficulté pour les femmes de faire un choix intime : « Tu changeras d'avis, tu verras. » ou le fatal « Tu le regretteras quand tu mourras seul(e) et abandonné(e) de tous ».D'où vient cette évidence supposée ? Comment penser en dehors de cette évidence ? Quoi de plus normal qu'infliger la vie ? s'intéresse aux normes familiales, sociétales, affectives qui régentent aujourd'hui la vie de tout adulte un tant soit peu poreux aux jugements de son prochain.
Un recueil de quatre histoires d'Isaac publiées en 2014 dans la revue numérique Professeur Cyclope. Entre des trips intergalactiques, des voyages au Népal ou dans un frigo, le protagoniste explore d'autres mondes ainsi que ses propres échecs. L'originalité de Pierre Ferrero ne tient pas seulement à un trait étonnant, nouveau et déterminé, une colorisation ébouriffante, des angles de vue impossibles et des perspectives donnant le tournis.Chez lui, la langue est résolument contemporaine et ne s'embarrasse pas des conventions et de la bienséance. Il était temps que le registre familier trouve quelqu'un pour jouer intelligemment avec lui : travaillant un style absurde, Pierre Ferrero a créé le «Verlanvers» : dérivé du verlan qu'il avait mis au point dans son ouvrage précédent, Marlisou.Verlanisant le verlan, c'est à sa génération que Pierre s'adresse, une tape dans le dos des anciens au passage.