Trois histoires se croisent dans Ne changes jamais et finissent par s'entremêler. Chacune d'elles est empreinte d'étrange et de science-fiction. On découvre un futur possible où les expériences scientifiques ont engendré des mutations irréversibles de l'être humain. Les humains mutants contaminent leur entourage mais tout cela est étouffé et gardé secret. Impossible de dénouer le fil du récit tissé par l'auteur qui nous laisse haletant, pantois et distille en nous l'angoisse sourde d'un mystère non élucidé. Genre, sexualité, condition sociale, espèce, rien n'est établi. Et le portrait encadré d'un singe, à la manière d'une photo de famille, nous interpelle sur le passé de notre espèce et donc son futur à venir.
La Maison qui grince est un conte moderne poétiquement tragique sur la vie citadine cloisonnée. L'histoire se déroule quasiment en huit clos dans un immeuble vétuste où résonne le tumulte étrangement fantasmatique de voisins aux moeurs parfois dissolus...Lorsque Barbara emménage dans cet immeuble afin d'intégrer une école d'esthétisme, elle pense à un immeuble comme un autre. Mais dans le silence de la nuit, la demeure se met à craqueler comme un corps qui se réveille, les bruits à résonner dans les cloisons insalubres et les tuyauteries déglinguées. Des borborygmes, des tintements métalliques, des halètements de copulation. C'est dans cette atmosphère insolite, que nous découvrons une galerie de personnages bien ravagés : Matt, spécialisé dans la retouche photo qui ne peut toucher aucune femme ; Janet la diététicienne concentrée sur son régime, harcelée la nuit par une voix de diva orgiaque appartenant à la plantureuse et hédoniste Marion, matriarche du front des fêtards de minuit.Tout en explorant les thèmes de l'image du corps, de la sexualité, de la solitude et de l'isolement de la vie urbaine, cette demeure qui se délabre tout au long du livre n'est finalement que la métaphore d'un désarroi sociétal profond.