Pendant 10 ans les membres des 2 formations se sont croisés régulièrement, ont collaboré, s’enrichissant mutuellement. C’est à l’issue de l’une de ces réunions, sur l’album Adiu Miladiu du Bal Brotto Lopez, qu’en 2016 ils décident de franchir le pas. Une tournée réunissant les deux univers voit le jour dans la foulée. Quercy-Pontoise. Difficile de trouver meilleur nom pour l’album enregistré en public cet été là. Simple boutade du chanteur des Ogres, pour présenter à la fois l’origine francilienne de sa fratrie et celle de ses confrères du sud, nous dit-on ? Pas si sûr. Car, on comprend dès la première piste, que d’un côté comme de l’autre, on prend l’affaire très au sérieux. Les Ogres, fidèles à leurs principes d’ouverture sur le monde, intègrent parfaitement à leur répertoire les sonorités et les lettres du bal occitan. Ainsi, Vous m’emmerdez !, de leur album éponyme, devient Que m’emmerdatz !. Ils adoptent les codes jusqu’à chanter dans la langue des troubadours avec un travail remarquable de prononciation. L’alternance des voix de Fred Burguière et de Guillaume Lopez, l’équilibre entre les compositions issues des 2 formations dans le choix des titres et le même attachement à la qualité des textes réconcilient Oïl et Oc. Même Allain Leprest s’en trouve occitanisé, avec sa chanson C’est peut-être, adaptée dans les deux langues. Autre témoin de cette concorde, Mon pays, co-écrite par les six musiciens de l’ensemble, rapproche avec humour les chauvinismes parisiens et gascons dans une valse populaire. Populaire et résolument festif : voilà les caractéristiques des 2 univers qui expliquent que le mariage fonctionne si bien. L’opus, tourné d’abord vers le public, fait la part belle aux tempos rapides, où s’expriment toute la virtuosité des instrumentistes et leur goût pour les mélodies d’inspiration traditionnelle. Parfois soutenues -car avec les Ogres le rock n’est jamais très loin - par la saturation d’une guitare. Tous ces musiciens sont des multi-instrumentistes. Trombone, scie musicale, contrebasse, soubassophone, piano... le large instrumentarium dont ils disposent permet d’explorer au long des 12 morceaux du disque une palette sonore exceptionnellement riche. Ce projet des soeurs et frères Burguière et du duo Cyrille Brotto et Guillaume Lopez s’avère donc être propice à la danse et autres réjouissances. Sans jamais perdre de vue la possibilité de laisser une place à des copains de passage. C’est le cas de la dernière plage de l’album, Lo pont de Nantas / Amazone, qui accueille les chanteurs languedociens Aqueles et la violoniste Alexandra Lacouchie. Donner de l’espace aux autres, cette qualité rare chez les musiciens, commune aux membres du bal de Quercy Pontoise ne s’explique pas. C’est l’envie de partage qui les réunit tous sur la même scène.
Au moins 30 ans d'attente, si ce n'est plusc'était toujours trop tôt, trop tôtComme chaque note doit peser une tonne, et que graver c'est grave, Christian Vander, âme pensante et dirigeante de Magma depuis 50 ans cette année, a dû repousser ce moment jusqu'à ce jour. Voici enfin disponible pour nos oreilles maintes fois initiées à la musique des forces de l'univers, la Zeuhl, l'oeuvre ultime du groupe polymorphe composée par Christian Vander. Cette fois la formation originelle du groupe se voit apporter le renfort majestueux d'un orchestre symphonique de 50 musiciens et d'un choeur soutenant les voix des leaders, Christian et Stella Vander en tête. Mieux encore, le légendaire batteur se voit prêter main forte et laisse ainsi les baguettes à Morgan Agren pour une pulsation rythmique en ostinato de plus de 30 minutes, ou le piano de Simon Goubert fait chanter les accords obsessionnels soutenu par la basse tellurique de Philippe Bussonet. Une pleine section de choristes, et les arpèges à la guitare de Rudy Blas complètent les troupes des forces des combattants de la Zeuhl. Rémi Dumoulin, un habitué des lieus, a habilement et subtilement arrangé la partie de l'Orchestre Philharmonique de Prague et de ses 50 musiciens. Découpé en 7 parties et présenté ici dans sa forme définitive, Zess est l'aboutissement ultime de la musique de Magma.
Comment pourrait-on nommer un projet Jazz/Fusion réunissant le guitariste le plus omniprésent de la scène reggae actuelle, le batteur de reggae le plus prolifique, ainsi que trois des membres actifs du plus grand groupe de reggae américain? Rockamovya réunit en effet Will Bernard le plus gros jazzman de tous les temps nominé aux Grammy Awards (Motherbug, le trio Stanton Moore, Dr Lonnie Smith), l'incontournable Leroy Horsemouth Wallace (Burning Spear, The Abyssinians, le film culte Rockers ), ainsi que Ryan Newmann (basse), Marcus Urani (orgue/piano), et Harrison Stafford (guitare rythmique/chant) du grand Groundation, groupe acclamé internationalement pour ce qui est surement un classique défiant tous les genres. Rockamovya a créé un réel buzz, que ce soit dans l'industrie musicale traditionnelle, ou dans la communauté adepte d'une musique consciente, et qui est de plus en plus importante. Le son explosif et original de Rockamovya est certainement du en grande partie aux relations intergénérationnelles qui se sont tissées lors de la création de ce projet. En effet les univers différents de chaque musicien, de par leur style et leur époque, ont su séduire et fasciner toutes les générations, des plus jeunes aux plus anciennes. A noter également que Will Bernard jouait déjà depuis plusieurs années avec Groundation à l'occasion de leur traditionnel Tribute To Bob Marley Tour, une tournée que le groupe effectue chaque année en Californie au mois de février pour célébrer l'anniversaire de la naissance du roi du reggae, où sont uniquement joués des morceaux de Marley.