Attention, mystère ! serait l'avertissement le plus raisonnable pour prévenir de l'univers irraisonnable d'Olivier O.Olivier. Comme on glisse une carte d'invitation discrètement dans une poche, il nous convie à ses concerts de violons en feu, ses corridas sous la neige, ses soirées d'abattoir
Les Grandes filles, Les Bêtes de salon, Portraits, Illustrations. Anna Sommer livre ici plusieurs séries de collages où se déploie son univers envoûtant et délicat et où les femmes se trouvent au premierplan. Entre la fable intemporelle et l'instantané de la vie quotidienne, elle mélange subtilement l'humour et le malaise, la tendresse et la cruauté. Ses animaux deviennent plus humains que les humains, ses grandes filles jouent avec des champignons vénéneux, ses autoportraits expriment une mélancolie secrète et ironique. Au sommet de son art graphique, Anna Sommer utilise les motifs des papiers d'art avec un jeu de couleurs à la douceur acide. Son dessin est à la fois familier et dérangeant. Elle excelle à raconter les doux pièges de la vie de couple et les illusions fatales de nos vies douillettes.
Audébut des années 1960, dans Hara-Kiri, Gébé donne vie à une drôle de créature, ni homme ni ani- mal, grotesque et angoissante, qui évolue dans des situations à la fois inquiétantes et loufoques. Berck apparaît comme un nouveau fléau de la société, indestructible sous son apparence bonhomme. Il sème la panique dans la population qui, néanmoins, se résigne à l'accepter comme une fatalité. L'univers décalé de Gébé met en scène un Berck qui se joue de toutes les situations de la vie quotidienne, se gavant d'éther et de mercurochrome pour coucher à l'hô- pital, tuant son ennui en crachant dans une bassine jusqu'à la faire déborder. En matérialisant d'image en image une véritable bombe à retardement, Gébé imagine un type unique de personnage de bande dessinée : le héros purement négatif, absurde, anar- chiste et poétique.
Hélène, séduisante quadragénaire propriétaire d'une boutique de mode, découvre un nourrisson dans la cabine d'essayage, et le recueille dans son arrière-boutique, sans en souffler mot à Antoine, son mari. Vicky et Wanda, deux adolescentes désinhibées, partagent une chambre d'internat et la plupart de leurs secrets, dont la grossesse de Vicky, fruit de sa relation amoureuse avec Antoine, qui n'est autre que leur professeur d'histoire. Pour compenser les inexplicables élans maternels de sa femme, Antoine lui offre un chien. Sous couvert de promenades, Hélène et le chien rendent clandestinement visite à l'enfant, jusqu'au jour où...Avec cette histoire tendre et grinçante, Anna Sommer revient à la bande dessinée, pour notre plus grand plaisir... et frisson. L'innocence, comme le diable, se cachent dans les détails de son dessin indiciblement subversif.Doux et acide, dénué de toute mièvrerie, son univers résolument féminin fait rimer légèreté et cruauté, et ne cesse de s'enrichir de nouvelles trouvailles.
Le monde selon Topor dévoile de multiples facettes de l'oeuvre de cet artiste hors du commun, l'un des plus marquants et prolifiques de la fin du xx e siècle. L'ouvrage raconte de façon inédite l'univers créatif de Topor, le dessinateur et l'écrivain, des années 60 jusqu'à sa mort en 1997. Roland Topor débute sa carrière comme dessina- teur d'humour dans une certaine presse : Bizarre en 1958, Arts en 1959, Fiction en 1960 et Hara-Kiri en 1961. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Fernando Arrabal. Une amitié très forte naît entre les deux hommes et ensemble, avec d'autres artistes rencontrés lors de ses études à l'École des beaux-arts de Paris, ils créent le groupe « Panique », mouve- ment artistique, qui, malgré son manque de sérieux assumé, va jouir d'une certaine renommée dans le monde des arts et des lettres. Toujours empreint d'humour grinçant et d'une cer- taine mélancolie, le dessinateur s'est fait également connaître comme écrivain de nouvelles, de romans, de pièces de théâtre. Il est l'auteur de plusieurs films d'animation, dont le célèbre La Planète sauvage, ainsi que de la série télévisée Téléchat.
De Kiki Smith à Kamagurka, en passant par Goya, Gébé, Didier Paquignon, Joël Person ou Slawomir Mrozek, le Cahier dessiné N°9 confronte et entrecroise les mondes les plus variés et les plus extravagants. Depuis les portraits de Nanteuil, le graveur de Louis XIV, jusqu'aux autoportraits de Josef Hofer, artiste autrichien d'Art Brut, ce numéro rassemble ce que l'Histoire de l'Art et les musées séparent. Figuratifs ou abstraits, dessinateurs de presse ou maîtres anciens, les artistes présentés ici ont tous en partage une aventure singulière, avec dans ce numéro un accent mis sur l'art du portrait. Écrivains, universitaires, mais aussi artistes eux-mêmes, les auteurs des textes font partager leur savoir et surtout leur complicité avec les univers décrits. D'Hector Obalk à Paul Nizon, de Caroline Lamarche à Rainer Michael Mason, leur approche, leur ton, leur style sont àchaque fois une surprise singulière.Qu'elles démontrent une parfaite maîtrise ou qu'elles confinent à la maladresse, qu'elles aient été retrouvées au fond d'une malle ou qu'elles trônent dans les musées, les oeuvres montrées dans ce N°9 sont liées par un fil secret. Elles n'ont de commun que leur capacité à nous faire rêver et rire pour ainsi restituer une part invisible du monde.