Dans un immense gratte-ciel du centre ville se passent des choses bien étranges : des fuites d'eau transforment les appartements en profondeurs abyssales, la contemplation et l'improductivité sont passibles de poursuites, des médecins improbables soignent les petites coupures de façon très originale; la réalité trébuche à chaque marche de ses escaliers.Tout cela nous étonnerait si on ne savait pas que l'architecte qui a dessiné cet immeuble s'appelle Jean-Pierre Duffour, connu dans le milieu pour concevoir des lieux qui échappent aux lois du temps, de l'espace et de la logique. Voilà donc pourquoi, dans ce gratte-ciel, la réalité prend souvent des tournures bien étranges, parfois hilarantes, souvent assez inquiétantes. Rêves et cauchemars sont les matériaux de construction utilisés par Duffour ; les onze étages de cet immeuble insensé qu'il termine d'agencer dans L'escalier truqué sont autant de pieds de nez à nos angoisses et à nos obsessions. Duffour est un Grimm de notre temps qui cherche l'inspiration de ses contes au fond de nos angoisses : Faut-il fuir face au monstre tapis sous son lit ? Comment arrêter une fuite d'eau, lorsque on a pour plombier un amateur de bonne littérature ? Que faire après avoir tourné la dernière page d'un livre passionnant ? Comment démander une augmentation à son patron ? Comment louer un nouveau appartement après avoir obtenu cette augmentation ?Maître du non-sense et des dialogues décalés, dessinateur hors pair, Jean-Pierre Duffour fait preuve encore une fois de son énorme talent. Avec sa palette flamboyante, il démontre à chaque page que la couleur peut faire aussi peur que le noir. L'escalier truqué est un livre de fables à mettre dans les mains des petits et des grands.
Dans une île bouleversée par un désastre écologique, l’oisillon Birdboy essaie en vain de voler et à chaque tentative ratée s’enfonce un peu plus dans son addiction aux psychotropes. Dinky, la souris, ne veut plus se lever du lit pour aller à l’école. Depuis la mort de son père, rien ne semble plus motiver la brillante élève qu’elle était. Dinky n’a qu’une idée en tête : partir ailleurs, laisser derrière elle les paysages desséchés de son île, traverser la mer stérile qui l’entoure, commencer une nouvelle vie avec Birdboy. Forts de leur amour naissant, réussiront-ils à atteindre enfin le monde meilleur dont ils rêvent ? Alberto Vázquez nous livre une histoire intense et poétique, tout en portant un regard lucide et désenchanté sur le monde contemporain. Désindustrialisation, chômage, répression, nature violentée : la petite île de Dinky et Birdboy semble renfermer en elle tous les maux de notre société. Vázquez manie avec grâce son trait élégant et ses ambiances minimalistes en distillant en parties égales, tout au long de son récit, tendresse et cruauté ; un peu comme un Tim Burton qui aurait chaussé des gants de boxe. En 2012, Alberto Vázquez, avec Pedro Rivero, a porté Psychonautes à l’écran dans un film d’animation intitulé Birdboy qui a obtenu le prix du meilleur court-métrage d’animation aux Goyas (les Césars espagnols). En 2015, Vázquez et Rivero ont réalisé une version long-métrage (80 minutes) qui reprend le titre du livre et qui a été présentée au festival de San Sebastián. La version française sera présentée à la prochaine édition du Festival international du film d’animation d’Annecy et distribuée sur le territoire national.