des neiges éternelles du nouveau mexique aux plages paradisiaques du nevada, pierre la police et jean le cointre font de l'ouest américain le décor d'un bouleversant western pharmaceutique.alors qu'entre southfork et durango les vaches se suicident, une souche de fécule infectieuse, venue de la lune, entreprend de coloniser la terre. le chef du monde en appelle à l'equipe sonique de la paz et ses mutants moches, au qi d'huîtres. sans surprise, la taupe de houston, le tarzan de la perception et le monstre mexicain foirent la mission et c'en est fini pour toujours, car tout le monde est tué et le vêtement est déchiré.cette plongée dans l'inconscient collectif du cinéma de série z ramène à la surface de créatures irresponsables, savants fous, algues cannibales ou laborantines à lunettes, qui, avant de monter dans leur chambre regarder la télévision, s'obstinent à traiter avec naturel et sérieux un monde définitivement dérangé. entre roman-photo et serial d'aventure, la balançoire de plasma joue des codes et des conventions du film de monstres jusqu'à ce que mort s'en suive.un livre beau comme la rencontre fortuite d'ed wood et des fantastic four sur la table de dissection du docteur frankenstein.
On imagine volontiers Anouk Ricard s'attabler chaque matin au bistro du coin, pour y dépouiller les Dernières Nouvelles d'Alsace ou La Provence, et traquer, à travers la presse quotidienne régionale, le crime crétin et le drame dérisoire.Sa fantaisie se met alors au travail. Elle fait dérailler l'anecdote, l'envoie brinqueballer sur les chemins de traverse de la réalité, à la rencontre d'une conclusion, lamentable et loufoque dans sa logique même. Ces his- toires courtes retrouvent l'humour anarchiste des récits en trois lignes de Félix Fénéon ou des détournements de Gabriel de Lautrec, basés eux aussi sur les faits divers.La ménagerie de l'artiste peut sembler enfantine.Méfiez-vous des apparences. Le canard bleu, le cheval jaune ou le chien myope renvoient l'image d'une huma- nité mesquine, ridicule et pas au mieux de sa forme. Aussi empotés que décalés, les personnages de Faits divers 2 prouvent de façon hilarante que le crime ne paie pas, du moins s'il est commis par des imbéciles.Dans ce deuxième tome, toujours aussi haut en cou- leur, Anouk Ricard s'est remise à table pour nous rassa- sier en anecdotes croustillantes d'ordinaire.
Bob & Harv signe la rencontre légendaire de deux titans de la bande dessinée, Harvey Pekar au scénario et Robert Crumb au dessin, unis dans le désir commun de nous conter les merveilleuses aventures d'Harvey Pekar.Enfin, comme le dit Crumb, ces 'aventures', ce sont surtout des gens qui causent ou un Pekar qui harangue son lecteur impuissant case après case après case.Allongé sur le divan qu'il s'est fait livrer à domicile, Pekar nous parle de ses problèmes dans des saynètes autobiographiques ce que l'on appelle communément 'tranches de vie'. Ces journées qui défilent les unes après les autres avec pour unique décorum Cleveland, cette ville industrielle qui ne s'est jamais vraiment remise de sa grande dépression. Une ville où l'on se pèle le cul en attendant le bus qui n'arrive pas.Exit le glamour, le piment, l'héroïsme ! Dès la fin des années 70, Pekar invite la vraie vie à la table de la bande dessinée, sans emphase, avec juste ce qu'il faut d'humour, d'absurdité et d'ironie. Scénariste hors pair, Harvey Pekar influencera toute une génération d'auteurs américains qui se tournèrent vers l'autobiographie.Bienheureux furent ceux qui témoignèrent des obsessions maniaco-dépressives d'Harvey Pekar !
Dissimulé derrière les bandelettes qui ont fait de lui une momie, Emet s'anime peu à peu. Ses mains agrippent lentement les lambeaux de tissus autour de son visage, libérant progressivement sa vision. Sur la table devant lui, il découvre un miroir, dans lequel se reflète l'image de quelqu'un qu'il ne connaît pas. Au même instant, dans une des salles de l'hôpital où elle exerce, le Professeur Loew apprend son licenciement et quitte son laboratoire sans un dernier regard.Au croisement de Mary Shelley et Gustav Meyrink, Tes yeux ont vu s'inspire de la figure du Golem pour mieux interroger la fugacité des choses. Fini le savant fou à l'ego surdimensionné qui rit comme un damné en levant les mains au ciel. Fini aussi l'image de la créature brutale au front bas qui ne sait pas articuler deux mots. Ici, la relation complexe qui unit les deux personnages réveille notre rapport à l'autre en appréhendant des sentiments profonds de réciprocité, de dépendance et de solitude.Dans cette lutte pour l'apprentissage de tous les instants, où l'obsolescence du corps semble irrémédiable, la science suscite de nouvelles questions sans en fournir les solutions. La réponse est peut-être là, entrelacée dans une succession de cases, cachée entre les lignes du dessin, au carrefour d'une histoire qui nous rappelle que rien n'est éternel.
Un macaque défoncé aux champis qui barbouille sur des rochers des représentations du grand dieu singe : telle est la genèse de cette histoire de l'Art revisitée façon primate, de ses balbutiements à l'ère préhistorique à ses dérives contemporaines. Une fresque cynique, bourrée de références théoriques et de clins d'oeil picturaux, qui analyse avec lucidité une institutionnalisation de la création artistique marquée par ses liens intrinsèques avec le pouvoir et l'argent, où rien ni personne n'est épargné. Englués dans leur vanité et leur ambition, alléchés par le profit, les macaques se déchirent joyeusement dans une recherche constante de nouveauté qui confine parfois à l'absurde. Scandales et provocations finissent par faire de l'Art un vaste champ de spéculation où le public et l'État se félicitent de consommer du culturel - et peu importe s'ils n'y comprennent rien, car ce qui compte, c'est d'être dans le coup.À travers cette relecture iconoclaste autant que décalée, Benoît Preteseille pose la question de la légitimité d'une oeuvre d'Art. Des conventions bourgeoises d'un Art officiel au snobisme d'une élite bien-pensante, l'importance de ceux qui se croient habilités à juger de la valeur artistique d'une oeuvre a pris le dessus sur les qualités esthétiques réelles, vidant de son sens la définition même de l'Art. Et si tout renouveau passe par une rupture, il est peut-être temps de faire du passé table rase, pour redonner enfin à l'Art un nouveau souffle et une vraie liberté.
Qu'est-ce que l'Art, en vérité ? On en parle à toutes les sauces, on discute de sa santé dans les cocktails mondains, on le dissèque en ville pour séduire la belle ou pour rabattre le caquet d'un rival trop arrogant... On l'étudie parfois, comme on ausculte un animal. On l'envisage aussi comme un placement, plus fructueux que la pierre.Parfois même, on espère devenir l'un de ces artistes qui défraient la chronique des décennies durant. Mais en dehors de ça, entre nous, honnêtement... à quoi sert l'Art, au bout du compte ?Willem, avec sa mæstria habituelle, fait table rase des académismes et refuse de se laisser entraîner dans d'aussi futiles considérations, préférant endosser le costume qu'il affectionne le plus, celui du gentleman dynamiteur.Dans cette nouvelle édition copieusement augmentée, Willem esquisse un portrait de l'Art lui-même, hilarant et décapant, au travers d'une centaine d'instantanés d'artistes du XX e et XXI e siècle. Et la désacralisation n'empêche en rien la révélation d'informations capitales !Toujours replacées dans leur contexte par la verve malicieux et encyclopédique de Willem, les anecdotes de ces Nouvelles aventures de L'Art constituent la tentative la plus sérieuse pour dresser un état des lieux acide et réaliste de la création artistique depuis la fin de l'impressionnisme jusqu'à nos jours.De ce panorama surgit, entre deux éclats de rire, la réponse à notre question initiale. À quoi sert l'Art ? À garder les yeux ouverts, tout simplement !