Quand la maîtresse a demandé à chaque élève d'envoyer un questionnaire à un écrivain afin de constituer un dossier, Lou Botts a tout de suite pensé à Boyd Henshaw, parce qu'il avait adoré son livre. Comment distraire un chien et qu'il lui avait déjà écrit l'année précédente. Peu ravi qu'on lui donne des devoirs à faire alors qu'il a quitté l'école depuis longtemps, Boyd Henshaw, pour se venger, répond à chaque question par une blague et envoie, lui aussi, un questionnaire à Lou. Lou est bien décidé à ne pas répondre. Mais comme sa mère trouve que c'est extrêmement impoli, que la télévision est en panne, et qu'il aimerait bien devenir plus tard un écrivain comme Boyd Henshaw, finalement, il prend son stylo. En fait, il a beaucoup de choses à raconter. Par exemple, comment ses parents se sont séparés à cause d'un camion. Les inconvénients d'être nouveau dans une école. Ou encore la guerre secrète qu'il mène contre l'inconnu qui, tous les midis, lui pille son sac-déjeuner.
C'est une journée ordinaire à Jérusalem, un attentat moyen : un kamikaze dans un café, six morts, deux jours d'info à la télévision. Oui, depuis trois ans, l'horreur est devenue routine, et la Ville sainte va tout droit en enfer. Tal, elle, ne s'habitue pas. Elle aime trop sa ville et la vie. Elle veut mourir très, très vieille et très, très sage. Un jour, en plein cours de biologie, une ampoule s'allume au-dessus de sa tête, comme dans un dessin animé. Voilà des jours qu'elle écrit ce qu'elle a sur le coeur, ses souvenirs, la fois où elle a vu ses parents pleurer de joie, le jour de la signature des accords de paix entre Israéliens et Palestiniens, et puis la désillusion, la révolte, la terreur, et l'espoir quand même. Ce qu'elle pense, ce qu'elle écrit, quelqu'un doit le lire. Quelqu'un d'en face. Elle l'imagine déjà, cette amie-ennemie inconnue aux cheveux noirs. Eytan, le frère de Tal, fait son service militaire à Gaza. Elle glisse ses feuillets dans une bouteille et la lui confie...