Avec cet album, nous plongeons au fond de la culture de l’Ouzbékistan. La place principale revient à la voix de la plus célèbre chanteuse traditionnelle du pays, Munadjat Yulchieva qui, avec sa voix grave, nous a déjà émerveillé dans «Sufi Soul». Le talent exceptionnel de la voix de Munadjat, sa force d’expression et son charisme naturel enchante entre-temps le public des grandes salles de concerts internationales, parfois touché jusqu’aux larmes comme cela s’est produit récemment à Londres. Les enregistrements ont été réalisé au printemps dernier dans les studios de la radio et télévision de Taschkent, capitale de cet Etat d’Asie centrale. Le célèbre joueur de rubab et professeur au conservatoire de Taschkent, Shavkat Mirzaev, a ajouté à son ensemble d’autres solistes de première classe afin de présenter tous les instruments et styles de musique de son pays. Les luths, instruments à cordes et cithares joués ici exigent la plus grande concentration et habilité pour atteindre de stupéfiants effets de glissando et de vibrato. Flûtes et percussions se mêlent à l’ensemble. La lente construction hypnotisante des morceaux progresse jusqu’à un point culminant dramatique d’où la chanteuse et l’ensemble donnent, avec brio, de toutes nouvelles facettes à la mélodie.
Elliott Sharp, un des guitaristes les plus appréciés de la scène « downtown » new-yorkaise, ne cesse d'impressionner par ses projets nourris d'expériences musicales en tous genres alliant jazz, blues, rock, noise mais aussi musiques électroniques et parfois traditionnelles. Il a travaillé avec Sonny Sharrock ou Vernon Reid, ses alter egos à la six cordes supersonique, comme avec Nusrat Fateh Ali Khan ou Bachir Attar, des Maîtres musiciens de Jajouka. Cette qualité de défricheur, Sharp en fera un des leitmotivs de sa pratique musicale. A New York, il a frayé avec la scène no-wave après avoir suivi les cours de composition de Morton Feldman et Lejaren Hiller. Il a aussi trouvé quantité de musiciens qui l'ont inspiré : «Si ma musique provient de mon oreille interne, j'ai bien sûr été influencé par le jazz new-yorkais des années 60 et 70, Ornette Coleman, le Miles électrique, Cecil Taylor, Anthony Braxton, autant que par des groupes comme Television.» Avec ce nouvel album auquel participe Hubert Sumlin, le guitariste se retrouve à l'intersection de la country, du blues, du jazz post Mingus/Ayler, du groove et de la « dance music » contemporaine. Une musique entêtante, hâbleuse, tribale, ou encore, comme Sharp le dit lui-même, «brûlante, intense, expéditive».