Le répertoire original pour quatre guitares étant assez restreint à des oeuvres écrites au cours de ces dernières décennies, l'Aquarelle Guitar Quartet n'a d'autre option que de jouer des transcriptions en ce qui concerne les oeuvres plus anciennes. Mais attention, il y a transcription et transcription. Dans leur cas, on peut réellement parler de re-composition, comme par exemple la magnifique Aria de la quatorzième parmi les Bachianas Brasileiras de Villa-Lobos, initialement écrite pour voix et huit violoncelles : résultat impeccable, on croit assister à la création d'une toute nouvelle oeuvre que l'on connaîtrait déjà de par le passé, comme dans une fantomatique impression de déjà-entendu. Ensuite, l'ensemble défend la nouvelle création brésilienne, sous les traits de la compositrice Clarice Assad. Clarice Assad... Oh, ce n'est certes pas une inconnue, en particulier dans le milieu du grand jazz, mais la belle demoiselle fricote aussi allègrement avec le répertoire classique, puisque certaines de ses oeuvres ont été jouées par les orchestres du Colorado, de Saint-Louis, et par grand nombre de solistes de renom international. N'a-t-elle pas également reçu le Prix Aaron Copland, le Prix des Jeunes Compositeurs Morton Gould décerné par l'équivalent états-unien de la SACEM, sans compter de nombreuses distinctions dans le monde du jazz ? Découvrez ses Danças Nativas, mélange entre le Brésil et le reste du monde (même si, en réalité, le Brésil est déjà l'une des sociétés les plus multiculturelles qui se puisse concevoir), écrites spécifiquement pour l'Aquarelle Quartet. Et bien d'autres oeuvres, parmi lesquelles celles du franco-tunisien Roland Dyens, et pour finir une oeuvre d'Egberto Gismondi, la parfaite fusion entre rigueur classique (disciple de Nadia Boulanger et de Jean Barraqué, ça vous marque une destinée) et le meilleur de la musique moderne d'inspiration populaire.
Dignes représentants de la scène musicale bouillonnante de Leeds, Pulled Apart By Horses s'est déjà fait repérer en ses terres par le biais d'un premier album dont le single est rentré en playlist sur Radio 1. Après avoir notamment ouvert pour The Bronx et Blood Red Shoes, voici venue pour eux l'heure du second album, rêche et sombre comme du papier de verre. Du pain béni pour les fans de punk à l'anglaise...
Alexander Paley est largement reconnu pour ses prouesses techniques éblouissantes, son répertoire exceptionnellement large des concertos et des oeuvres pour piano solo, et la profondeur de ses interprétations uniques et personnelles. Lors de ma première rencontre avec Rameau, j’avais 7 ans. Mon premier professeur était né à Paris et il avait une très bonne connaissance de la culture française. Grâce à lui, je suis à mon tour tombé amoureux de la France en général et de Rameau en particulier, Rameau qui ne m’a plus jamais quitté par la suite. Je l’ai toujours gardé dans un coin de ma tête, sans jamais pouvoir le donner sur scène car, malheureusement, les programmateurs, préféraient et préfèrent encore des compositeurs plus familiers du grand public.(...) C’est résolument en tant que pianiste que j’aborde la musique de Rameau. Nulle question ici d’une simple imitation du clavecin : il me semble dommage de ne pas exploiter les opportunités que notre piano contemporain offre, comme l’a fait, par exemple dans Bach, Glenn Gould, musicien que j’admire. J’ai également apporté une attention particulière à la question du tempo. Sur la question des ornements, pour lesquels le compositeur a laissé une table fort copieuse, je me réclame de Wanda Landowska. L’ornement est, à mes yeux, comme un vaste champ qui permet d’introduire ce qui existait autour de Rameau en son temps. Ainsi, dans La Vénitienne (Premier livre, 1706), après avoir joué strictement ce qui est écrit par Rameau, j’ai inséré des citations de Domenico Scarlatti et de Jean-Paul-Egide Martini (son célèbre Plaisir d’amour). C’est aussi pour cette raison que dans les doubles de la fameuse Gavotte, j’ai introduit le Dies iræ. J’avoue avoir l’intime et forte conviction d’en avoir le droit. J’ai essayé de jouer chaque mélisme, chaque note, écrits par Rameau car le texte reste la Bible, et il doit être scrupuleusement respecté. Mais Debussy disait que la musique survenait entre les notes et il est du ressort de l’interprète de découvrir ce qui existe au-delà du papier et de l’encre noire. Ce que je joue ne relève absolument pas de la transcription telle qu’a pu superbement le faire un Godowski. Ce n’est pas non plus une tentative de transformer la musique en quelque chose d’audible pour un hypothétique auditeur contemporain. J’essaie simplement de partager cette immense beauté qui naît devant moi et devant l’auditeur... Alexander Paley