Basée sur une pièce de théâtre de Philippe Dorin (Dans ma maison de papier, j'ai des poèmes sur le feu, ed. L'École des loisirs), Dans ma maison de papier est un huis-clos à trois personnages qui se joue des contraintes de temps et d'espace. La mort vient rendre visiteà une vieille dame, il est temps... Tel Antonius Block dans Le septième sceau d'Ingmar Bergman, la vieille dame (nommée Emma), engage un dialogue avec le funeste visiteur. Est-ce pour retarder l'échéance ou n'est-ce, l'espace d'un instant, que le questionnement métaphysique sur sa vie passée et son sens ? Une petite fille du nom d'Aimée, apparaît, les souvenirs affluent, la curiosité de l'enfant se déploie, les lieux changent... la mort attend. Qu'ont en commun les personnages d'Aimée et Emma ? Leur complicité, à la fois ludique et fusionnelle, teinte d'émotions positives ce face-à-face avec la mort.
Les influences, qu'elles soient flagrantes ou discrètes, assumées ou inconscientes, sont présentes dans le travail de tout artiste. Elles nourrissent son oeuvre, l'aidant tout d'abord à perfectionner sa technique par l'imitation puis le taraudant lorsqu'il cherche à s'en éloigner pour définir son propre style. Mais au-delà de la question du style, les influences sont parfois le fruit de rencontres, avec un certain livre à un moment bien particulier de sa vie, avec une autre manière de penser le médium même de la Bande Dessinée, avec des univers cinématographiques, littéraires ou picturaux. Car si elles nous aident à définir des écoles, des mouvements et une approche de l'Histoire du Neuvième Art, les influences restent avant tout intimement personnelles. Au travers de ce numéro de JADE, des auteurs de divers horizons nous livreront, par le biais de récits ou d'entretiens, leur rapport particulier aux influences, établissant la base d'une réflexion critique plus large sur cette thématique.Les intervenants de ce Jade : Ambre, Fabcaro, Terreur Graphique, Pierre Ferrero, Pierre Druilhe, William Henne, Oriane Lassus, Matthias Lehmann, Nicolas Moog, Julien Nem, Charles Papier, Benoît Preteseille, Isaac Wens, Jean Bourguignon, Mazem Kerbaj, Jason, Ruppert & Mulot, Pascal Matthey, Simon Roussin, Kan Talahama et Aidan Koch et encore quelques autres en cours de confirmation...
Drame du quotidien dans le monde du travail : depuis 11 ans, chaque matin, une autrice est agressée au vu et au su de tous. Contre son gré, elle reçoit en pleine face la cruelle réalité de sa vie de travailleuse indépendante. Jusqu'alors, la résistante réussissait le tour de force de dignement se relever et sourire de toutes ses dents à ses cyniques tortionnaires. Elle a décidé de rendre coup pour coup avec la série (en deux volumes, parus en 2016 et 2017) : Des croûtes aux coins des yeux. Ce nouvel opus, subtilement intitulé Toutes les croûtes aux coins des yeux, regroupe l'intégrale de ces deux volumes précédents dans une nouvelle édition cartonée, constituant ainsi son édition définitive.Ça cause beaucoup des vicissitudes de la survie financière, d'engagement politique, du rapport aux autres, des angoisses personnelles et tout ce qui peut composer nos premières pensées matinales qui se voient propulsés, littéralement évacués sur le papier. L'autrice aborde aussi les questions sur son travail : le style, le dessin, la bande dessinée et l'introspection, les changements de direction dans le travail artistique (avec le passage à la linogravure), mais aussi l'actualité : Nous revisitons à sa lecture les années 2005 à 2016. Toutes les croûtes aux coins des yeux finira en beauté - et en ultime pied de nez avec le refus de l'autrice d'être faite « chevalier des Arts et Lettres » par le ministère de la Cuculture.En creux, surtout, on y lira la cartographie mentale, sociale, d'une autrice farouchement soucieuse de son indépendance et de son intégrité artistique se débattant face au monde contemporain et ses reculades sociales, sa gestion purement comptable des citoyens, de l'Art et des idées. Toutes les croûtes aux coins des yeux est un laboratoire in-vivo, bouillonnant d'idées et de spontanéité, salvateur et fort en gueule.
« En attendant, c'est les petites punchlines de deux amis dont un s'est fait plaquer, des instantanés, des petits morceaux de désoeuvrement, des bilans de rien, des réflexions de bitume et d'appart mal rangé, de rupture amoureuse et de lendemains de fêtes, comme ça, en attendant que ça passe, le temps d'un mois d'octobre en suspens. » - Fabrice Caro « On n'arrivait pas a prendre une décision sur un projet... alors, en attendant, j'ai demandé à fab de me montrer ses écrits, j'ai pris un ou deux mois pour dessiner... hors des cases... la possibilité du dessin. Simplement me frotter à ses textes sans qu'il me vampirise. Il me donne la liberté totale de représentation, alors je dessine ce que je veux, en rouge et bleu parce que j'ai acheté un lot sur une brocante. Ses punchlines, c'est de l'amour 2018, ça sent la nuit et les matins raides, les tiraillements, les instants seconds, j'ai pas toujours collé mes dessins au texte, des fois les émotions du texte me faisait penser à un autre truc... des sentiments parallèles. Je sais ce qu'il veut raconter. » - Gilles Rochier Second volume de la collection Asterozoa, consacrée au dessin contemporain, En attendant est une collaboration entre deux auteurs de bande dessinée aux univers singuliers et pas forcément complémen-taires. Fabrice Caro écrit une série de punchlines retranscrivant une conversation entre deux amis, instantanés d'émotions attrapées en vol, conversation livrée à Gilles Rochier qui, avec deux crayons de couleurs (rouge et bleu), va les accueillir dans son univers graphique, les laisser rebondir au fil de sa pensée. Le tout est mélangé à la manière d'un cut-up, construisent de nouveaux rapports entre textes et dessins, un nouveau fil de pensée, une matière qui raconte des instants du monde et des fragments de vie.
Entre Europe, Amérique de sud et Afrique, Agora, recueil de dessins contemporains, dresse un portrait, entre réalité, symbolisme et imaginaire, de la rue, de la vie qui s'y déroule et des personnes qui la peuplent. Matthias Lehmann cartographie ainsi la faune et la flore de l'urbanité àtravers des séries d'images composites, sortes de fausses photographies reconstituées à partir de croquis pris sur le vif, souvenirs, photos ratées (à moitié floues ou sous-exposées) et de bien d'autres sources. Il tente par le dessin, s'estimant piètre photographe, de raconter - ou d'évoquer - ce qu'est aujourd'hui le monde, du Brésil à la Guinée, de Saint-Denis (en bas de chez lui) aux monts Appalaches.Matthias Lehmann s'est balladé sous diverses latitudes tout autant qu'en bas de chez lui, aux coins des rues, avec l'envie de recenser tout ce qu'il y voyait : les gens, leurs habits, leurs gadgets, le mobilier urbain, l'architecture, ainsi que le costume universel des rues comme les logos, les tags, les ordures, etc... tout ce qui constitue l'espace public et ce qu'il raconte. Bercé par les dessins de rues de New-York de Reginald Marsh, Matthias Lhemann témoigne : «- Rejeton du multiculturalisme, je ne me sens pas forcément de quelque part, même si dans ce livre, les scènes sont principalement situées en France et au Brésil », ses deux pays de culture.Avec son dessin précis et élégant, l'auteur fait circuler le lecteur dans l'humanité d'aujourd'hui, celle de la vie vraie, loin de l'imaginaire publicitaire mondial qui se substitue de plus en plus à elle, en tant que représentation du monde.Les images sont commentées par l'auteur en trois langues : français, anglais et portugais.Pour soutenir les somptueux dessins de Matthias Lehmann, l'ouvrage dispose d'une reliure ouverte sans dos et est en très grand format.
L'amour infini que j'ai pour toi est un recueil de dix histoires oscillant entre fantastique et autobiographie, réminiscence de l'enfance et construction de soi. Récits courts et animés d'une intense vision poétique, ils sont chacun réalisés avec une technique graphique différente.La grande force du travail de Paulo Monteiro est sa capacité à susciter et exprimer de puissantes émotions. En l'écoutant évoquer sa filiation et ses origines, on se remémore les aspects qui ont forgé notre propre identité et l'on s'interroge sur la condition d'être humain : des choses fragiles et imparfaites, de la joie de chaque moment de grâce vécu, qu'il soit important ou non.L'amour infini que j'ai pour toi a remporté le Prix de la meilleure bande dessinée portugaise 2011 et le Prix de la meilleure bande dessinée indépendante, Central comics 2011 au Portugal et a suscité beaucoup d'enthousiasme au sein du lectorat portugais de bande dessinée alternative.
C'était pas prévu que je perde mon boulot et puis c'est peut-être mieux comme ça.Je vais avoir 40 piges, je vais ou, je vais faire quoi ? Parallèlement à sa passion pour le dessin et la bande dessinée, Gilles Rochier avait un autre boulot - et des responsabilités -, stressant, qui l'occupait largement et à plus que plein temps. Pas de temps à consacrer à soi, à ses amis, peu à sa famille. Un jour, sa boîte coule... Plus rien a quoi se raccrocher, l'impression que le sol se dérobe... la depression l'engouffre. Heureusement la passion du dessin est là, il s'y raccroche, fait un break, le justifie auprès des autres par son statut de dessinateur, auprès de lui surtout. Il est urgent de faire un temps mort. Réapprendre à vivre sans s'oublier dans douze heures de travail quotidien, partager le temps avec sa famille, retrouver les amis perdus. Un tempo de vie ralenti par les médocs, j'attends que ça passe, car l'arrêt est brutal. Nous retrouvons dans sa prostration, l'auteur de TMLP (Ta mère la pute, 2011, Fauve révélation, Angoulême 2012) et de Tu sais ce qu'on raconte... (avec Daniel Casanave, 2017, ed. Warum)... faisant le point à l'aube de ses 40 ans, plus que jamais accro à la bande dessinée, issue quasi-rédemptrice à une vie qu'il avait oublié de vivre.Je racontre l'histoire de ma dépression, mon quartier, ma vie, les vieux copains. Cette vie qui m'entoure et que je ne voyais pas avant. L'observation est jouissive, l'attention aux autres chaleureuse mais corrosive et l'auteur ne s'épargne pas. Les rapports humains sont bruts, les conversations rapportées hilarantes ou tragiques, toujours précises. Temps mort, pépite autobiographique indispensable, fait aimer la vie.Voici sa nouvelle édition, à l'occasion de la parution de La petite couronne, qui se situe 10 ans plus tard, dans la chronique de son quartier, même hall, mêmes heures, mêmes potes.
J'ai déjà beaucoup écrit sur ce que j'appelle la musique du dessin. Je ne veux pas me répéter ici.Alors comment écrire sur ce que je cherche ? Pourquoi ai-je dessiné l'homme, souvent, avec plus de noir que la femme ? Avec un pinceau plus «brutal»...À priori ce n'est pas juste, dans l'amour il y a un partage souvent égal de violence et de tendresse.La raison de ce choix arbitraire c'est que je n'ai pas voulu dessiner la vérité des ébats amoureux. Non, avec ces scènes de culs j'aivoulu dessiner la vie.Et voilà qu'il me faudrait reparler de musique, puisque la vie est faite de musique.Alors j'arrête là. Si mes dessins ne donnent pas envie de vivre alors j'ai tout raté.
Tout récit fait d'une inconnue son épine dorsale : le meurtrier du récit policier, le gâchis ou le vertige du récit amoureux, le victorieux du récit guerrier.Imaginons une inconnue amorphe, plastique, changeante, une inconnue qui ne soit pas seulement l'ossature ni l'objet d'un récit, mais son virus, sa méiose ou son clinamen. Traversant les discours, les classes sociales, les milieux - en un mot : les mondes - elle effrite les langages, les relations humaines, elle fait branler les certitudes et affecte jusqu'au dessin lui-même. Tout ce qui est approché est altéré d'avoir été approché.Hors-sujet observe le récit par le prisme d'une optique mutante, croisement improbable entre un microscope et un kaléidoscope et le cours de l'histoire en est d' autant plus incertain que son objet est, contre toute attente, le lieu commun.
Décortiquer les textes fondateurs de la philosophie n'est pas toujours une mince affaire. Qu'est-ce qu'une scolie ? Un axiome ? Denys Moreau nous plonge dans l'Éthique de Spinoza qu'il s'approprie à travers une interprétation toute dessinée et toute personnelle. Parfois on patauge avec lui, quand les citations de l'oeuvre prennent une tournure totalement absurde, parfois surviennent des petites épiphanies, largement saupoudrées d'une bonne dose d'humour, et d'un peu de poésie. Denys Moreau, pour son premier livre, semble décortiquer autant le texte de Spinoza que l'attitude d'un lecteur contemporain, certes plein de bonne volonté mais souvent un peu dépassé par la pensée du philosophe. Habitué au dessin de presse, il propose des dessins sobres et percutants dans lesquels il façonne « sa » lecture de l'Éthique, confronte sa logique de lecteur et la logique de Spinoza, l'une bousculant l'autre et vice versa.
Compilation de strips d'un personnage récurrent de l'auteur, en grande partie publiés sur un blog dédié. Monsieur Popo est un témoin plus philosophe que candide, qui s'interroge sur la réalité sociale selon les évènements de l'actualité. Procédé classique en soi qui permet à l'auteur un regard acerbe sur le monde qui l'entoure, la série de Monsieur Popo vaut pour la logique implacable, humaine et profondément drôle qui transite au travers des questionnements du personnage et incite à une vraie réflexion.Isaac Wens est né en 1963 et vit dans le Gers. Il s'est d'abord fait remarquer par ses travaux d'illustrateur avant de se lancer dans la bande dessinée. En 1998 paraît son premier livre, Castor Joseph aux éditions Mosquito. Suivront chez le même éditeur, Robert le diable et Le blog du Capt'ain Arobase. En 2004, il reprend le dessin de la série Carland Cross avec Michel Oleffe. On lui doit également, sous la plume du scénariste Rodolphe, la série London (2 tomes parus) et une biographie de Blind Lemon Jefferson, aux éditions Nocturne. La Mort dans l'âme est son dernier ouvrage, paru chez Futuropolis.
L'histoire de Charlotte commence à l'école primaire, un dessin animé qui passe à l'heure du goûter l'interpelle. Déjà quelque chose ne va pas dans sa vie. À l'école, celle-ci se sent différente des autres copines de son âge. Des amitiés se tissent et des sentiments avec elles. Charlotte ne comprend pas ses nouveaux sentiments qui émergent. Les années passent et portent avec elles toujours les même incompréhensions. Les choses ne tournent pas rond dans sa tête, amour, amitié, tout se mélange. Sa première histoire d'amour avec Sophie la bouleverse, elle ne sait pas que c'est aussi sa première déception sentimentale. Puis les histoires de coeur vont s'enchaîner. C'est avec Sandrine qu'elle se rendra compte que l'amour pour elle porte un nom : homosexualité.Dès lors elle découvrira un monde qu'elle ignorait complètement, l'incompréhension de ses parents, l'arrogance des gens, le rejet par ses amis. L'enterrement de mes ex nous parle de la découverte des sentiments, ainsi que de sa différence, par une jeune fille des années 80/90. Nous la suivrons jusqu'à l'aube de l'âge adulte à travers une succession de petits récits détaillant sa chronologie amoureuse. Chaque chapitre porte le prénom d'une personne rencontrée. Chaque fin de chapitre est un deuil à faire pour avancer vers l'âge adulte et la découverte de soi.
Sandrine et Henri coulent des jours paisibles dans leur villa luxueuse. Henri est un patron de startup épanoui et dynamique et Sandrine l'admire. Mais hélas la vie n'est pas un long fleuve tranquille... Un beau jour, Sandrine tombe sous le charme de Michel, un brun ténébreux livreur à domicile et chanteur de rock à ses heures perdues. Une idylle merveilleuse va alors se nouer entre eux. Mais la vie est-elle toujours du côté de l'amour ? Les sentiments purs et absolus ne sont-ils pas qu'une feuille morte emportée par le vent ? Un arc-en-ciel ne finit-il pas toujours par disparaître derrière les nuages ?Un hommage appuyé aux romans-photos et à tout ceque l'amour a pu inspirer pour vendre du papier aux amateurs et amatrices de roman à l'eau de rose. Si vous pensiez avoir fait le tour de la question sur ce genre de littérature, laissez-nous vous soumettre l'idée qu'on peut aller encore un peu plus loin, grace à Fabcaro.
« Rien ne doit dépasser, tout doit être lisse... » Sa vie est réglée comme du papier millimétré. Il ne doit sa place qu'à son utilité au bon fonctionnement de la société. Pour se faire, il polit toutes les aspérités qui peuvent apparaître, pour devenir lisse, transparent et se fondre totalement dans la mécanique. Chaque matin, au réveil, un épi surgit sur sa tête, épi qu'il s'efforce d'aplatir à force de coups de peigne. Les jours se succédant à l'identique, il prend conscience du fait qu'il est totalement interchangeable et se prend à rêver de singularité. Un matin comme les autres il se réveille à nouveau avec un épi trônant sur son crâne et décide alors de le laisser vivre. Il va tenter toute la journée de résister à l'envie irrépressible de l'aplatir. Première victoire qui va le mener à de plus grandes audaces.« L'Epi » est un récit sous la forme d'une fable moderne existentialiste qui va illustrer le parcours de rébellion d'un pion, jusqu'au choix de la liberté. La liberté ultime, la liberté qui n'offre pas de plans pour le lendemain.
Histoire de changer un peu par rapport à Pathetik #1 sorti en avril 2010, l'objet de ce deuxième volume n'est pas cette fois de parler de bande dessinée et du petit milieu qui tourne autour, mais de faire de la bande dessinée et d'en exploiter les différentes formes. Partir à la rencontre d'un homme qui flotte, mais que tout le monde ignore, partager la vie de vieillards qui trompent leur ennui au sein d'une maison de retraite, explorer les méandres des rêves de Monsieur Point, apprendre à construire sa cocotte en papier de compagnie et savourer d'autres facéties encore. Un récit de 20 pages, des histoires courtes, des strips, des gags même... avec un ton oscillant entre la mélancolie, l'introspection, le fantastique, le tout sans oublier bien sûr l'humour, plutôt noir à cette occasion. Toujours tenu à quatre mains par James et Boris Mirroir (Aka La tête x), l'un et autre proposehistoires et dessins, dans toutes les combinaisons possibles.
Véritable recueil de 4 numéros d'un faux comics, lancé en kiosque en fanfare et dont la rédaction se rendra compte - trop tard - que trop d'optimisme ne résiste pas à la dure loi du marché dans le monde de la presse. Les numéros thémathiques se succèdent (Science-fiction, épouvante, polar, amour) tandis que la rédaction tente de sauver les meubles. Garni des rubriques habituelles de la presse (pin-up, réclames, carte blanche, etc.), l'essentiel des pages est surtout l'occasion de parler du monde de la bande dessinée avec la reprise des pages ironiques mais pleines de bon sens du blog éponyme Les mauvaises humeurs de James et de la Tête X, agrémentées de nombreux inédits et surprises de marque. Voici enfin imprimé sur papier, l'ensembledu travail de ses deux auteurs qui ont secoué le petit monde de la bande dessinée tout au long de l'année 2006 grâce à leur blog unanimement salué par les lecteurs et presque unanimement salué par la profession.
Drame du quotidien dans le monde du travail : depuis 11 ans, chaque matin, une autrice est agressée au vu et au su de tous. Contre son gré, elle reçoit en pleine face la cruelle réalité de sa vie de travailleuse indépendante. Jusqu'alors, la résistante réussissait le tour de force de dignement se relever et sourire de toutes ses dents à ses cyniques tortionnaires. En 2016, elle a décidé de rendre coup pour coup avec la série en deux volumes Des croûtes aux coins des yeux. Dans ce second opus, la rigolarde piétine purement et simplement le syndrome de Stockholm en chantant à tue-tête des hymnes punks et met à nu tous ces personnages en les affublant de têtes de mort (plus nu, tu peux pas). Ça cause beaucoup de style, de dessin, de bande dessinée et d'introspection, de changement de direction dans le travail artistique (avec le passage à la linogravure), mais aussi d'actualité et de politique : les années 2013 à 2016 auront donné matière à s'énerver. Des croûtes aux coins des yeux finira en beauté - et en ultime pied de nez avec le refus de l'autrice d'être faite « chevalier des Arts et Lettres » par le ministère de la Cuculture.En creux, surtout, on y lira la cartographie mentale, sociale, d'une autrice farouchement soucieuse de son indépendance et de son intégrité artistique se débattant face au monde contemporain et ses reculades sociales, sa gestion purement comptable des citoyens, de l'Art et des idées. Des croûtes aux coins des yeux est un laboratoire in vivo, bouillonnant d'idées et de spontanéité, salvateur et fort en gueule.
C'est vers 2005 que Tanx entreprend un exercice narratif journalier, publié sur l'un de ses blogs, qui abouti aujourd'hui à ce livre au titre évocateur : Des croûtes aux coins des yeux. Tous les matins, au réveil, elle entame sa journée en dessinant un strip, couchant ce qui lui occupe l'esprit dans l'instant. Bien que l'astreinte journalière ne sera pas vraiment respecté au fil du temps, l'exercice perdure depuis maintenant 11 ans.On entre ainsi dans la chair crue du quotidien, brut de décoffrage, ou les vicissitudes de la survie financière, l'engagement politique, le rapport aux autres, les angoisses personnelles et tout ce qui peut composer nos premières pensées matinales se voient propulsés, littéralement évacués sur le papier. S'élabore un incroyable portrait témoignage, sans détour ni pudeur, cruel et drôle. En creux, surtout, on y lira la cartographie mentale, sociale, d'une autrice farouchement soucieuse de son indépendante et de son intégrité artistique se débattant face au monde contemporain et ses reculades sociales, sa gestion purement comptable des citoyens, de l'Art et des idées.Graphiquement, le style des dessins évoluent, aux fils des ans et des envies, passant du croquis hyper-expressif des débuts à un réalisme classique, dérivant vers l'anthropomorphisme... toujours vivant et surprenant, Des croûtes aux coins des yeux est un laboratoire in-vivo, bouillonnant d'idées et de spontanéité, salvateur et fort en gueule.
Max de Radiguès, auteur bien connu des amateurs d'autoproductions et de travaux intimistes, réalise ici son premier livre chez 6 pieds sous terre. White River Jonction est une petite ville américaine : une rue, un café... et une école de Bande Dessinée crée par des passionnés il y a six ans. Étrange petite école éloignée de tout, elle a fait de la ville un lieu phare du médium. Il y a plus d'auteurs au mètre carré que dans n'importe quel état, et si on s'y attarde on peut y croiser diverses gloires de la planche.Alec Longstreth, auteur du remarqué Phase 7 chez L'employé du moi, y est professeur et propose un poste de «fellow» (invité) à son ami belge. Il n'y a pas d'hésitation chez Max qui accepte, tout en voyant bien ce qu'il va devoir laisser derrière lui durant ce séjour : de sa petite amie à la bonne chère. Face à ce script tout en légèreté on peut s'attendre à la narration d'anecdotiques situations. Mais s'il s'agit bien d'une succession de saynètes autobiographiques l'ouvrage va bien plus loin que l'anodin. Pendant ce temps à White River Jonction, tout comme les autres travaux de Max de Radiguès, offre une narration à la fluidité impressionnante, sachant valoriser le quotidien sans jamais le banaliser.Le dessin, gracieux, accompagne ce mouvement naturel, sans fioritures et sans jamais céder aux sirènes d'une épure forcée par des limites graphiques. Les ballades automnales aux couleurs si douces sont là pour en témoigner. Et si durant tout l'ouvrage Max nous parle de ses maître avec déférence (James Kochalka, John Porcellino, etc.), cet ouvrage achève de prouver qu'il a parfaitement digéré les influences des ténors du nouveau minimalisme américain. Plus, il réussit à y ajouter une indescriptible touche personnelle (européenne ?) qui rend la saveur nouvelle.Une partie de ces planches sont parues dans Foucs, le supplément du Vif l'express entre septembre 2009 et mai 2010.
Nouvelle peu connue, La journée d'un journaliste Américain en 2889 est probablement l'un des textes les plus prophétiques du grand écrivain de science-fiction Jules Verne, ou, pour être plus juste, l'une des meilleures nouvelles de Michel Verne, ce fils dont Jules aimait tant s'approprier les idées ! Fidèle à la nouvelle, Messieurs Guerse et Vandermeulen nous proposent une bande dessinée qui respecte le rythme et l'humour extrêmement grinçants des Verne.Où l'on suivra de près durant une journée, le magnat de l'information Francis Bennett au coeur de son empire médiatique. Bennett est un personnage imaginé par Michel Verne en 1889 et qui malgré le trait forcé de sa caricature demeure pour le lecteur d'aujourd'hui un personnage particulièrement crédible, si bien qu'il fera nécessairement penser à une multitude d'acteurs des médias ou d'hommes politiques du siècle passé comme de notre monde actuel.Il est 8 heures du matin, et M. Francis Bennet, le fameux directeur du Earth Herald, le quotidien d'informations et de loisirs le plus indispensable de l'année 2889, qu'il soit diffusé en version papier ou par abonnement en version mondio-acoustique, sort de son lit et se prépare, comme tous les jours, à suivre de près les employés de son journal et les successives étapes qui participent à faire de son média l'outil le plus puissant du monde. Faisant et défaisant les modes commes les personnes, les plus grands de la planète, personnalités de l'industrie comme de la politique, semblent être à la botte de Francis Bennett.