Après Le Mur de l'Atlantique publié en 2011, la série des Reportages de Lefranc se poursuit sur le même principe - une exploration documentaire approfondie grâce à la combinaison du dessin, du texte et de la photographie - avec un autre épisode capital de la Seconde Guerre mondiale : Le Débarquement. Adossé à une documentation abondante et rigoureuse, le dessinateur Olivier Weinberg met en scène de façon très vivante et précise les événements majeurs du Débarquement du 6 juin 1944 et des journées qui ont suivi (sans oublier une intense préparation en amont), avec le soutien de nombreuses photographies d'époque. Rédigés par une spécialiste de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier (directrice culturelle et pédagogique au Mémorial de Caen), les textes de l'album récapitulent avec beaucoup de clarté l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur cet événement décisif de notre Histoire contemporaine. Diverses rubriques thématiques illustrées (navires, véhicules, insignes et uniformes, etc.) apportent un contrepoint utile à cet ensemble d'une grande richesse.
Dans Tintin en Amérique, le héros confirme sa vocation de redresseur de torts, en s'opposant au mafioso Al Capone, aux gangsters de Chicago et aux fripouilles de tout accabit. Déjà Hergé témoigne d'une vision généreuse du monde, stigmatisant par exemple l'attitude dominatrice des blancs envers les indiens peaux-rouges. Les Aventures de Tintin en fac-similés proposent aux fidèles de Tintin et d’Hergé de retrouver le plaisir d’albums strictement conformes aux éditions originales. Chaque volume est en effet proposé dans une nouvelle édition « à l’ancienne », au plus près des qualités et caractéristiques de l’édition d’origine : couverture non-pelliculée, dos toilé, papier épais, etc. Sur fond de nostalgie, l’éternelle redécouverte d’une œuvre majeure.
Hâbleur, séducteur, brillant, Darius est un quadragénaire épanoui et conquérant qui a fait fortune dans un créneau innovant en pleine expansion : la création de souvenirs factices, vendus sous forme injectable à des clients en mal de sensations fortes. Mais le parcours gagnant de Darius, que ses racines libanaises rattachent à d’anciens souvenirs de violence, dissimule une fêlure intime : luimême est hanté par sa propre mémoire demeurée douloureuse, qu’il s’agisse de ses racines familiales ou de sa vie sentimentale agitée.Nourri de flash back et de séquences oniriques, Je n’ai jamais connu la guerre examine avec beaucoup d’acuité la très riche question de la mémoire et de ses scories. Comment s’accommoder de ses souvenirs – si douloureux puissent-ils être ? Faut-il vivre avec ? Les occulter ? Ou tenter de s’en fabriquer d’autres, même au prix d’arrangements plus ou moins assumés avec sa propre histoire ?Jeune scénariste prometteur, Joseph Safieddine rejoint le catalogue KSTR avec un récit original et ambitieux, joliment mis en valeur par le dessin inspiré de Maud Begon
À l'instar de la collection des Aventures de Tintin en fac-similés couleur, la collection Alix en fac-similés propose aux fidèles de Jacques Martin et de son personnage fétiche de retrouver le plaisir d'albums strictement conformes aux éditions originales.Chaque volume est en effet proposé dans uneréédition « à l'ancienne », au plus près de la parution d'origine : couverture non pelliculée, dos toilé, papier épais, coloris aux tons chauds retrouvés, etc. Une collection qui fleure bon la redécouverte nostalgique d'une oeuvre majeure.Apparu en septembre 1948 dans le journal Tintin, Alix vit avec L'Île maudite sa troisième aventure, qui le met au contact de la puissance qui est alors la grande rivale de Rome : Carthage. Comme dans les deux précédentes, il y affronte un redoutable adversaire, le Grec Arbacès.
Comme L'étoile mystérieuse avant lui, le titre Le secret de La Licorne parut en couleurs dès la première édition en album. Mais la pré-publication dans la presse quotidienne (Le Soir) s'était faite en noir et blanc, par petits strips de quelques cases. Le fac-similé reproduit, comme à l'habitude, l'édition originale. Datée de 1943, celle-ci se reconnaît aux numéros d'autorisation de l'occupant allemand, au bas de la quatrième de couverture : 1785 - 1786 - 1787. On relève peu de différences de texte ou de dessin entre cette première version et celle qui est diffusée aujourd'hui : la correction d'un belgicisme, de l'une ou l'autre faute d'orthographe ou de typographie (Monsieur devient, plus correctement : monsieur, sans majuscule superflue). Le pavillon de La Licorne n'est pas à fond bleu, dans les planches alors qu'il semble l'être sur la couverture et le deviendra par la suite, après quelques réimpressions. Pour beaucoup de tintinophiles, ce cycle de deux albums (Le secret de La Licorne et Le trésor de Rackam le Rouge) constitue un sommet de l’art d’Hergé, sur le plan graphique et celui de la narration.
Fac simile Noir et Blanc : Tintin au Congo. Les fac-similés sont des copies à l'identique des premières éditions des albums de Tintin. A peine rentré d'URSS, Tintin repart pour le Congo. Sorcier du royaume des Babaoro'm, en lutte contre une bande de gangsters à la solde d'Al Capone,.., le plus célèbre de nos reporters sortira bien sûr triomphant de toutes ces aventures. Pour notre plus grand plaisir à tous. Les Aventures de Tintin en fac-similés proposent aux fidèles de Tintin et dHergé de retrouver le plaisir dalbums strictement conformes aux éditions originales. Chaque volume est en effet proposé dans une nouvelle édition « à lancienne », au plus près des qualités et caractéristiques de lédition dorigine : couverture non-pelliculée, dos toilé, papier épais, etc. Sur fond de nostalgie, léternelle redécouverte dune œuvre majeure.
Les Aventures de Tintin en fac-similés proposent aux fidèles de Tintin et d’Hergé de retrouver le plaisir d’albums strictement conformes aux éditions originales. Chaque volume est en effet proposé dans une nouvelle édition « à l’ancienne », au plus près des qualités et caractéristiques de l’édition d’origine : couverture non-pelliculée, dos toilé, papier épais, etc. Sur fond de nostalgie, l’éternelle redécouverte d’une oeuvre majeure. Ce fac-similé des Cigares du pharaon est strictement conforme à l’édition de 1942. C’était alors la dernière fois que cette aventure de Tintin était publiée dans sa version noir et blanc originelle. Par la suite, lors de ses éditions ultérieures, l’album serait proposé dans une édition colorisée, comme l’ensemble des volumes de lasérie.
Après Périples imaginaires et Périples secrets, un troisième voyage très qualitatif à travers les bandes dessinées en noir et blanc du maître italien.Dans le prolongement de Périples imaginaires, qui explorait le travail d’aquarelliste d’Hugo Pratt en 2005 à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition, puis de Périples secrets, publié en écho à la grande exposition Pratt programmée à Cherbourg au printemps 2009 et davantage orienté sur le dessin (encre de Chine, fusains, gouaches), voici le troisième volet de ces parcours dans l’oeuvre du maestro, intitulé Périples éblouis.Edité avec un grand soin, comme les volumes précédents, ce copieux (300 pages) grand et beau recueil se focalise quant à lui exclusivement sur les bandes dessinées en noir et blanc de Pratt. Il est organisé sous forme thématique et, en une soixantaine de thèmes distincts illustrés chacun par des extraits d’albums, parcourt la totalité de l’oeuvre de Pratt en bande dessinée (Corto, Ernie Pike, Fort Wheeling, etc.), y compris certains versants inédits ou peu connus de sa création, comme sa «période argentine » antérieure aux années 60.
Hergé, Le Feuilleton intégral est l’occasion unique de redécouvrir aujourd’hui, page à page et dans la version originelle parue en feuilleton dans la presse, l’œuvre d’Hergé.Le volume 7 de la présente collection couvre les années 1937 et 1938 et reproduit la prépublication de L'Île Noire dans Le Petit Vingtième qui accorde exceptionnellement à l'épisode quelques aplats en couleurs, ainsi que la deuxième aventure de Jo et Zette publiée presque simultanément par Cœurs Vaillants. Encore présents dans le supplément bruxellois, Les Exploits de Quick et Flupke se font désormais plus rares.Entre les fractures de 1936 et les premiers coups de tonnerre de 1938, 1937 apparait, hormis le drame qui se joue toujours en Espagne, comme une année calme pour l'Europe. Ce sera la dernière. Bien qu'enchaînés à sa planche à dessin, Hergé saisit l'occasion de la conclusion de L'Oreille cassée pour s'en libérer en s'accorder une courte récréation en Angleterre. Ce sont quelques-uns de ses parfums qui baigneront les décors de son nouvel épisode, première aventure de Tintin à se dérouler entièrement dans les paysages familiers de l'Europe.
Trois quart de siècle devant les fourneaux à cuisiner pour une famille nombreuse, ou la savoureuse évocation d’une vie passée à régaler les autres.C’est une dame d’un certain âge, comme on en croise parfois dans l’intimité de nos foyers. Tour à tour bourrue ou enthousiaste, mais toujours attachante, et régnant comme personne, des décennies durant, sur ce point de convergence névralgique des familles nombreuses : la cuisine ! Côtoyant depuis toujours sa grand-mère qu’il adore (93 ans et toujours fidèle devant les fourneaux), Etienne Gendrin a eu envie de brosser le portrait de cette femme si représentative de la société française du XXe siècle, et à travers son évocation, anecdotes minuscules et grande Histoire intimement mêlées, rapporter à la fois le récit d’une vie, d’une famille et d’une époque. Tour à tour drôles, incongrus ou touchants, ces moments du quotidien saisis sur le vif sont agrémentés de diverses recettes de cuisine et autres souvenirs de table – l’ordinaire de cette femme qui ne l’est guère ayant longtemps été de nourrir une famille de dix enfants, d’où le titre. La découverte savoureuse d’un jeune auteur à suivre et d’un dessin plein de vie qui sait, touten chaleur et en simplicité, faire partager le goût des autres.
Jeune provincial d’Auxerre encore jamais « monté » à la capitale, Antoine aborde Paris avec méfiance et appréhension. Mais aussi une détermination inflexible : il n’est venu que pour venger son père, suicidé par la faute d’un certain Robert Mondcamp – à en croire entout cas un courrier adressé par le défunt juste avant qu’il ne se pende.Antoine s’arrange pour croiser la route de sa cible – tant et si bien qu’il va devenir l’un des familiers de Mondcamp, lequel ne tarde pas à le recruter pour l’un de ces nombreux petits boulots à la limite de la légalité qui semblent constituer l’ordinaire de ses activités. Mais au contact du monde interlope de Pigalle et des personnages qui traversent sa nouvelle vie – comme Betty, un transsexuel qui se produit dans les boîtes de nuit du quartier, ou Caroline, une jeune femme aux apparences sages mais qui n’hésite pas à poser pour des photos dénudées, et avec laquelle il entretient bientôt une liaison –, Antoine sent sa résolution faiblir…Première collaboration, aux couleurs du roman noir, entre Loustal au dessin et Jean-Claude Götting au scénario. Une histoire très sombre dans la lignée du Sang des voyous, et un hommage appuyé à l’esprit des polars français de l’après-guerre.
Au tournant du millénaire. Il est animateur pour le dessin animé Kirikou et la sorcière. Ausein d’un groupe d’amis, il recherche une alternative au contexte morose de ces années 90. Elle débarque à Angoulême, en quête d’un destin artistique. Ils se rencontrent, elle l’attire, elle le repousse, il la protège. Et progressivement, une relation amoureuse s’instaure, intense et exclusive, faite d’attraction-répulsion et de dépendance mutuelle.Cette relation dévorante va les couper du monde, et un processus destructeur transformera le face à face en un combat aussi bestial que nécessaire. Le couple finira par se déliter, ils se perdront sans s’être jamais appartenu, mais cette rupture annoncera une renaissance. Xavier Mussat a mis dix ans à concevoir puis finaliser cet album dur et poignant, récit d’une grande densité, riche inventions et de ruptures graphiques qui bousculent les codes du genre. Représentant assumé d’une bande dessinée exigeante, radicale et évidemment militante, il a confié à Casterman le soin de publier ce livre à vif. On pense à Louis Calaferte ou à Jonathan Caouette. Et tous apprécieront ce travail minutieux, d’une lisibilité parfaite, qui est aussi le portrait acéré d’une génération idéaliste en lutte avec le réel et les transformations libérales de notre monde.
Les bijoux de la Castafiore est le premier titre qui n'a pas paru en nouveauté avec un dos toilé. Il est sorti sous une présentation de transition, avant celle qui a cours aujourd'hui: plat verni plutôt que pelliculé. Dos papier imprimé (en jaune) mais sans texte.Bijoux est un album atypique. Préféré de nombreux tintinophiles mais pas des plus jeunes lecteurs, il a constitué pour Hergé une sorte de défi: réaliser une aventure avec un nombre très réduit des ressorts extérieurs. Une comédie de moeurs respectant les trois unités du théâtre: temps, lieu et action. Pas de deus ex machina sinon une bien modeste pie.Les études de caractère des personnages d'Hergé, peaufinées album après album, sont subtiles, cohérentes et approfondies. Ce qui a permis à Hergé de confronter ses personnages dans un huit-clos intimiste.
En 1974, quand il publie Le Démon des glaces, Jacques Tardi approche de la trentaine. Rumeurs sur le Rouergue a paru deux ans plus tôt, et Adieu Brindavoine vient de sortir. Pour ce troisième album, qui lui a demandé plus d’un an de travail, le (déjà) grand Jacques s’est placé sous l’ombre tutélaire de deux illustres parrains, Jules Vernes pour le récit et Gustave Doré pour le dessin: le XIXe siècle a saisi notre artiste et, on le sait, ne le lâchera plus. Hommage ne signifie pas copie servile, et si Le Démon… ne peut manquer d’évoquer Vingt mille lieues sous les mers, l’intention parodique vient sans cesse dynamiter l’esprit de sérieux. Car Tardi aime tout le XIXe, jusques et y compris le style pompier (Ah !, noble et généreux jeune homme ! s’exclame, par exemple, un personnage). Si l’on vous dit que l’on croise, en vrac et entre autres, dans Le Démon des glaces, des savants fous, un monstre à tentacules, des gens congelés, des sectataires illuminés, un personnage qui répond au prénom de Louis-Ferdinand, etc., etc., ça ne vous rappelle rien ? Tout Tardi est déjà là. Dans sa ligne de mire depuis, et pour toujours : la noirceur du monde et la perversion généralisée de l’humanité.
Alicia est une jolie étudiante en dessin de La Havane, très indépendante et très libre de moeurs, qui se laisse parfois séduire par des hommes rencontrés en ville au hasard de ses déplacements en vélo. Comme elle est très pauvre, elle se sent libre d'accepter des cadeaux, mais refuse catégoriquement qu'on la paie, de peur d'être confondue avec une prostituée.Evidemment, cette façade comme il faut est totalement factice. Alicia est en réalité une jinetera (une « cavalière »), l'une de ces nombreuses Cubaines qui se prostituent plus ou moins occasionnellement auprès des touristes occidentaux dans l'espoir d'être entretenue, voire épousée.Avec l'entière complicité de sa mère Margarita, elle s'efforce ainsi de conjurer la pauvreté chronique qui sévit à Cuba.Lorsque cette histoire commence, la jeune femme vient de séduire le beau Juanito, un Canadien en mission de longue durée pour une grosse compagnie hollandaise du secteur touristique. Grosse maison, gros moyens et fascination éperdue pour les arguments très. palpables d'Alicia : la jinetera et sa mère sentent d'emblée qu'elles ont ferré le gros poisson. Elles n'imaginent pas un instant que le pedigree de Juanito est lui aussi très différent de ce qu'il donne à voir.
Par l’auteur de Faire le mur et España La Vida, une évocation fouillée de la vie d’Auguste Blanqui, figure du socialisme radical français au XIXe siècle.« J’avais 17 ans lorsque j’ai appris à haïr cette société… » Ainsi Auguste Blanqui, à soixante-dix ans passés, débute-t-il le récit de son existence à un journaliste, Aurélien Marcadet, venu l’interroger dans sa prison en 1877, en vue d’un article. Républicain irréductible, viscéralement attaché à la liberté et adversaire tout aussi radical des bourgeois et des monarchistes, Blanqui fréquente les prisons françaises depuis des années : révolutionnaire intransigeant, il n’a cessé de prôner tout au long de sa vie l’insurrection violente, s’attirant par ses appels aux armes une longue suite de procès et d’emprisonnements. Difficile et abrupt, l’échange entre l’ombrageux Blanqui et Marcadet permet, entre souvenirs et flash-back, de parcourir rétrospectivement les grandes étapes du parcours politique et personnel de cet éternel révolté, à qui sa longue captivité a valu de se voir surnommer « l’Enfermé » par une opinion publique de plus en plus réceptive à ses idées.Lui-même auteur engagé comme en témoignent ses précédents ouvrages chez Casterman, Maximilien Le Roy rend ici, à travers la fiction historique et avec le concours de Renart au dessin, un hommage appuyé à celui qui fut l’un des principaux inspirateurs de la Commune de Paris.
Ruth et Perry sont demi-soeur et demi-frère. Ces deux adolescents américains, ordinaires en apparence, nourrissent pourtant d'étranges obsessions intimes qui en font des individus un peu à la marge. Ruth voue une sorte de culte secret aux nombreux insectes qu'elle conserve dans des bocaux de verre, à la recherche d'une révélation mystique qui serait liée à l'ordonnancement des bocaux sur ses étagères. Perry perçoit la voix de son crayon-sorcier, sous la direction de qui il vit régulièrement de frénétiques « crises de dessin ».SwallowMe Whole retrace le passage douloureux de l'enfance à l'âge adulte de ces deux êtres complexes et complices, presque fusionnels, puis s'attache à leur cheminement incertain dans les premiers temps de l'âge adulte, habités par leurs fantômes, presque hallucinés parfois, et constamment tentés par la fuite dans l'imaginaire. L'histoire de Ruth et Perry s'achèvera sur une scène de rupture psychologique violente, mais aussi sur une note ouverte que le lecteur restera libre d'interpréter à son gré.Loin des clichés, une passionnante exploration du monde troublé de l'adolescence, tout en finesse et en fragilité. Nate Powell mène cette histoire grave et déroutante sur un ton très personnel, qui chemine lentement entre ombres et visions. La découverte d'un auteur à suivre, assurément.
Après Le Mur de l'Atlantique publié en 2011 puis Le Débarquement il y a quelques mois, la série des Reportages de Lefranc consacrée à quelques-uns des événements majeurs de la Seconde Guerre mondiale en Europe se poursuit sur le même principe - une exploration documentaire approfondie grâce à la combinaison du dessin, du texte et de la photographie - avec un autre moment essentiel de la fin du conflit : La Bataille des Ardennes.Événement capital, parce qu'il marque l'ultime sursaut militaire du Reich face à l'avancée des troupes alliées qui foncent vers l'Allemagne, et qu'il réussit à donner brièvement l'impression de pouvoir renverser le cours de la guerre, cet épisode décisif est ici relaté dans tous les détails de sa chronologie. Spécialiste del'histoire de la Seconde Guerre mondiale, Isabelle Bournier (directrice culturelle et pédagogique au Mémorial de Caen) livre avec précision l'enchainement des faits, depuis le déclenchement de l'offensive allemande dans la nuit du 15 au 16 décembre 1944 jusqu'au reflux à partir de la mi-janvier 1945, en passant par les épisodes tragiques du massacre de Malmédy ou du siège de Bastogne. Adossés à une solide documentation, Olivier Weinberg et Alain Maury illustrent avec beaucoup d'efficacité quelques-unes des séquences clés de cet épisode terminal du conflit. En fin de volume, diverses rubriques thématiques illustrées (véhicules, chars et blindés, uniformes, etc.) apportent un contrepoint utile à cet ensemble d'une grande richesse.
En 1986, Philippe Geluck publiait le premier album du Chat, sobrement intitulé Le Chat. Nous voilà, trente ans plus tard, au tome 21, avec sous les yeux la preuve de l'incroyable vitalité de l'auteur et de son personnage !Le Chat est dans une forme éblouissante et nous fait rire à chaque page, même si les thématiques abordées sont parfois graves. Geluck lui-même, on le sent bien, s'émerveille de la volubilité de son héros et couche sur papier les délires métaphysiques que sa créature lui glisse à l'oreille, en un cocktail explosif et subtil.Cela faisait sept ans que Geluck ne nous avait pas sorti un Chat en format classique de 48 pages. Entre temps, il s'était amusé à produire un livre de textes vachards, une Bible selon Le Chat, plusieurs coffrets... Et voici qu'il revient aux fondamentaux comme pour nous dire « Vous savez, j'ai fait tout ça pour m'amuser mais je suis toujours capable de produire un album classique dont vous me direz des nouvelles ! » Et les nouvelles sont plus que bonnes, l'opus 21 est fabuleux ! Merci Monsieur Geluck et merci Le Chat !
Lorsque cette oeuvre de Pierre Christin et Enki Bilal est sortie en 1984, sa nouveauté radicale a été unanimement saluée. Rompant aussi bien avec la bande dessinée traditionnelle qu'avec le livre illustré classique ou le simple carnet de voyage, elle mélangeait reportage de terrain et fiction littéraire, photo, peinture et dessin, interviews plus ou moins apocryphes et documents plus ou moins retravaillés, sociologie urbaine et fiction hollywoodienne, jouant autant sur une maquette objective de type magazine que sur un discret parfum subjectif. Autant d'éléments qui allaient tous se retrouver ultérieurement à des degrés divers dans la production graphique française contemporaine. Reprendre cet album aujourd'hui, après de longues années où il est resté pratiquement introuvable, c'est comme redécouvrir dans la salle obscure de nos souvenirs un film en technicolor ayant légèrement pâli depuis. Mais aussi un document sur le Los Angeles d'alors, une plongée dans les quartiers cramés, une virée dans les banlieues chic, une initiation à ce qui allait devenir la modernité internationale, une méditation sur ce qu'était déjà la célébrité au cinéma et ailleurs. Une femme qui pourrait bien être Laurie Bloom, star des sixties, a donc disparu des écrans et peut-être disparu tout court. Deux jeunes Français partent à sa recherche dans une sorte de long travelling avant, entre road movie reformaté et film noir à suspense..
« Mes meilleurs dessins ont souvent surgi sur des bouts de papier de hasard, entre griffonnages inconscients et images intentionnelles. Ils apparaissent sur des carnets de téléphone, en marge de colonnes de journaux et de magazines, sur des post-it, des enveloppes et des couvertures de livres (.) » Ainsi Art Spiegelman présente-t-il cette création éditoriale très inhabituelle qu'est Be A Nose: une collection de trois carnets de croquis, tenus au fil des années au hasard de ses multiples activités. La période couverte par ces carnets est vaste : de 1979, pour les images les plus anciennes, à 2007, pour les plus récentes. Le matériel iconographique et narratif qu'ils contiennent est d'une grande richesse et d'une surprenante diversité : portraits hâtifs, paysages urbains, traits d'humour, amorces d'histoires ou griffonnages réalisés à l'instinct au cours de conversations téléphoniques - le tout souvent imprégné de ce pessimisme ironique dont Spiegelman a fait sa marque de fabrique.Bien évidemment, l'ensemble du document est proposé en version originale, seule manière d'en conserver toute la saveur puisque dessins et annotations manuscrites y sont souvent inextricablement mêlés. Be A Nose sort en librairie sous la forme d'un coffret soigné, assorti d'un livret explicatif en français.
Ce grand album luxueux propose un panorama complet du travail de François Schuiten : scénographie, architecture, peinture, etc.Depuis quarante ans, François Schuiten construit une oeuvre singulière et polymorphe. Elle s’est d’abord déclinée en bande dessinée, culminant avec succès dans la série Les Cités obscures en compagnie de Benoît Peeters. Mais cet horloger du rêve a très vite tissé des liens avec le cinéma, les arts de la scène et la muséographie. Architecte de l’événement, intervenant dans la ville autant que dans la vie, Schuiten a réalisé d’immenses scénographies comme «A Planet of Visions » à l’Exposition Universelle de Hanovre (cinq millions de visiteurs en 2000), du design urbain (la station de métro Arts et Métiers à Paris, la Dentelle Stellaire à Lille), de la conception de décors et de costumes pour l’opéra comme pour le cinéma, ou encore l’aménagement de lieux prestigieux (la Maison Autrique et le futur Train World à Bruxelles, la Maison Jules Verne à Amiens). Quant aux projets qui sont restés des utopies de papier, ce livre les révèle dans toute leur ampleur…Nouvelle édition corrigée, sous couverture souple avec rabats.
Le volume 9 de cette série du Feuilleton intégral réunit quatre épisodes de l'oeuvre d'Hergé qui constituent, par le caractère exceptionnel et très inhabituel de leur support, une parenthèse de publication. Peu connue, elle vient s'inscrire entre le défunt Petit Vingtième et le futur journal Tintin. Hormis le temps d'une brève apparition dans Le Soir Jeunesse, les aventures de Tintin vont, faute de papier, devoir se poursuivre dans un espace réduit à des strips de plus en plus modestes, au bas d'une page du Soir, un quotidien placé sous le contrôle de l'Occupant, précipitant Hergé dans un milieu compromettant qu'il n'avait pas particulièrement recherché.La parenthèse ne nous apparaît que considérée sous cet éclairage car les quatre titres vont constituer une révolution tant graphique que narrative dont les effets vont peser durablement sur la façon dont Hergé concevra les aventures du reporter. Cette période, commencée en octobre 1940, s'achèvera avec le prologue du Temple du soleil (renommé plus tard Les 7 boules de cristal) interrompu par la libération de Bruxelles, en septembre 1944. Cette partie de l'aventure, poursuivie dès 1946 dans le journal Tintin, sera intégrée au volume suivant pour une raison impérative de continuité narrative.
La première aventure de Tintin en en couleurs.Tintin au pays des Soviets reste le seul album de Tintin uniquement disponible à ce jour dans sa version noir et blanc. Créée en 1929 et restée introuvable en librairie jusqu'en 1973, cette première grande histoire marque la naissance de Tintin.C'est avec un plaisir presque enfantin, guidépar l'esprit du jeu et le désir de vitesse qu'Hergé s'adresse au lecteur dans cette course-poursuite où avions, voitures, trains, hors-bords et motos ! lent à toute allure. Si le dessin ne s'inscrit pas encore dans la perfection du style « ligne claire », le jeune auteur de 21 ans démontre déjà son habileté de romancier en images. Le sens dynamique du mouvement, la maîtrise de l'enchaînement des plans et la construction des pages expriment ce talent de raconter par l'image qui fera d'Hergé un grand maître de la bande dessinée.Le sujet d'actualité commandé par l'abbé Wallez, patron du quotidien Le XXe siècle, permet également à l'humoriste de se révéler visionnaire, à contretemps de son époque. Planche après planche, les révélations contre les dérives et les mises en scène du régime communiste se changent en gags survoltés. Certaines séquences satiriques, qui présentent le simulacre d'élections démocratiques, la misère et la famine ou encore la visite d'une usine en trompe-l'oeil organisées pour la presse occidentale, apparaissent très justes dans leur impertinence, quelques années après la chute du Mur de Berlin.La mise en couleurs ampli! e la lisibilité du récit, la clarté des dessins et surprend par sa modernité, comme s'il s'agissait d'un nouvel album. Elle a été con! ée dans le cadre des Studios Hergé à Michel Bareau, assisté de Nadège Rombaux.
L'anniversaire des 40 ans de Mai 68 ne manquera pas d'être célébré par la sortie de multiples ouvrages, films, enregistrements, etc... qui participent de la mémoire de ces quelques semaines où un véritable élan révolutionnaire a suscité, avec la plus grande grèvede l'histoire du mouvement ouvrier, une profonde remise en question de la société française.Le nouvel album de Dominique Grange « 1968-2008... N'effacez pas nos traces ! », trouve son unité et sa cohérence dans les thèmes qui ont inspiré cette auteure-compositeure tout au long des quarante années écoulées depuis Mai 68 : les luttes sociales, le racisme, la misère, les inégalités, la prison, l'exil, l'émancipation des peuples, l'utopie révolutionnaire...Les chansons de Mai 68 écrites et composées alors par Dominique Grange, s'inscrivent dans cet héritage historique d'expression contestataire. Enregistrées sur de nouveaux arrangements, avec un certain nombre de titres nouveaux, elles ont inspiré Tardi, qui en a fait une mise en images superbe, un exceptionnel travail de dessin à la gouache, dans un recueil de 80 pages, contenant également le CD de Dominique, à paraître chez Casterman à la mi-avril 2008.Avec la même énergie, la même conviction qu'on ne peut qu'être engagé dans son siècle, en 2008 comme en Mai 68 où, armée de sa guitare, elle chantait dans les usines occupées en soutien aux ouvriers en grève, Dominique Grange reste une chanteuse engagée... « à perpétuité », dit-elle ! Et le pinceau de Tardi dessinant une époque qui continue d'interroger par l'espoir qu'elle a suscité, plonge dans l'univers de ces 15 chansons, nous offrant des images à couper le souffle, où se mêlent tour à tour émotion et tendresse, cruauté et violence...Une double lecture de cet ouvrage s'impose donc au lecteur qui aura la tâche d'écouter les chansons du CD de Dominique Grange le regard rivé sur les dessins de Tardi !
À cinquante ans passés, Léon Van Bel, machiniste-mécanicien proche de la retraite, s’accroche passionnément à son métier de cheminot, et à la machine qui l’incarne : la 12.004, somptueuse loco à vapeur de plus de vingt mètres de long, avec laquelle il a déjà fait quatre fois le tour de la terre et qu’il surnomme affectueusement « la Douce ».Mais au fond, il ne se fait guère d’illusions. Dans ce monde qui pourrait être le nôtre, les transports ferroviaires traditionnels seront très bientôt détrônés par le téléphérique, et Van Bel irrémédiablement mis au rancart, sacrifié comme sa machine aux exigences de la modernité. Pour protéger la loco du dépeçage, le vieux cheminot révolté tente, en vain, de voler la Douce. Persuadé néanmoins qu’elle a pu échapper aux ferrailleurs, et qu’il saura la retrouver, il embarque clandestinement à bord du téléphérique, en compagnie d’une jeune femme mutique dont il a déjà brièvement croisé la route, dans des circonstances dramatiques…Publié en avril 2012 en édition courante, La Douce est ici proposé en édition de luxe, dans un élégant format à l’italienne : papier de qualité, dos toilé noir, cartonnage brut spécial pour la couverture. Chacune des planches originales du livre est scindée en deux, soit un total de plus de 160 pages. L’ouvrage intègre un cahier spécial d’une vingtaine de pages en couleur, réunissant des images inédites : documents préparatoires, illustrations, croquis, photos, etc.
Lumière rouge. Bassins. Agrandisseur. Photos qui sèchent sur un fil... Dans la pièce où son frère développait ses photos avant la guerre, Gabrielle Osterlin regarde apparaître des visages de femmes et d'enfants, de corps dénudés face à des fusils et des fosses au milieu de nulle part.La réalité de la barbarie nazie jaillit du passé sur le papier photo, appuyée par la force d'un récit minutieux qui ne laisse aucune place au doute. Pour Gabrielle, Luther et Casmir, la guerre prend alors un sens dont peu de gens, à l'Ouest, avaient pris conscience.Et pour cause. La directive 1005 émanant du Reichsführer Himmler en personne exigeait que toute trace des massacres perpétrés à l'encontre des Juifs sur le front de l'Est soit impitoyablement traquée et effacée. Personne ne devait savoir. Sur le terrain, Himmler faillit réussir. Dans les mémoires, il en allait tout autrement.Egon Kellerman et Jakob Osterlin, pauvres « malgré nous » enrôlés de force au début de la guerre, font partie de ces mémoires en fuite. Malheureusement, la connaissance a un prix. Dans le village de Gabrielle, le commando SS a fini par apprendre l'existence de cette dernière. La chasse est lancée. Elle ne pourra se terminer que par la mort de ceux qui savent.Le destin, là encore, va choisir ses victimes.Demain sera sans nous, certes, mais à partir de quand ?C'est aujourd'hui que tout se joue.Si la parole peut survivre à la mort, alors demain pourra parler à jamais.
Lumière rouge. Bassins. Agrandisseur. Photos qui sèchent sur un fil. Dans la pièce où son frère développait ses photos avant la guerre, Gabrielle Osterlin regarde apparaître des visages de femmes et d'enfants, de corps dénudés face à des fusils et des fosses au milieu de nulle part.La réalité de la barbarie nazie jaillit du passé sur le papier photo, appuyée par la force d'un récit minutieux qui ne laisse aucune place au doute. Pour Gabrielle, Luther et Casmir, la guerre prend alors un sens dont peu de gens, à l'Ouest, avaient pris conscience.Et pour cause. La directive 1005 émanant du Reichsführer Himmler en personne exigeait que toute trace des massacres perpétrés à l'encontre des Juifs sur le front de l'Est soit impitoyablement traquée et effacée. Personne ne devait savoir.Sur le terrain, Himmler faillit réussir.Dans les mémoires, il en allait tout autrement.Egon Kellerman et Jakob Osterlin, pauvres « malgré nous » enrôlés de force au début de la guerre, font partie de ces mémoires en fuite. Malheureusement, la connaissance a un prix. Dans le village de Gabrielle, le commando SS a fini par apprendre l'existence de cette dernière.La chasse est lancée.Elle ne pourra se terminer que par la mort de ceux qui savent.Le destin, là encore, va choisir ses victimes.Demain sera sans nous, certes, mais à partir de quand ?C'est aujourd'hui que tout se joue.Si la parole peut survivre à la mort, alors demain pourra parler à jamais.
Nike... Qu'une mini-bombe atomique explose alors à mes pieds, qu'un éclat de terrasse pulvérise mon nez (troisième fois en un an), tout, en ce fragment de temps à la violence extrême, aurait dû me mettre la puce à l'oreille (elle-même soufflée par la déflagration).Tout aurait mieux valu que l'invitation. Car c'est ici que tout recommence.AmirJe serrai très fort son corps et cette nouvelle peau anthracite tout droit sortie de mes cauchemars. Très fort et très longtemps. Comme pour tenter d'en conjurer l'extravagance.LeylaNike resta autant de temps que les neuf autres dans la grotte. Comme les neuf autres, dès son retour, il demanda à l'huissier une feuille de papier et un crayon, et comme les neuf autres il se tut pendant de longues heures. Enfin, comme pour les neuf autres, sa première phrase fut une triple question, identique au mot près : « Le carbone 14 bis dit quoi sur les os et l'obus oeLes recoupements avec les éléments de l'inventeur disent quoisur la grotte ensevelie oeLe 32 décembre c'est quand oe »La tétralogie du Monstre est une histoire à trois voix. Celles de Nike, Leyla et Amir, orphelins de Sarajevo aux quatre coins du monde. Il s'agit avant tout d'un travail sur la mémoire. Mémoire individuelle et collective, où se mêlent des images écrites de l'éclatement de la Yougoslavie, « lieu » de naissance d'Enki Bilal (pays à peine disloqué que déjà sorti des mémoires), et des images peintes d'une entêtante conjugaison passé-présent-futur.Mémoire prospective aussi, potentielle, élargie des Balkans au reste du monde, comme dans un miroir.Ce monde, seul endroit, il faut bien le dire, qui nous reste.