Camille Legendre nous livre avec les 128 pages de ce livre un première album époustouflant. Il prend le parti de rester très fidèle au texte, à son aspect déclamatoire et poétique. Son dessin est à cette image, pur et sans concession. Les ocres, les pourpres envahissent les pages comme le sang qui se mêle au sable des plaines d'Ilium.
Monsieur Gris vit dans une ville toute grise, il porte des vêtements gris, habite dans une maison grise au papier-peint gris. Etpourtant, depuis qu'il a aperçu cette jeune fille au parc, une tache rose ne cesse de grandir. Un petit point sur le coeur, qui lentement lui recouvre le corps, et finit par envahir tout autour de lui. C'est que Monsieur Gris a rencontré l'Amour mais qu'il ne le sait pas encore. Petite fable douce sur la tristesse de la vie quand on est seul et du bonheur que l'on a à rencontrer l'autre.
Avec Jeanne, Olivier Bramanti s'est imposé un cadre rigide : celui de suivre le tracé du défilé du Front National au coeur de Paris. Contrainte de temps et d'espace, et pourtant Olivier Bramanti reste maître de la narration, c'est lui qui décide, qui contrôle le rythme, qui prend place dans les cortèges pour mieux porter son regard. Là où tout est ordonné, figé, pensé, réapproprié, il récupère à son tour, il utilise le parcours, les pas, les chants, les drapeaux, les discours. Il plonge, héros anonyme, parmi les triples flammes et les troupes ennemies. Il observe, photographie, à la fois témoin et conscient de participer, guide et un peu profane, il lui faut pourtant chanter cette Jeanne. Place de l'Opéra, il chante La Marseillaise avec une vigueur que les autres n'ont pas. Avec Jeanne, Olivier Bramanti nous livre une oeuvre forte et ambitieuse, un chant puissant et salvateur.Olivier Bramanti est né en 1971 à Marseille. Enfant, il montre avec son frère jumeau des aptitudes pour le dessin. Leur cursus sera identique. Appelé du contingent en 1993, il sera réformé au bout de cinq mois. Cette expérience traumatisante le tourne vers des sujets contemporains. Il va alors plonger dans les strates du passé, entre imaginaire et histoire, pour mieux évoquer le présent. Il se place dans les cheminements, observateur parfois témoin. Son vocabulaire plastique se nourrit de nuances, entre effacement et forme, vide et plein, surface et empreinte, lignes de force, cadrage et narration.
Dans un milieu exclusivement urbain, Franck fait des efforts surhumains pour retrouver Lou, un camarade disparu depuis plusieurs jours. Chaque personne contactée va donner de Lou un portrait différent, contraste, éclairé sous un angle personnel.Un livre pas comme les autres, par Bézian lui-même : J'avais réalisé quatre chapitres de Chien rouge, chien noir pour Brazil, parution hasardeuse mais excitante qui n'en publia que deux... J'ai voulu les traiter en bichromie pour assumer pleinement le côté artificiel de la BD et réaliser un travail graphique qui ne soit pas de la peinture avec des bulles ou du cinéma sur papier, qui soit quelque chose jouant totalement avec la spécificité de la BD. J'essayais de tripoter ce médium de la façon la moins gratuite et la plus libre possible. Toutefois, ce procédé utilisant deux couleurs distinctes servait mon propos en assumant une cohérence avec l'histoire racontée. Quant au sens desdits «trous», il faut peut-être que le lecteur se souvienne du fait qu'il n'est PAS au cinéma. Il a un objet entre les mains qu'on nomme livre, avec des pages qu'il peut tourner à sa guise, sauter. Il peut revenir en arrière dans sa lecture.. Bref, un livre est un objet qu'on peut manipuler dans tous les sens...