Les trois volumes de la série «Frances» réunis dans une intégrale au format d'origine. Saluée par une presse enthousiaste, cette bouleversante saga familiale, qui mêle les destins de plusieurs personnages en quête de liberté et d'identité, est portée par un magnifique dessin au crayon.
En Corée, le jour anniversaire du décès d'un proche, les familles se réunissent autour d'un dîner rituel pour saluer les disparus et honorer leur mémoire. Choi Juhyun se souvient d'un de ces dîners traditionnels, dédié à sa grand-mère. Une femme née en 1911, qui a vécul'occupation japonaise, la guerre entre le Nord et le Sud, la misère qui en a résulté : malgré la rudesse de ce destin, Choi Juhyun évoque avant tout une figure bienveillante et tendre. Le livre est dessiné à l'encre, quelques pages utilisent la technique du théâtre d'ombre coréen. Ce récit rend compte avec simplicité et émotion de l'intensité du lien entre petits-enfants et grands-parents.
Un biopic dessiné haletant qui retrace la trajectoire d'un des premiers tueurs de masse, et certainement un des plus connus, aux États-Unis: Charles Whitman. Le 1er août 1966, il s'est armé et enfermé dans la tour de l'université d'Austin, au Texas, tuant 16 personnes et en blessant 32. Dans un dessin un peu rétro, qui reflète l'atmosphère de l'époque, les auteurs restituent les jalons psychologiques et les faits qui ont conduit cet homme à agir de la sorte. Une narration puissance et glaçante.
L’auteur du somptueux roman graphique La Gigantesque Barbe du mal révèle à travers ce recueil de strips en couleur parus dans le Guardian une autre facette de son immense talent : croquant avec une élégance comique impeccable les travers de ses contemporains, Stephen Collins s’impose comme l’un des chefs de file de la nouvelle scène anglaise du dessin d’humour à l’égal de Tom Gauld (Vous êtes tous jaloux de mon jet pack, éditions 2024).
Sur l' île d'ICI, l'ordre est le maître mot : des visages aux haies soigneusement taillées, jamais rien ne dépasse, jusqu'au jour où Dave, l'un de ses impeccables habitants, se retrouve affublé d'une incontrôlable barbe qui ne cesse de grandir, grandir jusqu'à passer la porte de sa maison, entraver la circulation, causer mille et un incidents, grippant ainsi la mécanique sociale parfaitement huilée que le gouvernement, appuyé par les médias de masse, tente de maintenir par tous les moyens. Un certain professeur Darren Black va bientôt s'emparer du phénomène pour lancer une nouvelle idéologie, apologie du désordre.Un premier roman graphique d'une grande originalité, tant du point de vue du dessin que de l'inspiration scénaristique.Mélancolique, burlesque et poétique, La gigantesque barbe du mal , merveilleuse fable dans la droite lignée d'un Roald Dahl, a été saluée outre-Manche par une critique unanimement enthousiaste.
Après 36 années passées en prison, Young-Chul est enfin libéré. Perdu dans un monde qu'il ne connaît plus, le vieil homme courbé doit réapprendre les codes. Ses premiers désirs : remercier les associations qui ont aidé à sa libération et retrouver sa maison. Mais la surveillance ne cesse jamais : Young-Chul subit régulièrement des interrogatoires, durant lesquels on lui pose cette question : Qui a le meilleur régime ? Le Nord ou le Sud ? Adaptation du récit autobiographique de Hur Young-Chul, prisonnier politique en Corée du Sud, Je suis communiste e st u ne bande dessinée (manwha) exigeante et nécessaire. Son récit, de l'enfance à la libération, retrace en filigrane l'histoire de la Corée du Sud au XXe siècle, alternant de magnifiques séquences de dessin au trait - pour figurer le temps de la narration - et d'autres, d'un style plus naïf, proche de la linogravure - évoquant, eux, les nombreux flash-backs.
Celebrated Summer est l'histoire à la fois drôle et profondément émouvante de deux ados un peu paumés, fraîchement sortis de l'école, qui se lancent dans un road trip foireux après avoir pris deux cachets de LSD. Hallucinations, vains détours et un arrêt dans une station service qui manque de se transformer en arrestation : loin de leur procurer l'extase escomptée, la drogue exacerbe leur ennui et leur lassitude, leurs inquiétudes et leurs tourments - des problèmes de filles de l'un aux questions beaucoup plus profondes, existentielles même, de l'autre. Entre les réflexions cyniques de Mike et le mal-être palpable de Wolf, Chuck Forsman dépeint avec une grande justesse - et un dessin dans la droite lignée de Schulz, l'une de ses sources d'inspiration - cette période truffée de pièges et de questionnements qu'est la fin de l'adolescence, à l'aube de l'entrée dans le monde adulte.
Ce roman graphique qui paraîtra au moment du centième anniversaire du Tour de France, rend hommage à l'une des figures les plus mythiques de l'histoire du cyclisme: Fausto Coppi, le campionissimo, qui fut tout au long de sa carrière en compétition avec un autre grand champion italien, Gino Bartali. Cette rivalité a enflammé l'Italie de l'après-guerre et littéralement divisé le pays en deux. Physiquement et politiquement, tout semble les opposer :Bartali, musclé, râblé, bavard, est très croyant et devient le favori du parti catholique; Coppi, élancé, maigre, silencieux, laïque, devient celui des partis de gauche.Davide Pascutti centre son approche sur une année clé dans la carrière de Coppi, l'année 1949, où celui-ci parviendra à accomplir un exploit réputé impossible, remportant successivement le Giro et le Tour de France. Quelques autres personnages hauts en couleurs du cyclisme italien traversent le livre : Biagio Cavanna, le fameux masseur, qui sera l'un des premiers à repérer le talent du jeune Fausto, et Alfredo Binga, directeur technique de l'équipe nationale italienne, qui par sa sagesse savait faire jaillir le meilleur de chaque coureur.Plongeant dans la geste et les pensées de Coppi, la bande dessinée révèle l'homme derrière le champion, montrant ses qualités comme ses contradictions - sa vulnérabilité, ses tiraillements entre sa carrière et sa famille - et nous fait revivre l'excitation de ces années légendaires.
Roman graphique choral, Nos guerres fait entendre un ensemble de voix écrasées par la guerre industrielle et moderne, une guerre jamais nommée précisément, mais proche de la Première Guerre Mondiale.Dix récits se succèdent, d'une grande diversité de points de vue, qui tous réduisent à néant les illusions sur l'héroisme guerrier : de l'officier aristocrate contraint à des actes qui lui répugnent au troufion perdu dans le labyrinthe des tranchées en passant par le paysan pris en tenaille par tes champs de bataille, c'est toute l'absurdité cruelle de ta guerre qui s'exprime dans ces courts récits.Chaque histoire est dessinée et mise en page différemment, en adéquation avec le discours, le niveau social, les références picturales que le texte peut évoquer. Le traitement graphique fait référence tantôt aux avant-gardes, tantôt au dessin de presse ou aux débuts de la bande dessinée, mixés parfois avec des éléments beaucoup plus modernes. Cette vision kaléidoscopique évite tout manichéisme, et affronte au contraire la question de l'ambiguité du rapport des hommes (et des femmes) à la guerre.Intelligent, complexe, nuancé, le livre s'ouvre sur un prologue narratif, qui donne ta parole à un vieil homme riche, mutilé, partisan artiste de la guerre. On peut supposer que l'esprit tourmenté de ce personnage désagréable constitue le théâtre où se déroulent les dix récits. Un album très original, d'une grande virtuosité graphique.
Publié en 2007, Misery loves Comedy rassemble les trois premiers volumes de la série Schizo, augmentés de dessins de jeunesse et de contributions à divers périodiques, et enfin d'une série d'oeuvres en couleurs, plus proches du style graphique de Schizo 4, avec en particulier un hommage à Chris Ware. Brunetti se montre d'ailleurs capable de parodier à peu près tous les styles graphiques du dessin d'humour, du début du XXè siècle à nos jours.Dans chacun des numéros de Schizo, Brunetti met en scène ses obsessions philosophico-existentielles : si la forme évolue, les thématiques se répètent avec une récurrence volontairement désespérante : haine du monde et de soi même, absurdité de l'existence, horreur de la bêtise et de l'avidité des hommes, imposture de la civilisation et cruauté aveugle de la nature, dictature oppressante des instincts sexuels. Brunetti développe au fil des pages une variante personnelle du nihilisme, qui s'accompagne logiquement de fantasmes d'autodestruction et d'anéantissement global. Les digressions métaphysiques les plus échevelées côtoient en permanence les dessins les plus triviaux, les images violentes ou scatologiques : l'auteur utilise les vertus subversives de la farce pour mettre au jour l'imposture morale de nos sociétés « civilisées ». Famille, amour, travail, politique, culture : rien n'échappe à ce joyeux jeu de massacre, et surtout pas l'auteur lui-même.Fruit d'une dizaine d'années de création, Misery loves Comedy est un livre monstrueux, furieusement drôle et dérangeant, sans équivalent dans l'histoire de la bande dessinée américaine.