Après sa formidable série en 5 tomes, Les Enfants de la mer (éditions Sarbacane), Daisuke Igarashi nous enchante de nouveau avec Saru. Dans ce beau et volumineux manga (450 pages), il change néanmoins de registre : l'histoire mêle ici une prophétie de Nostradamus et d'anciennes légendes chinoises liées au roi Singe. On retrouvela veine ésotérique qu'Igarashi avait exploré avec Sorcières (Casterman), mais dans un cadre à grand spectacle (et où une partie de l'action se passe – clin d'oeil de l’auteur – dans la capitale mondiale de la bande dessinée : Angoulême !). Les deux personnages principaux, une jeune fille japonaise et un garçon du Boutan, portentavec force ce fascinant récit apocalyptique...
États Unis, XIXéme siècle. Depuis quelques temps, déjà, des troupes d’acteurs professionnels ou amateurs sillonnent le territoire américain pour des spectacles d’un genre nouveau. Généralement, des duettistes blancs grimés à la manière des noirs américains offrent à un public enthousiaste une série de pantalonnades douteuses et caricaturales. Qui fait en tout cas passer les afro-américains pour des imbéciles, voire des sauvages. Aussi, la riposte s’est elle organisée sous la forme d’un mystérieux groupuscule, le « Coon Coon Clan » qui régulièrement incendie le matériel et châtie les comédiens... Tandis quela mystérieuse organisation a encore frappé la veille, un pauvre vagabond noir unijambiste tente de glaner quelques pièces pour emplir son gosier. Sa jambe le fait terriblement souffrir et notre bonhomme, pour se soulager, n’a pas meilleure idée que d’entamer une incroyable danse. La performance lui fait s’attirer la sympathie d’un irlandais qui lui propose immédiatement de rejoindre sa troupe : une compagnie qui, sous couvert de spectacle, vend un élixir miraculeux soi-disant préparé par un chef indien. Le vagabond accepte espérant ainsi récolter assez d’argent pour s’offrir une nouvelle jambe. Et il faut dire que rapidement, ses prestations permettent d’amasser de nombreux dollars…