Gazoline est de retour !L'héroïne de Jano, apparue pour la première fois dans l'album de Kebra « Le Zonard des étoiles », s'offrait en 1989 une aventure solo avec Gazoline et laplanète rouge. Graphiquement, Jano y atteint son apogée, enrichissant son univers d'un psychédélisme aborigène aux motifs 80's, et c'est tout naturellement que l'album reçoit l'année suivante l'Alph'Art du meilleur album au festival d'Angoulême. L'aventure a un goût de space opéra aux accents banlieusards avec cette gouaille de loubards des années 70 que Jano semble avoir inventé tellement il l'a magnifiée tout au long de sa carrière. Une tendance à l'hybridation sauvage et joyeuse, relevant autant du pastiche que de l'hom-mage, qui préfigure à l'époque l'esprit des Requins Marteaux.25 ans plus tard, l'album, jamais réédité, est logiquement épuisé, creusant un peu plus le fossé entre les générations. Certes, il est beau de s'ébahir devant Tank Girl, Pinocchio ou Donjon, mais il est temps de rappeler d'où a jailli la source et de rendre à Métal ce qui appartient à Métal. Gazoline, son fidèle Scooter, l'infame Zonald, Yotko le plus queutard de coyote, Emboukan le grand mage, ils seront tous là ! Entièrement re-scanné depuis les originaux, Gazoline L'Intégrale vous permettra non seulement de redécouvrir l'album de 89, Gazoline et la planète rouge, mais aussi de découvrir enfin sa suite constituée de 48 pages d'histoires courtes (pour certaines pré-publiées dans l'Écho des Savannes) encore inédites en album !
Emmanuel Bellegarde réalise des films d'animations en utilisant des rubans adhésifs pour dessiner et animer ses histoires. La contrainte de n'utiliser que du ruban adhésif l'oblige à styliser ses dessins, à rechercher l'essence du sujet pour le styliser à l'extrême. Ainsi un personnage devient une croix, une voiture un rectangle. Inspiré par cette technique qui ne garde que l'essence d'une image, il se met un jour à travailler sur les pochettes de disques avec l'idée de faire des reprises graphiques comme on fait des reprises musicales. Des pochettes d'album, il ne garde que la composition graphique, en enlevant toute typo ou figuration. Sur certaines d'entre elles, l'impact est si fort qu'il suffit de garder trois rectangles et le code couleur pour reconnaître d'emblée l'originale (cf. Nevermind the Bollocks des Sex Pistols).Discover est une compilation chronologique de reprises graphiques, qui permet de voir l'évolution de la composition des pochettes : très graphiques dans les années 1980, très colorées durant la période punk et minimalistes dans les années 2000. Sous chaque pochette, un indice pour trouver le groupe et le titre de l'album. Prêt pour un blind test graphique ? Play !
Éxotisme et loufoquerie sont au rendez-vous dans cet album de Mathieu Sapin en partie prépublié dans le Ferraille Illustré puis paru chez Les Requins Marteaux à l'automne 2005 et dont nous présentons aujourd'hui cette belle réédition bien méritée. L'auteur décline ici avec maestria le savoureux univers insulaire et tout en décalage de Supermurgeman. Véritable galerie de portraits aux personnages insolites dont les destinées s'enchevêtrent inexorablement (on y croise, en vrac, des guérilleros soviétiques, un savant fou, un catcheur en pleine reconversion, un coiffeur frustré, etc...), Salade de Fluits offre un rafraîchissant cocktail servi par une narration jamais à court de surprises !!!
Les lecteurs de Ferraille illustré connaissent désormais bien les histoires de l'auteur flamand Pieter de Poortere qui mettent en scène un gros fermier moustachu : Dickie. Dans son premier album, édité par Bries en Belgique, Dickie était mis en scène dans sa ferme avec sa femme et ses animaux. Dans le second volet il se confrontait à l'absurde réalité qui anime situations et contextes internationaux. Pour ce troisième opus - le premier édité en France -, Dickie revisite et parcourt l'histoire de l'humanité, des premiers émois d'Adam et Ève aux sex-shops extra-terrestre du futur. Ces aventures, plus souvent méchantes que bêtes, Pieter De Poortere nous les conte avec un trait simple et une narration volontairement naïfs au service d'un humour noir implacable.
Que se cache-t-il derrière le « Blam ! » anodin d'un couvercle de container à ordures ménagères qui se referme ? Clémentine et Ysa semblaient mener des existences ordinaires, l'une nettoyant la crasse engendrée par l'autre... Jusqu'à ce que la libido d'un rat vienne redéfinir les paramètres de l'ordre établi.En une centaine de dessins précis, Bob et Plouc observent les rouages implacables d'un meurtre, une sorte d'accident ordinaire, la fin d'une existence sans finalité... Très facile à lire, Blam ! plonge le lecteur dans une intrigue dont l'interprétation est la narratrice principale. Bob est principalement illustrateur et graphiste pour la publicité et l'édition jeunesse. Il est l'auteur de plusieurs planches publiées dans Ferraille. Plouc a collaboré à la création de plusieurs fanzines avant de rejoindre l'équipe administrative des Requins Marteaux. Blam ! est leur premier album.
Salade de Fluits (avec un L), une jeune vahinée de cinq ans et son cochon ont disparu. Alertée par la maman de la fillette, une femme-flic au caractère bien trempé mène une enquête qui va lui faire faire le tour du monde. Dans cet album rocambolesque se croisent et s'entrecroisent les destins d'une tripotée de personnages tous plus au hauts en couleurs le uns que autres !On y rencontre, pêle-mêle, un jeune ressortissant helvète exilé en mal d'aventures, un certain dessinateur de bande-dessinée du nom de Mathieu Sapin, une rassisante et sexy justicière masquée et un livreur de sushis fanatique. Comme dans le premier «Salade de Fluits» (dont une réédition paraitra au mois de juin prochain), chaque historiette compose un fragment d'une incroyable fresque menée tambour battant et qui ne prend tout son sens qu'une fois le livre refermé.
La tempête fait rage sur les marchés. Heureusement, le capitaine, fidèle au poste, agrippé à son micro, continue de nous raconter des histoires belges. De Lindingre, on connaît surtout les personnages flanqués d'un groin de cochon, piliers de comptoir et habitués de Fluide Glacial. Cette fois, ce sont des leçons péremptoires, réclames pour des placements miracles, histoires de winners toutes catégories qu'il nous raconte. Ce nouveau recueil, à l'instar de Short Scories (paru en 2009 aux Requins Marteaux) a tout de l'album hors-piste totalement débridé. Captain Capital est une sélection de bandes dessinées, de strips et de cartoons pré-publiés dans l'Écho des Savanes, Siné Mensuel, Siné Hebdo et Fluide Glacial. C'est l'ouvrage idéal à offrir à votre beau-frère manager boursicotteur que vous ne pouvez pas encadrer.
Dans les épisodes précédents nous avions laissé Bouzard aux prises avec son stupide chien Flopi. Ils nous reviennent tous les deux pour assener un ultime coup de tatane dans le ventre convulsé de rire de fans déjà conquis. Salué par ces pairs, encensé par la critique, Guillaume Bouzard a su s'imposer avec la série des autobiography of me too comme le maître incontesté d'une veine de la bande dessinée autobiographique décomplexée. Grâce à l'alliance d'un talent graphique hors norme et d'un Humour imparable longuement mûri chez les éditeurs indépendants (Les Requins Marteaux, 6 pieds sous terre avec la série Plageman, le Psikopat...), Bouzard développe dans ce nouvel album son goût pour les situations burlesques et improbables. Mettre en scène son quotidien avec autant de verve et de fraîcheur, seul le prince de la bande dessinée underground pouvait renouveler l'exploit dans ce troisième opus !
Auteur majeur de ces vingt dernières années, Émile Bravo, cet adepte de la ligne claire, a su se démarquer de ses camarades alternatifs par un respect prononcé pour la tradition graphique franco-belge et les canons de la bande dessinée d'aventure pour enfant. Primé de nombreuses fois pour son activité dans le giron du 9ème art, il a su tout au long de sa carrière réconcilier classicisme graphique et modernité narrative dans des albums à la fois populaires et exigeants.Réservé, humble et pudique, Émile confie aux Requins Marteaux le soin de publier des planches, jamais rassemblées jusqu'à présent en album, sous la forme d'un journal intime. Autobiographie rêvée, confessions fantasmées, ce «journal» orchestre une symphonie de thèmes dont les lectures successives ne cesseront de vous ravir. L'enfance, l'adolescence, la nostalgie, la guerre, les passions, l'amour et l'amitié, les honneurs, l'errance, le mal et la mort, vous retrouverez toutes les obsessions qui ont nourri ses albums pour en faire en toute discrétion les grands classiques de demain.
Dans un futur proche, un couple de jeunes chômeurs japonais se retrouve bloqué dans une France paralysée par les grèves. Tandis qu'on annonce la suppression des aides sociales dans l'indifférence générale, EXIL, un jeu vidéo au réalisme troublant fait son apparition. Que sont venus faire Ryù et Mui dans ce pays en mutationoe Ils passent le plus clair de leur temps dans leur chambre, où lorsqu'ils ne jouent pas, ils filment leurs ébats sexuels. Petit à petit, images numériques, rêves et fragments de journaux télévisés prennent le pas sur la réalité...Première collaboration entre le scénariste Lionel Tran et le dessinateur Ivan Brun, Otaku est un album d'anticipation à court terme d'une maîtrise formelle impressionnante qui court-circuite de manière vertigineuse notre rapport à la modernité. Fiction subjective, sans concession, Otaku scrute le désinvestissement politique d'une génération mutante, écartelée entre précarité et confort technologique.Un livre fort, dérangeant, ambitieux qui nous aide à décrypter une réalité face à laquelle nous avons de moins en moins de recul.
Si dans sa premie re aventure (Kanerva, de l'autre côté du lac), Kanerva voyait naî tre en elle les curieux sentiments que sont l'amour et la jalousie, elle s'appre te ici a faire un apprentissage autrement plus douloureux. Son pe re vient de partir en voyage, et notre jeune he roî ne au caracte re bien trempe reste seule avec sa me re et sa grand-me re, dans la maison familiale. La grand-me re est tre s malade et la me re semble de passe e par sa peine. Kanerva, elle, ne peut se re signer a laisser partir sa mamie. Bien de cide e a faire de son mieux pour l'accompagner, elle ira chercher l'aide d'Eero, son meilleur ami.Depuis leur cabane secre te, ils e laboreront leur plan d'attaque : enque te sur ce myste - rieux Simeoni qui semble hanter les re ves de la grand-me re, invention d'un bonbon creux ou dissimuler les cachets qu'elle refuse d'avaler, et finalement enle vement ninja pour une dernie re partie de pe che sous les e toiles.Sans sentimentalisme, mais avec beaucoup de poe sie, Petteri Tikkanen continue d'explorer le lent passage a l'a ge adulte de ses personnages.Deuxie me e pisode des aventures de Kanerva et Eero, Kanerva sur le pont est un album qui peut e tre lu a tout a ge, un ve ritable conte initiatique ou la figure de l'enfant est a la fois un support d'identification et une me taphore de la candeur qui saisit chacun face a la disparition d'un proche.
Hamgrad 2035 : Karaganda est le sixième album de la saga Utopia Porcina. Ce nouvel épisode nous projette dans la République Universelle de la Gente Porcine, 15 ans après la prise de pouvoir par les cochons de Broadway (après Moscou, Berlin et Paris) qui signait alors l'avènement de leur emprise planétaire. Cet événement nous était compté dans le dernier opus Perspective Broadway. La Gente Porcine détient désormais le pouvoir sur toute la planète et inverse les rôles qui semblaient immuables, les humains sont désormais engraissés dans des élevages. Le docteur Kötlett est au centre de ce nouvel épisode. Multipliant les concours de circonstances malheureux, cet antihéros se retrouve condamné pour faute de tentation illicite à vingt ans de travail d'intérêt public dans la réserve de bétail humain de Karaganda (Kazakhstan). C'est dans une ambiance rude où règnent la violence et les rivalités, la privation et l'austérité que le naïf docteur Kötlett va devoir se durcir et s'affirmer. Désigné médecin « vétérinaire » d'un élevage humain, il se retrouve au centre d'une mutinerie menée par une poignée d'étalons humains. L'otage se voit obligé de partager leur cavale. Au volant d'un camion transportant les fugitifs humains, dont aucun ne sait conduire, ils tentent de rejoindre l'île de Guam au milieu du Pacifique, unique lieu de résistance humaine.
À travers la reconnaissance de Robert Crumb, la BD Underground US a aujourd'hui gagné ses lettres de noblesse. Cependant, on oublie trop souvent de rendre justice au plus populaire de ses auteurs, un certain Gilbert Shelton : père des légendaires Freak Brothers et du Chat de Fat Freddy, ce dernier vit et travaille en France, et ses comics sont lus et traduits à l'échelle internationale. Or, depuis les années 70, sa plume influente a également nourri plusieurs générations de dessinateurs, marquant d'une empreinte indéniable leurs propres travaux. Aussi, l'heure est venue d'auréoler à sa mesure l'illustre créateur, en réunissant sa descendance au sein d'un tribute collectif. À l'initiative d'Olivier Josso, auteur et coordinateur du projet, ce copieux album intitulé « Fabuleux Furieux ! - Hommage en Freak Style » recueille les quelques 192 pages de 80 auteurs, enfants naturels de Shelton et de ses Pieds Nickelés drogués: Baudoin, Hunt Emerson, Jano, Pic, Zou, Lewis Trondheim, Menu, Mattt Konture, Pakito Bolino, Blanquet, Fredox et beaucoup d'autres (dont la plupart des auteurs des Requins Marteaux) y témoignent chacun de leur profonde reconnaissance envers ce monument d'humour subversif, d'observation acérée et de dessin hors pair. L'ensemble réunit rien moins que le gratin de la création indépendante, pour un hommage aussi furieusement réjouissant que diversifié...
Nitialement édité chez Audie en 2002, cet album a été nominé à Angoulême en 2003 pour la qualité de ses dialogues. Mais ce n'est pas là toute la valeur de cet ouvrage. En effet, Guerse & Pichelin trouvent ici toute leur puissance d'expression et maîtrisent parfaitement les thèmes qui leur sont chers tels que les conflits sociaux, la misère sexuelle et l'apéro. Pilier du journal Ferraille, ce célèbre tandem a fait un passage dans le magazine Fluide Glacial de 2000 à 2005. Les losers sont des perdants est l'un des fruits de leur collaboration à ce magazine réputé. Tout au long des multiples épisodes courts qui sont publiés ici, ils développent leur humour subtil et néanmoins redondant qui a fait leur célébrité. Ce recueil fait suite à C'est pas tous les jours fête paru dans la même collection et complète les deux tomes de la série Amours, sexe et bigorneaux parus également chez les Requins Marteaux. Les auteurs se mettent en scène dans leur ville d'Albi et à partir de leur univers quotidien, ils inventent une sorte d'autobiographie fantasmée. Dans leur quartier général, le bar Jour de Fête, ils mettent au point des stratégies cocasses et systématiquement désastreuses pour vaincre leur ennui profond et dépenser leur maigre RMI. Avec cette ré-édition somptueuse, ce livre retrouve sa place dans le panthéon de la bande dessinée, c'est-à-dire à côté des fameuses Authobiography of me too de Bouzard.
En 2001, Lilian Bourgeat est invité en résidence durant cinq mois au centre d'art contemporain de Pougues-les-Eaux, près de Nevers.La direction lui confie la somme rondelette de 10 000 francs pour réaliser un travail inédit, qui sera exposé au centre d'art. Pougues-les-Eaux est principalement connu pour son casino, qui jouxte le centre, et Lilian Bourgeat décide alors de jouer l'intégralité de la somme aux machines à sous. Sa performance est filmée. S'il gagne, il utilise l'argent pour une nouvelle couvre ; s'il perd, il exposera le film au centre d'art.Malheureusement, Lilian n'a pas beaucoup de chance à ce jeu là et lorsqu'il présente la vidéo au centre d'art, cette histoire a déjà fait le tour de la Nièvre. La censure tente de s'exercer, maladroitement. On demande à l'artiste de rendre la somme d'argent ou de produire une autre réalisation, malgré les recommandations des meilleurs experts (des amis en fait), attestant la haute qualité de ce travail artistique.Que fait-il face à la censure ? Il accuse ! Lilian invite alors Philippe Vuillemin à faire la caricature de cette histoire. Le dessin de Vuillemin, plus féroce encore que l'oeuvre de Bourgeat, prit sa place dans l'exposition, agrandi et sérigraphié sur une bâche en plastique. Et personne n'y trouva plus rien à dire. Depuis cette date, les personnages de Vuillemin s'invitent fréquemment dans les expositions de Lilian Bourgeat.Et pour notre plus grand plaisir, ils distribuent torgnoles et mains au cul (selon le sexe) aux visiteurs nonchalants de ses expositions. Voici l'album de ces visites... Olivier Vadrot.