Les pensées d'un mort errent au-dessus du Canal Saint-Martin. Les échos d'un destin absurde et cruel resurgissent. Charles, provincial monté à Paris, a en apparence tout réussi. Un travail, des maîtresses et une femme superbe, il accumule fièrement les succès. Tout va basculer le jour où débarque dans sa vie bien rangée son frère Serge, paumé et mal dans sa peau... Après un remarquable premier album, En série, paru en 2002 aux éditions Frémok, Aude Samama revient avec un livre qui confirme son goût pour les intrigues intimes et passionnelles. Dans la lignée de Breccia ou Mattotti, elle affirme une sensibilité unique empruntant les flammes de la peinture expressionniste pour transcrire des tragédies où plane l'ombre du désir. Simple et terrible, L'intrusion est un drame ardent qui vient confirmer une nouvelle voix dans la bande dessinée d'aujourd'hui.
Sorti pour la première fois en France en 1994 (un an après sa sortie en album aux États-Unis), le premier volume de la saga de la Ville du péché est considéré comme une des oeuvres majeures de Frank Miller, qui a marqué l'histoire de la bande dessi-née. Politiciens véreux, prostituées, femmes fatales, voyous et pauvres types se croi-sent dans les pages de Sin City, composant une fresque cynique et parfois ironique d'une société malade. Hybridation entre roman noir, univers des super-héros et codes du manga, Sin City surprend encore aujourd'hui par son scénario admirable-ment construit et l'élégance puissante du noir et blanc de Miller.À l'occasion du vingtième anniversaire de sa première sortie, Rackham réédite l'intégralité de la série dans un nouveau format et avec de nouvelles couvertures, en com-mençant par ce premier volet qui va prendre désormais le titre de The hard goodbye que Miller lui a attribué en hommage à Raymond Chandler.
L'Hiver du dessinateur est l'histoire vraie d'un combat pour la dignité et la liberté ; une bataille perdue par un petit groupe d'artistes qui se battent pour être maîtres de leurs choix, de leurs oeuvres et de leur destin.Un groupe de dessinateurs talentueux quittent la toute-puissante maison qui les emploie et décident de fonder leur propre revue de bandes dessinées ; ils fuient la tutelle oppressante de leur éditeur. Cette publication, entièrement autogérée séduit les lecteurs dès son premier numéro. Mais ce rêve d'autonomie et de liberté ne va pas durer longtemps. L'ancien patron concurrence la revue de ses ex-employés, en sabote la distribution et enfin, la rachète pour la publier à son compte.S'inspirant de faits et de personnages réels - la revue s'appelait Tio Vivo et l'histoire s'est déroulée dans l'Espagne des années 50 - Paco Roca raconte avec finesse la passionnante aventure de ce petit groupe d'artistes. L'hiver du dessinateur a reçu les prix du meilleur Album et du Meilleur Scénario à l'occasion de l'édition 2011 du Salon Internacional del Cómic de Barcelone
« Mort Cinder est la mort qui jamais ne s'accomplit. Il y a un héros qui meurt et qui ressuscite. Il y a un tourment et une souffrance. C'est peut-être une réponse à un état d'âme particulier chez moi, mais l'essentiel de cette atmosphère vient de Breccia, qui est encore plus tourmenté que moi. Son dessin, avec sa quatrième dimension, avec sa force de suggestion, le distingue de la plupart des artistes que je connais. Et c'est cette force dont il use en permanence qui lui fournit toute sa valeur et qui provoque l'imagination des scénaristes. » Héctor Germán Oesterheld.Plus de seize ans après sa dernière publication en France, les éditions Rackham offrent un nouvel écrin au chef d'oeuvre d'Oesterheld et de Breccia en proposant une version intégrale de cet album que d'aucuns considèrent comme l'un des plus importants de l'histoire de la bande dessinée argentine et mondiale. Le volume rassemble les dix épisodes que compte l'oeuvre, parus en Argentine à partir de 1962, auxquels s'ajoute le scénario inédit d'un onzième épisode jamais réalisé. À l'occasion de cette publication, la traduction a fait l'objet d'une révision complète et de nombreuses pages ont bénéficié d'une restauration fidèle aux planches originales de Breccia.
Sherman est libraire et voudrait se consacrer à l'écriture, mais pour l'instant il traîne avec son pote Ed qui, lui, rêve de vivre de ses bandes dessinées et de perdre enfin son pucelage. Sherman est en couple avec Dorothy, journaliste très portée sur la boisson ; les deux vivent en colocation avec un autre couple, Stephen et Jane, lui enseignant, elle dessinatrice. Ils ont tous entre 23 et 25 ans, viennent de terminer leurs études et démarrent leur vie active non sans hésitations et difficultés : chagrins d'amour, addictions, mesquineries, trahisons. Grand est le désordre sous le ciel : leur entrée dans la « vraie vie » ne semble pas se présenter sous les meilleurs auspices.Ce récit choral où l'on suit pour plus de 600 pages les déboires de six personnages différents renferme des prouesses scénaristiques rarement égalées. L'extraordinaire habileté de Robinson à esquisser des personnages qui échappent à tout cliché déjoue systématiquement toute attente du lecteur et en capture l'attention jusqu'au surprenant dénouement final. Le récit, qui a reçu en 2005 le prix du Meilleur premier album au festival d'Angoulême, est suivi des histoires courtes réalisées par Robinson autour des personnages de De mal en pis qui avaient été publiées auparavant dans le volume Bonus! et comprend aussi une histoire inédite en France.
Salva et Sulfa, soeurs jumelles, vivent au coeur du bois avec leur mère, Dame Gingembre. Avant de disparaître, cette dernière leur fait une révélation : leur père, qu'elles n'ont jamais connu, ne serait autre que Sam Delta, capitaine d'une péniche qui, jadis, voguait le long de la rivière non loin de chez elles. Abandonnées à leur sort, Salva et Sulfa décident de partir à la recherche de ce mystérieux père. Elles se frayent alors un chemin à travers la forêt luxuriante, peuplée de créatures étranges et de personnages hauts en couleur. Ainsi commencent leurs péripéties ; et elles comprendront bien vite que l'aventure ne sera pas de tout repos ! Les jumelles Delta auront en effet besoin de tout leur courage et de toute leur détermination pour mener à bien leur (en)quête...À travers Les Jumelles Delta, Kati Kovács nous convie dans un univers fantastique qui mêle inventivité narrative et prouesses graphiques. L'auteur met tout son talent et son imagination débordante au service d'un album qui s'apparente à un conte surréaliste et poétique, parfois jubilatoire.Mais sous cette légèreté, elle aborde en filigrane des réflexions bien plus sérieuses et ancrées dans le réel, entre relations familiales et fraternelles complexes et construction d'identité.
Nouvelles aventures des personnages crées par Tony Millionaire (et publiés en France par Rackham dans le volume Sock Monkey) : à la fin de ses études, Oncle Gabby se consacre à la poésie et devient expert dans l'art de a-nommer les choses. Il a en effet découvert que si on ôte leur nom aux objets, ils récupèrent immédiatement tout leur mystère et toute leur beauté. Très à l'aise dans son rôle de poète, Oncle Gabby décide - accompagné par le fidèle Drinky Crow - d'aller visiter la maison de Ann-Louise, où ils ont vécu les premières, mémorables, aventures...Oncle Gabby ressemble en tout et pour tout (sans l'être) à un conte pour enfants : quarante magnifiques planches aux couleurs séduisants, peuplées de monstres et de paysages fantastiques, renfermées dans un joli album... le Pays des Merveilles mais aussi les romans de Patrick O'Brien, ne sont jamais très loin.On est vite intrigués par l'oeuvre de Tony Millionaire, ses non-sens, son style « victorien » et son trait proche de celui de Johnny Gruelle; et on finit par être séduits par la poésie qui parcourt les pages de Oncle Gabby, par la richesse du dessin - rehaussé par une mise en couleur réussie - et par des dialogues presque surréalistes. Oncle Gabby délectera ceux qui ont aimé Sock Monkey; ceux qui ne connaissent pas encore Tony Millionaire y découvriront un artiste vraiment hors du commun.
Fermín Solís, s'écarte, le temps d'un album, du registre autobiographique et brosse un remarquable portrait de Luís Buñuel, autour du récit du tournage de Las Hurdes, terre sans pain. Ce film documentaire, tourné en 1932 dans la région de Las Hurdes (Estrémadure), montre la vie quotidienne des paysans qui habitent cette région isolée de l'Espagne tout en évoquant, par une séquences d'images à la beauté amère et terrible, les moindres détails de leur inimaginable misère.Oeuvre emblématique de par son message, ses qualités formelles ainsi que par les circonstances de sa réalisation, Terre sans pain a fourni à Fermín Solís l'inspiration pour réaliser son portrait du cinéaste. Du Paris des surréalistes à l'Estrémadure, Solís imagine les péripéties et les errances de Buñuel et ses compagnons dans les montagnes arides de Las Hurdes, leurs rencontres avec les misérables hurdanos et les épisodes souvent grotesques qui ont pu émailler la réalisation de ce film. Puisant dans les rares documents existants sur Terre sans pain, Solís déroule le fil de son récit en parcourant les chemins de la fiction : une fiction nourrie par les images du film mais aussi par de savoureuses séquences oniriques où Solís met en scène les thèmes obsessionnels de Buñuel.Fermín Solís réussit ainsi un portrait magistral du cinéaste, de l' homme et de l'artiste, sans oublier aucune de ses différentes facettes, parfois complexes et contradictoires.
Rome, Anno Domini 1617. Suivant les pas de nombreux peintres hollandais, Gerard van Honthorst et Dirck van Baburen quittent leur pays pour rejoindre les rives du Tibre. Fascinés par les toiles de Caravaggio, mort en des circonstances mystérieuses sept ans plus tôt, les deux artistes décident de se rendre à Naples pour admirer certains retables que le peintre lombard y a réalisés. Sitôt arrivés à destination, ils se hâtent d'aller contempler les oeuvres du maître. Mais, bien décidé à ajouterune bonne dose d'alcool à l'aventure, van Honthorst incite van Baburen à errer de taverne en taverne, jusqu'à tomber sur un jeune homme bavard et fantasque. Et voilà que la virée des deux compères prend une tout autre tournure, van Honthorst ayant semble-il caché à son compagnon le véritable but de leur voyage... Comme les personnages qu'il met en scène, Álvaro Ortiz est passionné par la vie et l'oeuvre de Caravaggio, auquel il a d'ailleurs consacré un chapitre entier de son précédent album, Rituels. Ce nouvel opus revient sur les derniers jours du maître milanais, qui suscitent aujourd'hui encore de nombreuses controverses. La version qu'en propose Ortiz est le fruit d'un travail de documentation méticuleux dans lequel faits, personnages et lieux sont filtrés par son imagination débordante. On y retrouve ainsi les principaux ingrédients chers au jeune auteur aragonais : un cocktail détonant d'humour, de mystère et de coups de théâtre.
Miguel Mármol naît en 1905 de mère célibataire, dans la petite ville d’Ilopango au Salvador. Enfant, il tente d’échapper à la misère en faisant le ménage dans une caserne où il se trouve confronté à la brutalité des soldats, puis devient cordonnier – métier qu’il exercera une grande partie de sa vie. Il mène en parallèle une activité syndicale intense qui le conduit à participer à la fondation du Parti Communiste Salvadorien (PCS) en 1930. S’ensuit un voyage en URSS où il affine ses connaissances idéologiques.De retour au Salvador, il prend part au soulèvement contre le Général Martínez aux côtés du dirigeant du PCS, Farabundo Martí. Emprisonné et fusillé, il survit miraculeusement. Cet épisode est à l’image de ce que sera désormais toute sa vie : une vie passée à revendiquer la liberté et la justice sociale, faite de luttes contre dictateurs et propriétaires terriens entre menaces, réclusions et tortures. Dix autres fois Miguel Mármol s’est retrouvé face à face avec la mort, il en a échappé et a recommencé a se battre.Les Douze Naissances de Miguel Mármol est le fruit de presque dix années de recherches autour du révolutionnaire salvadorien. Pour rendre compte de son destin mouvementé, Dani Fano s’est plongé dans les écrits d’Eduardo Galeano et les poèmes de Roque Dalton et s’est également rendu sur place. Un travail d’orfèvre qui lui permet de livrer un album sous forme d’hommage, à la fois poétique et passionné, évoquant à travers l’émancipation d’un homme les luttes des paysans indigènes, leurs légendes et croyances ancestrales ainsi que la beauté de leurs terres. Allégorie d’une vie qui fait un écho implacable à ce vers de Victor Hugo : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent […]. »