nikolaï maslov poursuit son étonnant voyage.la france idéalisée de son premier album lui a tendu la main. invité en résidence à angoulême, il a consacréun an à prolonger et à approfondir les thèmes abordés dans son succès de 2004, une jeunesse soviétique. avec une assurance graphique encore accrue et un sens de la narration toujours plus elliptique, il donne à voir, par-delà les arrières-cours déglinguées des usines et la surface lisse des aéroports, derrière la mort annoncée d'une russie rurale et la frénésie de consommation qui s'empare de moscou, la ronde des âmes piégées dans un pays trop vaste et trop grandiose, sous des cieux vides et trop pesants.mais on distingue aussi, dans ce nouvel album, aussi simple et profond que le premier, une lueur d'espoir, celle de l'humour, celle de la beauté, celle de l'art.
De Sempé, on connaît évidemment les dessins du Petit Nicolas. Mais c'est un autre regard sur l'esprit d'enfance qu'il propose dans ce nouvel album.Dans le long et passionnant entretien avec Marc Lecarpentier, qui accompagne ses dessins, Jean-Jacques Sempé dit ses douleurs et ses joies de jeune Bordelais soucieux de «sauver les apparences», de trouver un métier, et de réussir à placer ses dessins dans les journaux.Et il confie aussi : «Il m'est arrivé de devenir, par moments, raisonnable mais jamais adulte.» Le lecteur le vérifiera, sourire aux lèvres. Les nombreux dessins de ce livre, anciens ou récents, pour la plupart inédits, nous rappellent avec douceur le bonheur de l'insouciance.
Dans Enfances (septembre 2011), Sempé s'attardait avec douceur et mélancolie sur le bonheur de l'insouciance. Avec son nouvel album Bourrasques et accalmies, il passe à l'âge adulte et le grand enfant qu'il est s'amuse à en croquer les contradictions. Entre bourrasques et accalmies donc, on retrouve, éclatante, la poésie de Sempé, ce rire nécessaire qui invite nos esprits (trop) sérieux à poser un regard différent sur le monde, les hommes et soi-même.Une véritable thérapie comme le dit Sempé : Quand je me suis mis à dessiner, c'était peut-être une sorte de thérapie, j'ai eu envie de dessiner des gens heureux. De faire du dessin humoristique avec des gens heureux. Ce qui est de la folie. Mais c'est mon caractère. Cent-vingt petites scènes savoureuses content ces éclaircies pendant la tempête quand chacun tente de maintenir le cap ou de le garder.
Après le très remarqué Sukkwan Island et son premier album personnel, Paiement accepté, Ugo Bienvenu, auteur complet, figure de proue de la nouvelle animation, poursuit son exploration du futur.En 2120, le data est devenu si volumineux qu'il faut commencer à effacer des données. Toute archive frappée d'un visa d'élimination par le corps des « Prophètes », chargé d'opérer les choix cruciaux, doit être supprimée. Yves, archiviste humaniste du Bureau des Essentiels, ne peut s'y résoudre. Pour les sauver de l'oubli, il sauvegarde clandestinement certaines données, plus poétiques que politiques, et les rapporte chez lui pour les stocker dans la mémoire de Mikki, son robot domestique. Une infraction grave à l'éthique de sa profession.Les progrès de l'intelligence artificielle ayant par ailleurs permis de confier la charge de la gestation pour autrui (GPA) aux machines, Mikki, bot hermaphrodite, porte l'enfant d'Yves et Julia, son épouse.Cependant, au Bureau des Essentiels, des fuites ont été décelées et une vaste enquête est lancée parmi le personnel.
Comme Don Quichotte, que l'abus de romans de chevalerie poussa à courir le monde et à défier les moulins, Leonora comtesse italienne exaltée par les exploits des héros de la Table Ronde, part rechercher le Saint Graal en compagnie de son cheval et de son chat.Cette quête de la coupe mystique ayant recueilli le sang du Christ, est-ce une aventure bien convenable pour une demoiselle du XIVe siècle ? Magie blanche et noire, ermites érotomanes, féroces géants, sorcières sensuelles, démons démontés, spectres désabusés, animaux magiques, paladins à musique jalonnent un périple semé de mille embûches, de mille tentations charnelles et spirituelles auxquelles il serait si doux de céder.L'apprentissage de la condition de femme sur un chemin réservé aux coeurs purs masculins... Epatante épopée ! L'univers profond et subtil de David B. rencontre le dessin plein de grâce de Pauline Martin pour créer un album enchanté, qui allie la fraîcheur des oeuvres neuves à la sagesse des livres d'heures, à la croisée de Pasolini et des Contes du Chat Perché.
Depuis toujours, pourtant, ses dessins ne cessent de s'interroger sur ce pacte, souvent implicite, qui lie deux amis. Que l'amitié se nourrisse de connivences secrètes ( Raoul Taburin ), de troubles partagés ( Marcellin Caillou ), ou qu'elle se construise aux dépens d'un autre ( Monsieur Lambert ), elle s'appuie sur des rituels qui fondent la complicité. Ces enfants joyeux qui marchent côte à côte, ces dames qui conversent à vélo, ces hommes qui bavardent au bistrot, disent tout à la fois le bonheur de la connivence et la difficulté de l'harmonie durable.Dans ce nouvel album, SEMPÉ questionne au fil de son trait bienveillant, malicieux et sagace les différentes règles qui fondent le rapport amical. L'humour est là qui dissimule avec légèreté la gravité du propos, mais le constat est lumineux : entre vanité et prétention, l'amitié des adultes est fragile et friable. Et parce que SEMPÉ la place au plus haut des sentiments humains, il montre qu'elle se nourrit surtout d'instants fugaces, rares et précieux.« Rien n'est facile en amitié. Il faut de la discrétion, de la pudeur, de la fidélité », confie Jean- Jacques SEMPÉ dans la longue et délicate interview qui ouvre ce livre. Preuve en est donnée dans les dessins qui suivent (dont de nombreux inédits). Ils offrent le reflet lucide des insondables mystères de nos émotions secrètes.Jean-Jacques SEMPÉ Entretien avec Marc LECARPENTIER Éditions DENOËL / MARTINE GOSSIEAUX