David Bowie a vingt-huit ans, les yeux plus grands que le ventre, et il aspire tout sur son passage : l'Amérique et son romantisme urbain, la soul qui blanchit sous son regard à l'idée d'être sauvagement possédée et ces poudres qui lavent mal mais récurent les cerveaux riches, de Park Avenue à Hollywood. Enregistré à Philadelphie et New York (Fame s'offre John Lennon en guest), Young Americans croule sous les apparats chics d'une funkitude parfaitement maîtrisée. On y reconnaît le saxophone de David Sanborn, la voix de Luther Vandross et la guitare de Carlos Alomar, compagnon de route de ces années-là.
Le 27 avril 1978, Foreigner donne un concert sold-out au célèbre Rainbow Theatre de Londres. Quarante ans plus tard, cette performance mémorable du groupe original avait été restaurée à partir des bobines du concert filmé et remixée et remasterisée dans une édition collector exceptionnelle. Ce concert, interprété par le line-up original de Foreigner incluant Mick Jones (guitare lead, claviers, choeurs), Lou Gramm (chant lead, percussions), Ian McDonald (guitares, claviers, saxophone, flûte, choeurs), Al Greenwood (claviers, synthétiseur), Ed Gagliardi (basse, choeurs) et Dennis Elliott (batterie, choeurs) capture l'essence d'un groupe qui allait bientôt devenir une des formations les plus importantes de tous les temps.
Géraldine Laurent est une improvisatrice hors pair. Grâce à un swing ébouriffant, une sonorité pleine, un phrasé d'une fluidité naturellement lyrique, une prise de risque permanente, une maîtrise égale du rythme, de l'harmonie et de la mélodie, sa joie de jouer et de chanter dans son alto, elle a tout d'une grande saxophoniste. Cette jeune prodige, originaire de Niort, adopte rapidement le saxophone dès l'âge de 12 ans. Elle multiplie les expériences et se produit sous pour promouvoir son trio (« Time Out Trio »). L'année suivante, en 2006, elle se voit décerner la « Révélation Jazz à Juan » ainsi que le « Django d'Or Jeune Talent ». Pour sa première aventure phonographique, elle a choisi un répertoire qu'elle a pris le temps de rôder sur scène avec ses deux compagnons. À chaque nouveau morceau, Géraldine sait nous captiver en nous « racontant » des histoires pleines de surprises et de rebondissements incessants. C'est un don rare, réservé aux seuls vrais improvisateurs.
Le septuagénaire Allen Toussaint, compositeur, pianiste, arrangeur et producteur de légende, dont le nom brille à côté de ceux de Dr John, Irma Thomas ou les Meters, offre ici un doux panorama de la musique la plus épicurienne au monde : celle de la Nouvelle-Orléans. Le bon Allen n'avait pas dirigé de séance en son nom depuis plus de dix ans. Pour son retour, il a donc sorti l'argenterie, distribué les partitions aux amis convoqués par le producteur Joe Henry : le clarinettiste Don Byron (tout heureux d'avoir quitté New York pour manger quelques pieds de porc grillés), le guitariste Marc Ribot, Joshua Redman au saxophone ténor, Brad Meldhau au piano... Et puis, tout ce beau monde a commencé à déchiffrer les mélodies prestigieuses, signées Sydney Bechet, Django Reinhardt, Duke Ellington (sublime Solitude), ou Thelonious Monk (ce qui est moins confortable qu'on ne pourrait le penser initialement). Et toute la troupe, en prise directe, se réjouit avec indolence et sensualité. Dans The Bright Mississippi, la technique nourrit une émotion universelle, simple comme un sourire d'enfant. Dans un album où chaque pièce est une merveille, la tendre promenade se fait sans passéisme. Car, en début de séance, le vieux monsieur s'est penché sur son clavier, et a murmuré : « ok, les gars, on va faire de la musique parfumée ». Et tout le monde a compris.
Tony Allen et Hugh Masekela se sont rencontrés pour la première fois dans les années 70 et ont évoqué pendant des décennies de faire un album ensemble. C'est le producteur Nick Gold qui a enregistré leur collaboration lorsque l'occasion s'est présentée en 2010. Les sessions inachevées, constituées de toutes les compositions originales du couple, sont restées en archives jusqu'à la mort de Masekela en 2018. Avec la bénédiction et la participation de la succession de Hugh, Tony Allen et Nick Gold ont déterré les bandes originales et ont terminé l'enregistrement de l'album à l'été 2019 dans le même studio londonien où les sessions originales avaient eu lieu. Allen et Masekela sont accompagnés sur le disque par une nouvelle génération de musiciens de jazz très respectés, dont Tom Herbert (Acoustic Ladyland / The Invisible), Joe Armon-Jones (Ezra Collective), Mutale Chashi (Kokoroko) et Steve Williamson. ...Quand deux monstres sacrés du jazz africain se rencontrent pour un projet unique. Une idée qui émergea dans les années '70, un rendez-vous en 2010 pour commencer à planifier le travail, des rencontres et des enregistrements. Puis Hugh Masekela disparait en 2018. Et le 20 mars 2020, l'album est finalement dans les Bacs ! - par Jacques PAUPER sur Couleurs Jazz,le 27/03/2020 - Tony Allen, (comme nous !) se déclare très heureux de l'album définitif et reste flegmatique sur la durée prolongée de sa conception. Dix ans, c'est long du début à la fin d'un album, mais ma propre philosophie est que tout finit par arriver au bon moment, pour une raison... Il ajoute à propos du dernier titre de l'album, We've Landed. La chanson est dédiée à la jeunesse d'aujourd'hui. Les paroles s'adressent à des personnes de 17, 18, 19 ans, qui lentement deviennent des adultes, découvrent qui elles sont et réalisent que c'est au tour de leur génération d'agir ! Ils sont accompagnés alors par la fine fleur de la jeunesse jazz actuelle : Tom Herbert ou Mutale Chashi de Kokoroko à la basse, Elliot Galvin ou Joe Armon-Jones d'Ezra Collective, aux claviers, Steve Williamson au saxophone ténor, Lekan Bablola aux percussions, Lewis Wright au vibraphone. Une réunion de styles musicaux africains puissants, fondateurs, un dialogue jubilatoire qui swing entre Nigeria et Afrique du Sud. Les frontières sont abolies, les sources se rejoignent dans un même fleuve de rythmes et de notes envoutantes. par Jacques PAUPER sur Couleurs Jazz,le 27/03/2020 - NOTE : Tony Allen devait interpréter les chansons de Rejoice avec un groupe spécialement constitué lors de concerts et de festivals tout au long de l'année 2020, dont deux concerts intimes à Londres au Church of Sound les 12 et 13 mars et la date de clôture du Festival Banlieues Bleues le 3 avril à l'Embarcadère à Aubervilliers...Mais voilà.