Jamais, depuis Quichotte et Panza, ou Laurel et Hardy, on ne vit un couple de héros aussi mal assorti. Fuzz est un nounours, battu et jeté à la poubelle par un sale gamin. Coq d’élevage, plumé et promis à l’abattage, Pluck est en cavale. L’un est aussi craintif et passif que l’autre est arrogant et agressif. Débutée dans une benne à ordures, leur histoire prend la forme d’un roman picaresque, à la façon de L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche ou des Aventures de Huckleberry Finn. Leur route croise celles d’un singe zen, d’une végétarienne folle, de Lardass, roi du sandwich au lard, de la belle Glibbia, directrice d’une équipe d’animaux gladiateurs, ou de Sourpuss, citron mâtiné de mouches, produit d’une expérience scientifique aberrante. Ces créatures improbables arpentent la scène d’un petit théâtre de fête foraine, avec ses décors de carton pâte et sa toile de fond qui représente une Amérique miteuse, envahie par les détritus, un pays à la fois familier et étrange, à qui le trait épuré et le noir et blanc de l’auteur donnent un air d’évidence.
des neiges éternelles du nouveau mexique aux plages paradisiaques du nevada, pierre la police et jean le cointre font de l'ouest américain le décor d'un bouleversant western pharmaceutique.alors qu'entre southfork et durango les vaches se suicident, une souche de fécule infectieuse, venue de la lune, entreprend de coloniser la terre. le chef du monde en appelle à l'equipe sonique de la paz et ses mutants moches, au qi d'huîtres. sans surprise, la taupe de houston, le tarzan de la perception et le monstre mexicain foirent la mission et c'en est fini pour toujours, car tout le monde est tué et le vêtement est déchiré.cette plongée dans l'inconscient collectif du cinéma de série z ramène à la surface de créatures irresponsables, savants fous, algues cannibales ou laborantines à lunettes, qui, avant de monter dans leur chambre regarder la télévision, s'obstinent à traiter avec naturel et sérieux un monde définitivement dérangé. entre roman-photo et serial d'aventure, la balançoire de plasma joue des codes et des conventions du film de monstres jusqu'à ce que mort s'en suive.un livre beau comme la rencontre fortuite d'ed wood et des fantastic four sur la table de dissection du docteur frankenstein.
Acteur incontournable d'une époque fondatrice du manga, Yoshihiro Tatsumi offre, avec Une vie dans /es marges, un témoignage exceptionnel sur les milieux éditoriaux et le Japon de l'immédiate après-guerre.Fresque autobiographique, roman social et document historique, ce livre-somme est un chef-d'oeuvre capable de toucher le passionné comme le néophyte. Pour l'amateur de bande dessinée, il donne à voir de l'intérieur la manière dont le manga s'est construit dans ces années-là, passant en peu de temps de l'âge d'or à l'âge industriel. Il invite dans cette évocation lesfigures mythiques de ce domaine et nous les montre telles qu'elles étaient avant que l'histoire ne les statufient.Pour le profane, Une vie dans les marges dresse un tableau unique du Japon des années d'après-guerre et de ses classes populaires luttants pour la survie quotidienne. De l'essor économique des années 1950 jusqu'aux crises des années 1960, Tatsumi dépeint avec force un pays et une société en pleine mutation. OEuvre de longue haleine dont la réalisation s'est étalée sur plus de dix ans, Une vie dans les marges est d'ores et déjà un ouvrage de référence récompensé au Japon et aux Etats-Unis par les prix les plus prestigieux.
Jamais, depuis Quichotte et Panza, ou Laurel et Hardy, on ne vit un couple de héros aussi mal as-sorti. Fuzz est un nounours, battu et jeté à la poubelle par un sale gamin. Coq d'élevage, plumé et promis à l'abattage, Pluck est en cavale. L'un est aussi craintif et passif que l'autre est arrogant et agressif. Débutée dans une benne à ordures, leur histoire prend la forme d'un roman picaresque, à la façon de L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche ou des Aventures de Huckleberry Finn.Leur route croise celles d'un singe zen, d'une végétarienne folle, de Lardass, roi du sandwichau lard, de la belle Glibbia, directrice d'une équipe d'animaux gladiateurs, ou de Sourpuss, citron mâtiné de mouche, produit d'une expérience scientifique aberrante. Ces créatures improbables arpentent la scène d'un petit théâtre de fête foraine, avec ses décors de carton pâte et sa toile de fond qui représente une Amérique miteuse, envahie par les détritus, un pays à la fois familier et étrange, à qui le trait épuré et le noir et blanc de l'auteur donnent un air d'évidence.Si l'homme y est un loup pour l'homme, et les bêtes à plume, à poil ou en peluche, la violence reste burlesque. Et le lecteur peut rire des mésaventures de Fuzz et Puck, comme il rit de celles des vagabonds de Beckett.
dans l'italie des sixties, cinéma giallo et fumetti neri secouent le joug de la décence démocrate-chrétienne et élèvent le mauvais goût au rang d'art populaire.usant au mieux du petit format et du noir et blanc économique des fascicules pour adultes, roberto raviola, alias magnus, peuple ses bandes dessinées érotiques de personnages séduisants et malfaisants qui font passer pour de grands dadais stéroïdés les super-héros des comics américains. la scientifique frieda boher est nécrophile. cette émule lubrique du bon docteur frankenstein se bricole un amant parfait avec des morceaux de cadavres premier choix .c'est ainsi que naît sous son scalpel virtuose, le géant necron, qui se révèlera un cannibale d'une sentimentalité pathétique. d'orgasmes séismiques en carnages homériques, la faiseuse de monstres et sa créature phallique, descendants dépravés de mary shelley, revisitent à grand fracas décors et thèmes de la littérature romantique. alors que triomphent le bon goût et la morale publique, il était temps de ressusciter ce réjouissant avatar du roman gothique et d'enseigner aux petits lecteurs que si la nécrophilie est, comme le dit la doctoresse boher, un mal qui ne pardonne pas, elle permet au moins de passer des moments bien sympathiques.et mort au politiquement correct !
Dans l'italie des sixties, cinéma giallo et fumetti neri secouent le joug de la décence démocrate-chrétienne et élèvent le mauvais goût au rang d'art populaire.Usant au mieux du petit format et du noir et blanc économique des fascicules pour adultes, roberto raviola, alias magnus, peuple ses bandes dessinées érotiques de personnages malfaisants et de salopards séduisants qui font passer pour de grands dadais stéroïdés les super-héros des comics américains. la scientifique frieda boher est nécrophile. cette émule lubrique du docteur frankenstein se bricole un amant parfait avec des morceaux de cadavres premier choix .C'est ainsi que naît sous son scalpel virtuose, le géant necron, qui se révélera un cannibale d'une sentimentalité pathétique. de carnages homériques en orgasmes séismiques, la faiseuse de monstres et sa créature phallique, descendants dépravés de mary shelley, revisitent à grand fracas décors et thèmes de la littérature romantique. alors que triomphent la morale publique et le bon goût, il était temps de ressusciter ce réjouissant avatar du roman gothique et d'enseigner aux petits lecteurs que si la nécrophilie est, comme le dit la doctoresse boher, un mal qui ne pardonne pas, elle permet au moins de passer des moments bien sympathiques.Et mort au politiquement correct !.
En 1917, Mac Orlan imagine qu'un sous-marin, le U-713, chef d'oeuvre de technologie militaire allemande, devient fou et échappe au contrôle de son commandant, le Capitaine Karl. Lointain ancêtre de l'ordinateur de 2001 L'Odyssée de l'espace, cet « hyper-poisson créé par la science allemande et dont l'existence sera niée par les générations futures, les extraordinaires et merveilleuses générations futures », tue son équipage et disparaît dans les profondeurs du golfe du Mexique pour s'y reproduire. La guerre est devenue un affrontement d'usines et n'admet, selon Mac Orlan, que trois types de combattants : ceux qui fabriquent les obus, ceux qui les envoient et ceux qui les reçoivent. Le progrès, tant vanté au début du siècle, aboutit à ce désastre que l'humanité crée les machines qui la détruise. Ramenés au rang de simple matière première, comme l'acier ou le charbon, les hommes alimentent l'absurde machine guerrière avec leur sang. La science se révèle homicide. Roman fantastique, ironique et inquiétant, U-713, ou les gentilshommes d'infortune affirme la mort de l'Aventure. Le dessin de Bofa n'a plus l'insouciance de l'avant-guerre. Il se fait plus mélancolique et plus complexe. U-713 marque le glissement de l'imaginaire de l'artiste vers le fantastique et l'inquiétude. Quand il ne dessine pas des corps difformes ou mutilés, Bofa montre des équipages de squelettes ou des noyés tenant commerce au fond de l'océan.
Killing and Dying (Les intrus en VF) révèle les coulisses, les possibilités qu'offre le roman graphique et explore ironiquement la perte, l'ambition créative, l'identité, et les mécanismes familiaux. Avec ce travail, Adrian Tomine (Blonde platine, Scènes d'un mariage imminent) réaffirme sa place, non seulement comme l'un des créateurs de BD parmi les plus reconnus, mais aussi en tant que grande voix de la littérature américaine moderne. Son don pour capter les émotions et son intelligence résonnent ici : le poids de l'amour et de son absence, la fierté et la déception familiales, l'anxiété et l'espoir de vivre au XXIe siècle.Dans six histoires interconnectées, et terriblement drôles, Tomine dessine un portrait silencieux et mouvant de la vie contemporaine. « Amber Sweet » montre l'impact désastreux de la fausse identité dans un monde hyper-connecté ; « Une brève histoire sur une forme d'art plus connue sous le nom d'Hortiscuplture » détaille l'invention et la destruction d'une nouvelle forme d'art en courtes séquences ; « Traduit du japonais », est une vitrine luxuriante et haute en couleur de la narration par l'image ; l'histoire éponyme, « Killing and Dying », aborde la parentalité, la mortalité et l'art du stand-up.Adrian Tomine est un maître du petit mouvement, aussi habile à faire passer les émotions via un changement subtile de l'expression que par l'étirement de paysages colorés. En cela, Adrian Tomine est un digne héritier de Daniel Clowes et de Chris Ware. Le patchwork de Killing and Dying en fait un chefd'oeuvre tendu et réaliste.
À l'été 1982, se mettant lui-même au défi de produire plus de pages, Chester Brown improvise des histoires. Sa compagne l'encourage à publier ces planches sous forme de fanzine. le premier numéro de Yummy Fur paraît en juillet 1983. C'est dans ces pages que naît Ed, personnage lunaire et naïf, entre Harry langdon et Little Orphan Annie.Ce clown malchanceux subit les pires indignités. Il est enfoui sous une montagne de merde, voit son gland remplacé par la tête d'un Ronald Reagan improbable .. .Ses aventures mêlent macabre et scatologie, horreur et science-fiction, sexe et religion, fiction et autobiographie. Brown fait feu de tout bois, adopte l'imagerie catholique, tout en ridiculisant l'homophobie et mettant en scène vampires et savants fous. Sans surprise, son refus de l'autocensure lui vaut d'être accusé de perpétuer des stéréotypes racistes ou sexistes. Le livre est en réalité un véritable OVNI, burlesque, jouissif et profondément dérangeant.En 1989, Chester retravaille ce seriai déjanté pour le transformer en «roman graphique ». Puis il le modifie à nouveau en 2005 et en 2012 pour aboutir à cette version définitive qui, grâce à ses notes inédites donne un extraordinaire aperçu du processus créatif de l'auteur.Ed the happy clown ne sera pas le Tintin de Chester Brown, qui l'abandonne à son sort et met en avant Josie et Chet, les amants tragiques, dont la fin révèle soudain un univers plus proche des Louvin Brothers que de Charles Schulz.
Alerte ! Enid et Becky, les enfants terribles de Daniel Clowes, sont de retour ! Et elles n'ont pas perdu une once de cynisme.Enfin ! Le temps est venu pour Ghost world de rejoindre le catalogue Cornélius, auprès du reste de la progéniture de Daniel Clowes (David Boring, Wilson, Mister wonderful), le grand peintre de la cruelle banalité de la vie quotidienne.Près de vingt ans après sa première parution chez Fantagraphics Books, Ghost world, dont les héroïnes ont toujours la peau grasse, est LE roman graphique emblématique de l'adolescence désabusée. Clowes s'immisce dans la vie d'Enid et Becky, à cet âge ingrat qu'elles sont prêtes à quitter, non sans regrets inavoués.En retraçant l'été des deux amies jusqu'ici inséparables - mais cela ne saurait durer - Ghost world évoque leur petite existence minable, dans un bled tout aussi minable du fin fond des États-Unis.Enid Coleslaw (mais ?! c'est l'anagramme de Daniel Clowes !) et Rebecca Doppelmeyer posent un regard glacial sur le monde et les adultes qui le peuplent, à commencer par leurs parents, qui ne sont pour elles que des enveloppes charnelles sans convictions à qui elles désespèrent de ressembler un jour. Va pourtant se poser la question, à l'issue du récit, de savoir ce qu'il adviendra de leur vie désormais.Une fois encore, Daniel Clowes crache au visage de l'Amérique conformiste et propose sa vision d'un « monde de fantômes » vide de sens, où des étincelles de beauté peuvent naître là où on ne les attend pas.
Né en 1932, Jacques Lob se lance dans une carrière de dessinateur en 1956, sans avoir fait d'études. Il vivote de petits boulots alimentaires et vend dessins d'humour ou de science-fiction.En 1960, il est de la première équipe de HaraKiri. Sur les conseils de Remo Forlani il va voir Jean-Michel Charlier, de Pilote, qui le pousse à se consacrer au scénario. Lob collabore à Pilote jusqu'en 1988, mais aussi à Vaillant, Tintinet Spirou, où il scénarise deux aventures de Jerry Spring pour Jijé.C'est en travaillant pour Chouchou de Daniel Filipacchi, qu'il rencontre Georges Pichard, avec qui il réalise, de 1969 à )985, un pastiche de roman populaire, Blanche Epiphanie. Son nom figure au sommaire de toutes I~s revues dites adultes, de Charlie Mensuel à L'Echo des Savanes, en passant par Métal Hurlant, Circus ou Fluide Glacial. Il y scénarise pour Mandryka, Daniel Goossens, Ted Benoît, Jean-Claude Forest et bien d'autres.En 1972, il crée, avec Marcel Gotlib, le personnage de Superdupont. Puis il écrit, pour Alexis, Le Transperceneige, histoire d'un « train perpétuel» traversant un monde figé sous une carapace de glace. Lob revient au dessin, parodiant science-fiction et super-héros avec L'Homme au landau (197), Roger Fringant (1976) et Batmax (1981). En 1986, le Grand Prix de la ville d'Angoulême salue ce scénariste polyvalent et prolifique.Jacques Lob meurt en 1990. Depuis 2004, un prix portant son nom récompense un scénariste de bande dessinée pour l'ensemble de son oeuvre.