Les Ogres ont 20 ans ! Mais plutôt que de succomber à l'exercice paresseux de la simple compilation, ils présentent un nouveau disque. Et ils l'ont envisagé comme un reflet de vingt ans de chansons, comme un manifeste, en somme, de cette conception singulière de la chanson française qu'ils défendent sans faiblir : décloisonnée et ouverte sur le monde, qu'elle se fasse « classique » ou métissée, acoustique ou électrique, clin d'oeil aux glorieux anciens ou directement en prise avec les sonorités du nouveau millénaire, poétique ou survoltée, amoureuse ou contestataire [cf. ce titre explicite], pour les petits ou pour les grands ou pour les deux à la fois... Et à leur habitude, eux qui ne conçoivent la musique que dans l'échange, ils y ont convié des amis [Lo'Jo, Têtes Raides et la fanfare Eyo'nlé].
Semtazone a su mettre à profit ses rencontres, ses expériences. Sa musique se fait plus mûre, plus affirmée, plus rock aussi. Celle ci a su se démarquer des influences, des raccourcis, des étiquettes, sans pour autant renier les instruments qui font la couleur de Semtazone. Et cela se ressent sur ce disque live ! 60000 kilomètres, 120 concerts, 18 mois de tournée, 10 concerts enregistrés, 10 jours de mixage, des heures et des heures d'écoute, 12 morceaux sélectionnés, pour en arriver à deux mots et pas des moindres : Trafic Intense. Les guitares hurlantes savent se faire douces et accompagner le chant de Sara. Violoncelle, saxophones et flûtes ne sont pas en reste quand il s'agit de monter en puissance. Chez Semtazone, la chanson et le rock font bon ménage. Et c'est cela que l'on retrouve sur Trafic Intense, de la chanson avec du rock autour, de la douceur et de la violence, tout ce qui fait le style de Semtazone.
: Grognements, frottements, mélancolie, fureur et fête, c'est une histoire de voyages et de Rock'n'roll qui nous est racontée sur « Tamboo », le 2ème album des brestois d'Electric Bazar cie. Dans ce disque, le groupe recycle les influences croisées sur les routes (plus de 400 concerts dans toute l'Europe en 5 ans) pour en tirer, en vrac, un Blues balkanique, un Tango rock ou du psycho musette. C'est de ces mélanges que surgit la cohérence de l'album : quand la guitare saturée et la voix rauque nous entraînent du côté des crossroads états-uniens, l'accordéon et le violon galopants viennent nous rappeler qu'à l'est de l'Europe aussi, on sait mêler fête et mélancolie.Que le groupe s'amuse à reprendre un morceau musette enregistré par Jo Privat (Tamboo), il le transforme en rock vaudou et frénétique. Les textes, en français ou anglais, reflètent l'éclectisme du groupe qui revendique autant l'héritage de Tom Waits que du Taraf de Haidouks. Tel un petit cirque, plus proche de la monstrueuse parade des Freaks de Ted Browning que du cirque de Moscou, Electric Bazar cie fonctionne en marge des industries musicales et nous sert sur Tamboo une musique vivante et libre, unique sur la scène rock française.
Il restait encore au 20ème siècle près de dix ans à vivre quand Assoiffés commença, à exprimer sa révolte au son d'un ska punk qui, rapidement, ferait école. Pourtant, à la manière d'un Didier Wampas, ce groupe de la banlieue nord de Paris n'a jamais envisagé la musique comme un métier, d'où sa relative anorexie en terme de production discographique, tandis qu'il se bâtissait parallèlement une solide et enviée réputation scénique. Cette Soirée mondaine, quatrième album seulement, les Assoiff' ont ainsi pris une nouvelle fois le temps de la préparer : un chanteur en remplaçant un autre, des musiciens s'emparant également du micro, des soufflants prenant la relève de certains anciens, des potes s'exprimant de la plume ou des pinceaux, voire s'invitant carrément sur leur propre morceau [Fredo des Ogres de Barback sur Peuple du moment ], un percussionniste s'attribuant le numéro 11 de l'équipe. Il en ressort un disque riche d'influences et de styles plus variés que précédemment, toujours énergique mais mieux canalisé, où les textes naviguent allègrement, comme une marque de fabrique, entre engagement et déconne, gravité et légèreté. Un album de quadragénaires qui ne tendent, comme à l'origine, qu'à prendre du plaisir. Et qui, par ricochet, en donnent. Naturellement.