L'Espignole est le nom de la rivière de Baudoin, dans son pays, vers le Chemin de Saint-Jean. Baudoin rend hommage à sa manière à ce cours d'eau qui l'a vu grandir. Ce petit livre est donc un complément au Chemin de Saint-Jean, pour continuer à y rêver un peu.
Entre 2002 et 2008, Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive ont publié six volumes d'Une demi-douzaine d'elles dans la Collection Mimolette, signant ensemble, non seulement un des travaux de bande dessinée les plus manifestes concernant l'émergence d'une bande dessinée féminine, mais bien plus encore, une des chroniques les plus remarquables et les plus sensibles sur nos années 2000.Armelle Naive, Marine Sex, Michèle Roman, Véra Haine, Ugoline Saine et Isab Abus forment une galerie de personnages (dont les chemins s'entrecroisent) qui ne s'oublient pas, grâce au talent d'observation d'Anne Baraou et à la délicatesse graphique de Fanny Dalle-Rive. De l'adolescence à la quarantaine difficile, le tableau de l'époque est complet et parfait. Un Monovolume s'imposait donc pour donner à cette oeuvre sa dimension définitive. Des saynètes intercalaires inédites viendront agrémenter cette Ciboulette, futur classique du catalogue de L'Association. Anne Baraou est membre de l'OuBaPo et scénariste de plusieurs séries chez divers éditeurs (Les Ostings avec Sardon chez Delcourt, etc.), Fanny Dalle-Rive réalise des travaux pour la presse (Causette) et a dessiné les pages de Coucouta (scénarisées par Capron) dans la revue Ferraille.
Jochen Gerner, arpenteur hors-pair de la bande dessinée et de ses marges, réunit ici un collectif d’artistes inhabituel pour un Lapin qui ne ressemblera à aucun autre.Bettina Henni, Vanessa Dziuba, Kitty Crowther, David Poullard : tous ont en commun d’avoir une pratique artistique en dehors de la bande dessinée. Plasticiens, typographes, auteur de livres pour enfants, ils pratiquent ici, sous l’égide de Jochen Gerner, un art de la bande dessinée qui leur est personnel, et qui entre en résonance avec leur parcours.Alliés à quelques franc-tireurs de talent tels que Simon Roussin et Gala Vanson, ce numéro propose un parcours entre ville et forêt, entre abstraction et figuration, qui recèle de trésors et d’images à explorer.L’ensemble définit un atlas, une cartographie de la bande dessinée et de ses marges graphiques, que Jochen Gerner, a composé avec un soin et une science qui n’appartient qu’à lui.Avec les participations de : Laurent Cilluffo, Kitty Crowther, Aurélien Débat, Vanessa Dziuba, Jochen Gerner, Bettina Henni, Laurence Lagier, Kévin Lucbert, Nicolas Nadé, David Poullard, Mathieu Renard, Simon Roussin, Gala Vanson & Mehdi Zannad.
On avait depuis longtemps repéré le talent de l'Italien Matticchio, dont un recueil de bandesdessinées est paru au Seuil. Mais c'est par hasard que L'Association a découvert La Trilogia delSignor Ahi : chez son imprimeur à Milan. Ce fut un coup de foudre pour cette suite narrative de dessins illustrés poétiques, quelque part entre Edward Gorey et les Residents.
Lewis fait un carnet, alors je fais pareil. Rien de plus simple pour expliquer la présence de Joann Sfar dans la collectionCÔTELETTE. Si ce n'est que lui, base tout son carnet (ou presque) sur son apprentissage, aussi dilettante que cocasse, de… l'harmonica. On n’imaginait pas alors où nous mèneraient les débuts autobiographiques de Joann Sfar.
Avec Famille royale, Ruppert et Mulot reviennent avec une histoire au substrat psychanalytique où Eros et Thanatos s'immiscent dans l'univers feutré des têtes couronnées.Une princesse danoise délaissée par son prince, profite de son passage à Paris pour consulter, avec son amant qui ne la délaisse pas moins, un célèbre sexologue. On ne tarde pas à découvrir que le sexologue et l'amant sont de mèche pour se faire offrir par la riche princesse, pistolet incrusté de diamants et autre canne en or sertie d'émeraudes, autant d'accessoires ostentatoires et suggestifs qui donnent le ton de l'analyse entreprise par le couple. Mais bientôt l'irruption vaudevillesque du prince en pleine séance met brutalement fin à la thérapie. S'ensuivront prises d'otage, meurtres, kidnapping et se mêleront à cette histoire un bijoutier installé dans un théâtre qui veut faire régler ses factures, une jeune princesse aux pouvoirs étranges, une ribambelle de danseuses, tout cela sous la vigilance de la police secrète royale.Dans ce récit où le sexe et l'argent sont les ressorts d'une intrigue fantasmagorique, Ruppert et Mulot font de cette famille royale tenaillée par les conventions, des héros de la transgression. Tout est mise en scène, métaphore et symbole, et le lecteur goûtera aussi bien l'humour corrosif du duo que son sens des compositions qui lui est si caractéristique.
Une plongée angoissante dans un monde instable et énigmatique.Léo Quiévreux et JM Bertoyas, auteurs à L'Association, de : Agents dormants et Ducon, mêlent leurs univers dérangeants faits de romans noirs, de BD de gare et de collages.Sphinx Song s'attache à relater une intrigue complexe, sans en donner toutes les clés, pour mieux déstabiliser le lecteur.
Edmond Baudoin est un grand portraitiste.Son livre Le Portrait est un des livres phares de sa bibliographie. Ces dernières années, dans Viva la vida puis Le Goût de la terre, en compagnie de Troubs, il est allé dessiner les gens au Mexique, puis en Colombie. Faire un portrait, c'est pour Baudoin l'occasion de parler et d'écouter, c'est un bavard à grandes oreilles.En séance de dédicaces, il est debout (il dessine toujours debout), en train de parler, parler, en regardant son lecteur, son auditeur, son interlocuteur, en même temps que son dessin, ce doit être peu ou prou la même chose. Baudoin aime les gens, il ne fait pas semblant. Que ce soit en Amérique du Sud, ou en Bourgogne, dans cette petite ville de Clamecy. Mais il n'aime pas n'importe qui, pas n'importe comment, c'est toujours, in fine, pour nous parler de politique. Eh oui : ça se fait encore.Dans cette ancienne capitale du bois de flottage, plus de 3 000 républicains ont défendu la IIe République lors du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. Baudoin a réalisé 44 portraits de gens de Clamecy dans les cafés, les marchés, la librairie, en essayant de voir un peu ce qu'il reste de tout cela aujourd'hui.Précédé par De barricades en barricades de l'historien Thomas Bouchet, le récit est coécrit avec la réalisatrice Mireille Hannon, à partir de documents historiques, il nous raconte cette période de résistance.
Avertissement : cet ouvrage est le résultat d'une commande passée à l'Association.Quatre auteurs ont été choisis pour réaliser quatre reportages en bande dessinée sur l'Egypte contemporaine, à travers quatre lieux différents : Golo au Caire, où il réside, Baudoin à Alexandrie (juin 1997), David B dans l'oasis de Siwa (septembre 1997), et J.C. Menu à Louxor (novembre 1997).
Ce livre en quadrichromie sera comme un tout petit frère au M le Magicien puisque les aventures du Vermetto (le petit ver) datent de la même période, à savoir la fin des années 1960. A la différence près que ces pages ne sont jamais parues en France. On y retrouvera le même goût pour l'absurde que dans M le Magicien ainsi que certains personnages en commun, comme la fleur, le champignon et le caméléon...
Janvier 1855,Gérard de Nerval est retrouvé pendu aux grilles d'une bouche d'égout. Cette fin tragique aux allures de suicide mal maquillé, a éveillé les soupçons des plus hautes instances. Une brigade littéraire est créée pour enquêter. Les années pas-sent et les agressions, tentatives d'assassinats et notamment les coups de couteau se multiplient aux quatre coins de la France à l'encontre des gens de lettres : Luc Dietrich, René Char, Antonin Artaud.Janvier 1938, c'est au tour de Samuel Beckett d'être sauvagement poignardé, le laissant gravement blessé avec un poumon perforé. La brigade littéraire se rend à son chevet et reprend du service. Pourquoi les lames s'acharnent-elles dans les chairs des meilleures plumes ? Qui sont ces agresseurs anonymes qui disparaissent sans laisser de traces. Hasards, fatalité, complot. Quel sens donner à ce puzzle macabre ?David B. réécrit l'histoire littéraire du début du XXème siècle sur fond de roman noir en explorant les recoins de biographies ignorés des Lagarde et Michard. Hanté par la littérature et les écrivains, le Mon Lapin de David B. est une arborescence de plus à son univers. Dessiné à quatre mains avec Andrea Bruno (connu pour sa collabora-tion à la revue italienne Canicola et ses ouvrages publiés aux Éditions Rackham), les deux dessinateurs se partagent en quinconce, les pages, les cases, dans un va et vient qui rend d'autant plus ténébreuse cette enquête policière.
Avec ce texte, Pacôme Thiellement (qui animait la revue Réciproquement il y a une quinzaine d'années, et a suivi toute l'évolution de Mattt Konture) nous propose un essai mettant toutes les facettes de l'oeuvre de Mattt Konture dans une perspective résolument poétique, ainsi que politique. Le premier essai biographique sur l'un des cofondateurs de L'Association, arrive à point nommé pour la Collection Éprouvette.
Cette édition reprend les trois volumes que Fabio Viscogliosi avait publié au Seuil entre 1995 et 1998 : 'L' Oeil du chat', 'Du plomb dans l'aile' et 'Morte saison pour les poissons'. Silhouette filiforme, le chat en perpétuelle dérive, à la recherche d'un repas ou aux prises avec la police, évolue comme un hiéroglyphe dans un univers graphique minimaliste dont Fabio Viscogliosi tire le plus grand parti.
Déjà le cinquième volume de la Demi-douzaine d'elles. Leur galerie de portraits prend sûrement forme, saisissant notre époque avec finesse et acuité comme peu de bandes dessinées le font. Ugoline Saine est assurément le titre le plus autobiographique de Baraou. Huit-clos angoissant à la maternité pour scénario catastrophe : avoir un bébé.
Exercice délicat que celui de la dédicace, le trop rare Masse s'y prêta pourtant volontiers lors du précédent Festival d'Angoulême. Dans La Dernière Séance, il inventorie une partie des rencontres et des petits miquets prodigués pendant la manifestation.L'auteur de On m'appelle l'avalanche et de Elle esquisse ici sans vergogne son lectorat et dresse ainsi un portrait acide des fans de bande dessinée.Rassurez-vous, on connait l'affection de Masse pour la gouaille et la dérision.
Avec Histoires à emporter, José Parrondo détourne savamment la forme du conte et fait de la formule consacrée il était une fois une ritournelle pour mettre en scène un cortège d'histoires qui sont leurs propres personnages. Les saynètes se succèdent alors en un subtil jeu de miroir qui guide la lecture. C'est tout à la fois, l'histoire des histoires, des histoires dans l'histoire et des histoires qui font l'histoire. Des histoires à venir, passées, qui se répondent, qui se croisent ou se mordent la queue.
Ce Patte de Mouche montre le retour de l'univers du Livre du Mont-Vérité de JC Menu. Réalisé lors des 24 h de la bande dessinée à la Maison des Auteurs d'Angoulême en janvier 2008, ce récit utilise la contrainte commune à tous les participants de la performance : inclure une réunion de famille en page 12. Du coup, Menu en a profité pour développer la question de l'origine des Moines du Mont-Vérité : ont-ils des origines biologiques communes ?
Quelle est exactement cette rumeur selon laquelle Lewis Trondheim arrêterait de dessiner? On en saura peut-être plus avec Désoeuvré, qui comme son titre l'indique, est le livre qui vient après la décision de ne plus faire de livres, et qui vient plus ou moins l'expliquer. En effet on y comprendra que pour Trondheim, personne ne vieillit plus mal qu'un auteur de bande dessinée. Il s'en explique dans ce premier volume de la collection ÉPROUVETTE, et on ne s'étonnera pas, avec un sujet pareil, de ne pas trouverde dessin en couverture.
Re-découvrez Bleu de Lewis Trondheim publié dans notre toute nouvelle collection, la collection PATTE D'EPH. Ceux qui aiment être surpris par Lewis Trondheim ne seront pas déçus par cet exercice de style... Cette bande dessinée muette, «abstraite» puisque sans formes figuratives reconnaissable et donc oubapienne, renoue avec le radicalisme expérimental du Dormeur. Un livre-objet, en quadrichromie, ce qui est la moindre des choses pour un livre dont le titre est Bleu.
Pour son troisième numéro, l'Eprouvette tente de synthétiser ce qui a été mis en oeuvre dans les deux premiers numéros. On reviend sur les origines de l'ultracritique en publiant un entretien avec Bruno Lecigne, animateur de Controverse en 1985-86 et on réédite son texte fondamental De la Confusion des Langages. On poursui le travail de l'érosion progressive des frontières en se penchant sur le talent de Stéphane Blanquet en allant voir avec Christian Rosset le célèbre peintre Jan Voss, dont l'oeuvre n'est pas sans lien avec la bande dessinée. Etc, etc.
Le milieu de la Peinture et une trame policière fournissent à Ruppert & Mulot le prétexte à une réflexion sur l'Art et le simulacre, et à un questionnement sur la spécificité du médium Bande Dessinée. Tout au long du livre, de longues scènes d'action muettes alternent avec des passages statiques de dialogues entre les protagonistes et un instructeur judiciaire.Cette histoire de tableaux, de détectives et d'adultère est donc avant tout une question de style, chaque nouveau livre étant l'occasion pour Ruppert & Mulot de repousser les limites du genre.
Voyant sa maison s’engloutir dans le sol, Frank va se retrouver à accomplir un étrange travail d’usine pour en payer la reconstruction, puis subir une longue dérive, subaquatique ou souterraine, faite de métamorphoses et de menaces en tous genres. Cinquième volume de Frank à paraître à L’Association, Le Congrès des Bêtes montre une fois de plus l’aptitude de Jim Woodring à concrétiser son univers imaginaire et hallucinatoire, “cadeau énigmatique d’un homme à un monde énigmatique”, selon les termes de Francis Ford Coppola (préface à Frank 2).
Avec Pornographie et suicide, Nicolas Mahler continue son exploration de la vie artistique et de ses incongruités. Confronté malgré lui à des personnes âgées, des étudiants en théâtre ou au conservateur du musée Playboy, l'auteur se fait une joie de nous démontrer l'absurdité avec laquelle les uns et les autres se comportent face à l'Art (avec une affection particulière, il est vrai, pour les fans de cosplay et les membres de jury).Un nouveau recueil qui trouve très naturellement sa place dans la collection Éprouvette, aux côtés des livres consacrés à la désormais célèbre madame Goldgruber.
26 portraits radiophoniques pour les passagers de la nuit sur France culture.Jochen Ganar. Killoffer. Mathieu Sapin. Pascal Rabaté. Marc-Antoine Mathieu. Edmond Baudoin. Florence Castac. Nina Antico. David B. Benoit Jacques. Baraou et Dalla-riva. Riad Sattouf. Martin Veyron. Nyslo. Ruppert et mulot. Fred. Mandryka. J-C Menu. Sardon. Dominique Goblat. Emmanuel Guibert. Joanna hallgran. José Munoz. Jean-Yves Duhoo. Morvandiau. Le professeur a.
Après Lars Sjunnesson et Max Andersson, L'Association poursuit dans sa veine scandinave avec la publication de l'anthologie de cet auteur indispensable. Pilier de la revue suédoise Galago, Joakim Pirinen y a développé un univers angoissé, d'une grande richesse graphique, qui a impressionné ses contemporains sans avoir fait l'objet jusqu'ici de traductions à la mesure de son talent. Constamment à la recherche d'une joie de vivre et d'une innocence qui lui font défaut, il soumet la bande dessinée aux plus grandes épreuves, pour donner corps à son mal-être d'humain et de père de famille.
C'est une grande fierté pour L'Association de pouvoir ajouter Marc Caro à l'illustre liste d'auteurs qu'elle aura réédités. Grande influence Underground des années punk et 80, avant de se diriger vers le cinéma avec Jeunet (Délicatessen, La Cité des enfantsperdus), Caro a publié seulement deux livres de Bande Dessinée : Tot en 1981 et In Vitro en 1986 (Dernier Terrain Vague et Hoëbeke). C'est l'intégralité de ces deux livres que L'Association a le plaisir de rééditer sousle titre Contrapunktiques, dans un album cartonné couleur et N & B (façon Java Bleue).
Ceux qui avaient aimé Loin de tout de Philippe Coudray vont être ravis : voici L'Humanaute, qui vient collecter les pages parues dans Psikopat depuis des années. Pour les non-initiés, c'est l'occasion de mettre le pied dans l'étrier de son humour étrange et d'une logique implacable. Les objets d'étude reviennent comme autant d'obsessions : la potentielle vie sur Mars, la vie des bêtes ou les relations avec les femmes. Car l'art de Coudray, c'est avant tout une science. L'art de surprendre, de passer par des chemins détournés passe toujours par une fine analyse des situa-tions, à la manière d'un physicien ou d'un biologiste.
Pour cette nouvelle Ciboulette, Vincent Vanoli a remanié de nombreux courts récits autobiographiques parus dans Lapin depuis 1994, jusqu'à en redessiner certains entièrement. Une histoire inédite complète le recueil, dans laquelle l'auteur accompagne son père dans un retour à son village natal d'Italie. Cette collection d'instantanés brumeux ou lumineux représentent une forme toute en fugacité de pratique de l'autobiographie en Bande Dessinée, et qui évoquent une véritable matière de souvenir. Un livre touchant et indispensable à tout amateur de Vanoli.
Entre janvier 2006 et janvier 2007, La revue L'Éprouvette a été déterminante pour L'Association et a considérablement marqué le paysage de la bande dessinée. Polémique, politique, poétique, cette revue qui s'est affirmée d'avant-garde a tenté, en un minimum de temps, de débroussailler un maximum de problématiques, quitte à fâcher beaucoup de monde. Volontairement sabordée à son n°3, dans la grande tradition de l'autodissolution des avant-gardes, L'Éprouvette a totalisé en un an 1284 pages, dans un champ laissé depuis quasiment désert : la réflexion critique autour de la bande dessinée.
En terrasse d'un bar au serveur peu amène, habitués, touristes et passants se succèdent et se croisent. Tour de France, élections primaires et présidentielles, rentrée scolaire, sortie d'un nouveau téléphone, festival de Cannes, hygiène de vie, attentats, lutte des classes, expos, mais aussi simples anecdotes du quotidien sont autant de sujets de conversation et de prétextes pour des saynettes absurdes et décalées. Initialement publié dans la matinale du Monde, En terrasse nous invite à observer, à travers le regard ironique et élégant de François Ayroles, un monde dans lequel l'âge n'est plus un gage de sagesse, la fonction n'induit plus la légitimité, où le facultatif devient priorité, et l'évidence incongrue.
Quand j'ai eu dix-huit ans, Uncle Sam m'a dit qu'il aimerait bien mettre un uniforme sur mon dos pour aller combattre un gars qui s'appelait Adolf. Ce que j'ai fait. Les souvenirs d'Alan Ingram Cope retranscrits en BD nous montrent une guerre à mille lieux des images hollywoodiennes : entre réalisme scrupuleux et abstraction graphique, Emmanuel Guibert dépeint dans toute sa matérialité et sa véracité cette guerre qu'il n'a pas vécu. Dans le second des trois volets qui composeront La Guerre d'Alan, Alan débarque en Normandie le 19 février 1945, le jour de ses vingt ans. Avec son unité de chars, il va traverser l'Allemagne dévastée et ira jusqu'en Tchécoslovaquie en mission semi-secrète d'éclaireur.
Ce livre forme le recueil des 6 Comix de Pascin parus dans la Collection MIMOLETTE. La biographie imaginaire du peintre Julius Pinkas est pour Sfar le moyen idéal de développer les thèmes de la création artistique, de l'amouret du sexe, dans le Montparnasse des années 1920, transcendé dans sa Bohème misérable et sublime. Le dessin de Sfar n'a jamais été aussi vivant et habité, les dialogues sont d'anthologie: il était temps que ce chef-d'œuvre trouve sa forme définitive au sein du catalogue de L’ASSOCIATION.La totalité des épisodes est en outre parue en six volumes dans la Collection MIMOLETTE de L'ASSOCIATION entre 2000 et 2001.
Encore un événement dont on peut se réjouir : une deuxième Mimolette de Willem, tout aussi jubilatoire et corrosive que Coeur de chien, paru en 2004. Quatre courts feuilletons publiés dans Charlie Hebdoces dernières années en forment le sommaire : Le Prix du poisson ;Passion postale ; Prostitution zéro ; Amour en catastrophe. À son habitude, Willem nous explique la géopolitique internationale mieux que personne : poissons recherchés pour leur vertus aphrodisiaques, armateurs véreux, pirates, guerres, prostitution venue de l'Est, flics corrompus, maîtres-nageurs altermondialistes constituent le théâtre du pitoyable monde vu par Willem : merde, c'est le nôtre !
Les Fins du monde inaugure avec la nouvelle édition de Bleu, la toute nouvelle collection de L'Association « PATTE D'EPH ». Ces courts récits publiés en 2007 dans le magazine Spirou vous feront entrer dans la folie de professeurs illuminés dont le but ultime est l'anéantissement de l'espèce humaine. Trou noir psychique, gaz mortel, expanseur d'A.D.N. Les scénarios insensés s'enchaînent, se croisent et s'entremêlent donnant naissance à de drôles de monstres. Boris, héros ordinaire, tente désespérément de sauver le sort de l'humanité coincé entre deux professeurs hystériques qui ne manquent pas d'imagination pour « anéantir notre race stupide et médiocre ».
Quelque part dans un pays lointain, deux hommes errent sur les plages en quête d'amis ou de tranquillité. Après avoir dégoté un bateau dans de louches condi-tions, ils embarquent pour une croisière à la dérive, pleine de créatures surpre-nantes, d'angoisses et de splendeurs au milieu d'une mer sombre et agitée.Ce voyage, entamé pourtromper l'ennui, les amènent à accoster en des terres hostiles, peuplées tantôt de sirènes, d'Ostraciens ou de touristes. Ils doivent lutter avec des Visigres, monstres marins « parfaitement identifiables à leurs poils sous les bras », ou des naufrageurs sauvages. Leurs rêves de gloire se brisent sur un brutal retour à la réalité, qui inaugure encore de nouveaux songes.
Le Mon Lapin de Killoffer se passera entièrement dans les bois, aura pour décor une mystérieuse et labyrin-thique forêt du fond de laquelle peut surgir quelque chose à chaque instant, dans laquelle se cache un loup derrière chaque arbre. Une série de collaborations sur tous les modes, décors/personnages, ping-pong, enchevêtre-ment, etc. Killoffer avec plein d'autres auteurs, Killoffer partout et partout mais autre chose que Killoffer.Ont répondu présent ! : Ruppert et Mulot, Sébastien Lu-mineau, Morgan Navarro, Jean-Yves Duhoo, Laurent André, et Ludovic Debeurme.
'Association a décidé de saluer l'élection de Philippe Dupuy et Charles Berberian à la Présidence des Grand Prix d'Angoulême 2008 en publiant une édition spéciale de leur oeuvre maîtresse publiée à L'Association, le Journal d'un album. Paru fin 1994, le Journal d'un album, racontant les déboires de l'un des albums de la série Monsieur Jean aux Humanoïdes Associés, réunissait pour lapremière fois des planches de Berberian et de Dupuy séparément, et devenait d'emblée l'un des classiques du catalogue de L'Association et de la voie autobiographique naissante. La présente édition, cartonnée, sous couverture différente et en quadri, au tirage limité et numéroté à 999 exemplaires, comporte en sus 32 pages d'esquisses contemporaines de l'ouvrage.
Nom d'une coupe menstruelle ! Par la Sainte Chlamydia ! C'est quoi ce bordel ? Depuis quand une autrice de bande dessinée peut montrer des meufs poils des jambes à l'air et seins apparents qui parlent de sodomie, comparent leurs godes et se moquent du yoga ? Toujours dans l'air du temps, et intéressée par la chose, Nine Antico nous brosse le portrait en huis-clos d'une bande de gonzesses sérieusement décomplexées, et nous agite sous le nez la vraie nature des filles, qui pour de vrai pètent, se droguent, parlent librement de leur corps et en rigolent. Le trait d'habitude vintage de Nine Antico se modernise dans Maléfiques de couleurs trash à l'image de ses heroïnes, résolument anti girly.
Pour ce cinquième numéro de Mon Lapin, Lisa Mandel a réuni les auteurs avec qui elle partage son atelier, la Villa du Lavoir. On y retrouve : Ruppert & Mulot, Claire Braud, Charles Berberian, Aude Picault et d'autres nouveaux venus dans le catalogue de L'Association : Jérémy Piningre, Vincent Pianina, Léon Maret ou encore Astrid de La Chapelle.Ils se sont livrés à une sorte de cadavre exquis morbide en dessinant à 4 ou 6 mains un véritable petit jeu de massacre entre amis. Les morts se succèdent aux morts, les cadavres tombent dans les bras de leurs bourreaux, qui, las, ne se méfient jamais assez de leurs voisins d'atelier...
Roland, dans le quartier, tout le monde le connaît. C'est un drôle de bonhomme, ce petit vieux-là. On l'a surnommé Le Shérif à cause de son chapeau de cow-boy. Sa vie, elle est réglée comme du papier à musique : levé avant le soleil, une petite visite au poulailler, son «harem», et puis il dépose sa soeur, folle et handicapée, sous la grange, et enfin il enfourche Pégase, sa fidèle bicyclette, direction le bistrot avec ses oeufs frais. C'est là qu'on le retrouve, pour boire quelques petits cafés bien mouillés avant de poursuivre la journée, ponctuée de ripailles, de ballons de blanc, et surtout de bons copains, comme lui des retraités et des chômeurs, qui fanfaronnent et débattent sur des sujets aussi fondamentaux que l'omelette, les tomates, ou le rythme des pigeons.
Il n'y a qu'un seul Tampographe. C'est une des particularités de cette profession. C'est comme pour le Pape, ou le Père Noël, ou le Monstre du Loch Ness. Il n'y a qu'un seul poste à pourvoir.Vincent Sardon est tampographe. Il crée des tampons et il rouspète. C'est ce qu'il fait de mieux. Ses tampons sont des jeux graphiques qui renouvellent de fond en comble le genre moribond et ringard de la gravure, ses poussées de haine sont le prétexte à des textes autobiographiques hilarants qui traitent de la vie d'artiste en milieu hostile.L'Association a la fierté d'annoncer qu'elle publiera en janvier le journal de création du Tampographe Sardon, qui raconte quatre années de production artistique, de mauvaises vibrations et de vie d'atelier avec : tous ses tampons créés depuis 2007, ses billets d'humeur, et son blog.
« Il y a l'univers, et puis la Main ».La Main est faite d'une paume, d'un dos, de cinq doigts.Si les quatre lettres qui composent son nom s'ouvrent d'une majuscule, c'est qu'il ne s'agit pas d'une main banale, prolongation ordinaire du bras d'un corps plus vaste. La Main est autonome, et souvent solitaire. Elle aimerait avoir des amis. Elle peut se rêver autre. Elle n'est ni droite ni gauche, parfois agile, souvent maladroite.Bravant sa timidité, elle explore le monde qui l'entoure et quand elle rencontre son double, c'est pour mieux se reconnaître.Alternant les techniques, trait et pochoir, José Parrondo utilise ici son propre outil de travail comme personnage à part entière et poursuit de son esprit minimaliste et poétique sa quête de l'absurdité du quotidien.
Dans Les Amis (2008), François Ayroles mettait à rude épreuve l'amitié. N'en ayant pas fini avec les bons sentiments, il règle désormais ses comptes avec l'amour.Si L'Amour sans peine prend bien l'amour pour sujet, point de peines de coeur car il n'y a pas plus d'histoires d'amour que d'amoureux. Et l'amour est en fait l'arlésienne qui occupe une galerie de personnages, qu'ils l'attendent, le cherchent, ou au contraire qu'ils s'en méfient et s'en détournent, ils n'ont de cesse de gloser sur ce sentiment qui nous traverse tous.À force de saynètes grotesques ou absurdes mais toujours drôles, François Ayroles révèle avec l'humour flegmatique qu'on lui connaît, toute la subtilité des petites faiblesses et maladresses aux-quelles mène immanquablement ce noble sentiment.
Si c'est déjà un événement en soi pour L'Association d'accueillir en son Catalogue un projet majeur de Benoît Jacques, on ne peut que redoubler de bonheur au vu du chef-d'oeuvre que représente L. C'est en effet un Journal Autobiographique en Bande Dessinée que nous offre ce génial touche-à-tout plutôt habitué à auto-produire fabuleusement ses ouvrages. Entièrement muet, noir, métaphorique, d'une facture graphique qui surprendra ses amateurs, ce Journal a aidé Benoît Jacques à traverser une période personnelle particulièrement difficile.L, c'est donc « elle », ou « elles », c'est le chiffre 50 qui correspond à l'âge de l'Auteur lors de cette période, et c'est l'angle droit que sa vie a emprunté. On est loin ici de l'autobiographie light : par pudeur, les événements y sont évoqués par un cryptage qui déjoue tout voyeurisme et débouche sur une symbolique de l'inconscient aussi surréaliste qu'universelle.
Composé de deux journaux de voyage, dans le village corse de Novella et à Hastings dans le Sussex Anglais, ce nouveau livre de Vanoli renoue avec un exercice auquel il s'était déjà confronté, notamment dans son Brighton report. La méthode est cependant nouvelle pour Vanoli, qui consiste ici en une collecte de matériaux écrits, dessinés et photographiés qui, passés au tamis de la mémoire, recomposeront un récit. Deux îles et deux journaux différents mais qui habitent le même monde : celui de Vanoli, où la matière est toujours traversée d'onirisme, où les êtres humains sont approchés avec délicatesse. Absorber visuellement le paysage et l'oublier. Les deux à la fois.Un travail sur la mémoire, peuplé de récits de vieillards, de ruines, de brocantes et d'antiquaires, de retours.
Deuxième livre d'images de Killoffer à l'Association.À la différence du premier, qui proposait en couverture un titre énigmatique sans autres références, celui-ci se présente sous les auspices d'une composition abstraite et muette, bien en accord avec cet artiste qui refuse opiniâtrement de reproduire...Compilation de deux expositions : Mauvais plis à la galerie Anne Barrault et Charbons au musée de l'abbaye Sainte-Croix aux Sables d'Olonne, Charbons propose une plongée dans l'univers à la fois sombre et scintillant, céleste et souterrain de cet artiste qui cherche le ciel en creusant. Chaque chose se retournant et chaque page se tournant indéfiniment. À la mine de plomb ou au crayon, chaque dessin est comme un joyau tombé au fond d'un trou.À charge pour le spectateur d'inventer un trésor...
Ciudad Juarez, située au nord de l’Etat de Chihuahua au Mexique, connaît depuis deux décennies une criminalité qui l’a rendue tristement célèbre. Une longue série de meurtres et de disparitions de femmes a coloré la ville de manière à la faire classer comme une des plus dangereuses au monde. La façon la plus honnête d’aborder Juarez, pour Baudoin et Troubs, tous deux très familiers du carnet de voyage, était de partir d’une base simple: « Faire le portrait de ceux qui voudront bien, et leur demander : “Quel est votre rêve ?”. Dire la vie dans cette ville où on meurt. » Le récit de ce périple à travers la violence évoque le pire comme le meilleur des relations humaines, à travers une collaboration inédite où les styles de Baudoin et de Troubs se complètent impeccablement.
Lorsque Emmanuel Guibert rencontre Alan I. Cope sur les plages de l'île de Ré, il ne se doute pas qu’il consacrera douze ans de sa vie à cet homme extraordinaire et humble, qui, comme nombre de jeunes américains de son époque, fut enrôlé dans l'armée et traversa l'Europe pour y faire la guerre. Emmanuel Guibert a patiemment enregistré Alan lui racontant son périple, la vie de soldatet les à-côtés de la guerre, loin de la violence des combats. On le suit au gré de ses voyages en France et en Allemagne, de ses rencontres, amicales et littéraires qui auront une influence déterminante sur sa vie d'adulte.En 2009, l'achèvement de La Guerre d'Alan avait été célébré par un grand livre luxueux, désormais épuisé, qui faisait la part belle à la virtuosité du dessinateur. Ce classique de L'Association et de la bande dessinée sort aujourd'hui dans la collection Ciboulette, augmenté d’un cahier photos de vingt pages.
C'est seulement la deuxième fois que cela arrive dans l'histoire de L'Association en vingt ans (après L'Aventure des opposants de Boris Bukulin) : recevoir le manuscrit d'un jeune auteur inconnu et le trouver suffisamment singulier pour l'éditer tel quel. Il s'agit cette fois d'une dessinatrice : Claire Braud. Son Mambo est un ovni, un vrai. On le croirait parfois issu du meilleur de l'ancien Charlie-Mensuel, mais la particularité de ce livre est de ne ressembler à aucune époque. Une fiction débridée comme on n'en a pas lu depuis longtemps, entre les tribulations de Pétula, le pas de côté de l'inspecteur des impôts Bilfond et les tigres qui répondent au téléphone : des scènes d'anthologie, avec un style qui ne rappelle personne d'autre. Claire Braud sort de nulle part, mais à la lecture de Mambo, on sait qu'on va devoir compter avec elle.
Dans ce recueil de 5 histoires, certaines précédemment publiées dans la revue éponyme de Breakdown Press, Joe Kessler dépeint un monde riche en quêtes, en sensations, en surprises. Les couleurs, franches voire flamboyantes, épaulent la narration d'un point de vue subjectif : l'environnement apparaît et disparaît en fonction de ce que vivent les personnages.Les odeurs, la peur, le plaisir, l'urgence sont représentées comme autant d'explosions chromatiques.Lucarne, Windowpane en anglais mêle le récit de l'auteur et la perception de ses protagonistes.Lucarne, c'est aussi la vision depuis une case de bande dessinée. Une narration innovante et envoûtante, qui mérite plusieurs lectures, pour dépasser l'émerveillement esthétique qu'il suscite la première fois.Lauréat en 2017 du prix Audience Award à l'East London Comics & Arts Festival, Joe Kessler vit et travaille en Grande-Bretagne.
Willard Watte est un héros hors du commun, Martin Mollin est un libraire pas très malin. Rien, jusqu'ici, ne les prédisposait à se rencontrer. Sauf, peut-être, une bande dessinée. En effet, Willard n'est pas un justicier comme les autres. Accompagné de sa fine équipe d'experts, il combat le crime et ses aventures sont reproduites et publiées sous forme de feuilletons dessinés. Vengeur cagoulé, sa véritable identité reste mystérieuse et les extrapolations fantaisistes à son sujet vont bon train. À la suite d'une bagarre sur son lieu de travail à laquelle il a assisté, Martin est amené à la base secrète de Willard pour y être interrogé. C'est bien malgré lui qu'il va devenir l'un des protagonistes d'une enquête de son personnage de BD préféré. À l'instar de Gotham City, Capharnaüm est le décor de l'intrigue où le super-vilain Gashinga sème désordre et zizanie.
C'est à la fin des années 1980 que Lewis Trondheim a dessiné les premières planches de Psychanalyse, dans son fanzine ACCI H3319, puis dans l'éphémère mais fondatrice revue Labo. Édité ensuite chez Le Lézard, Psychanalyse s'est vu augmenté en 1992, d'une deuxième partie intitulée Monolinguistes. Après deux rééditions, ce petit opuscule était devenu introuvable. Chef-d'oeuvre du courant minimaliste du début des années 1990, Monolinguistes & Psychanalyse illustre à merveille la force et la radicalité du procédé le plus simple qui soit, l'itération iconique, ou la répétition d'une même case tout au long de l'album.À rebours total de l'esprit de l'époque, Lewis Trondheim y affirmait ainsi qu'il n'est plus besoin d'être un virtuose du dessin pour s'imposer comme un auteur de bande dessinée : le talent et l'audace suffisent.
Si l'annonce d'un livre de Pakito Bolino est un événement en soi, la véritable surprise est qu'il s'agit d'un véritable album de bande dessinée. Certes, il s'agit d'une sorte d'ectoplasme de bande dessinée d'aventures de série Z, dans sa version originale faite d'un mélange d'anglais dégénéré et d'onomatopées japonaises ; bien sûr il s'agit d'un travail de détournement d'un immense corpus d'éléments graphiques de toutes natures, mais cette base est absolument redessinée, en 82 formidables planches au trait rehaussées d'une bichromie jaune. Il ne s'agit pas uniquement d'un magnifique livre-objet hors format : le lecteur pourra lire (en V.O. donc) une quintessence de comics où les savants fous et les espions nazis réacquièrent enfin de leur superbe et de leur pouvoir malfaisant et angoissant. Spermanga est le livre idéal pour réconcilier oubapiens, néo-situationnistes, esthètes et simples fans de BD.
Il était temps que José Parrondo fasse son entrée dans la prestigieuse collection Ciboulette, et il le fait de surcroît en quadrichromie, mais aux crayons de couleur. Nul doute que La Porte constitue l'un de ses travaux en bande dessinée les plus aboutis, et il serait bon que ce livre contribue à mieux faire connaître la personnalité de Parrondo, qui sous ses airs d'enfant sage, est l'un de ceux qui savent le mieux utiliser le langage de la Bande Dessinée pour aborder des contrées aussi rares en ce domaine que la Poésie ou la Philosophie. Le dessin de Parrondo, identifiable au premier coup d'oeil, est extrêmement synthétique, délicat et poétique. La Porte est en effet une sorte de récit initiatique décalé, que le dessin, lié à l'enfance (tant par le style que par la technique) rend d'autant plus effectif : les tribulations de ce personnage inséparable de sa porte nous paraissent dès lors comme autant de réponses à des énigmes éternelles et informulables.
En 2005, François Ayroles publiait ses 28 moments-clés de l'Histoire de la bande dessinée (Le 9e monde). En 2008, il nous montrait encore son talent de cartoonist dans les Nouveaux moments-clés de l'Histoire de la bande dessinée (Alain Beaulet). Désormais auréolé du titre de meilleur fournisseur de private jokes de l'histoire de l'art séquentiel, il remet ses gants pour nous livrer ses Moments-clés de L'Association.En 44 dessins, François Ayroles dresse un portrait tour à tour tendre et ironique des auteurs majeurs de L'Association. Tout y passe, de la gestation des grands classiques à la découverte des vertus de l'humour autrichien ou finlandais, sans oublier les affres du succès et les joies de la vie associative.Un bon moyen de se remémorer plus de vingt années d'édition et de bande dessinée, en compagnie de l'humour mordant et absurde de François Ayroles.
Parfaitement adapté à la collection Côtelette, Hard West va permettre de découvrir l'autre face du génie finlandais Matti Hagelberg. Pas de carte à gratter ici, mais des pages minimalistes au pinceau, au service de l'un des ouvrages les plus drôles qui a pour sujet la bande dessinée, ou plutôt une forme méconnue de la bande dessinée : le western de gare italien. L'intrigue commence quand un dessinateur finlandais, Mikko Komu, reprend l'un des westerns italiens les plus célèbres, aux aventures duquel se sont succédées des générations de dessinateurs académiques italiens : Calamity Kid. Le livre est presque exclusivement composé des réactions des lecteurs à cet événement souvent jugé comme scandaleux, et le plus souvent en plan fixe. Déjà totalement culte en Finlande, Hard West devrait devenir ici aussi le livre fétiche des amateurs de paraboles insolites liées à la bande dessinée.
En 2003, la Collection Mimolette accueillait Mémoires courtes, la première réussite autobiographique de Thiriet, un des plus anciens compagnons de route de L'Association, plus connu pour ses récits humoristiques chez Fluide Glacial ou Spirou. Si Mémoires courtes développait un patchwork de souvenirs de toutes époques, Les couchettes, deuxième Mimolette autobiographique de Thiriet, se concentre sur une expérience mémorable de l'auteur : son travail de couchettiste dans les wagons-lits franco-italiens à son arrivée à Paris en 1983. Au moyen d'anecdotes aussi nombreuses qu'ahurissantes, Thiriet nous fait partager avec jubilation cette période singulière de son parcours. Les wagons-lits deviennent ainsi un huis-clos de premier choix où le comique peut voisiner l'absurde et l'angoisse. Personne ne prendra plus jamais les trains-couchettes (les professionnels disent les couchettes) sans repenser aux anecdotes de Thiriet.
Rencontre au sommet entre Guy Delisle (fauve d'or en 2012) et Jean Echenoz (prix Médicis en 1983 et Goncourt en 1999).Accordant tous les deux une grande importance à l'environnement et l'atmosphère des lieux dans lesquels ils placent leurs récits, c'est la Corée du Nord, respectivement à travers Pyongyang, et Envoyée spéciale, qui a amené les deux auteurs à se rencontrer. Et c'est à Marseille, pour le Festival Oh les beaux jours ! en 2018, qu'est né le projet Ici ou ailleurs. Guy Delisle propose une promenade au gré des rues citées dans l'oeuvre d'Echenoz, en illustrant de son trait précis et ses gris légers les textes au style réputé minimaliste de l'écrivain.Dans un même mouvement, au travers de la graphie manuelle, les traits de l'écriture rejoignent les traits du dessin. À Paris souvent, mais pas seulement, les décors volontairement déserts évoquent sans les figer les scènes qui s'y déroulent, et permettent au lecteur d'y pénétrer et s'approprier les lieux.
Pourquoi fais-je de la bande dessinée ?... Chez Olivier Josso, cette question récurrente a peu à peu tissé un noeud de frustration, où s'opposent l'incommunicabilité et le désir de dire. Y répondre tient alors de l'urgence, de la réelle nécessité... dont acte : Au travail. Abandonnant la gomme, le crayon à papier et les hachures peaufinées - jusque là, ses garde-fous habituels -, l'auteur se jette à l'encre sans filet et plonge dans les profondeurs de son passé. À la surface du même papier orange sur lequel il dessinait enfant, il fait remonter les manques et les silences, comblés par l'empreinte salutaire de lectures illustrées. Ces dernières font ici figure de tatouages, de madeleines voire de pierres angulaires, qu'il revisite au gré de son histoire personnelle. Et si la plume se lâche, au risque de gratter, c'est pour mieux respirer.Au travail est un jeu de piste et de construction, une quête de sens et d'identité autour de la création en bande dessinée : un vrai hommage à la bande-dessinée.
Auteur à L'Association d'un manuel de canevas qui ne verra sans doute jamais le jour, Moolinex est un dessinateur bien connu des lecteurs des débuts de Ferraille Illustré et du Dernier Cri. Il est depuis devenu incontournable, en exposant une oeuvre polymorphe, faite de points de croix, de tableaux, et des nombreux carnets Art-pute.Ce carnet, reproduit ici dans son intégralité, est issu d'une série réalisée dans l'exiguïté de son appartement HLM poitevin. HLM est la Bible, le codex qu'il manquait pour aborder son oeuvre prolifique. En artiste complet, Moolinex montre ici sa maîtrise de différentes techniques (feutre, collages, gouache) dans des pages aux allures de carnaval, qui voit défiler militaires, super-héros de pacotille et slogans brandis en hommage à la médiocrité banale de l'espèce humaine.Ce «chapelet d'images trempées dans une vulgarité désarmante» comme le rappelle Benoît Decron qui signe la préface, imposera à tous les amateurs d'images la force de ses carambolages furieux.