Judas est un personnage muet, inexpressif et mystérieux qui ressemble en tout et pour tout à un écureuil : de lui on sait seulement qu'il aime beaucoup dessiner. Au fil des ses péripéties, on découvre les multiples facettes de sa personnalité, ses dépendances (aux psychotropes etau travail), ses chutes et ses renaissances. Dans son parcours existentiel en zigzag, il rencontre l'ami Vernel, le Gran Maître qui tout connaît, Micael le moineau fantôme, Christian le crapaud, Jésus-Christ l'éditeur, le louveteau. personnages qui accompagnent Judas dans ses déambulations dans des univers imaginaires tels le Labyrinthe du Faux Bonheur, la Montagne du Grand Maître ou Mimolandia. Dans L'évangile selon Judas, Alberto Vazquez (A Coruña, Espagne, 1980) donne une dimension totalement nouvelle à l'autobiographie en l'affranchissant entièrement du registre réaliste et l'ancrer dans l'allégorie et le symbolisme. Qu'ils traitent de doutes existentielles, tracasseries professionnelles, petits ou grands bonheurs de la vie quotidienne, tous les épisodes de L'évangile selon Judas ont, à l'instar des paraboles, un corps et une âme,le récit lui-même dans son sens naturel, auquel se juxtapose un sens parallèle au premier, se déroulant dans un plan supérieur, qui lui confère sa véritable signification. Le riche et original univers graphique imaginé par Vazquez est très proche de celui d'Alice au pays des merveilles mais aussi des codex médiévaux, du symbolisme de l'alchimie et même des tous premiers dessins animés de Walt Disney. Les toutes premières pages de L'évangile selon Judas ont été réalisées en 2004 et publiées dans Fanzine Enfermo et Stripburger
Dans une ville de province entourée de montagnes et de bois, des disparitions inex-plicables se succèdent à un rythme inquiétant ; la forêt semble engloutir tous ceux qui s'y aventurent. Des recherches sont menées en vain et la psychose gagne peu à peu les habitants. Cassie et Clay débarquent en ville pour reprendre la station de service d'un père qu'ils n'ont pas connu et qui compte parmi les disparus. Ils ne vont pas tarder à se rendre compte que rien ne tourne rond : le chef de la police s'inté-resse plus à ses intérêts immobiliers qu'au sort de ses concitoyens, le collègue de travail de Cassie est narcoleptique et un fantôme apparaît soudainement dans le lit de Clay. Sans s'en apercevoir, Cassie et Clay se retrouvent bientôt au centre de l'intrigue et lèvent peu à peu le voile sur ces mystérieuses disparitions. Ce qu'ils vont découvrir ira bien au delà de tout ce qu'ils pouvaient imaginer.Sean Ford réalise une bande dessinée placée sous le signe du suspense et du mys-tère. Son trait suggère une sensation de danger imminent qui se renouvelle page après page. Par sa parfaite maîtrise de la narration, il entraîne le lecteur dans un récit truffé d'indices et d'allusions sans que l'on ne puisse pour autant jamais deviner ce qui va se passer. Dans la plus pure tradition du « roman noir », Ford renouvelle le genre en y ajoutant une surprenante et heureuse touche fantastique.
Salva et Sulfa, soeurs jumelles, vivent au coeur du bois avec leur mère, Dame Gingembre. Avant de disparaître, cette dernière leur fait une révélation : leur père, qu'elles n'ont jamais connu, ne serait autre que Sam Delta, capitaine d'une péniche qui, jadis, voguait le long de la rivière non loin de chez elles. Abandonnées à leur sort, Salva et Sulfa décident de partir à la recherche de ce mystérieux père. Elles se frayent alors un chemin à travers la forêt luxuriante, peuplée de créatures étranges et de personnages hauts en couleur. Ainsi commencent leurs péripéties ; et elles comprendront bien vite que l'aventure ne sera pas de tout repos ! Les jumelles Delta auront en effet besoin de tout leur courage et de toute leur détermination pour mener à bien leur (en)quête...À travers Les Jumelles Delta, Kati Kovács nous convie dans un univers fantastique qui mêle inventivité narrative et prouesses graphiques. L'auteur met tout son talent et son imagination débordante au service d'un album qui s'apparente à un conte surréaliste et poétique, parfois jubilatoire.Mais sous cette légèreté, elle aborde en filigrane des réflexions bien plus sérieuses et ancrées dans le réel, entre relations familiales et fraternelles complexes et construction d'identité.
Kim Jong-il balance une bombe atomique sur Seattle, pendant que Perry - informaticien de son état - et Gordo, apôtre du retour à la nature, se baladent dans les bois de la région. Perry et Gordo sont plongés dans l'impitoyable lutte pour la vie dans un décor post-apocalyptique digne d'un The Day After dirigé par Claude Zidi ! Au fil des pages, toujours aux prises avec des situations de plus en plus inconfortables, les deux compères glissent inéluctablement de l'instinct primordial de survie à la dépravation, la cruauté et le mal absolu. Ce qui offre la possibilité à leur créateur de disserter sur des thèmes qui vont des valeurs familiales aux relations entre les sexes, de la paranoïa qui imprègne la société contemporaine aux effets dévastants de la diarrhée ; toujours avec l'humour acéré qui est le sien. Sur un rythme moins frénétique et déglingué que dans Hate ou les Bradleys, Bagge focalise son récit sur des considérations philosophiques sur la vie et la mort et se démontre en tout cas beaucoup plus indulgent avec ses personnages, tels Perry, l'everyman totalement désemparé face à des situations extrêmes.Si le récit se fait plus linéaire et fluide, loin des retournements explosifs de la saga de Buddy Bradley, Peter Bagge reste pourtant incapable de dessiner sans nous pousser au fou rire, même dans les circonstances les plus dramatiques. Proche des dernières expériences de Bagge, qui s'est récemment consacré au journalisme politique dans les pages de Reason ou sur suck.com, Apocalypse Nerd témoigne de l'extraordinaire vitalité créative de cet incontournable auteur.
Durant l'été 2017, Fabian Göranson a fait le tour de l'Europe en compagnie de son ami Daniel Berg, désireux de comprendre, au plus près des populations, pourquoi tout un continent semble s'effondrer sous le double poids de la crise migratoire et du chômage grandissant, et pourquoi il se révèle impuissant face à la montée du racisme et de la xénophobie, portés par des mouvements fascisants. De Stockholm à Berlin, de Bruxelles à Nantes ou encore de Marseille à Gênes, le voyageur va à la rencontre d'artistes et d'activistes, de chercheurs et de journalistes, sans jamais oublier de s'immerger dans le flot vital qui parcourt le continent. À Belgrade, il découvre une singulière collection de bâtons témoins ; il a la gueule de bois à Budapest et fait une crise de panique à Rome; à Varsovie, il se retrouve au milieu d'une manifestation violente... Étape après étape, à force d'observation, d'écoute et d'interrogations, Göranson dresse un portait sans fard d'un continent coincé entre un héritage historique lourd à porter et un avenir qui se resserre. Honnête et lucide, mais aussi poétique et ironique, Un rêve d'Europe ébranle nos idées reçues et nos certitudes. Il invite à une remise en question globale sur l'Europe, aujourd'hui plus que jamais nécessaire.
Marv, le protagoniste de Sin City, est cette fois le deuxième rôle, qui épaule Dwight, aux prises avec Ava, prototype de la femme fatale. J'ai tué pour elle est l'épisode de la série qui colle de plus près à la tradition hard boiled. Jolies filles, belles voitures, une atmosphère de danger immédiat... J'ai tué pour elle se situe chronologiquement avant Sin City, et décrit minutieusement la géographie de la ville, introduisant à l'occasion beaucoup de nouveaux personnages, tous caractérisés par une forte sensualité, bien appuyée par le trait élégant de Miller.
Quel bonheur de lire monsieur lear, une si drôle et imposante figure, enchanteur du dessin et de la littérature, tant et si bien que l'on pense qu'il est le père du non-sens, et même.Pour certains allumés, un héraut de la bande dessinée. parents, enfants, caïmans géants, ouvrez donc les yeux pour dire.
Figure emblématique de militant libertaire, Lucio Urtubia Jiménez est, avant tout, un homme d'action. Car, comme il aime souvent le répéter Un révolutionnaire qui ne fait rien finit pour ressembler à un curé. Toute l'existence de Lucio a été une lutte incessante contre l'oppression et pour un monde libre et juste
Hartigan, vieux flic brisé par le sénateur Roark, est libéré après huit ans de prison et se bat jusqu'à la mort pour sauver Nancy Callahan des griffes d'un violeur et tueur en série, qui n'est rien d'autre que le fils du tout puissant Roark. Corruption, dépravation mais aussi exaltation du sacrifice, sont au centre de Cet enfant de salaud, où Miller revient aux registres narratifs de The Hard Goodbye tout en déployant un effort particulier dans la construction de la psychologie du personnage. Pour la première fois, l'auteur utilise la couleur dans une série jusque là rigoureusement en noir en blanc.À l'occasion du vingtième anniversaire de la publication du premier épisode de Sin City, Rackham réédite l'intégralité de la série dans un nouveau format et avec de nouvelles couvertures, spécialement dessinées par Frank Miller. Couverture cartonnée, dos rond, tranche-fil rouge. tout pour en faire un collector.
Lorenzo et Manuel débarquent à Barcelone et emménagent dans un vieux immeuble du centre ville. L'appartement du dessous devrait être l'entrepôt d'un antiquaire ; cependant, ils n'ont jamais vu personne y entrer ni entendu le moindre bruit en sortir. Le mystère qui semble entourer ce lieu intrigue Lorenzo et finit vite pour l'obséder.Après Cendres et Murderabilia,Álvaro Ortiz brille une fois de plus pour ses qualités de conteur dans un récit à tiroirs truffé de coups de théâtre et d'humour noir. Comme l'écrit Santiago García (le scénariste de Les menines et de Beowulf), « Des impénétrables relations existent entre une statuette phallique, un appartement vide en plein centre de Barcelone, un homme qui se liquéfie, Caravaggio et les forces cosmiques primordiales, mais elles n'ont pas de secret pour Álvaro Ortiz. Rituels est un récit kaléidoscopique où l'insignifiant et le colossal, le proche et le lointain, l'absurde et le grandiose s'entrecroisent dans une trame riche en mystères et surprises. ».
Daria a quitté sa Pologne natale pour suivre des cours debande dessinée dans une école suédoise. Une fois arrivée à Malmö, comme elle n'a pas réussi à décrocher une bourse, elle se met à la recherche d'un travail pour pouvoir payer ses études. Elle se frotte d'emblée aux inconséquences de l'administration : pour pouvoir travailler, elle doit avoir un numéro fiscal et, pour avoir un numéro fiscal, elle doit avoir un travail. Il ne lui reste qu'une solution : un job au noir dans la restauration. Embauchée comme serveuse dans un restaurant indien, elle découvre vite que, en plus des horaires massacrants et d'une paye de misère, il y a quelque chose d'autre qui ne tourne pas rond. Aidée par une journaliste et un délégué syndical, Daria mène l'enquête sur son lieu de travail. Sa vie va en être totalement bouleversée... Dans le Noir est le récit autobiographique d'une lutte syndicale menée par ceux qui vivent en marge de la société. Daria Bogdanska y dresse le portrait d'une génération qui ne connaît pas la sécurité de l'emploi tout en livrant un témoignage de l'intérieur sur la réalité du quotidien éclaté de la précarité. En même temps, Dans le Noir est l'histoire d'un nouveau départ laborieux, loin de chez soi, où l'aliénation de la vie dans une grande ville fait contrepoint à l'appétit d'amour, le désir d'intégration et la quête justice.
La vieille ville de Sin City est une forteresse bien gardée dont les belles de nuit ont fait leur quartier général. A la différence de bien des quartiers chauds connus à travers le monde, ici il n'y a pas besoin de souteneurs. Les filles sont armées jusqu'aux dents et ce sont elles qui font régner la loi. Alors quand un flic ripou armé de mauvaises intentions pénètre dans la vieille ville pour malmener l'une d'elles, il ne sait pas qu'il va y perdre la tête et déclencher un grand carnage ! L'épisode permet de retrouver Dwight (J'ai tué pour elle) et surtout la prostituée-acrobate-Ninja, Miho. Ceux qui ne possèdent pas encore la série Sin City en entier vont être ravis : avec la publication du Art Book et cette réédition, la série est maintenant entièrement disponible en version française, aux éditions Rackham, avec une charte graphique identique, approuvée par Frank Miller, pour toute la collection. En attendant un nouvel épisode à paraître prochainement.
En route pour Seattle conte avec humour les tribulations d'un jeune désoeuvré, Bud Bradley, en compagnie de sa famille et de ses amis. Buddy devient tour à tour libraire manager de rock, disquaire... Les rapports amoureux avec sa compagne Lisa sont des plus tumultueux et son jeune frère raciste lui gâchela vie. Heureusement, il reste la bière et le rock'n'roll !! Peter Bagge garde un regard humain sur les personnages, aussi médiocres soient-il et ne tombe jamais dans la caricature facile. À bien des égards, le personnage de Buddy Bradley est autobiographique. Il est en tout cas, beaucoup plus complexe que ne le laissent entendre ses goûts et son mode de vie. Génération X, version BD. Lancé de Seattle au même moment que la vague Grunge, Buddy Bradley de Peter Bagge est généralement associée à celle-ci, à l'instar de Gilbert Shelton pour le San Francisco hippy. Les six volumes parus aux USA seront publiés en France en 2 volumes de 350 pages. Incontestablement, un des chefs d'oeuvre de la BD underground, encore à découvrir en France.
Attention : Andy Wicks, homme d'âge moyen, a tout essayé pour arrêter de fumer (de l'arrêt brutal, aux derniers patchs et chewing-gums à la nicotine disponibles).Il envisage donc, malgré sa réticence, de donner sa chance à l'hypnose. Après tout, qu'est-ce qu'il risque ? Malheureusement, son destin lui réserve un sort pire que la mort : le lycée ! Andy est ramené en 1985 et doit revivre ses tendres années dans la peau de l'adolescent ingrat et dégingandé qu'il était. Est-il condamné à reproduire ses erreurs passées, ou est-ce une occasion pour lui de les corriger ? Une chose est sûre : cette fois, il n'hésitera pas à inviter cette fille du cours de maths qui lui plaît tant.
L'Hiver du dessinateur est l'histoire vraie d'un combat pour la dignité et la liberté ; une bataille perdue par un petit groupe d'artistes qui se battent pour être maîtres de leurs choix, de leurs oeuvres et de leur destin.Un groupe de dessinateurs talentueux quittent la toute-puissante maison qui les emploie et décident de fonder leur propre revue de bandes dessinées ; ils fuient la tutelle oppressante de leur éditeur. Cette publication, entièrement autogérée séduit les lecteurs dès son premier numéro. Mais ce rêve d'autonomie et de liberté ne va pas durer longtemps. L'ancien patron concurrence la revue de ses ex-employés, en sabote la distribution et enfin, la rachète pour la publier à son compte.S'inspirant de faits et de personnages réels - la revue s'appelait Tio Vivo et l'histoire s'est déroulée dans l'Espagne des années 50 - Paco Roca raconte avec finesse la passionnante aventure de ce petit groupe d'artistes. L'hiver du dessinateur a reçu les prix du meilleur Album et du Meilleur Scénario à l'occasion de l'édition 2011 du Salon Internacional del Cómic de Barcelone
Pour échapper à l’ennui de leurs interminables veillées nocturnes, Igor et le Comte lisent Lovecraft, jouent de l'orgue et discutent de littérature fantastique. Soudain, ils sont interrompus par une visite inattendue : une fonctionnaire de la CAF vient faire un contrôle-surprise. Au village, on raconte des drôles d'histoires sur ce qui se passe au château. Pour continuer à recevoir ses allocations, le Comte doit donc rédiger et livrer immédiatement un rapport détaillé sur sa vie. La fonctionnaire zélée disparaît aussitôt, laissant les deux compères en proie à une profonde inquiétude... au loin, on entend les cris des villageois excités. Malgré tout, Igor rassure le Comte et l’aide à se coucher dans son cercueil ; puis part en ville se présenter aux bureaux de la Caisse pour résoudre tout seul le problème. Sans succès ! Sous prétexte de n’avoir pas fourni les renseignements demandés, Igor est arrêté et mis au pilori. La manoeuvre, qui vise en réalité à faire sortir le Comte de son château, est une réussite. À son réveil, inquiet pour l’absence prolongée d’Igor, le Comte décide de partir le chercher, bien décidé à ramener son ami à la maison…Réécriture très personnelle du roman de Bram Stoker, Horreur Cosmique cache, derrière son ton naïf et ses couleurs chatoyantes, une réflexion profonde sur notre société. Toujours subtil et drôle, ironique et poétique, Aapo Rapi s'interroge et nous interroge, en pointant du doigt le conformisme qui cache la peur de l’autre et l’exclusion.
Dans son Histoire Naturelle, Pline l'Ancien rapporte la naissance de la peinture : le bien-aimé de Dibutade, une jeune corinthienne, fille d'un potier de Sycione, va partir à la guerre. Elle profite de son sommeil pour tracer sur le mur, à l'aide d'un bout de charbon, le contour de son ombre pour pouvoir en garder le souvenir. À partir du récit légendaire de Pline et du multiple sens du mot du mot latin «filum», qui peut signifier intrigue tout autant que forme, Max imagine un récit où image et narration sont une seule et unique chose, où ce trait au charbon se déroule, se tend, se relâche et s'enroule comme un fil dans flux hypnotique et ininterrompu. Une plongée dans l'essence même du dessin, dans son sens primordial, que Max mène avec rigueur, virtuosité et humour.
Au cours d'une visite de sa petite-fille Maialen, Marina évoque le périple qui - 80 ans plus tôt - l'a portée de l'Espagne ravagée par la Guerre civile jusqu'en France, puis au Venezuela.Ses souvenirs de l'exil se croisent et se fondent avec ceux de Sanza, Aina, Chris, Imelda et les autres qui de nos jours fuient la guerre et la violence, les mariages forcés, l'homophobie, l'esclavage sexuel.Sous le pinceau de Javier de Isusi se déroulent les histoires de ceux qui, hier comme aujourd'hui, ont été forcés à quitter leur foyer pour sauver leur vie ou préserver leur intégrité.Des femmes et des hommes à la recherche d'un lieu où vivre dans la dignité et qui, pour franchir des frontières militarisées, subissent des traitements discriminatoires, survivent à la mer, au désert, aux barbelés ; leur détermination n'ayant d'égal que leur aspiration à une existence meilleure.
Larry est un vieux vampire ayant connu des jours meilleurs et qui survit en ramas-sant et vendant des cartons dans la banlieue pauvre de Buenos Aires. Il est accom-pagné dans ses pérégrinations nocturnes par son fils adoptif, Mogul, qu'il a recueilli lorsqu'il n'était encore qu'un bébé abandonné et qu'il a transformé en vampire. Tous deux supportent mal leur condition, ils voudraient mieux s'intégrer à la société et ont, pour ce faire, décidé de ne plus sucer le sang des humains. Ainsi, pour calmer les violentes crampes que provoque le manque d'hémoglobine, ils se sont résolus à se nourrir exclusivement de boudin noir ! Le difficile chemin vers leur « réinsertion » (ils l'appellent ainsi) va considérablement se compliquer le jour où, en pleine crise du marché du carton, ils décident d'entamer une improbable carrière de voleurs de voitures ; commence alors une série de mésaventures où se succèderont tour-à-tour des flics ripoux, des travelos aguichants, un grand maître vampire prisonnier du corps d'un ado et bien d'autres personnages farfelus.Thriller où se croisent polar, fantastique et critique sociale, La Crampe est un récit à l'humour explosif, une métaphore caustique de la pauvreté et de l'exclusion qui prend pour toile de fond une Argentine bien différente de celle de la pampa et du tango.
Serveurs et barmen, prostituées et transsexuels, hooligans et paparazzi, se croisent en dix neuf récits courts qui se déroulent à quelques jours du 12 décembre 2012. Le jugement dernier, sous forme d'une invasion extra-terrestre, va bientôt tous les emporter avec le reste de l'humanité mais, insouciants, ils continuent à traîner leurs pauvres existences remplies d'égoïsme cynique et de solitude désespérée. Observateur attentif et détaché de la nature humaine, Giacomo Monti dissèque un à un ses personnages et les met en scène dans une tragi-comédie hallucinée, peuplée d'aliens et d'aliénés, portrait sans concessions de la société contemporaine.Personne ne me fera de mal a inspiré Gipi (Ma vie mal dessinée, Notes pour une histoire de guerre) pour son long-métrage : L'ultimo terrestre (Le dernier terrien) présenté à la 68e Mostra de Venise en août 2011.
Le protagoniste de Le grand carnage est à nouveau Dwight Mc Carthy, le personnage central de J'ai tué pour elle. Le récit, toujours un polar, tourne autour d'un meurtre et d'un cadavre dont il faut à tout prix se débarrasser. Le fil conducteur est celui d'une course poursuite qui se déroule à un rythme endiablé, ponctuée d'affron-tements et de véritables... carnages. En toile de fond, défilent les quartiers de Basin City, dont on commence à apercevoir la géographie, et en particulier la vieille ville où les prostituées font la loi. Miho, la prostituée-ninja, y fait sa première apparition : véritable machine à tuer, nous la croiserons à nouveau dans les épisodes suivants.Sans doute l'épisode le plus violent et sanguinaire de la saga de Sin City, remarquable pour son découpage sans bavure, qui insuffle au récit un exceptionnel dynamisme.Édition cartonnée.
Les pensées d'un mort errent au-dessus du Canal Saint-Martin. Les échos d'un destin absurde et cruel resurgissent. Charles, provincial monté à Paris, a en apparence tout réussi. Un travail, des maîtresses et une femme superbe, il accumule fièrement les succès. Tout va basculer le jour où débarque dans sa vie bien rangée son frère Serge, paumé et mal dans sa peau... Après un remarquable premier album, En série, paru en 2002 aux éditions Frémok, Aude Samama revient avec un livre qui confirme son goût pour les intrigues intimes et passionnelles. Dans la lignée de Breccia ou Mattotti, elle affirme une sensibilité unique empruntant les flammes de la peinture expressionniste pour transcrire des tragédies où plane l'ombre du désir. Simple et terrible, L'intrusion est un drame ardent qui vient confirmer une nouvelle voix dans la bande dessinée d'aujourd'hui.
Polly, Moho et Piter, trois amis qui se sont perdus de vue depuis plusieurs années, se retrouvent pour exaucer le voeu de Héctor, leur ami commun décédé peu de temps auparavant. Dans ses dernières volontés, Héctor les a désignés pour disperser ses cendres dans un lieux mystérieux, indiqué par une croix sur une carte. Les trois protagonistes se préparent à ce qui s'annonce comme un long et ennuyeux voyage en voiture sans se douter qu'il va vite être parsemé d'embûches, courses poursuites, équivoques et coups de théâtre. Entre motels miteux, restoroutes et clubs de strip-tease, les trois amis devront faire face à des lutteurs de catch,à des trafiquants de drogue, à un chanteur paranoïaque et à deux hommes de main barbus dans une suite ininterrompue de rebondissements qui vont mettre leurs nerfs à rude épreuve...
Nous sommes en 2029. Le monde est en proie à la déperdition. Chacun lutte pour sa survie dans une société de consommation à l'agonie. La fin de la civilisation occidentale est proche. Un ordre unique semble régner au milieu du chaos : celui d'une haine féroce que la jeunesse voue envers les plus vieux, considérés comme d'inutiles fardeaux et tenus pour responsables du désastre collectif. Colt, septuagénaire sur le déclin, traîne sa carcasse de combines en combines.Rongé par l'amertume, il remâche les débris d'une ancienne vie durant laquelle il était guitariste d'un groupe de rock populaire, Les 4 enfoirés Son seul souhait serait de le reformer pour une ultime représentation, et noyer son chagrin dans la transe musicale. Mais quand sa maison part en fumée, Colt est contraint de rejoindre un hospice, Villa Doris, où intrigues et machinations ne tardent pas à se faire jour, malmenant son besoin de sérénité.C'est alors que dans son obstination à remettre son groupe sur pied, il exhume sans le vouloir le terrible mystère de Villa Doris. Traversée par une ironie mordante, surmontée çà et là de quelques touches de polar et de fantastique, la dystopie de Simone Angelini et Marco Taddei dresse le portrait désenchanté de la jeunesse actuelle, laminée par le consumérisme et la précarité. Multipliant les situations absurdes et les personnages extravagants, elle pourrait bien être l'évocation féroce du futur qui nous attend.
Dessiner un Tarzan. Se replonger dans le premier récit : naissance de Tarzan, mort de ses parents, substitution par une guenon du petit humain au bébé qu'elle a perdu, ceci jusqu'à la mort du singe dominant que Tarzan remplacera. Travailler avec l'arrière-plan de Johnny Weissmuller cognant des crocodiles et des lions, avec les bandes dessinées furieuses de Hogarth, mais aussi avec les médiocres adaptations surnuméraires de Sagedition... Le Tarzan de L. L. de Mars retrace autant la genèse de Tarzan que la découverte d'une vieille adaptation, muette, à moitié détruite, parcellaire, de cette genèse. En parallèle, dans une constellation de commentaires en strips, se déroule l'histoire éditoriale d'une nouvelle version de Tarzan qui fait un scandale miteux. Il fallait au moins autant de voix pour revenir au monde la BD, à ses lecteurs, ses auteurs, se déchirant sur des questions aussi stupides que BD populaire / BD pas populaire, avant-garde / ringardise, sérieux du message / nécessité de la distraction etc. De bien inutiles et inféconds couples d'opposition pour penser quoi que ce soit... Tout en conduisant — sans soucis de savoir si son Tarzan est un récit populaire ou pas — un récit classique muet, pour cette histoire mille fois racontée, L. L. de Mars déroule une autre histoire en regard, qui l'éclaire de façon bavarde et agitée, sur un mode burlesque; il joue entre le mode explicatif et sa singerie, entre le sérieux et le ridicule, le profane et le sacré.
Parti de New York pour fuir les polémiques autour de l'Iraq, Kuper se retrouve au coeur des affrontements entre la police et la APPO (Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca) dans ce qu'on appellera plus tard la révolte d'Oaxaca. Journal d'Oaxaca est le résultat du hasard : se trouver au bon endroit au mauvais moment. Kuper commence à consigner, dans des courrier électroniques qu'il envoie à ses amis, les faits qui mettent à feu et à sang la ville mexicaine, un peu pour rassurer ses proches mais aussi en réaction aux mensonges et approximations des médias qui couvrent la révolte. Ses mails font le tour du monde, sont relayés par de nombreux sites internet et font apparaître au grand jour la féroce politique répressive du gouvernement mexicain. Carnet de croquis à la main et appareil photo en bandoulière, Kuper parcourt les rues d'Oaxaca, dessine les barricades et les charges de la police mais s'attarde aussi sur la beauté d'un visage ou d'un cactus majestueux, pour satisfaire sa nécessité « d'illustrer les moments obscurs d'Oaxaca et d'en capturer en même temps la lumière ».En décembre 2010, Kuper est retourné à Oaxaca, sur les lieux de la révolte de 2006, et a ajouté un dernier chapitre au livre en mettant ainsi en perspective son témoignage et ses impressions.Entre carnet de voyage et reportage dessiné, Journal d'Oaxaca démontre une fois de plus le talent de Peter Kuper, observateur attentif de la vie qui l'entoure et chroniqueur engagé du monde contemporain.
Dessiner un Tarzan. Se replonger dans le premier récit : naissance de Tarzan, mort de ses parents, substitution par une guenon du petit humain au bébé qu'elle a perdu, ceci jusqu'à la mort du singe dominant que Tarzan remplacera. Travailler avec l'arrière-plan de Johnny Weissmuller cognant des crocodiles et des lions, avec les bandes dessinées furieuses de Hogarth, mais aussi avec les médiocres adaptations surnuméraires de Sagedition... Le Tarzan de L. L. de Mars retrace autant la genèse de Tarzan que la découverte d'une vieille adaptation, muette, à moitié détruite, parcellaire, de cette genèse. En parallèle, dans une constellation de commentaires en strips, se déroule l'histoire éditoriale d'unenouvelle version de Tarzan qui fait un scandale miteux. Il fallait au moins autant de voix pour revenir au monde la BD, à ses lecteurs, ses auteurs, se déchirant sur des questions aussi stupides que BD populaire / BD pas populaire, avant-garde / ringardise, sérieux du message / nécessité de la distraction etc. De bien inutiles et inféconds couples d'opposition pour penser quoi que ce soit...Tout en conduisant - sans soucis de savoir si son Tarzan est un récit populaire ou pas - un récit classique muet, pour cette histoire mille fois racontée, L. L. de Mars déroule une autre histoire en regard, qui l'éclaire de façon bavarde et agitée, sur un mode burlesque ; il joue entre le mode explicatif et sa singerie, entre le sérieux et le ridicule, le profane et le sacré.
Si vous avez aimé les aventures de Buddy Bradley (En route pour Seattle et En route pour le New Jersey) vous ne pouvez pas passer à côté de Les Bradleys, péripéties de cette famille de la middle-class américaine d'où est issu le personnage fétiche de Bagge. Dans Les Bradleys on retrouve donc Buddy dans son environnement familial, entouré de Père, Mère, de sa soeur Babs et de son frère Junior et l'on comprend mieux pourquoi notre héros a quitté un jour le New Jersey et s'est installé de l'autre côté des Etats-Unis. Qu'ils soient aux prises avec des soucis professionnels ou en proie aux affres de la pré-adolescence, les Bradleys sont toujours excités, névrosés, à la limite de la crise de nerfs et, parfois, bien au delà. Portrait sanglant de la société américaine, Les Bradleys n'ont pas pris une ride. L'humour au vitriol de Peter Bagge, son graphisme explosif, fonctionnent encore et toujours à merveille. On rit à chaque page et, parfois, on s'interroge. Un classique.
Brian est le fils mutant d'une femme qui a loué son corps à la science. Il est né sans boîte cranienne et son cerveau est complétement à découvert ; cette particularité lui confère d'inquiétants pouvoirs télépathiques. Le monde dans lequel Brian évolue ressemble beaucoup à notre quotidien ou à ce qu'il pourrait bientôt devenir. Brian incarne toutes les diversités : son quotidien est fait de discriminations et de difficultés d'intégration. Son existence est une lutte quotidienne et silencieuse pour sa survie. Bref, le pire du pire de notre existence actuelle. L'univers de Brian est sans doute un des plus violents qu'un dessinateur de bande dessinée a pu coucher sur le papier. Seulement peut-être certaines pages de Spiegelman peuvent autant choquer. Le regard de Martin sur son personnage est plein d'amour et de poésie et contraste violemment avec letraitement totalement opposé de l'environnement qui l'entoure. La lecture de Brian the Brain est un passage nécessaire pour mieux comprendre notre quotidien. Mais attention : on n'en sort difficilement indemnes !
Dès ses débuts, David Rubín a été fasciné par l'univers des super-héros qu'il considère comme le seul genre créé, par et pour la bande dessinée. Dans ses oeuvres précédentes (Hors d'atteinte, Le salon de thé de l'ours malais), Rubín multiplie les références au genre et à ses personnages, en particulier au Superman de Jack Kirby. Jouant avec la symbolique de cet univers, Rubín déstructure le super-héros et sonde sa psychologie, se penchant particulièrement sur ses points faibles, sur cette vulnérabilité qui le rend si normal, si humain. Le héros est la mise en abîme ultime du super-héros, le retour aux sources de ce mythe contemporain à travers la relecture de la saga des Douze travaux d'Héraclès.Avec Le héros, formidable opus qui comptera plus de 500 pages une fois achevé (le deuxième volume est prévu pour le printemps 2013), Rubín s'affirme comme un des dessinateurs les plus talentueux de sa génération. On pourra apprécier son trait particulièrement dynamique et sa maîtrise du récit tout au long d'un espace narratif d'une ampleur, il faut le souligner, tout à fait exceptionnelle.
Voilà une lecture de la Genèse (pour être plus précis, de l'épisode de l'expulsion d'Adam et Eve de l'Éden) qui va se faire remarquer par son originalité et par un traitement graphique iconoclaste. Structuré en mouvements - comme une suite musicale - le livre de Ville Ranta est parcouru de fond en comble par un humour subtil et espiègle.À première vue, l'Éden de l'auteur finlandais ne ressemble que de loin à celui de la tradition biblique : Dieu est égocentrique et possessif, Adam paresseux, les Anges un peu à côté de la plaque... On pourrait se croire dans une parodie irrespectueuse mais, pourtant La Suite du Paradis n'est rien de tout ça. Tout en s'éloignant de la simple illustration du texte biblique, Ville Ranta y reste étonnamment fidèle en le mêlant avec finesse au langage parlé pour créer des dialogues au ton savoureux abordant des questions telles que l'amour, la peur de la mort... En refermant le livre de Ville Ranta, après s'être régalés de ses reparties décalés et de ses aquarelles flamboyantes, on ne peut pas s'empêcher de réfléchir, un bref instant, au sens profond de la vie.
Au moment de sa première publication, en 1974, l’adaptation des Mythes de Cthulhu de H.P. Lovecraft par Norberto Buscaglia et Alberto Breccia fit l’effet d’une véritable bombe. Les critiques et la profession saluèrent unanimement le formidable bond en avant accompli par Breccia. Ce qui les étonna et qui étonne encore aujourd’hui, en permettant de classer les Mythes de Cthulhu parmi les chefs-d’œuvre de la bande dessinée, c’est la véritable débauche de solutions graphiques et d’expérimentations mises en œuvre par Breccia : pinceau sec, collages, utilisation de textures imprimées, tous ces moyens sont employés avec une surprenante liberté créative pour construire des nouveaux types de lumières et de matières. Parallèlement, Breccia développe un style différent pour chaque histoire, en passant avec aisance du réalisme à l’abstrait, pour coller le plus possible à l’atmosphère du récit. Son pari, pousser le lecteur à revivre les oppressantes atmosphères de Lovecraft, est pleinement gagné grâce à l’emploi savant de ces artifices, tant qu’aujourd’hui encore ces images dégagent une force inquiétante.Au délà de l’humilité avec laquelle les deux auteurs se rapprochent de l’œuvre de Lovecraft, ne modifiant pratiquement jamais le texte d’origine, le choix de Breccia et Buscaglia de baser tout le récit sur des larges « citations » sans presque jamais utiliser des dialogues, ne fait que centrer encore plus le travail d’adaptation sur le « rendu » graphique des atmosphères suggérées par l’écrivain. Plus de quarante ans plus tard, « Les Mythes de Cthulhu», restent un des plus lumineux exemples d’adaptation en bande dessinée d’un texte littéraire, sans doute la meilleure transposition de l’œuvre de Lovecraft et un des sommets de l’art d’Alberto Breccia.L’édition publiée par Rackham en 2004 (la première qui présente l’intégralité du cycle de Cthulhu) étant épuisée depuis longtemps, nous avons décidé d’en réaliser une nouvelle, dans un format différent et entièrement revue et corrigée, mais toujours imprimée en bichromie et en trame aléatoire pour rendre au mieux le formidable travail du Maître de Haedo.
Prénom : Julius. Nom : Knipl. Âge : la cinquantaine. Profession : photographe immobilier. Particularité : ne se sépare jamais de son costume immuablement froissé. Si on cherche cet homme aimable et discret, on le trouvera sans aucun doute en suivant l'ombre des gratte-ciels new-yorkais, à se faufiler au milieu d'immeubles de logements à loyers modérés et d'entrepôts désaffectés. Car la ville que Knipl photographie, faite de kiosques à boissons, de restaurants à bas prix et de petits commerces en tout genre, est un paysage sur le déclin. Dans ses clichés, il tente de figer le fugitif pour conserver l'esprit des lieux et des choses : les poids en fonte des marchands de journaux, les sucriers collectifs aux comptoirs et tables de cafés, les distributeurs de bicarbonate de sodium des restaurants ou encore les boissons désaltérantes artisanales, depuis remplacées par des canettes en métal... Mais cet univers urbain, dans son inexorable disparition, a emporté avec lui les relations humaines qui se tissaient et qui le dessinaient. Paru pour la première fois en 1991, Nouveautés à prix cassé a révélé tout le génie de Ben Katchor pour la narration et la chronique urbaine. Usant d'un trait et d'un oeil aussi précisqu'incisifs, son travail témoigne d'une attention particulière à ces infinis détails qui échappent toujours aux observateurs les plus pressés. Vingt-cinq ans plus tard, les strips de Katchor deviennent un passage en revue édifiant de tout ce que la gentrification et la globalisation à outrance ont réduit à néant. Sans tomber dans la nostalgie d'une époque révolue, l'inventaire qu'il propose a aujourd'hui largement dépassé le seul cadre new-yorkais, nous forçant à sans cesse nous interroger sur le sens de notre existence.
Le matin du 19 octobre 1945, Primo Levi revient à Turin, sa ville natale, après un an passé dans le camp d’Auschwitz et un long périple à travers toute l’Europe de l’Est. Levi était alors un jeune homme de 26 ans qui rentrait chez lui « bouffi, barbu et en haillons », habité par un besoin presque physique de raconter. Deux ans plus tard, il publiera Si c’est un homme et, en 1963 La Trêve, les témoignages les plus poignants jamaisécrits sur l’univers concentrationnaire.Cinquante ans plus tard, ce sont deux jeunes gens qui se rendent à Turin pour suivre la trace de Levi, et en recueillir l’héritage moral tout en brossant son portrait d’homme et d’écrivain.Entre biographie et fiction, la bande dessinée de Pietro Scarnera se nourrit des photos et documents d’époque et se déroule suivant les anecdotes reportés par Levi lui-même ; elle trace son parcours d’écrivain depuis « Si c’est un homme » et jusqu’à « Les naufragés et les rescapés », pour s’arrêter un instant avant ce matin d’avril 1987 où Levi a mis fin à ses jours.Restituant en plein la complexe personnalité de Primo Levi, Une étoile tranquille est une invitation à découvrir ou redécouvrir une des oeuvres les plus emblématiques de la littérature du XXe siècle.
«Les murderabilia » mot-valise forgé à partir des termes latin : memorabilia (« souvenirs ») et anglais : murder (« meurtre »), désignent des objets liés à des meurtriers, notamment les tueurs en série et les tueurs de masse, exploités principalement sur des sites internet dédiés à ce type de commerce. » (WIKIPÉDIA)Le jeune Malmö Rodríguez a vite abandonné ses études, habite avec des parents qu’il déteste, est sans emploi mais ne cherche pas du travail. Il voudrait être écrivain, mais il n’écrit presque jamais. Tout ce qu’il possède, ce sont deux chats noirs, héritage d’un oncle qui vient d’être terrassé par un infarctus. À première vue, on les prendrait pour des chats quelconques, mais un étrange personnage est disposé à les acheter en échange d’une coquette somme d’argent. Malmö accepte le marché, saute dans un bus et part livrer les chats au mystérieux acheteur, sans se douter que cette rencontre va changer sa vie pour toujours.Après l’étonnant Cendres, Álvaro Ortiz peaufine son style narratif très personnel dans un thriller qui mélange gore, humour noir et coups de théâtre et qui se lit d’une traite jusqu’à l’inattendu dénouement final.
La toute dernière planche du premier volet de Cinéma Zénith avait laissé Anna, la protagoniste, seule devant l'entrée de la salle décatie du cinéma. Son dangereux périple pour rejoindre le centre de la vieille ville interdite n'avait fait qu'augmenter ses inquiétudes. Etrangère dans un pays hostile, en quête incessante de vérité sur ses origines, Anna errait d'énigmes en énigmes. Désormais prête à franchir le seuil, de nouvelles questions surgissent alors. Qui sont les « dieux » qui hantent ce lieu ? Quel genre de spectacles s'y déroulent ?Ce cinéma est-il le seul véritable endroit qui résiste à l'envahisseur étranger ?Et surtout : Anna parviendra-t-elle à déchirer le voile de ténèbres qui paraît l'envelopper ? Dans le deuxième épisode de son triptyque visionnaire, Andrea Bruno met en scène des personnages semblant issus d'une tragédie antique, qu'il appuie par son trait nerveux caractéristique, ici encore plus sombre et inspiré. Il façonne la matière et la lumière pour offrir de puissants contrastes, oscillant entre la profondeur des noirs et la pureté des blancs, dans la lignée d'univers dignes des oeuvres d'Andreï Tarkovski, Béla Tarr ou encore David Lynch.
Sherman est libraire et voudrait se consacrer à l'écriture, mais pour l'instant il traîne avec son pote Ed qui, lui, rêve de vivre de ses bandes dessinées et de perdre enfin son pucelage. Sherman est en couple avec Dorothy, journaliste très portée sur la boisson ; les deux vivent en colocation avec un autre couple, Stephen et Jane, lui enseignant, elle dessinatrice. Ils ont tous entre 23 et 25 ans, viennent de terminer leurs études et démarrent leur vie active non sans hésitations et difficultés : chagrins d'amour, addictions, mesquineries, trahisons. Grand est le désordre sous le ciel : leur entrée dans la « vraie vie » ne semble pas se présenter sous les meilleurs auspices.Ce récit choral où l'on suit pour plus de 600 pages les déboires de six personnages différents renferme des prouesses scénaristiques rarement égalées. L'extraordinaire habileté de Robinson à esquisser des personnages qui échappent à tout cliché déjoue systématiquement toute attente du lecteur et en capture l'attention jusqu'au surprenant dénouement final. Le récit, qui a reçu en 2005 le prix du Meilleur premier album au festival d'Angoulême, est suivi des histoires courtes réalisées par Robinson autour des personnages de De mal en pis qui avaient été publiées auparavant dans le volume Bonus! et comprend aussi une histoire inédite en France.
L'Association finlandaise pour la bande dessinée (Finnish Comics Society) a lancé en 2011 le Finnish Comics Annual pour présenter les plus belles créations de la bande dessinée finlandaise. Contrairement à d'autres pays, la scène BD finlan-daise est marquée par une forte présence féminine. Les auteures finlandaises (dont la plus connue est bien sûr Tove Jansson, l'auteure des Moomin) ont don-né - surtout à partir des années 90 - une forte impulsion au neuvième art de par le ton de leurs récits ainsi que par le choix de leurs sujets.L'édition 2013 du Finnish Comics Annual, entièrement en français, est coéditée par la Finnish Comics Society et Rackham. Elle rassemble des récits inédits de jeunes et moins jeunes auteures et plasticiennes finlandaises et fournit un aper-çu intéressant de la création finlandaise contemporaine, riche et étonnante, mais encore troppeu connue hors des frontières du pays.Cette édition 2013 présente les travaux de Mari Ahokoivu, Terhi Ekebom, An-nukka Leppänen, Hanneriina Moisseinen, Reetta Niemensivu, Tiina Pystynen, Kati Rapia, Anna Sailamaa, Tiitu Takalo, Katja Tukiainen, Riitta Uusitalo et Aman-da Vähämäki.L'ouvrage a été réalisé sous la direction de Johanna Rojola et Kalle Hakkola.
Quel adolescent n'a pas connu à un moment ou l'autre l'exaltante expérience d'être FAN d'un groupe ou d'un chanteur ? Qui n'a pas écouté SES disques au moins douze heures par jour, n'a pas appris par coeur les paroles de SES chansons ? Rares sont ceux qui peuvent répondre « Pas moi. » à ces questions ; tous les autres, par contre, ne s'en vantent certainement pas et font glisser doucement dans l'oubli cet épisode embarrassant de leur jeunesse. Mike Dawson a, lui, décidé de raconter son épopée de fan commencée à l'âge de neuf ans, quand il écoute par hasard I want to break free et tombe littéralement amoureux de Queen et de Freddie Mercury. Cependant, Mike ne devient pas l'obsédé qui tapisse sa chambre de posters, se fait tatouer l'avant-bras, ou qui ne perd pas une occasion pour harceler son idole. Il reste un pré-adolescent qui se chamaille sans cesse avec sa soeur (qui préfère George Michael et Wham !) ou se dispute violemment avec ses copains d'école adeptes du grunge. Sa vie ressemble en tout et pour tout à celle de millions d'adolescents : une enfance dans une paisible bourgade, les disputes avec la fratrie, les problèmes avec les adultes, la passion pour la bande dessinée, les premiers amours...Freddie devient tout simplement son meilleur ami, ses chansons la bande son qui rythme les moments clé de son passage à l'âge adulte (Quand je pense à Queen, je peux me rappeler de toute ma vie), une sorte de point de repère sur le chemin tortueux de l'existence : J'appuie sur le bouton et la musique démarre. C'est toujours la même, mais les choses que je ressens commencent à changer. Un sentiment partagé par tous les ex-fans que nous sommes et qui nous identifie aux personnages de Dawson, même si Queen n'a pas été forcément notre groupe préféré.Dans Freddie et moi, Mike Dawson utilise à merveille le registre autobiographique qu'il arrive à décliner avec délicatesse et humour du début à la fin de ce long récit de plus de 300 pages qui se lit d'une seule traite. Toujours mesuré, le récit ne tombe jamais dans le sentimentalisme ou le nombrilisme
Nouvelles aventures des personnages crées par Tony Millionaire (et publiés en France par Rackham dans le volume Sock Monkey) : à la fin de ses études, Oncle Gabby se consacre à la poésie et devient expert dans l'art de a-nommer les choses. Il a en effet découvert que si on ôte leur nom aux objets, ils récupèrent immédiatement tout leur mystère et toute leur beauté. Très à l'aise dans son rôle de poète, Oncle Gabby décide - accompagné par le fidèle Drinky Crow - d'aller visiter la maison de Ann-Louise, où ils ont vécu les premières, mémorables, aventures...Oncle Gabby ressemble en tout et pour tout (sans l'être) à un conte pour enfants : quarante magnifiques planches aux couleurs séduisants, peuplées de monstres et de paysages fantastiques, renfermées dans un joli album... le Pays des Merveilles mais aussi les romans de Patrick O'Brien, ne sont jamais très loin.On est vite intrigués par l'oeuvre de Tony Millionaire, ses non-sens, son style « victorien » et son trait proche de celui de Johnny Gruelle; et on finit par être séduits par la poésie qui parcourt les pages de Oncle Gabby, par la richesse du dessin - rehaussé par une mise en couleur réussie - et par des dialogues presque surréalistes. Oncle Gabby délectera ceux qui ont aimé Sock Monkey; ceux qui ne connaissent pas encore Tony Millionaire y découvriront un artiste vraiment hors du commun.
Quatorze fables pour raconter les aventures intérieures d'un personnage en quête d'une forme de bonheur. Cet idéal le transforme en voyageur imaginaire. Conçu à quatre mains (Rosita Warlock écrit les textes et Mr Djub crée les images), Les Mondes Promis est un livre à tiroirs ou images & mots se répondent sur un mode symbolique, pour raconter l'épanouissement intérieur. Sous la forme de quelques fables, nées des voyages immobiles d'un personnage en quête de sens, voici un parcours d'esprit dont le cheminement fait apparaître les images. Ou peut-être est-ce le contraire. S'y dessinent dans les virages les quelques pistes de vie auxquelles l'imagination de notre personnage aspire. La villégiature pourra, certes, sembler modeste pour le lecteur. Elle aura néanmoins la prétention d'apprendre à notre héros sans qu'il s'aperçoive vraiment de cette étude. Le personnage central évolue ici à une allure variée, et sur deux échelles. La première est entièrement soumise aux conditions extérieures (l'ambivalence de ses deux sexes). La seconde est connectée sur l'immensité des possibles. La distance entre les deux reste une friche où libertés d'esprit et d'action campent. C'est la zone où l'ignorance, le manque, la difficulté et son cortège de souffrances se transforment en or, sous l'impulsion des désirs clarifiés. Celui qui a beaucoup vu peut avoir un peu sinon beaucoup retenu, tandis que patiemment l'univers le regarde grandir... Mr Djub a recommencé à faire des collages il y a 3 ans, d'abord agrandis et collés dans la rue, puis servant de décors au spectacle du « 78 RPM Selector », tandis que Rosita Warlock écrit la mythologie du spectacle et de ses personnages. L'idée du livre est née aussi del'envie de créer sous contrainte en restant plongés dans l'univers des créateurs qui les fascinent : Max Ernst, les graphistes punks comme Jamie Reid, le surréalisme pop, les fables littéraires du XVIIe siècle... Les Mondes Promis est un livre fascinant, complexe, l'atlas détaillé d'un fabuleux voyage intérieur.
Dans la recherche de la vie extraterrestre, un signal doit être reçu plusieurs fois pour être considéré comme un message. C'est ce type de signal en provenance de l'étoile de Barnard que capte le radio télescope de Mesa au Nouveau Mexique. Mais au lieu de faire un pas de géant vers l'unification des peuples, cet événement sans précédent exacerbe les tensions d'une humanité au bord d'un conflit mondial.
Rome, Anno Domini 1617. Suivant les pas de nombreux peintres hollandais, Gerard van Honthorst et Dirck van Baburen quittent leur pays pour rejoindre les rives du Tibre. Fascinés par les toiles de Caravaggio, mort en des circonstances mystérieuses sept ans plus tôt, les deux artistes décident de se rendre à Naples pour admirer certains retables que le peintre lombard y a réalisés. Sitôt arrivés à destination, ils se hâtent d'aller contempler les oeuvres du maître. Mais, bien décidé à ajouterune bonne dose d'alcool à l'aventure, van Honthorst incite van Baburen à errer de taverne en taverne, jusqu'à tomber sur un jeune homme bavard et fantasque. Et voilà que la virée des deux compères prend une tout autre tournure, van Honthorst ayant semble-il caché à son compagnon le véritable but de leur voyage... Comme les personnages qu'il met en scène, Álvaro Ortiz est passionné par la vie et l'oeuvre de Caravaggio, auquel il a d'ailleurs consacré un chapitre entier de son précédent album, Rituels. Ce nouvel opus revient sur les derniers jours du maître milanais, qui suscitent aujourd'hui encore de nombreuses controverses. La version qu'en propose Ortiz est le fruit d'un travail de documentation méticuleux dans lequel faits, personnages et lieux sont filtrés par son imagination débordante. On y retrouve ainsi les principaux ingrédients chers au jeune auteur aragonais : un cocktail détonant d'humour, de mystère et de coups de théâtre.
l'art, qu'il soit moderne ou contemporain,n'est la chasse gardée d'aucun expert.juanjo sâez a entrepris de le démontrer à une personne pleine de bon sens : sa mère. entre essai, autobiographie et roman, il nous entraîne ainsi dans une découverte ludique de la création moderne, de calder à warhol,en passant par dali, picasso et bien d'autres. tout à la fois didactique et émouvante, cette initiation est avant tout une ode au plaisir et à l'art pour tous.
Maria est capable de manger comme un ogre, de dresser des listes interminables des noms des personnes qu'elle a rencontre es et de couper une feuille de papier en mille petits carre s parfaitement identiques. Elle passe ses journées a e couter de la musique et tout récemment s'est de couvert une passion pour le dessin. Maria vient d'avoir 20 ans ; Miguel, son père, est fier d'elle tout aussi qu'inquiet a propos de son avenir... comme tous les pères ; sauf que pour Miguel les choses sont un peu différentes, car Maria est autiste.En 2007, Miguel Gallardo réalisait Maria et moi, la bande dessinée ou il décrivait avec tendresse la routine des vacances avec sa fille. Le livre a apporte un nouveau regard sur l'autisme et connu un succès formidable : il a e te traduit en neuf langues et adapté au cinéma dans un documentaire-fiction plusieurs fois prime . « Huit ans se sont écoulés -dit Gallardo- et Maria vit encore aux Canaries, à 3 heures d'avion de Barcelone, où j'habite. On ne part plus en vacances dans un complexe hôtelier parce qu'on en a marre des Allemands. Maintenant on passe nos vacances à Barcelone et sur la Costa Brava... Maria a 20 ans est le journal de ce que nous faisons durant ce mois et demi d'été que nous passons ensemble. On rit encore beaucoup, on fait des listes et on écoute la musique choisie par Maria. Maria a grandi : certaines choses ont changé et d'autres sont restées identiques. Ce livre parle de tout ça... et du futur ». Toujours avec beau-coup de tendresse, une bonne pince e d'humour et un soupçon de tristesse.
hum ! chers lecteurs, bonjour.nous allons parler aujourd'hui du cid de monsieur corneille, magnifique pièce de théâtre. que dis-je ? ! un chef-d'oeuvre de la culture française ! j'en vois déjà qui soufflent et qui soupirent. n'ayez crainte, jeunes amis, car le texte original a été revu. il a été spécialement adapté pour vos esprits capricieux. nous avons simplifié le vocabulaire et l'intrigue. cette version est bien plus ergonomique ! et tout cela a été pensé avec, bien entendu, monsieur pierre corneille.n'est-ce pas pierre ? - ah bé, parfaitement ! .
Situé chronologiquement avant les faits racontés dans The hard goodbye, J'ai tué pour elle est l'épisode de Sin City qui colle de plus près à la tradition du roman hard-boiled : jolies filles, belles voitures, corruption, sensationde danger imminent... Au centre du récit, Ava Lord, la belle et terrible mante religieuse, tue et dévore tous ceux qui s'approchent trop d'elle. En toile de fond - toujours enveloppée par une atmosphère violente et oppressante - Basin City, la ville du péché, ses bas fonds et ses beaux quartiers, ses criminels et ses flics pourris.
La légende urbaine voudrait que Leonardo DiCaprio ait enchaîné trente-deux conquêtes - toutes de sublimes top models - mais sans tomber amoureux d'une seule. Faut-il en chercher les raisons dans les arcanes de la société de consommation et sa propension au narcissisme ? Dans les lois de la biologie ? Ou, tout bêtement, dans le fait que ce cher Leo ne soit pas encore tombé sur la bonne ? Et nous, dans tout ça, sommes-nous, comme lui, des complexés de l'engagement ? Liv Strömquist, que l'on ne présente plus, a choisi d'intituler sa nouvelle bande dessinée La rose la plus rouge s'épanouit, en référence et hommage à un vers de la poétesse américaine féministe Hilda Doolittle (H.D.) qui, dans sa vie comme dans ses écrits, prônait des amours libérées. Une nouvelle occasion pour elle de disséquer les comportements amoureux à l'ère du capitalisme tardif et de les interroger : comment maîtriser les élans du coeur ? Que faire en cas de chagrin d'amour ? Pourquoi les histoires d'amour finissent-elles mal, en général... ? Et pourquoi certaines personnes papillonnent-elles sans jamais se poser ? Avec sa pertinence et son humour habituels, l'auteure entrechoque les références attendues et d'autres qui le sont moins - entre Beyoncé, les Schtroumpfs, des acteurs de télé-réalité, Jésus ou encore des sociologues... - pour sonder les coulisses de la passion. Savez-vous que Socrate était un véritable Don Juan avant l'heure, ou bien ce qu'est devenu Thésée, une fois le fil amoureux d'Ariane rompu ? Ou, encore, connaissez-vous Lady Caroline Lamb, ici érigée en modèle, dont les coquetteries avec Lord Byron ont défrayé la chronique de l'époque ? Autant d'exemples qui permettent à Liv Strömquist de dévoiler une véritable anatomie de l'éros en quelques battements...
La vie et les oeuvres d'un jeune dessinateur de bande dessinée en quête d'un succès qui tarde (un peu trop) à venir. Pussey ! est, avec Ghost World et Comme un gant de velours..., une des oeuvres qui ont contribué à faire connaître et apprécier Daniel Clowes en France. Cette petite balade dans l'univers du comics américain, aux accents vaguement autobiographiques, fait pleinement ressortir les talents de narrateur de Clowes, son humour grinçant et sa justesse. Pour cette nouvelle édition, l'auteur a réalisé une couverture originale, une nouvelle maquette intérieure et, surtout, une préface dessinéeinédite de deux pages.
Dans un immense gratte-ciel du centre ville se passent des choses bien étranges : des fuites d'eau transforment les appartements en profondeurs abyssales, la contemplation et l'improductivité sont passibles de poursuites, des médecins improbables soignent les petites coupures de façon très originale; la réalité trébuche à chaque marche de ses escaliers.Tout cela nous étonnerait si on ne savait pas que l'architecte qui a dessiné cet immeuble s'appelle Jean-Pierre Duffour, connu dans le milieu pour concevoir des lieux qui échappent aux lois du temps, de l'espace et de la logique. Voilà donc pourquoi, dans ce gratte-ciel, la réalité prend souvent des tournures bien étranges, parfois hilarantes, souvent assez inquiétantes. Rêves et cauchemars sont les matériaux de construction utilisés par Duffour ; les onze étages de cet immeuble insensé qu'il termine d'agencer dans L'escalier truqué sont autant de pieds de nez à nos angoisses et à nos obsessions. Duffour est un Grimm de notre temps qui cherche l'inspiration de ses contes au fond de nos angoisses : Faut-il fuir face au monstre tapis sous son lit ? Comment arrêter une fuite d'eau, lorsque on a pour plombier un amateur de bonne littérature ? Que faire après avoir tourné la dernière page d'un livre passionnant ? Comment démander une augmentation à son patron ? Comment louer un nouveau appartement après avoir obtenu cette augmentation ?Maître du non-sense et des dialogues décalés, dessinateur hors pair, Jean-Pierre Duffour fait preuve encore une fois de son énorme talent. Avec sa palette flamboyante, il démontre à chaque page que la couleur peut faire aussi peur que le noir. L'escalier truqué est un livre de fables à mettre dans les mains des petits et des grands.
Dessinées (il faudrait peut-être dire : peintes) pendant les années noires de la dictature argentine, les histoires courtes qui composent la série Dracula, constituent certainement la plus importanteoeuvre en couleurs d'Alberto Breccia en même temps qu'un témoignage poignant sur une des pages les plus noires de l'histoire de son pays. Breccia y maîtrise à la perfection tous les registres du grotesque, du noir et de la couleur tout en donnant une véritable leçon de composition.Cette nouvelle édition comprend, en plus, l'ensemble des croquis préparatoires, pour une fois particulièrement aboutis et qui constituent à eux seuls une véritable nouvelle version de la série.
Le 26 décembre 2004 un terrifiant tsunami frappa l'Indonésie, le Sri Lanka et l'Inde. Lorsque les eaux se retirèrent, elles firent place à la douleur et à des paysages dévastés. Joydeb et Monyna Chitrakar (chitrakar signifie peintre en bengali), tenants de la tradition des rouleaux patua employèrent leur art pour créer Tsunami, un livre dédié à la mémoire des victimes de cette catastrophe . La langue d'eau du tsunami s'y déverse tout au long du rouleau emportant avec lui victimes innocentes, troupeaux et objets confondus. Les artistes décrivent le déroulement des événements, l'impuissance des hommes face aux éléments et parviennent par leur poésie à rendre toute l'émotion soulevée par cette tragédie.La tradition des rouleaux peints patua est un élément important de la culture bengali. Les conteurs, sorte de menestrels, se déplacent de village en village, réunissent les villageois auteur d'eux et content ou chantent, en déroulant leurs rouleaux, des histoires traditionnelles ou reprennent des événements de l'actualité pour leur donner une dimension universelle. Cette forme d'art, autrefois répandue aussi en Europe (il suffit de penser aux conteurs itinerants siciliens, qui se servaient - eux - de grands tableaux où le récit était découpé en cases comme dans une bande dessinée) et aujourd'hui confinée dans les musées, est encore bien vivante dans les états indiens du West Bengal et du Bihar. Le site de Hervé Perdriolle donne des informations sur cet art et en réproduit plusieurs exemples.Premier rouleau patua publié sous forme de livre, Tsunami a été conçu, imprimé en sérigraphie et relié à la main en Inde par l'atelier des éditions Tara à Chennaï, dans le respect des principes qui sous-tendent le commerce équitable.L'art patua se situe à l'aube du cinéma et de la bande dessinée (Hervé Perdriolle) et Tsunami ouvre une fenêtre sur une forme ancestrale au croisement des littératures graphiques et orales
Depuis des années nous rêvions de réunir toutes les 1336 planches de Sin City, le chef-d'oeuvre de Frank Miller, dans un seul et unique recueil. Il nous a fallu beaucoup de patience et le recours à toute notre expertise technique. C'est maintenant chose faite. Les sept épisodes de la saga de la Ville du péché - de The Hard Goodbye à L'enfer en retour - avec ses malfrats, ses filles de joie, ses politiciens véreux, ses ambiances glauques et son ultra-violence sont édités dans un épais volume, dans la tradition des « Omnibus », qui fera le bonheur des fans, des collectionneurs et de tous ceux qui ont envie d'offrir un super cadeau pour les fêtes de fin d'année.
Issu du travail sur le terrain entrepris par Joe Sacco entre 1995 et 1996, Goražde est le récit passionné et rigoureux du calvaire de la ville et de ses habitants pendant la guerre qui a rava-gé l'est de la Bosnie de 1992 à 1995. Pendant les quatre mois passés là-bas, Sacco a recueilli les témoignages des survivants et observé leurs conditions de vie pour réaliser ce qui peut être défini comme l'un des ouvrages majeurs traitant de cet épisode tragique de l'histoire contem-poraine. La rigueur journalistique de Sacco, son souci constant de séparer les témoignages recueillis de ses propres opinions, les digressions minutieusement documentées sur le dérou-lement de la guerre en ex-Yougoslavie, sa maîtrise du langage de la bande dessinée en font un modèle de « reportage en bande dessinée ».
Alberto Breccia est sans doute un des auteurs de bande dessinée qui s'est inspiré le plus des grandes oeuvres de la littérature pour réaliser ses histoires. Cauchemars recueille cinq histoires brèves, en couleur, réalisées en 1981. Toutes ces histoires (sauf une qui a été publiée dans la revue Frigobox), sont inédites et sont tirées de nouvelles ou romans de Stevenson, Lovecraft, Ray. Plus que d'adaptation, on pourrait plutôt parler de notes de lecture. Le but de Breccia n'est pas de transposer un récit littéraire en bande dessinée mais d'en fixer par ce moyen l'atmosphère et surtout les sensations et les émotions qu'il a provoqué en lui. Ces récits sont remarquables par l'utilisation magistrale du rythme et de la couleur et représentent avec Dracula, la meilleur illustration du travail en couleur du maître argentin.
La finance qui règne sans partage, le gouffre qui ne cesse pas de se creuser entre richesse et pauvreté, la mainmise de la classe aisée blanche sur la culture et les médias, la gauche qui a renoncé à faire de la politique et l'a remplacée par un creux moralisme, les gargouillis identitaires...Liv Strömquist s'éloigne le temps d'un livre des thématiques des Sentiments du prince Charles et de L'Origine du monde pour brosser un portrait sans concession de nos chancelantes démocraties européennes. Si le sujet a changé, l'approche de l'auteure suédoise n'a pas bougé d'un iota :Partant une fois de plus d'une galerie d'exemples bien choisis, l'analyse de Liv Strömquist est toujours documentée, brillante et - avant tout - extraordinairement drôle. Un manifeste politique limpide et humaniste, une lecture salvatricedans cette époque confuse et agitée.
Dans un appartement cossu du centre ville, une jeune fille fume cigarette sur cigarette et essaye de chasser la tristesse qui l'envahit. Quelqu'un sonne à la porte. Masque et collants pas de doutes, c'est le fameux vengeur masqué dont toute la ville parle ! Des souvenirs qu'elle croyait enfouis à jamais refont alors surface : la tristesse disparaît, la vie - la vraie, celle faite d'émotions et de sentiments - commence à nouveau..Particulièrement attiré par le genre super héros, qu'il considère comme le seul qui a été crée par et pour la bande dessinée, Rubín s'amuse à le démonter et en étudier le mode de fonctionnement. S'il a parfaitement intégré la leçon de Frank Miller, l'auteur remonte pourtant ce mécanisme en y ajoutant une touche poétique tout à fait personnelle.
Héraclès et Mégara tombent amoureux et fondent une famille. Deux enfants naissent de cet union et tout dans la vie du héros semble changer. Fini les défis et les batailles, la quiétude et la paix semblent être à jamais entrées dans son existence. Mais c’est sans compter sur l’obstination de Héra, qui a juré de le détruire à tout prix. Alors qu’Héraclès est endormi, la déesse lui fait croire que sa maison est attaquée par des monstres et le pousse à nouveau au combat. Une fois réveillé, le héros se rend compte que sa fureur s’est en réalité déchaînée contre les êtres qui lui sont les plus chers ; sa femme et sens enfants, qu’il vient de tuer. Accablé et fou de douleur, Héraclès finit par se retirer au sommet d’une montagne pour expier sa faute dans la solitude la plus totale…
Barcelone, 1943. Des lettres manuscrites fourmillant de problèmes intimes, conjugaux et familiaux, inondent les bureaux de l'une des émissions de radio les plus écoutées du pays. Provenant de femmes de tout âge qui subissent de plein fouet la politique régressive de l'Etat national-catholique, elles sont toutes adressées au Dr Elena Bosch, qui livre à l'antenne ses bons conseils. Eulalia Pilar est l'unique scénariste femme de l'émission ; une fois loin des ondes, la jeune trentenaire parcourt les rues à la recherche de son mari Alfonso, porté disparu, alors qu'elle doit accoucher dans quelques semaines et fait appel au detective Don Mauricio pour mener l'enquête.Mais il se pourrait que, sous sa longue robe noire et ses traits angéliques, la jeune femme cache bien des secrets...