C'est l'époque de la « drôle de guerre ». L'écrivain et philosophe Walter Benjamin vit à Paris depuis plusieurs années. Mais en 1939, comme tous les ressortissants allemands, il est interné dans un camp de « travailleurs volontaires » à Nevers. Libéré après deux mois et demi grâce à l'intervention de plusieurs amis, il regagne Paris jusqu'à l'arrivée des troupes de la Wehrmacht. Il s'enfuit, et commence pour lui une errance dans le Midi, d'abord à Lourdes, puis à Marseille, d'où il tente en vain de s'embarquer pour les États-Unis. Son périple se poursuit dans les Pyrénées, jusqu'au poste-frontière espagnol de Port-Bou où, menacé d'être livré à la Gestapo, il se donne la mort.Ce récit s'entrecroise avec une évocation du poète américain Ezra Pound, exilé à Rapallo, au nord de l'Italie fasciste, dont il partage aveuglément les opinions. À Rome, le poète rencontre Mussolini dans le but de se mettre à son service, mais celui-ci décline la proposition, convaincu d'avoir affaire à un esprit dérangé. Arrêté en 1944 par les Américains, condamné pour trahison, il est enfermé à Pise dans une cage en plein air, avant d'être interné durant treize ans dans son pays. À travers ces deux figures antagoniques se dessine une époque, petites histoires dans la grande Histoire, qui nous parle à demi-mots du temps présent, de ses idéologies, de ses angoisses, de ses espoirs.Walter Benjamin et Ezra Pound : deux individualités se croisent sans se rencontrer. Tout les oppose, mais ils sont les témoins d'un même naufrage. Le premier porte sur le monde un regard lucide et critique, voire désespéré ; le second se rengorge des illusions de son époque aveuglée par le progrès et la vitesse. Des histoires se racontent qui racontent l'Histoire.Un livre écrit et dessiné. Avec près de 150 dessins de l'auteur.
Nous partons virtuellement pour le Massachusetts et voyageons réellement en Russie - à Saint-Pétersbourg, à Moscou, à Kazan, à Samara, à Koktebel, à Yalta. Ce septième volume est consacré à deux poétesses majeures : une Américaine du XIXe siècle et une Russe de la première partie du XXe siècle.Emily Dickinson et Marina Tsvetaieva n'ont apparemment pas grand-chose en commun. La première reste recluse chez elle, à Amherst, dans la vallée du Connecticut, tandis que la seconde, née à Moscou, étudie à Nervi, Lausanne et Paris ; contemporaine de la révolution d'Octobre, elle séjourne à plusieurs reprises en Crimée, avant de s'exiler en 1922 à Berlin, puis en Tchécoslovaquie et en banlieue parisienne. En 1939, elle retourne en Union soviétique où elle se suicide deux ans plus tard.À travers les vies héroïques de ces deux femmes, le livre évoque deux aventures littéraires qui ont survécu à l'indifférence, à l'hostilité, voire à la censure. Femmes, elles ont refusé de se plier aux convenances et aux procédés du genre poétique, faisant preuve d'une inspiration existentielle à la fois féminine et universelle. Formellement, rythmiquement, métaphoriquement, elles ont bousculé l'ordre littéraire pour imposer un art poétique nouveau.Ni Dickinson ni Tsvetaieva n'ont douté de leur postérité, convaincues que leur oeuvre, surgie du plus profond de leur être, entrerait un jour dans la grande histoire de la poésie moderne.
La Revue bédéphile accompagne désormais BDFIL, le festival international de bande dessinée de Lausanne. Richement illustrée, elle en reflète les contenus, mais pas uniquement : elle se veut un lieu d'exploration autour de la bande dessinée. La Revue bédéphile présente, à côté des dossiers monographiques, des interviews d'artistes ou de personnalités du neuvième art, des approches historiennes, sensibles ou esthétiques, des essais, des hommages. Elle comporte d'importantes sections d'images, composées de carnets de croquis, de projets de commande et de planches inédites.En 2016, l'invité d'honneur du festival est le dessinateur Derib, dont les séries Yakari et Buddy Longway ont passionné le public.Hergé est également à l'honneur, avec une rétrospective qui présente les différentes facettes du père de Tintin, tour à tour illustrateur, graphiste ou caricaturiste.La Revue s'intéressera également au travail de plusieurs dessinateurs et dessinatrices exposés dans le cadre du festival, notamment Catherine Meurisse (de Charlie Hebdo) et l'illustrateur suisse Pierre-Alain Bertola ; la revue suisse-allemande Strapazin et l'exposition pour adultes Flower Power seront évoqués en textes et en dessins. Enfin, une part importante de la Revue sera consacrée à un projet de commande, intégralement reproduit dans ses pages : 35 artistes du monde entier inventent une suite à la BD mythique de Winsor McCay, Les Cauchemars de l'amateur de fondue au chester... Des pages qui s'annoncent délicieusement indigestes !