Quel est le point commun entre Olive Booger et Franz Kafka, Thomas Jefferson ou encore Daniel Radcliffe ? L'AVF - L'Algie Vasculaire de la Face, un mal chronique qui inflige aux individus qui en souffrent une douleur extrême et handicapante dans leur vie de tous les jours.Pour Olive Booger, Tournevis est la représentation physique la plus évocatrice de son supplice. C'est juste un tournevis. Avec un long clou rouillé accroché au bout. Elle l'enfonce énergiquement dans mon oeil. « Elle », c'est La Mort qui veille, fantas-mée dans son habit traditionnel et sa faux, annonciatrice silencieuse d'une nouvelle crise. Une relation ambiguë que l'auteur dissèque au cours d'une autobiographie teintée d'humour et d'onirisme. Son dessin expressionniste, riche en métaphores, donne corps à ses épisodes migraineux.Tournevis est le dix-huitième livre de la collection Vingt-Quatre. Ce dernier se dé-marque par sa densité, ses couleurs acides et sa précision documentaire.
« Vers 9 ans, j'ai compris que je n'avais pas le sens de l'humour. A 13 ans et demi, j'ai trouvé un chat dans les bois. Je l'ai écrabouillé avec une pierre. A 15 ans, j'ai mis ma main dans le broyeur de la cuisine. A 16 ans, j'ai fait semblant de tomber amoureux d'Alyssa. Elle a vraiment essayé de me faire ressentir des choses. » Ainsi commence The end of the Fucking World, un récit initiatique cru et corrosif dans la ligné de cer-tains grands road-movie américains : Badlands, True Romance ou encore Sailor & Lula. Alyssa aime James, James pense que, peut-être, il aime Alyssa. Grandir c'est difficile, spécialement lorsque qu'on est incompris des adultes et qu'on a l'impression d'être méprisé par le monde entier. Lassés de cette vie déprimante, les deux person-nages de The End of the Fucking World entament la fin de leur adolescence par une longue fugue où ils vont se retrouver confrontés à des situations extrêmement cri-tiques.
Du Moyen Âge à nos jours, chansons et ballades, pièces de théâtre et comédies musicales, films et séries télévisées ont façonné un mythe en résonance avec leur temps, fredonné par le peuple ou par le pouvoir en place. Les récits s’étoffent de péripéties et finissent par s’associer. Mais connaissez-vous la véritable légende de Robin des bois ? Ce qui relie ces « différentes » versions est en fin de compte l’idée de liberté, une valeur abstraite et l’un des fondements de la culture occidentale. Réévaluée d’époque en époque, cette liberté s’exprime dans l’histoire du personnage, raturée, copiée/collée, remaniée, adaptée sans vergogne à travers les âges. Reprendre Robin Hood aujourd’hui, c’est donc à la fois revendiquer le refus de propriété de ce mythe et questionner ce que peut signifier la liberté dans notre culture !La nostalgie qui se dégage de l’ensemble du Robin Hood de Simon Roussin n’est pas sans écho avec notre génération. Le déchirement de Robin entre loyauté et pulsions est un lourd prix à payer. Cela dit, le moteur de Robin Hood, au-delà de sondésir de justice, correspond bien à un sourd appétit de vie que les feutres fauves de Simon Roussin font pulser dans la matière même du dessin, à chaque page de ce récit !Pour l’occasion de cette réédition, Robin Hood s’offre de nouvelles pages. À l’époque de la première parution, Simon Roussin était encore étudiant aux Arts décoratifs de Strasbourg. Aujourd’hui, il figure parmi les créateurs les plus audacieux de sa génération.
David est un cadre moyen à la vie un peu routinière. Une femme, deux enfants,une petite maison mitoyenne. Lorsque sa soeur emménage dans une grande villa dans la banlieue chic, David cède peu à peu à la pression familiale et envisage à son tour de vivre l'american way of life. La vente de leur petite maison plonge pourtant sa femme dans une mélancolie inattendue.Du chez-soi décrit avec subtilité le jeu des apparences dans une société dominée par les valeurs matérielles. L'achat d'une grande maison dans un quartier chic semble être la garantie d'une vie familiale heureuse. Mais dans cette course au bonheur, chacun est mis au défi de vivre au-dessus de ses moyens, et au final : frustration, hypocrisie et isolement prennent la place du bonheur tant espéré.Le dessin au crayon d'Ariane Dénommé décrit parfaitement les intérieurs nord-américains tout de bois et de pierre, aussi bien que les émotions de ses personnages même les plus silencieux. Son dessin porte le récit avec efficacité et discrétion. Du chez-soi est la première coproduction entre l'Employé du Moi et La Mauvaise tête, jeune maison d'édition montréalaise.La grande qualité de Du chez-soi est d'être claire dans son propos sans jamais donner la leçon.
Robert est un adolescent en colère. Amis, frères, parents, tout le monde semble ligué pour lui pourrir l'existence. Une nuit, il s'échappe de la maison familiale pour enfourcher la moto de son copain Ernesto, avec la vague idée de partir, loin. Eldrige est un homme proche de la retraite, exaspéré par une vie de couple d'où toute tendresse s'est évaporée. Lorsque sa fille débarque pour la nuit après une dispute avec son compagnon, il est rapidement pris à partie et déguerpit à la cave pour finir son repas et se consoler au gin-tonic.Les personnages dépeints par Jordan Crane sont aussi divers qu'ils sont touchants. Chacun des neuf récits de L'Ombre de la nuit nous projette dans des ambiances tendues, avec une efficacité rare dans la description de ses personnages et des situations. Séquence onirique, science-fiction, comédie dramatique, le spectre est large mais secoue à chaque fois par la crédibilité de son écriture. Jordan Crane offre également dans ce livre l'étendue de ses capacités graphiques, un trait lisse et précis qui s'accompagne de la maîtrise des masses ou de la bichromie.Détaillé pour décrire un garage, ou une femme nue armée d'un marteau, il peut aussi se faire plus rond pour dépeindre une ballade à la campagne d'un couple amoureux
Pour payer son loyer et subvenir aux besoins de sa petite famille, Joe n'a eu d'autres choix que d'accepter le maximum d'heures supplémentaires à la pizzeria où il travaille. Complètement fauché, il est obligé de rentrer à pied après son service du soir, alors qu'il pleut des cordes depuis de jours. Il aime Nicole, sa femme, mais lui reproche tout de même cette situation instable. S'ils n'avaient pas eu le bébé, tout serait peut-être différent.Pour couronner le tout, sa belle mère toxico s'installe chez eux après avoir quitté son compagnon. Alors, il boit plus que de raison pour endurer l'adversité, quitte à passer pour un vrai salopard auprès de ses proches et de ses collègues du restaurant. Joe touche le fond, seule une intervention divine pourrait le sortir de ce mauvais pas. Le Bord du gouffre narre quatre jours de l'existence d'un homme, quatre jours où les évènements malheureux coïncident pour faire sombrer Joe.Avec fatalisme, mais en évitant habilement le pathos, Noah Van Sciver y dépeint les conditions de vie des indigents de l'Amérique. Un état de précarité réaliste qu'il connaît bien pour avoir travaillé dans des fast-foods avant que sa carrière d'auteur ne décolle. Parue aux Etats-Unis quelque temps avant la trilogie des Fante Bukowski, cette oeuvre, beaucoup plus sombre et pessimiste, dénote déjà l'intérêt de ce jeune auteur pour les figures romantiques, les illusions perdues et la complexité de la comédie humaine.
Christine est amoureuse de Joshua. Bien sûr, elle est particulièrement excitée par les vidéos qu’il poste pour elle sur le Net où il s’entaille délicatement la poitrine face caméra. Mais ce qu’elle ressent pour lui est un amour intense et pur. Son père vient de mourir et sa mère risque de sombrer dans l’alcool, une fois de plus. Pour couronner le tout, son manager, qui la croit timide et docile, est à deux doigts de l’abus de pouvoir. Alors, oui, le désir qu’elle a pour Joshua est la plus belle chose qui existe. Elle va quitter sa vie conformiste, pour rejoindre celui qu’elle aime, dans cette chambre où sa mère, complètement dingue, le retient prisonnier. Rien ne pourra l’en empêcher. Slasher est l’histoire d’une femme qui a décidé d’accepter ce qu’elle est vraiment? : quelqu’un de fort, malgré ses pulsions sanguinaires et ses fantasmes morbides. On connaît le talent de Charles Forsman dans la création de personnages complexes et de situations explosives depuis la parution de The End of The Fucking World, devenu une série culte sur Netflix. Avec Slasher, il pousse plus loin encore ses interrogations sur la relation entre normalité etperversité, dans un récit où l’ultra-violence est au service d’un renversement des normes sociales. Son héros est une femme qui nourrit des sentiments authentiques, aux prises avec une Amérique hypocrite et immorale. Slasher emprunte le sadisme au genre cinématographique éponyme, mais s’en distingue par l’épaisseur psychologique de sa protagoniste.
On n'imagine pas a quel point les écoles d'art sont des endroits problématiques. C'est un milieu ultra compétitif, ou les étudiants essayent par tous les moyens de montrer qu'ils sont les plus créatifs, les plus cools... Jean-Mi, un jeune garçon timide et légèrement introverti, évolue dans ce monde depuis peu de temps. Lui, son problème, c'est le cours de nu ; il n'y arrive tout simplement pas. Il est mal à l'aise et se fait constamment malmener par son professeur. Alors, le soir, il part espionner Iéléna, sa camarade de classe, afin de croquer ses courbes en toute discrétion. Il lui voue une adoration secrète.Lucas, son ami inquiet, décide de le suivre, mais ce dernier est surpris par Iéléna. C'est ainsi que Jean-Mi va se retrouver, malgre lui, au centre d'une performance artistique pour le moins inédite. Une « scripted reality », pour laquelle lui et ses proches ont été mis à contribution sans qu'on leur ait véritablement demandé leur avis. C'en est trop pour notre héros candide qui va essayer, par tous les moyens, d'empêcher la projection lors des portes ouvertes de son école.
Michel, le quarantenaire râleur et hirsute créé par Pierre Maurel nous revient pour un troisième épisode. Cette fois, l'amour, le vrai, celui pour lequel on passe l'aspirateur, semble bien avoir frappé à sa porte. Mais les emmerdes ne cessent pas de pleuvoir pour autant. Dans une France traversée par les conflits sociaux, impossible pour Michel de rester indifférent et de garder son matériel de reporter en poche, ni sa langue d'ailleurs.Comme il n'est pas vraiment taillé pour l'aventure, c'est aussi sous une pluie de coups durs, pas toujours métaphoriques, que notre antihéros bedonnant va courir. Qu'il nous promène au milieu des lacrymogènes pendant une manifestation des gilets jaunes, dans un vernissage d'art contemporain, dans les petits boulots d'intérim ou le long d'un sentier de campagne verdoyant, Michel est toujours furieusement proche de nous, de nos espoirs, de nos coups de gueule et interrogations sans réponses sur ce monde hyperconnecté et pourtant bien terre à terre qui est le nôtre.Pierre Maurel décortique, avec son dessin nerveux et ses figures saisies sur le vif, les travers de notre époque. Avec drôlerie, intelligence, et au travers de situations et d'un personnage plus complexe qu'ils n'en ont l'air. Michel, Le Grand schisme est le dernier opus de la trilogie entamé avec Les Temps modernes en 2018. Pour l'auteur, c'est l'occasion d'aborder sous l'angle d'une comédie de moeurs à la fois sympathique et grinçante des thématiques liées à l'actualité.Les mouvements sociaux d'aujourd'hui, les trottinettes géolocalisées, mais aussi un furieux désir de changer le modèle de notre société. Ce dernier opus se veut plus jovial et ouvert sur l'inconnu.
C'est la nuit, on y voit à peine, on ne sait pas comment s'y prendre, mais il va bien falloir la monter cette foutue tente ! Et voilà, les plaisirs du bivouac qui commencent pour la petite Lucy et sa grande soeur. Au coeur de l'été, les deux filles s'installent pour quelque temps dans un camping typique de la campagne française. Parmi ceux qui reviennent chaque année, il y a le jeune Roman : un garçon aventurier et brusque, que l'on devine, trop souvent, livré à lui-même. Il connaît les lieux comme sa poche, à l'aise sur son territoire, rien ne pourrait l'effrayer.Mais, lorsqu'il trouve sur son chemin une nouvelle tête, celle de Lucy, il se transforme en un animal farouche. Qui s'y frotte s'y pique ! Le temps d'un séjour fugace, les deux enfants vont apprendre à s'apprivoiser.Progressivement, malgré les secrets et les blessures, la curiosité pour l'autre l'emportera sur la méfiance. Cette rencontre éphémère et tumultueuse, au coeur d'une nature jaunie par l'été brûlant, se profile au travers des couleurs au crayon de Noémie Marsily, accompagnée pour cette aventure de la scénariste Isabella Cieli. Memet est un récit subtil, appuyé par une mise en scène faite de petites touches sensibles et délicates qui évoque la douce nostalgie des vacances de notre enfance.
Gautier sort avec la belle Louise, mais ressent aussi quelque chose pour Marc. Romain n'a jamais embrassé personne. Candice essaye d'avoir les devoirs de Pauline. Martin copie sur Jeanne. Nicolas a appris à jouer Stairway to Heaven. Ça n'impressionne pas du tout Sarah. Michel est trop timide pour parler avec Claire, surtout depuis le coquard qu'il lui a donné...À travers une série d'instantanés, Max de Radiguès représente le petit monde de l'adolescence telle que nous l'avons tous vécue ; des premiers flirts aux peines de coeur, des cigarettes en cachette, des jalousies mal placées, des devoirs oubliés, de la complicité et de la camaraderie, des découvertes comme des déconvenues. Au centre de ces petits évènements du quotidien, des personnages pour lesquels l'auteur a manifestement beaucoup d'affection. La composition des planches est réduite à son strict minimum afin de laisser la partbelle aux interactions, transformant ainsi la moindre des futilités en une expression exceptionnelle de la sensibilité. L'Âge dur nous replonge avec délicatesse dans nos années « collège » et nous rappelle que l'âge bête (ou ingrat pour d'autres) n'est pas que mal-être et souffrances, mais aussi insouciance et plaisirs.Cette nouvelle édition est enrichie de pages inédites (dont 16 en couleur). À la suite de L'Âge dur, Max de Radiguès a publié plusieurs albums chez Sarbacane mettant en scène de jeunes protagonistes qui lui ont valu de nombreux prix. Preuve, si tant est qu'il y en ait besoin d'une, que la thématique de l'adolescence continuera d'être une source d'inspiration essentielle pour lui.
Maître incontesté de l'autoédition US, John Porcellino représente une influence majeure pour les auteurs de bande dessinée indé des deux côtés de l'Atlantique. Hélas, trop peu traduit, il reste méconnu du grand public en France. Depuis plus de 25 ans, il publie des histoires dans son célèbre fanzine King-Cat Comics. Issu de cette revue,Tueur de Moustiques compile ses histoires d'exterminateur de moustiques. Un métier pour le moins original qu'il a exercé dans les marais et les forêts du Colorado et de l'Illinois entre 1989 et 1999. C'est l'occasion pour lui de revenir sur les événements qui ont affecté sa vie, sa santé et sa vision du monde.Durant ces années, il a documenté son expérience de travail en toute honnêteté avec beaucoup de grâce, d'intelligence, de pureté, de poésie et parfois de naïveté. Porcellino utilise la bande dessinée comme un journal intime. C'est pour lui une pratique quotidienne, essentielle à son existence. Les différents récits publiés dans Tueur de Moustiques s'étalent sur une longue période de sa vie et permettent de saisir l'évolution de ses réflexions et de son dessin : de ses débuts bruts et hésitants, à l'affirmation d'un trait raffiné qui marque sa singularité. Selon Chris Ware : « Avec seulement quelques mots et quelques lignes, les bandes dessinées de John Porcellino dépeignent avec simplicité, la sensation d'être vivant ».
Le chaos s'installe dans un étrange troupeau d'herbivores lorsque son leader, vieux et affaibli, s'isole pour agoniser. Avant de mourir cependant, il choisit son successeur et l'envoie chercher la compagnie des hommes, seule à même de le former à reprendre la tête du groupe. La rencontre entre l'animal et un jeune couple occupant un phare sera en effet pour lui riche en enseignements. Ce que l'animal comprend au contact de la société des hommes le rend capable de devenir le leader de son groupe. Mais l'a-t-il appris en mimant le comportement de ses maitres ou par rejet de ce qu'il a vécu à leurs côtés ? Le récit, riche en métaphores, donne autant de réponses qu'il pose de questions. Bien que court, il adopte tour à tour le point de vue animal et humain. Chacun reçoit un traitement graphique particulier : le premier chapitre adopte le point de vue de l'animal, le second celui des hommes et le troisième fusionne les deux.Ressources humaines a été dessiné lors des 24 heures de la bande dessinée 2010, et entièrement redessiné pour l'édition papier.
Il faut une situation hors du commun pour que cet homme et cette femme, qui vivent au début du récit leurs derniers jours comme conjoints, soient à nouveau rassemblés pour un soir. Pour une nuit même. Il y a mort d’homme. Un accident et un corps gênant qu’ils vont tenter de faire disparaître, se cloîtrant dans une intimité qu’ils ne désirent plus, obligés de s’affronter encore une fois.La rupture et les états dans lesquelles elle nous entraîne et peux nous laisser sont le sujet de ce livre sensible . La confusion (mentale) des protagonistes trouvent écho dans le rendu à la gouache posé parfois comme en fondu, presque en lavis.Les moments semblent se confondre, entre passé et présent, souvenirs et regrets.Sacha Goerg a entrecoupé son récit par des scènes oniriques issues de l’imaginaire de sespersonnages. Ces scènes, petites fables humoristiques où les morts ont encore le droit à la parole, apportent un autre éclairage sur l’action. Elles semblent guider les deux protagonistes, comme d’inconscientes et simplistes réflexions intérieures.
L'univers tel que nous le connaissons est sur le point de disparaître. Pouf ? ! En un rien de temps, les étoiles, les planètes, les objets, les humains, celles et ceux que l'on aime sont petit à petit absorbés par le néant, emportés par un mystérieux phénomène de dématérialisation. Pour éviter que le monde ne sombre définitivement dans l'abîme, une équipe de scientifiques élabore un plan pour créer un stabilisateur de matière.Line et Marlène sont alors envoyées en mission à des années-lumière de chez elles, sur une planète inconnue. Elles doivent trouver L'Arbea Nauticeum et L'Obsidonita Kevlar, deux des matières organiques lesplus stables de l'univers qui, associés à d'autres, mettraient un terme définitif à ces évènements paranormaux. Les deux jeunes femmes espèrent revenir victorieuses de leur voyage, mais l'entreprise s'avère plus compliquée qu'escomptée : la localisation étant pour le moins inhospitalière, la faune et la flore de cette planète jungle complètement inattendues.Eksploracja est un récit de science-fiction qui nous entraîne dans une aventure frénétique qui chamboule notre rapport aux temps et à l'espace. Emportées dans des tribulations hasardeuses, parfois hallucinées, Line et Marlène vont en voir de toutes les couleurs. Dans sa première bande dessinée, Julie Michelin déploie de magistrales doubles pages à l'aquarelle pour initier ces personnages aux mystères du surnaturel et les confronter au fabuleux extra-terrestre.
Muriel c’est la petite nouvelle pensionnaire de la prison. Condamnée pour avoir poussé son père sous un train à l’âge 8 ans. Il va aujourd’hui falloir qu’elle s’adapte à la dure vie carcérale. Elle va pouvoir compter sur l’aide de Nina, sa compagne de cellule. Mais est-elle vraiment l’auteur du meurtre, elle ne se souvient plus, elle ne sait plus très bien, après tout elle détestait son père. L’unique preuve est un enregistrement audio de l’incident qui a refait étrangement surface 20 ans plus tard…En fait, Muriel est une chouette fille, pas bien compliquée et c’est pour cela qu’on l’aime bien. La vision du milieu carcéral féminin est ici peu banale et débouche sur un récit tragi-comique, parfois burlesque, réellement émouvant.
En 1997, John Porcellino commença à avoir de graves problèmes de santé. Se plaignant de fortes douleurs à l'estomac, on lui découvrit une tumeur bénigne à l'intestin grêle qu'il fallut tout de suite opérer. Après cette chirurgie, de nombreuses complications médicales s'ensuivirent, et ce durant sept longues années. Comme si cela n'était pas déjà assez difficile pour lui, la détérioration de son état physique et les erreurs de diagnostic répétées accentuent son anxiété maladive et ses troubles obsessionnels compulsifs. Trois histoires qui se succèdent et parfois se chevauchent font le récit de cette expérience et de son combat pour la guérison à travers la simple contemplation de son quotidien. Dans Chroniques cliniques, Porcellino relate avec candeur, intelligence et acuité le système médical américain et transforme ainsi son vécu en une représentation lumineuse de l'existence humaine. Une ardeur de vie absolument universelle. Acteur incontournable de la scène indépendante américaine avec son fanzine King-Cat, il narre son calvaire comme à son habitude au moyen d'un style épuré, poétique et sensible. La bande dessinée est son deuxième langage, l'autobiographie la matérialisation inévitable de ses maux. Il n'a jamais perdu l'envie de raconter. C'est une seconde nature pour lui, c'en est presque pathologique.
Aphrodite, la déesse de l'amour et de la beauté, crée les amazones pour clouer le bec à Mars et mettre fin à la tyrannie des hommes. Mais après un ultime combat contre Hercule, leur reine Hippolyte, lassée par leur fourberie, emmène les amazones sur l'île Paradis où elles fondent Amazonia, la cité où nul homme n'est admis. C'est là que naît Diane. Modelée par Hippolyte dans une glaise d'une pureté absolue, elle reçoit d'Aphrodite le don de la vie. Devenue une jeune fille forte et indépendante, Diane sauve un soldat américain en perdition suite au crash de son avion. Sans hésitation, elle brave l'interdit, recueille et soigne le premier homme qu'elle voit de sa vie.Diane est une évocation du récit inaugural de Wonder Woman, édité en 1941 par William Moulton Marston. Mis à part l'ajout de jurons et de quelques agréments de style, Ron Regé Jr. est resté au plus près de l'original. Cette lecture contemporaine de Ron Regé Jr. met volontairement en lumière la nature psychotique de la culture américaine. Bien que la mère de Diane l'eût élevée dans un but précis - lui faire incarner l'espoir d'un monde nouveau - elle semble échapper à tout contrôle pour finir par perdre de vue l'histoire dont elle est le fruit pour s'abandonner, jusqu'à l'obsession, au principe du plaisir.
Un vagabond, dans un décor sauvage évoquant l'ouest américain. Lointain nous conte l'errance de ce personnage perdu au milieu des plaines. Il est libre. Marchant, mangeant, dormant, avec le même détachement, ce demi-sauvage, curieux et attachant, se laisse vivre, guidé par son instinct. Les jours se suivent et se ressemblent. Un jour pourtant, son existence bascule. Suite à une chute, il se fracture vilainement un bras. Affaibli et délirant, il erre, incapable de se débrouiller seul. La mort le guette, c'est alors qu'un vieillard au comportement étrange se porte à son secours. Mais les soins que lui prodigue ce bon samaritain ne sont pas dénués d'intérêt. Il a pour dessein de l'apprivoiser et de l'employer à d'obscures tâches. Obéissance contre protection, une condition difficile à accepter pour l'infortuné, privé de liberté et physiquement diminué. Mais peut-il survivre seul à présent ?
Nouvel auteur chez l’employé du Moi, Pascal Matthey nous raconte avec finesse et tendresse ses souvenirs d’enfance.Il nous décrit la simplicité et l’innocence de son quotidien. Un récit qui au fil des pages et des strips muets nous révèle aussi ses craintes et ses premières interrogations.Le verre de lait est l’élement rythmique du livre. Un lien entre le jour et la nuit, l’intérieur et l’extérieur, entre l’enfance et le monde adulte.Le lait qui sert de repère pour l’enfant et apaise ses craintes, symbolise à la fois la présence et l’absence de la mère et témoigne aussi de la tendresse qui les unit.Composés un peu comme une partition de musique, les strips se déroulent sur un rythme presque paisible et sont dessinés d’un trait fragile, juste et rehaussé d’un lavis délicat. A cela s’ajoutent quelques signes et symboles qui viennent souligner les inquiétudes adultes et les questions de l’enfant pour former un récit sensible et touchant.
Menotte s'est enfui de son foyer, il vit depuis avec son chien Quenotte dans un bâtiment désaffecté à l'orée de la forêt. Orphelin, il survit de menus larcins et de cambriolages. Grâce à son doigt qui peut s'allonger à l'infini et aux dents aiguisées de son petit compagnon, aucune serrure ne leur résiste ? ! Dans les parages, il y a aussi Max et son crapaud. Malgré leur différence d'âge, Menotte finit par se lier d'amitié avec lui.Ensemble, ils occupent leur journée à arpenter les terrains vagues lugubres et les friches industrielles de la ville déserte. Pour tromper l'ennui, ils balancent des pierres aux passants et ça les fait bien marrer. Au fil de leurs errances, ils finissent par tomber sur le campement des trois de la bande du Chêne et s'empressent de le saccager. C'est le début des hostilités entre les deux clans ? ! Dans cette Guerre des boutons désenchantés, il y a surtout un combat pour l'émancipation.Adolescents dans la marge, livrés à eux-mêmes dans le monde des adultes invisibles, ils s'inventent leurs propres identités et construisent leur mythologie. Au coeur de cette utopie ingénue, la maturité surgit parfois là où on ne l'attend pas, à travers la rébellion, la fraternité, l'amour ou encore les prémices d'une organisation de vie autonome. Menotte & Quenotte est le premier long récit de Michel Esselbrügge, jeune auteur allemand que l'on avait pu lire en français pour la première fois, il y a quelques années, à L'employé du moi avec L'usine à tête de gras dans la collection Vingt-Quatre.
Du nouveau pour toi et moi, c'est la naissance de l'amitié, c'est l'insouciance et la grâce de la naïveté. Imaginez la banlieue américaine, l'ennui du WE pourtant tant atten-du, et imaginez le spectre des possibilités : partir à l'aventure dans le jardin déserté, découvrir de nouveaux mondes dans les caisses d'un sombre grenier !La vie est faite de petits riens : petites angoisses, petites tristesses et petits conflits. Le trio d'enfants que nous offre Joseph Lambert va vite s'en rendre compte. C'est grâce à ces accidents riches d'émotions que ses inséparables protagonistes arriveront à traver-ser leurs jeunes années avec vitalité et curiosité.Après un très long travail sur son livre Annie Sullivan & Helen Keller, Joseph Lambert retourne à son premier amour, le récit court. Il continue d'explorer ses thèmes de prédi-lection: la camaraderie et les liens fraternels. Avec humour, justesse et compassion, il entraine ses personnages dans des péripéties où le quotidien devient palpitant.
A l'époque où l'on ne connaissait pas encore ni le haut débit ni les applications de rencontre, draguer sur internet n'était pas forcément chose aisée. Surtout lorsque, adolescent, il fallait partager l'unique ordinateur de la maison avec le reste de ses nombreux frères et soeurs. Dans Mon aventure torride, Noah Van Sciver raconte, avec autodérision, comment il a décroché son premier rendez-vous galant en surfant sur l'ancêtre de nos messageries instantanées.En une quarantaine de pages impétueuses, il n'épargne rien de cette période de jeunesse où il vivait dans une banlieue minable de Phoenix à la fin des années 90. Traînant dans son quartier avec ses amis skateurs, de médiocres frimeurs, Noah apprend à ses dépens que tout n'est pas rose et que la vie est, parfois, faite de situations délicates, de petites déceptions et d'humiliations, mais que rien ne pourra jamais anéantir l'esprit de camaraderie.Sauf, peut-être... le temps qui passe. On connaissait le talent de Noah Van Sciver pour la fiction grâce à la trilogie des Fante Bukowski, on lui découvre maintenant une aisance certaine pour l'autobiographie qu'il pratique avec légèreté et désinvolture. De ce récit court se dégage une nostalgie truculente et drolatique : marque de fabrique de cette jeune coqueluche de la bande dessinée américaine qui, au vu de sa généreuse productivité, pourrait nous offrir très rapidement de nouvelles pépites !
Avec 3 déclinaisons , Pierre Maurel dessine la trajectoire de trois personnages attachants, dans 3 récits qui se frôlent plus qu’ils ne se connectent. Ces femmes et hommes, précis et proches, ont pour point commun de vivre dans leur chair la précarité des années ’00, les promesses jamais tenues d’une société d’abondance et de violence banalisée. Chacun à sa manière tente de trouver son sens, sa direction, son échappée.
Alors que la ferme familiale périclite, Arvo, le plus entreprenant des frères Ukkometsola, décide de lancer un business de lait porcin et de sperme avec l'intention de faire fortune. Il embrigadesa compagne ainsi que ses deux frères, malgré eux. Son manque d'expérience apparaît au grand jour mais Arvo s'obstine. Entre Steinbeck et « La merditude des choses », le livre sonne comme une débandade, une suite d'échecs auxquels répondent une frustration grandissante. L'auteur fait le portrait de trois frères portés par des désirs clairs mais sans aucune capacité de les atteindre tant ils entrent en contradiction avec leurs pulsions. De ce décalage entre leur détermination et l'évidence de leur inaptitude, naît un humour noir, cruel et burlesque. Jarno Latva-Nikkola s'appuie sur un traitement graphique sale et énergique pour soutenir le sous-texte sexuel et scatologique et refléter l'intériorité chaotique des protagonistes. Alors que les pays scandinaves passent souvent pour des modèles de progrès social et de réussite économique, Arvo, misogyne, raciste et brutal, représente une autre Finlande, rurale et réactionnaire. Un ancien monde aux prises avec les difficultés socio-économiques de la transition industrielle. Les frères Ukkometsola est une plongée singulière dans le « white trash » à la finlandaise signée par l'une des vedettes de l'underground finlandais !
Michel est un reporter radio free-lance d'une quarantaine d'années. Cela fait quelque temps déjà qu'il tente de concilier sans grand succès ses aspirations politiques et artistiques avec les galères que lui envoie le destin. Pas facile de garder de l'enthousiasme et du mordant à l'ombre de la startup nation des années Macron. Mais Michel sait aussi profiter des bons moments de la vie, comme d'annoncer, entre deux reportages sur les cheminots en grève, la naissance de sa petite-fille à un vieil ami, ou apprécier un bout de fromage devant un paysage au couchant. Cependant, trop occupé par ses propres tracas, il n'a pas vu vieillir ses parents. Et il doit se rendre à l'évidence: leurs disputes incessantes sur les petits riens du quotidien masquent mal leur inéluctable perte d'autonomie.Et il semble bien, contre toute attente, qu'il soit la personne désignée pour trouver des solutions, alors qu'il arrive à peine à s'occuper de lui-même.Pierre Maurel n'hésite pas, dans ce nouvel opus des aventures de Michel, à malmener son héros au grand cœur et au physique bedonnant, en le plongeant dans des situations grinçantes et burlesques. Mais c'est pour mieux nous rappeler qu'au final, la seule chose qui donne la force de tenir, c'est l'attention qu'on porte aux autres dans toutes ses déclinaisons : l'amitié, l'entraide, la lutte et puis évidemment, l'amour.
La mère de Julia se morfond depuis toujours dans l'auto apitoiement. Cette sensation étouffante de n'être pas grand-chose a peu à peu colonisé jusqu'au corps de Julia, qui se gratte compulsivement les narines débordantes de mucus depuis l'enfance. Partie à Bruxelles pour suivre des études artistiques, elle voit bien qu'elle ne ressemble en rien à tous les autres étudiants qui peuplent son école d'art. Tout ce qu'elle touche lui semble devenir triste, gluant et amer. Entourée de gêne et de silence, elle n'a plus, suite au décès de sa mère, les moyens de payer sa part de loyer. C'est alors, au hasard d'un concert, qu'elle rencontre les membres d'un collectif féministe qui vont faire basculer son existence. Julia plaque le peu qu'il lui reste pour les rejoindre dans un squat et embrasser leur mode de vie radical, marginale parmi les marginaux. Avec elles, elle souhaite danser, boire, tomber amoureuse et peut-être enfin, lutter contre autre chose que ses propres démons.Morveuse séduit par ses couleurs fortes et sa ligne gracieuse. Rebecca Rosen surprend par la maturité d'un récit courageux autour de problématiques sociétales comme le suicide assisté, et le déterminisme social qui brise tout espoir d'émancipation chez les individus. Rebecca Rosen est une autrice canadienne, installée à Bruxelles depuis quelques années. Morveuse est sa première bande dessinée.
Alors qu'une nouvelle antenne-relais est en construction aux abords de la ville, des morts inexpliquées se multiplient. La thèse de l'accident est rapidement écartée car auprès de chaque victime, est retrouvée une pierre parallélépipédique qui semble relier les affaires entre elles. S'il s'agit bien de meurtres, l'identité et la motivation de leursauteurs (un tueur en série, des opposants fanatiques au projet d'antenne-relais ? ) restent mystérieuses.Mais pour les autorités légales, il s'agit de rationaliser, de trouver des causes, de protéger l'industrie des télécommunications et de dénicher des coupables. Entre un mari énigmatique et en retrait et ses collègues lourdauds, la gendarme Loreleï Soares se fie à son instinct pour faire avancer l'enquête dont les premiers suspects sont un sanglier et un lynx. S'agirait-il d'une nouvelle étape dans la guerre ancestrale entre l'homme et la nature ? Auteur de nombreux ouvrages singuliers (chez Atrabile ou la Cinquième Couche entre autres), Thomas Gosselin s'associe à Isao Moutte au dessin pour ce polar énigmatique qui questionne habilement les rapports entre l'homme et la nature, la fragilité de leur cohabitation, les luttes de pouvoir et l'équilibre des forces.Entre scènes d'action et pages contemplatives, La trêve, chérie livre un épisode tendu de ce face-à-face éternel et sans pitié. Le thème du rapport entre l'homme et la nature a été de nombreuses fois traité mais La trêve, chérie propose une tout autre approche. Construit sous la forme d'une enquête policière, le récit change régulièrement de rythme au fil des soubresauts de l'enquête ou des réflexions de ses personnages.Les courses poursuites s'enchaînent avec les questionnements identitaires dans ce polar métaphysique qui ne se refuse rien, ni la symbolique limpide d'une écluse, ni les discours menaçants d'un perroquet. La trêve, chérie a quelque chose du tour de force car en un peu moins de 90 pages, il aborde, de manière brillante, originale et décomplexée, rien de moins que l'avenir de l'humanité et sa cohabitation avec la nature.La richesse des textes de Thomas Gosselin joue d'ailleurs un rôle central dans cette réflexion et cet étonnant récit.
Tout commence lorsque Selma se fait mettre à la porte par Max, son compagnon. Elle se retrouve alors seule, sans emploi, aux prises avec son quotidien dans son nouvel appartement. C’est peut-être pour elle l’occasion de prendre un nouveau départ. L’intrigue se déroule dans un Berlin futuriste, excentrique et absurde où la technologie et les phénomènes de mode ostentatoires et excessifs mènent la danse. Son entourage ne déroge pas à la règle ; même Yumi, sa meilleure amie, la snobe et lui préfère les frivolités de la vie mondaine. Cette superficialité l’oppresse, elle se sent aliénée par la civilisation et finit donc par être gagnée par la mélancolie. Machinalement, dans ses rêves, elle s’échappe vers un mystérieux désert. Tout devient prétexte à l’évasion : un poisson dans un aquarium ou bien le trou dans le mur qui donne chez le voisin. Par la suite, Selma s’entiche d’Anders, le gérant d’une animalerie pour le moins ennuyeux. Mais ce dernier disparaît inexplicablement après leur premier rendez-vous. A-t-il vraiment existé ? Shit is real est un étrange récit qui mélange romance et science-fiction, fantasmagorie et réalité, imaginaire avant-gardiste et mine de plomb. Aïsha Franz décrit dans ce livre une crise d’identité, un mal contemporain que les habitants des grandes métropoles connaissent bien. Après Petite Terrienne en 2012 et Brigitte en 2013 (aux éditions Çà et Là), Shit is real est le troisième ouvrage traduit en français de l’auteure berlinoise qui avait plus récemment participé au collectif Échos à L’employé du Moi.
Un cow-boy aux manières frustes découvre un corps dans un ravin. L'homme semble mort, et à sa main est menotée une valise prometteuse. Couper la main ou couper la chaîne ? C'est le début des ennuis pour le pauvre héros de cette histoire de Far West. Très loin des mythiques justiciers de années 50', Une main en or est une fable sur l'avidité qui nous plonge sans préparation au coeur d'une histoire macabre, rude et chaotique comme le désert qui lui sert de décor. Le dessin maitrisé et élégant de Jordan Crane contraste avec la cruauté du récit et l'absence de finesse de son héros. De scène en scène, l'espace des cases se partage entre des noirs sans repli et des lavis monochromatiques tranchés : bleus, rouges, et oranges enferment le protagoniste dans une solitude sans clarté.
Voici déjà un an que Fante Bukowski s'est installé à Colombus, une ville en pleine extension, capitale culturelle de l'Ohio. En ? beautiful loser ? qui se respecte, héros-poète et roi des poseurs, il n'a toujours pas rencontré le succès qu'il pense égocentriquement mériter. Tant qu'il n'aura pas connu la bonne fortune avec sa littérature, il devra dealer avec la précarité. Ainsi, il occupe ses journées à picoler, discuter avec une prostituée au grand coeur et traîner avec Norma, son amie performeuse.Mais, alors qu'il reste encore le loyer à payer et que ses parents ne lui versent plus un centime depuis des mois, un miracle survient : un éditeur lui propose de devenir ? ghost writer ? . Il devra écrire l'autobiographie de Royella, une starlette qui a le vent en poupe. Pour lui, l'enjeu est de taille
Chaque soir avant de s’endormir, le petit Pascal fait une prière en compagnie desa famille où il confie ses craintes et ses espérances. Lorsqu’il se retrouve seul pourtant, il prie encore une fois, afin de chuchoter ce qu’il n’ose pas dire tout haut : il a peur de la mort.Pascal est enfoncé est un récit muet d’inspiration autobiographique sous le trait d’un dessin délicat. Par petits détails et différentes anecdotes, le récit se développe et une évidence gagne l’esprit du petit personnage : ce sont des adultes qui écrivent les bandes dessinées pour enfants et le monde est plus compliqué qu’il n’y paraît.Après « le verre de lait », « Pascal est enfoncé » est le deuxième album de Pascal Matthey chez l’employé du Moi, ou comment un gag obscur de Boule et Bill et le décès d’un ami nous dessinent l’enfance en creux.
Quoi de plus plaisant qu’une promenade en amoureux le dimanche après-midi ? Monsieur s’adonne à la photo. En bon photographe amateur, il va choisir son modèle dans la rue avec l’aide de madame. Une fois qu’il l’à dans le viseur, il ne va plus le lâcher. Il va falloir user de méthodes dignes des meilleurs agents secrets. Ils vont le suivre partout tout. Mais si leur sujet était un dangereux criminel, un obsédé sexuel, un toxicomane ou bien pire encore : un psychopathe ?C’est avec un humour astucieux que Thomas Matthieu se livre à un étonnant jeu de piste avec ses deux personnages. Le type de la photo est une histoire prenante qui nous parle de voyeurisme et de ces jeux de l’imagination qui nous servent à transcender la banalité du quotidien. L’auteur a utilisé, pour son dessin, un logiciel de retouche photographique qui donne ce rendu graphique particulier et proche de la photographie.
Si vous vous baladez dans le centre de Bruxelles, vous croiserez certainement un musicien de rue à la barbe blanche. Max de Radiguès intrigué par le personnage, et sans rien connaitre de lui, a imaginé sa vie, ses romances, sa musique et le chemin qui l’a conduit à jouer dans la rue.Jacques Delwitte -son nom dans la fiction- est un musicien de rue qui travaille occasionnellement dans un studio d’enregistrement. Le récit débute par sa rencontre en studio avec les jeunes membres d’un groupe de rock prometteur. Par ellipses, s’entremêlent dans le récit le présent et le passé de Jack Delwitte, pour découvrir que le personnage discret, était jadis un chanteur à succès aux États-Unis qui vivait confortablement de sa musique et d’une passion avec sa compagne chanteuse... Une certaine idée du rêve américain... S’il n’avait pas laissé en Belgique, une femme et deux enfants...
400 pages pour se faire peur et tester les genres classiques du thriller au gore, mélangez avec un peu de second degré afin d'obtenir de l'épaisseur, voici Crrisp ! Fidèle à sa méthode de prépublication sur internet, l'employé du Moi fête le premier collectif papier sur le thème de la peur et issu d'une sélection du site Grandpapier.org, portail de bande dessinée en ligne. Après 40075km comics, Crrisp ! se démarque de son grand frère : il se veut encore plus sexy, toujours select et un peu moins volumineux. Avec ses 25 récits, Crrisp ! rassemble des dessinateurs confirmés aux styles variés - de Jeffrey Brown à Cédric Manche en passant par Matt Broesma ou Max de Radiguès - tout en mettant l'accent sur la découverte d'une large sélection rafraîchissante de jeunes auteurs talentueux. Le tout est préfacé par l'écrivain Thomas Gunzig et présenté sous une couverture de Morgan Navarro.
Comme beaucoup de jeunes de son âge, Sydney se pose beaucoup de questions car elle ne se reconnaît pas du tout dans le monde qui l'entoure. À quinze ans, elle est plutôt grande, fine et réservée, la puberté ne lui a pas fait de cadeaux. C'est dans une banlieue pavillonnaire qu'elle habite seule avec sa mère etson petit frère depuis la mort de son père. Elle a le béguin pour Dina, sa voisine et meilleure amie qui lui préfère les abrutis finis du lycée. Pauvre Sydney commence comme une sitcom à l'américaine mais il n'en sera rien. Sydney n'est pas tout à fait une adolescente comme les autres. À la demande de la conseillère pédagogique de son lycée, elle se raconte dans son journal intime ; ses amours, ses premières expériences sexuelles, son entourage, ses frustrations, mais aussi son énigmatique pouvoir métapsychique qui lui en fait voir de toutes les couleurs.
Jean-Luc organise régulièrement de petites sauteries entre collègues dans un appartement témoin, et ainsi tromper l’ennui de la vie de bureau dans son agence immobilière de province. Au cours d’une de celle-ci, Mattéo, dernier arrivé dans l’équipe, annonce avec arrogance son départ prochain pour un meilleur emploi. Dans la dispute qui suit, Jean-Luc tue le jeune homme à coups de poing devant deux employés. Jean-Luc promet à ses collègues qu’il fera disparaître ce corps encombrant et que tout pourra redevenir commeavant. Mais personne, pas même lui, ne peut vraiment y croire. Cet événement révèle peu à peu l’extrême fragilité de cet homme qui croyait avoir construit sa vie professionnelle et familiale sur du roc.Un corps a été dessiné au crayon par Lucie Castel et coécrit par Philippe Vanderheyden. Le trait expressif et les couleurs tranchées de Lucie appuient avec cruauté la lente descente aux enfers d’un homme simple.
Autres illustrations Sandra, une jeune montréalaise, découvre que l'inquiétant personnage qui l'observe régulièrement depuis le sous-sol de son immeuble est en fait Pascal Girard, un auteur de bande dessinée de seconde zone. Après une recherche sur le net elle découvre un auteur pas si pire et décide d'en savoir plus sur ce personnage. Elle échafaude alors un plan pour inspecter la tanière du dessinateur. Mais à peine s'est-elle introduite dans l'appartement, que celui-ci revient inopinément.Récit pathétique et drôle de Girard, dans la lignée de son récent Conventum chez Delcourt, on retrouve son dessin fin et rond, tout en économie et efficacité, et qui contraste avec ce récit d'une mordante autodérision. Adoptant le point de vue de la jeune fille, il porte un regard sans concession sur lui-même, se transformant en son pire cauchemar : un auteur pathétique, ventripotent, solitaire et barbu, vivant dans un sous sol miteux.
Un amoureux transi, une femme insaisissable. À leur rendez-vous, il patiente trop longtemps. Lorsqu’elle surgit enfin du tram, yeux baissés et pommettes rouges, les frustrations de l’attente disparaissent pourtant immédiatement. Après une ballade dans la ville, un retour à l’appartement et une étreinte passionnée comblent pour un temps les vides creusés par les non-dits.Le décor de Last Nite est la ville de Bruxelles et le coeur du récit, la trahison amoureuse. Mais le vrai sujet du livre est la transmission des émotions par le dessin et la couleur. Le carnet du protagoniste, qui se remplit de notes et de croquis tout au long du récit, en est le symbole et la mise en abîme.Last Nite qui a étéentièrement dessiné au marqueur, se construit sur des contrastes colorés et le jeu des hachures. Chaque page est une expérience pop et expressionniste jouissive, au service d’un récit teinté de nostalgie et d’amertume qui se lit comme on assiste à un feu d’artifice. C’est une gerbe de couleurs vives, une fusée qui explose en plein vol, une expérience courte et brutale qui laisse des traces sur la rétine.
Succès de librairie contagieux et enthousiasme viral, la première édition de Monsters est désormais épuisée. Il fallait absolument rendre ce bijou de l'autobiographie frustrée et névrosée à nouveau disponible !Augmentée d'une postface inédite qui, dessinée par l'auteur lui même, s'interroge profondément sur l'impact de ce livre sur sa propre vie, cette réédition offre une nouvelle peau à l'histoire de Ken Dahl : couverture cartonnée, vernis sélectif sur les zones sensibles, le tout bien protégé pour éviter de répandre l'infection.Imaginez ne plus jamais pouvoir embrasser quelqu'un sur les lèvres, partager de la nourriture, faire une pipe, fumer un joint entre collègues, emprunter une brosse à dent, ou cracher dans le café de votre patron, sans transmettre une maladie horrible et incurable... Ken, le personnage central de Monsters, doit se rendre à l'évidence : il a transmis l'herpès à sa compagne. Ce virus dont il ne connaît rien va rapidement détruire son couple et modifier profondément la perception qu'il a de son propre corps.
Michel, reporter radio d'une quarantaine d'années, surnagedans le monde moderne et disruptif des années Macron : crowdfunding, Tinder et marketing par internet font irruption dans sa vie plutôt rangée.Le moins que l'on puisse dire est qu'il ne partage pas l'enthousiasme du reste de sa génération. Ce deuxième album des aventures de Michel est l'occasion pour Pierre Maurel de mettre en scène la cruauté mais aussi la drôlerie des situations rencontrées par son anti-héros joufflu aux abois. Ainsi faire soigner une rage de dents par un ami d'ami vétérinaire de son état n'est probablement pas une bonne idée mais Michel ne le saura qu'après. Michel - Les temps modernes décrit avec un ton léger et mordant les plans débrouille et les galères de personnages attachants que Michel rencontre sur sa route. Ennuis d'argent, de santé, d'amour sont abordés avec une bonne dose de mauvaise foi. Comme dans Blackbird, le dessin vif et rond de Pierre Maurel restitue avec justesse les personnages et le tragi-comique de leur situation.
Se peut-il que l’homme qui a inspiré le film Les dents de la mer, Herbert Pan-zom, soit notre voisin ? Rémi Lucas, l’auteur et héros de ce récit, en est per-suadé. Il l’a reconnu dans une vidéo trouvée sur le net. Bon, il aurait aujour-d’hui cent ans, et son voisin n’a pas la moindre trace d’accent américain, mais peu importe, L’Amer édenté est l’occasion pour Rémi de mener une enquête fantasmatique qui fera se rejoindre pêle-mêle son voisin édenté, sa femme, son bébé et un des films les plus célèbres des années 70’. La place grandissante de l’industrie culturelle, sa proximité et son intégration dans nos vies grâce à la télévision et le net sont interrogés par l’humour échevelé de l’auteur.Rémi Lucas est un des membres fondateurs de la maison d’édition Flblb. Il y a publié de nombreuses autofictions et bâti un univers personnel, mélange étrange de son quotidien d’auteur de bande dessinée, de jeune père, de professeur, et de ses rencontres artistiques. Son dessin nerveux en noir et blanc croque avec efficacité cette enquête improbable au fumet de complot, avec de multiples rebondissements et même un dénouement.
Imaginez : le gouvernement abroge la loi surle prix unique du livre et déclare illégale l'auto-édition afin de contrôler au mieux les discours dissidents. Que faire ? S'organiser, pardi ! Voici le point de départ de ce récit d'anticipation qui survient dans un futur pas si éloigné. C'est dans cet environnement que Pierre Maurel nous invite à suivre un petit groupe de jeunes artistes qui ont décidé de s'engager clandestinement pour produire et diffuser leurs bandes dessinées afin de lutter contre le totalitarisme du pouvoir en place. Blackbird se lit comme un manifeste politique en faveur de l'expression libre et de la gratuité. Il se présente comme un remède contre l'oppression, les régimes sécuritaires et la consommation forcée. Par-dessus tout, Blackbird est un hymne au fanzinat, à ces bulles de libertés qui naissent hors contrôle et qui, parce qu'elles sont autonomes, secrètes et inattendues nous disent quelque chose d'essentiel sur le monde qui nous entoure. Le dessin au trait, précis et maîtrisé, prend souvent le pas sur le dialogue et renforce la dynamique de ce thriller militant !
A la fin de l'hiver, la déesse s'extirpe des enfers pour venir à la rencontre de son amant. Telle la nature endormie revenant à la vie, ils célèbrent, ensemble dans un jeu amoureux, le début de ce nouveau cycle. Inspiré par les mythes antiques du mariage sacré entre les divinités, Airpussy est un récit tout aussi mutique que symbolique, qui s'en remet à tous nos sens. Dans cette transfiguration contemporaine, une Vénus 2.0 nous invite à l'accompagner dans une déambulation érotique à travers la ville.La recherche des sexualités - dans toutes leurs formes et leurs genres - lui permettra d'envisager ses fantasmes et de la hisser, peut-être, vers ce fameux septième ciel. Cet ensemble allégorique, soutenu d'une belle bichromie, résolument séducteur et sensiblement provocant compose le premier livre d'Ulli Lust publié en Français. On retrouvera, d'ailleurs, dans les oeuvres plus récentes de l'autrice autrichienne - Trop n'est pas assez et Alors que j'essayais d'être quelqu'un de bien aux Editions Cà et là - les thématiques liées aux questions de la sexualité au féminin, la quête du plaisir, l'amour, le désir et la passion.Epuisé depuis quelque temps, Airpussy est aujourd'hui réédité dans une version cartonnée.
Le Mirliton merveilleux, album lithographié et mis en couleur à la main, paraît en 1868. Avec ce livre, le Merveilleux, genre en soi - contes de fée, récits surnaturels et mondes magiques - connaît alors l'une de ses toutes premières incursions dans la bande dessinée. La vile fée Grain-de-Tabac, alliée du Soleil en personne, jette un sort au roi Berlingo et à sa bien-aimée Tapioka : leur nourrisson est changé en ours ! Muni du Mirliton, une sorte de flûte aux propriétés magiques, les multiples héros du récit combattront le maléfice, pour que l'ourson - redevenu un fringant jeune homme - puisse épouser la belle Bulbul, fille du Schah...Ce récit se déguste telle une pièce montée, garnie d'éléphants et de chameaux en sucre, dont chaque étage réserverait de nouvelles surprises, miniatures de décors exotiques et farandoles de marionnettes enchantées. Destinée à la jeunesse lors de sa parution, cette bande dessinée s'offre au lecteur comme une généreuse malle de jouets. On y compte de nombreux personnages et péripéties, que les auteurs animent dans une histoire qui évoquera tout autant, au lecteur réjoui, les aventures du Baron de Münchhausen qu'Iznogoud et ses jeux de mots faciles.
Toujours à la recherche de leur capitaine, Janos Cola, l'équipage du Plescops commence à manquer de pistes concrètes et semble proche de l'impasse !La célèbre présidente de la pègre de Fujiii a bien laissé quelques notes au sujet de Janos dans son carnet de bord, mais ses informations demeurent confuses et inutilisables. Et, comme si tout n'allait pas assez mal, un étrange brouillard gamma coupe le vaisseau du monde extérieur, condamnant l'équipage à manger des pizzas synthétiques pendant de longues semaines !Alors qu'une routine monotone s'installe entre les camarades de la mission, un personnage inquiétant et surpuissant débarque à l'improviste : le porteur de la flèche d'argent. Le troisième épisode de Dr Cataclysm fait une fois de plus la part belle aux digressions narratives. Grâce aux flash-back qui éclairent certains éléments clés du récit, nous en apprendrons plus sur l'origine des Maîtres Invisibles. Alors que nous étions habitués à un rythme paisible, l'histoire s'emballe par une course poursuite haletante qui annonce un dernier volume animé. Le dessin de Mortis Ghost s'affûte au fil des pages pour donner corps à cette saga interstellaire située à des années-lumière de la science-fiction traditionnelle.
La légende raconte qu'au-delà du palais de glace, vers le nord, s'étend une terre d'imagination, où la magie règne en maître et où la sorcellerie colore les actes. Un héros porte seul le fardeau d'une quête épique et se bat à tour de bras contre des goules et des chenilles géantes. Il cherche à atteindre le palais de glace et ses mystères. Même si tout cela n'est qu'un jeu vidéo avec un graphisme élémen-taire, pour le petit Blanchard, ces aventures occupent entièrement son esprit.Il est le guerrier mythique. Nous sommes à la fin des années 80, dans une banlieue quelconque, le garçon vit seul avec sa mère et semble occuper ses journées à explorer le monde avec candeur. Pourtant, le jour où sa mère l'envoie porter des courses dans une vieille maison un peu effrayante, c'est une aventure d'un autre ordre qui l'attend. L'étrange et fascinante rencontre avec la veuve Szalinski qui habite l'endroit avec ses souvenirs, se confond bientôt avec la quête du pa-lais de glace. Confronté à cette nouvelle quête, notre héros perdra un peu de son innocence. Guidé par un trait sensible, vivant et très agile, Aseyn nous livre un récit finalement plus initiatique qu'aventurier : l'exploration du monde par un jeune garçon à l'aube de l'âge adulte.
Modèle réduit est l’histoire d’un jeune père retranché depuis la naissance de son fils dans le grenier de la maison familiale. Visiblement incapable de faire face à l’arrivée d’un enfant, il s’emploie avec obsession à peaufiner une énorme maquette de train électrique, avec sa gare, son village, ses montagnes creusées de tunnels. Ce monde miniature et idyllique devient dans ses rêves le décor des premières rencontres avec celle qui deviendra sa femme, moments précieux et chéris qu’un bébé géant, titubant et maladroit vient envahir et menace de détruire à tout moment. Couché sur le plancher, ce père absent observe jour après jour, à travers un trou du plancher, la vie se dérouler sans lui, naviguant entre la honte, l’obsession, et l’amour pour les siens.Cédric Manche est l’un des fondateurs de l’Employé du Moi. C’est aussi l’auteur trop rare de Panorama et de J’ai tué Geronimo (publiés par Atrabile). Il livre ici un récit presque muet au découpage méticuleux. Son trait précis et virtuose rehaussé au lavis donne à ce récit dense une douceur surréelle, qui accompagne la perte de repère de son personnage principal en nous faisant glisser sans heurt de la réalité au songe, et du monde réel à sa reproduction en maquette.
Leem est un bibendum géant à la peau laiteuse, un cyclope sans bouche qui court sans relâche à travers des paysages de campagne et aux abords des villes dans un but mystérieux. Il se nourrit d'eau et de soleil, s'effondre pour dormir avant de repartir, jour après jour. La course de Leem est remplie d'obstacles. Prédateurs, steppes désertiques, orages, villes, montagnes, sécheresse, et humains sont autant de dangers sur sa route.Leem ne les anticipe pas, il court. Naître, grandir, se reproduire, puis vieillir et mourir, chacune des 140 pages du livre est conçue comme un moment scandé et circonscrit, une unité graphique avec son propre rythme narratif, ce qui fait du récit un étrange documentaire animalier, à la fois grave et fantaisiste, dans lequel chacun peut retrouver une part de ses souffrances, ses difficultés mais aussi ses moments d'insouciance et de grâce.La diversité des situations nous amène dans les montagnes enneigées, au fond de l'océan, sur des îles paradisiaques, et n'épargne pas le lecteur ! Stéphane Noël est un des membres de l'Employé du Moi. Après avoir participé à plusieurs collectifs et dessiné Ressources humaines dans la collection Vingt-Quatre de l'Employé du Moi, il livre ici un récit de plus de 140 pages au dessin fin et régulier, entamé il y a plusieurs années et en partie pré-publié sur le site Grandpapier.
Un étrange bâtiment au milieu d'une drôle de forêt où deux amis un peu trop curieux s'aventurent. Ils embarquent avec eux le lecteur dans une déambulation sombre et absurde. « Les têtes de gras » sont des créatures au physique déroutant, des êtres de chair qui ne ressemblent à rien de concret et qui semblent avoir pour seule finalité de servir « d'êtres de compagnie » vers lesquels des personnes en détresse (malades ou dépressives, solitaires ou âgées) pourront diriger toute leur affection. Le remplaçant, idéal et bien plus pratique, des chiens, des chats ou des perruches. Ces têtes de gras sont élevées dans d'improbables bassins de liquide constitué de molécules génétique-ment modifiées, de crachats... Le protagoniste principal, révolté par le destin de ces petites bêtes, décide d'agir et de faire sauter l'usine qui les abrite.Michel Esselbrügge est le démiurge de cet univers si proche de notre monde mais où notre logique paraît anormale. Ce jeune dessinateur allemand, insuffle dans la bande dessinée actuelle un vent de renouveau : petit maître de l'irrationnel et de la ligne « punk » qu'il mélange dans le but d'exploiter une fiction onirique et poétique. L'Usine à Têtes de Gras peut aussi se lire comme une métaphore politico-sociale dans laquelle les affres de la solitude et de la disparition du lien social transparaissent.