En 1934, Dashiell Hammett est au sommet de son art.Il a publié les cinq livres qui constituent toute son oeuvre romanesque, dont les classiques La Moisson rouge et Le Faucon maltais. Hollywood lui fait les yeux doux et le nabab de la presse William Randolph Hearst lui demande de créer un strip quotidien pour concurrencer le Dick Tracy de Chester Gould, qui triomphe dans les journaux rivaux. Pour illustrer sa vision du héros hard-boiled, on recrute le jeune Alex Raymond, qui rôde ses pinceaux sur les brouillons de Flash Gordon, son futur chef-d'oeuvre.Le 2 janvier, la première livraison d'Agent Secret X-9 parait dans la presse Hearst. Surprise. L'un des grands romans noirs de l'Age d'Or est une bande dessinée. Tous les thèmes du genre y sont abordés. Les femmes sont fatales, les sentiments meurtriers, les méchants insaisissables, le héros désabusé. Dialogues au rasoir et élégances art-déco se mêlent pour célébrer les noces de la Pulp Fiction, à laquelle Hammett a donné ses lettres de noblesse, et du Comic-Strip.En quelque 400 bandes quotidiennes, Hammett et Raymond inventent le polar moderne, ouvrant la voie à un nouveau style de narration, brutale, frontale, toute tournée vers l'action mais ne perdant jamais le fil de ses préoccupations morales. La présente édition restaure le rythme de lecture d'origine, un strip par jour - ici, un par page - et donne à admirer le fabuleux travail d'Alex Raymond comme on ne l'avait jamais vu.Regroupant les quatre histoires écrites par Dashiell Hammett, elle constitue l'intégrale définitive de la contribution du Maître du Roman Noir à la saga X-9.
Après le Krach de 29, l'Amérique plonge dans la Dépression, son peuple dans la misère. Pour casser l'image du gangster opulent héritée de la Prohibition, J. Edgar Hoover, le chef du FBI, invente le concept d'Ennemi Public n°1 : choisir, parmi les desperados que la Crise pousse à des méfaits brutaux, ceux qu'on montera en épingle avant de les arrêter, en général de quelques balles dans la peau, pour se glorifier de victoires sur le crime et tenir le public en haleine. Ainsi s'écrit à la une d'une presse éclaboussée de sang la légende de Bonnie & Clyde, Pretty Boy Floyd, Mitraillette Kelly, Ma Barker...John Dillinger (1903-1934) est le champion de cette Crime Academy. Plus populaire que tous ses confrères en banditisme réunis, il diffère d'eux sur bien des points. L'audace, la classe, le panache de ce fils d'épicier, doué d'un esprit hors du commun, en font le Douglas Fairbanks du hold-up, le Robin des Bois du Midwest. Sa carrière météorique, ses amours turbulentes, ses innovations dans l'art d'attaquer les banques, serviront de modèle à tout le cinéma noir à venir. Il est le chaînon manquant entre les grands outlaws de l'Ouest sauvage et les braqueurs de l'ère moderne. Un mythe américain.
Après avoir évoqué son Amérique( Sempé à New York, 2009), après avoir célébré l'insouciance de l'enfance ( Enfances, 2011) et s'être interrogé sur la difficulté d'une amitié durable ( Sincères amitiés, 2015), Sempé célèbre cette fois la musique et les musiciens.Dans ses longues conversations avec Marc Lecarpentier, il révèle sa passion pour le jazz, son amour pour Debussy, son admiration pour l'orchestre de Ray Ventura, qui « lui a sauvé la vie ». Dessinateur d'humour alors qu'il rêvait d'être pianiste, Jean-Jacques Sempé raconte ses dîners fantasmés avec Duke Ellington, Ravel et Satie, son émotion devant le premier disque qu'il écoute dans une boutique à Bordeaux, son goût immarcescible pour les chansons de Paul Misraki ou Charles Trenet « qui touchaient à la grâce, avant que la légèreté devienne suspecte... ».Ces dessins inédits rendent un hommage enjoué et radieux à ces musiciens professionnels ou amateurs, enfants débutants ou adultes émouvants. Comme pour témoigner du rapport intime entre la musique et le dessin d'humour qui invite avec bonhomie et bienveillance à la fantaisie et au rêve.
Mathilde écrit : C'est en 2008, au Festival d'Avignon, que j'ai vu pour la première fois les dessins de François Olislaeger. J'ai tout de suite été frappée par ce travail qui, mieux que la photo, offrait à mes yeux la possibilité de représenter la danse. Non seulement ces images rendaient aux mouvements et à la scène tout leur espace, mais elles permettaient d'intégrer des textes, pour moi essentiels car liés à l'enjeu de mes spectacles. Il existe peu de livres de dessins sur la danse et encore moins de BD. Pourtant, la plupart des chorégraphes dessinent pour mémoriser leurs idées. J'ai senti qu'il avait là matière à un magnifique projet éditorial, un support d'invention et de créativité susceptible de prolonger et d'élargir mon travail scénique…
L'inénarrable François Morel est de retour ! Voici le nouveau recueil de ses chroniques du vendredi dans la matinale de France Inter de 2017 à 2019, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs et de ses auditeurs.« On critique parfois ceux qui ont profité de la notoriété de leur père pour se faire connaître, mais est-ce que Jésus-Christ, je pose la question, je ne veux faire le procès de personne, n'a pas, plus que les autres, exagérément utilisé la notoriété de son père pour faire carrière dans la messianie ? » A la fois caustique, cinglant et émouvant, François Morel n'a pas son pareil pour nous parler de l'actualité, du quotidien, de la vie en général.Parmi les célèbres chroniques qui font, tous les vendredis, les délices des auditeurs, on retrouve dans ce recueil:« Elle est bonne la soupe » ;« Jean Rochefort et la mort n'ont rien à faire ensemble » ;« Cher monsieur Koons » ;« La littérature n'est pas morte » ;« L'art de la relance » ;« Des nouvelles du pays des tartelettes à la merde » ;« #Balancetavache ».
Une demoiselle en détresse fuyant les spectres d'un passé déchirant, un riche et séduisant oisif, un gigolo au charme douteux, une foule de vilains petits secrets, un ballet de maîtres-chanteurs, un meurtre bizarre dans un palace de vancouver, un flic dont le flegme britannique cache un coeur de sir galaad.Tout est en place pour une tragédie noire classique signée raymond chandler, qui autopsie à la lumière crue du hard-boiled les grandeurs et bassesses de l'âme humaine et met à nu, la mécanique imparable du destin. raymond chandler (adieu ma jolie, le grand sommeil) écrivit en 1948 pour les studios universal ce scénario, qui ne fut jamais tourné en raison de restrictions budgétaires. adapté pour la bande dessinée par ted benoit (ray banana, blake & mortimer), mis en images par françois ayroles (incertain silence, enfer portatif) playbach restitue aux lecteurs le thriller inconnu de l'immense chandler, maître absolu du noir et du dialogue meurtrier, père de l'inoubliable privé philip marlowe.
popeye et olive récupèrent le jeep, fabuleuse bestiole capable de prédire l'avenir sans jamais se tromper, et voilà des gens (comme le douteux mr chizzleflint) prêts à tuer pour se l'approprier.ensuite, le jeep indique à popeye oú retrouver son popa perdu de vue depuis quarante ans et c'est parti pour une folle odyssée sur le lily mae, le rafiot le plus hanté de ce côté-ci du pacifique. enfin, la sorcière des mers vient régler une vieille peine de coeur avec popa et sa flûte magique rend tout le monde gaga. comme dit popeye, il y a vraiment de quoi être dégoûtationné.
Après le très remarqué Sukkwan Island et son premier album personnel, Paiement accepté, Ugo Bienvenu, auteur complet, figure de proue de la nouvelle animation, poursuit son exploration du futur.En 2120, le data est devenu si volumineux qu'il faut commencer à effacer des données. Toute archive frappée d'un visa d'élimination par le corps des « Prophètes », chargé d'opérer les choix cruciaux, doit être supprimée. Yves, archiviste humaniste du Bureau des Essentiels, ne peut s'y résoudre. Pour les sauver de l'oubli, il sauvegarde clandestinement certaines données, plus poétiques que politiques, et les rapporte chez lui pour les stocker dans la mémoire de Mikki, son robot domestique. Une infraction grave à l'éthique de sa profession.Les progrès de l'intelligence artificielle ayant par ailleurs permis de confier la charge de la gestation pour autrui (GPA) aux machines, Mikki, bot hermaphrodite, porte l'enfant d'Yves et Julia, son épouse.Cependant, au Bureau des Essentiels, des fuites ont été décelées et une vaste enquête est lancée parmi le personnel.
La date : 2045. Le metteur en scène Charles Bernet travaille au couronnement de trente années d'une carrière glorieuse en préparant son prochain film, basé sur un scénario mûri depuis sa jeunesse. Il mène une vie agréable dans sa merveilleuse villa robotisée, avec son épouse à la jeunesse quasi éternelle, entre haute visibilité médiatique et stratégies fines pour réunir le financement de son nouveau projet.Le tournage commence, mais un brutal accident de train l'interrompt, laissant Charles paralysé sur un lit d'hôpital. Gustave, un tout jeune réalisateur au talent prometteur, est choisi pour prendre sa suite. Son inexpérience va-t-elle détruire ce que Charles considère comme le projet d'une vie ? Et comment un mystérieux professeur de Scrabble rencontré lors de sa rééducation va-t-il lui apprendre à surmonter cette épreuve terrible ?
Dès son adolescence à Bordeaux, Sempé rêvait de pouvoir intégrer la famille des dessinateurs du New Yorker, le prestigieux magazine américain dont il admirait l'esprit.Ce rêve devenu possible, en 1978, il se rend régulièrement à New York pour travailler avec une équipe qui lui laisse une totale liberté. Bien que Français, Sempé dessine cent une couvertures et autant de «cartoons» en pages intérieures, ce qui est sans précédent dans l'histoire d'un magazine américain.Ces dessins new-yorkais, dont de nombreux inédits, sont ici rassemblés pour la première fois et accompagnés d'un entretien avec Marc Lecarpentier, ancien directeur de la rédaction et président de Télérama.Ils expriment le bonheur de vivre dans une ville unique, avec ses chats insouciants et ses humains minuscules, sa frénésie, ses nuages, son gigantisme, ses jazzmen et ses jardins oubliés.
Adrián Cuadrado est conseiller en communication du Parti Démocratique Populaire, force dominante de l'échiquier politique espagnol vouée à la corruption, aux magouilles financières, aux coups tordus, à la manipulation des consciences et des suffrages. Roi du storytelling, Adrián est l'un de ces spin doctors chargés de produire la lumière qui illuminera le meilleur profil d'un candidat, en fera un produit désirable pour les électeurs. Menteur par vocation, par profession et par nécessité conjugale, il est l'heureux détenteur d'une double vie, entre son épouse et ses deux enfants à Vitoria, et sa maîtresse torride à Madrid. Pour l'heure, sa mission est de faire entrer dans le grand bain national le jeune élu local Javier Morodo, dont l'homosexualité assumée offrira un gaywashing au Parti, trop longtemps accusé d'homophobie. Tâche élémentaire pour Adrián, que vient compliquer la découverte inopinée de trois têtes coupées de conseillers municipaux artistement conservées dans des bonbonnes en cristal. Qui est derrière ces meurtres baroques ? Quel lien les rattache à une opération autour des palais en ruine qui constellent la cité basque ? Soudain, la vie d'Adrián l'imposteur se détraque, menaçant de faire mentir sa devise, selon laquelle « le menteur est un dieu dont le verbe crée des mondes ».Avec ce tome ultime, la très sombre « Trilogie du Moi » acquiert sa dimension finale. Celle d'une ode lovecraftienne à la ville où l'auteur vit depuis des décennies, où tous les fils se nouent, toutes les trajectoires se recoupent, tous les conflits se terminent (mal le plus souvent) pour tracer le portrait d'une Vitoria noire, gothique, mythique. Celle aussi, majestueuse, d'une cathédrale de papier dédiée à nos modernités perturbées.
Janvier 1975, lancement de la fusée Métal Hurlant.Créé par une poignée de transfuges de Pilote, ce magazine de bandes dessinées devient le vecteur d'une révolution culturelle sous le règne de laquelle nous vivons encore. Plusieurs générations d'Humanoïdes s'assemblent et jettent leurs passions - BD franco-belge, comics US, underground, cinéma-bis, littérature fantastique, SF, roman noir, érotisme SM, rock, mode, design - dans ce grand shaker pour produire un mélange au goût étrange, carburant de toute notre modernité. Pendant treize ans, à coups de numéros spéciaux et d'éditions étrangères, Métal propage sur la planète ses visions incendiaires. Cette french touch soufflera jusqu'à Tokyo ou Hollywood, si bien que, trois décennies plus tard, Luc Besson, Ridley Scott, Tim Burton, Hayao Miyazaki, pour ne citer que ceux-là, peuvent se réclamer de l'influence de Métal Hurlant et de ses artistes.L'odyssée de Métal racontée par ses principaux acteurs, illustrée de photos et de documents inédits, suivie d'un scrapbook rassemblant plus de 600 images de légende extraites du magazine et de ses dérivés.300 pages de pur bonheur pour comprendre comment La Machine à Rêver a modifié à jamais l'ADN de la BD, l'esthétique du XXe siècle finissant, et jeté les bases du XXIe, qui sera visuel ou ne sera pas.
L'adolescence est une forme de vie mutante. Forte de cette évidence, l'auteure canadienne Jillian Tamaki ( Skim , Cet été-là ) imagine une université d'un genre un peu spécial, dédiée à des élèves dotés de pouvoirs paranormaux.Harry Potter ? Oui mais non. Wendy, Marsha, Cheddar, Frances, le Garçon Éternel ne fréquentent pas cette « école des petits sorciers » pour servir de vastes desseins métaphysiques. Pour eux, l'af rontement du Bien et du Mal se limite à la gestion de leurs af res de teenagers. Les jalousies, les peines de coeur, les beuveries, les montées de sève et poussées de croissance, les ra- vages de l'acné, l'ennui, la pénible découverte de soi et autres angoisses exis- tentielles sont les seules préoccupations de ces X-Men en herbe. La gamme de leurs fantastiques pouvoirs (télépathie, télékinésie, invisibilité, immorta- lité, etc.) se décline au quotidien et ne sert qu'à résoudre (ou à compliquer) les problèmes habituels de leur classe d'âge.Le résultat est une histoire chorale, bâtie autour d'une poignée de person- nages irrésistibles. L'humour subtil de Tamaki, sa passion conf rmée de livre en livre pour l'exploration de l'adolescence, la f nesse et l'acuité de son oeil, contribuent à faire de SuperMutant Magic Academy un graphic novel lui- même mutant. Dessinatrice hors pair, l'artiste nippo-canadienne fusionne toutes sortes de manières narratives etgraphiques. La narration combine le laconisme du comic strip façon Peanuts et l'architecture savante des séries TV actuelles. Le trait, d'une incroyable assurance, associe la nervosité du manga à la versatilité crue des webcomics. C'est d'ailleurs ce support qui a vu naître le projet. Pendant quatre ans Tamaki a publié ses pages on-line.Pour l'édition papier, elle a rajouté quarante planches de facture plus clas- sique. Au total, le livre donne à voir l'immense étendue de son talent et la bienveillance de son regard sur l'âge le plus complexe (et complexé) de la vie humaine.
Comme Don Quichotte, que l'abus de romans de chevalerie poussa à courir le monde et à défier les moulins, Leonora comtesse italienne exaltée par les exploits des héros de la Table Ronde, part rechercher le Saint Graal en compagnie de son cheval et de son chat.Cette quête de la coupe mystique ayant recueilli le sang du Christ, est-ce une aventure bien convenable pour une demoiselle du XIVe siècle ? Magie blanche et noire, ermites érotomanes, féroces géants, sorcières sensuelles, démons démontés, spectres désabusés, animaux magiques, paladins à musique jalonnent un périple semé de mille embûches, de mille tentations charnelles et spirituelles auxquelles il serait si doux de céder.L'apprentissage de la condition de femme sur un chemin réservé aux coeurs purs masculins... Epatante épopée ! L'univers profond et subtil de David B. rencontre le dessin plein de grâce de Pauline Martin pour créer un album enchanté, qui allie la fraîcheur des oeuvres neuves à la sagesse des livres d'heures, à la croisée de Pasolini et des Contes du Chat Perché.
Revoilà nos trois héros de L'Étoile Polaire, l'Homme-Arbre, le Golem et le vieux juif Eliaou extraits de la forêt où ils aspirent à vivre en paix. Cette fois, c'est dans une capitale qui n'est pas sans évoquer la Vilnius lituanienne que le trio s'en va exercer ses talents pour la bagarre et la fatalité. À nouveau sollicité pour ses indéniables aptitudes d'ébéniste, l'Homme-Arbre entraîne ses deux copains jusqu'à la Maison Étroite, étrange demeure tout en hauteur, coincée entre une banque et une poste. Quels hold-up bizarres se trament dans la maigre bâtisse ? À quelles malversations s'apprêtent les hommes plats qui l'habitentoe Et que vient faire Liou, la fille-mandragore, l'éternelle fiancé de l'Homme-Arbre, dans cette histoire ? Après un premier tome vert sylvestre, la saga picaresque s'enrichit d'un second, rose comme le tendre. Car, comme souvent chez Sfar, c'est l'Amour qui est l'enjeu de ce roman rocambolesque, écrit et illustré d'un même élan par un auteur à l'imaginaire éruptif !
Marcelino Truong a six ans quand ses parents quittent le Vietnam où, depuis 1961, la présence américaine n'a cessé de s'intensifier. Après cette période chaotique, brillamment racontée dans Une si jolie petite guerre, sa famille s'installe à Londres. Son père, qui fut diplomate, journaliste et interprète du président Ngô Dinh Diêm, assassiné lors du coup d'État de 1963, s'efforce de rebâtir une vie pour sa femme, en proie à des accès maniacodépressifs de plus en plus violents, et ses quatre enfants. Pour Marco, son frère Dominique et ses deux soeurs, c'est la découverte d'un monde en pleine ébullition : le Swinging London des Sixties. Une jeunesse au son d'une musique nouvelle, celle des Beatles, des Stones, des Who, des Kinks et de Jimi Hendrix. Une jeunesse paradoxale, partagée entre l'hédonisme pacifiste qui culmine à Woodstock en 1969, et l'attachement à un Vietnam meurtri, déchiré par un conflit forcément simplifié et caricaturé par les diverses propagandes à l'oeuvre. Entrel'effroi d'une guerre civile et les fêtes dans de magnifiques town-houses peuplées de beautiful people . Entre le bruit terrifiant des bombardiers et celui, électrisant, des guitares.
Mai 2007, République tchèque. Le bug d'un babyphone permet à un homme d'intercepter les images d'un gamin couché sur le sol d'une maison voisine, nu et menotté. La mère de l'enfant est arrêtée, inculpée d'activités pédopornographiques. Anna, 13 ans, l'une de ses filles présumées, parvient à s'enfuir. L'enquête policière montrera qu'il s'agit en fait d'une femme de 33 ans, Barbora krlová, qui a subi opérations, entrainement et régime pour se transformer en fillette.Son père, ancien chef d'une troupe scoute d'extrême-droite, est-il lié à l'affaire ? Les mobiles sont-ils sexuels ou sectaires ? L'opinion et les médias tchèques s'enflamment pour le scandale. Quelques mois plus tard, Barbora . est retrouvée en Norvège sous l'identité d'Adam, un garçon de 13 ans. Rapatriée en Tchéquie, elle est inculpée de plusieurs crimes. L'affaire, jamais complètement élucidée, conduira à l'adoption de nouvelles lois sur la protection des victimes d'actes criminels.L'incroyable scandale qui a ébranlé la République tchèque, revisité par deux des meilleurs auteurs et l'un des plus brillants dessinateurs de la scène pragoise actuelle. Un suspense haletant, une plongée à la Millenium dans les gouffres de la pathologie politico-criminelle et du voyeurisme médiatique...
Pour célébrer le retour de La Genèse, Denoël Graphic propose un tirage de tête numéroté limité à 250 exemplaires, relié pleine toile, enrichi d’une image expurgée de l’édition courante par l’auteur, tirée sur papier Rives Shetland 250 g et signée de sa main.
Enrique Rodriguez Ramirez est professeur d'Histoire de l'Art à l'université du Pays Basque (où Altarriba a enseigné la littérature française). A S3 ans, il est à l'apogée de sa carrière.Sur le point de devenir le chef de son champ de recherches, en proie aux rivalités académiques, il dirige un groupe d'étude intitulé: Chair souffrante, la représentation du supplice dans la peinture occidentale. Bruegel, Grünewald, Goya, Rops, Dix, Grosz, Ensor, Munch, Bacon sont ses compagnons de rêverie et la matière de son travail.Mais sa vraie passion, dans laquelle il s'investit à plein, est plus radicale : l'assassinat considéré comme un des Beaux-Arts. Enrique profite des congrès, concours, jurys, pour commettre des meurtres sans mobile, sans autre visée qu'esthétique. Chacun constitue une performance, inspirée d'une technique picturale particulière. Ils jalonnent une impeccable carrière d'artiste-assassin jamais inquiété par les autorités. Or, voici que cet homme au dessus de tout soupçon se trouve impliqué dans le meurtre d'un de ses principaux rivaux, inspiré d'un des Caprichos , la suite de gravures de Goya. Meurtre qu'il n'a bien sûr pas commis. Une partie difficile s'engage pour le serial-killer, dont l'imposant cursus de 34 morts doit impérativement être protégé des curiosités de la loi...
Farid Tawill, Beyrouthin ordinaire, rentre du bureau un soir pour découvrir que l'immeuble où il vit avec sa famille a disparu et que la cité où il est né n'est plus la même. D'étranges créatures hantent ses rues méconnaissables - transsexuel philosophe, propagandiste verbeux et manipulateur, foules hystériques tueuses de chiens, le tout sous l'oeil d'un Batman obèse, figure tutélaire de cette ville avoisinant la Terre, dont le rayonnement si proche teinte d'angoisse sa nuit perpétuelle. Une atmosphère de violence et de sourde sexualité sature ce dédale livré au chaos.Complètement perdu, Farid se réfugie chez son ami Émile, qui vient de quitter femme etenfants pour s'installer avec sa maîtresse, la languide Ani, qui porte le nom d'un village rendu au désert et pose sur le monde un regard fataliste.À mesure que la nuit avance, les fantômes, les remords, les espérances et les échecs du passé assiègent Farid. Ce constat de l'absurdité et de la futilité de nos actes trouve son apogée dans une quadruple mort.OEuvre inaugurale d'un jeune artiste de Beyrouth, cette puissante métaphore de la condition humaine, plongeant ses racines dans l'un des conflits les plus confus et absurdes du XXème siècle, la guerre civile libanaise, signe l'arrivée sur le terrain de plus en plus fécond de la narration graphique de Jorj A. Mhaya, aux accents de Kafka moyen-oriental.
1882. Ilia Brodsky, l'orphelin des shtetls, Juif sans terre chassé de Russie par les pogroms, traverse l'Europe avec sa soeur Olga. A Vienne, il croise le jeune Theodor Herzl, un dandy qui commence à percer dans le monde des lettres. Cette rencontre fugace va changer sa vie. A Londres, où il côtoie les réseaux anarchistes de l'East End, puis à Paris, Ilia se met à enquêter sur Herzl. Pourquoi ce Juif mondain, parfaitement intégré dans la Vienne des Habsbourg, a-t-il soudain pris fait et cause pour des frères sans patrie dont il a honte ? Quels rêves, quelles raisons intimes, l'ont conduit à imaginer et théoriser l'utopie du Pays à venir, une nation où tous seraient enfin protégés des violences de l'Histoire ? A quoi ressemble le rêve sioniste de Herzl dans cette Europe à l'aube du XXe siècle qui se rue tête baissée vers la destruction ? A travers deux destins opposés et étrangement symétriques, ce puissant roman graphique confronte deux versants de la pensée juive : la tradition de l'exil face aux aspirations à la Terre.Au moment où l'Europe du XXIe siècle connaît de nouvelles fièvres nationalistes et identitaires contre ceux qui cherchent un refuge, il s'efforce, par la voix d'Ilia Brodsky, d'imaginer un pays pour ceux qui ont tout perdu...
yum yum book ou livre miam-miam de l'amour cannibale, est le tout premier ouvrage de robert crumb (fritz the cat, mister natural) le père fondateur de l'undergound américain, l'un des plus grands artistes vivants de notre temps.dessiné en 1963 dans le seul but de séduire la future madame crumb, il constitue un objet mythique pour les fans du maître et un merveilleux grimoire â l'usage des amoureux de tous âges.
Il n'y a pas de super-héros plus super que Dragman, le héros travesti de Steven Appleby. Appelé aussi Dolly Marie, il mène contre les voleurs d'âmes de Black Mist un combat apocalyptique, névrotique, tendre, drôle - et brillamment dessiné. Posy SimmondsDepuis qu'il a trouvé, adolescent, un bas de sa mère dans le sofa, August Crimp a découvert deux choses. La première est qu'il adore porter des vêtements de femme.La seconde est que lorsqu'il le fait, il devient capable de voler. Oui, comme un super-héros ! Hélas, cette passion un peu obsessionnelle est contrariée par la peur du ridicule et de la réprobation générale. Si sa mère, puis sa femme venaient à l'apprendre, c'en serait fait de lui. Du coup, il range sagement dans des cartons les tenues et souvenirs de Dragman, le nom de guerre qu'il s'était donné.De toute façon, la ville regorge de justiciers masqués. Maisvoici que Cherry Mingle, la petite fille qu'il a sauvée d'une terrible chute du toit du Musée d'Art moderne un jour qu'il s'y était rendu en Dragman, réapparait dans sa vie. Elle a encore besoin de lui, cette fois pour aider ses parents qui ont vendu leurs âmes à la mystérieuse compagnie Black Mist pour lui payer ses études. Dragman reprend donc du service et l'aventure (même si elle finit bien) ne sera pas de tout repos...Comment partager sa vie entre le rôle de bon père de famille et celui de super-héros quand tous vos pouvoirs tiennent au fait de vous travestir en femme ? Telle est la question. Le coming-out et la confession de cette passion très singulière produisent le roman graphique le plus étonnant, détonnant et délirant de l'année...
Pour les fêtes de fin d'année, Denoël Graphic propose cette édition limitée à tirage unique de Cassandra Darke, avec sa jaquette de saison et un dessin inédit de l'auteur tiré à part sur Rives Shetland blanc naturel 250 g. L’occasion de retrouver ou d’offrir l'ébouriffant conte de Noël de la Reine du roman graphique anglais.Cassandra Darke, Londonienne pur jus, vieille teigne misanthrope, mauvaise coucheuse en surcharge pondérale, n'est pas sans rappeler le célèbre Scrooge de Dickens. Elle ne pense qu'à elle-même et aux moyens de préserver le confort dont elle jouit dans sa maison de Chelsea à 8 millions de livres. La galerie d'art moderne de son défunt mari a été le théâtre de fraudes qui l'ont mise en délicatesse avec la justice et au ban de son milieu. Mais Cassandra s'accorde le pardon, au prétexte qu'«à côté de tous ces meurtriers récidivistes, on se sentirait presque comme Blanche-Neige». Ses fautes n'impliquent «ni violence, ni arme, ni cadavre». Hélas, dans son sous-sol, une ex-locataire, la jeune et naïve Nicki, a laissé une surprise qui pourrait bien s'accompagner de violence et d'au moins un cadavre... Affinant encore sa virtuosité unique, entre roman et bande dessinée, Posy Simmonds poursuit la fresque de l'Angleterre moderne entreprise dans ses livres précédents et donne sa vision au scalpel du Londres brutal et fascinant d'aujourd'hui, «entre paillettes et galères». Son coeur, comme toujours, penche pour les chiens perdus, mais le portrait qu'elle trace de Cassandra, cette femme trop riche à l'hiver de sa vie, est vibrant d'empathie. Pur plaisir. Pur Posy.
Une décennie après le triomphe international de Suite Française, prix Renaudot 2004, l'aventure continue : début 2015, sortira le film que le britannique Saul Dibb ( The Duchess ) a tiré du roman, avec Michelle Williams, Kristin Scott Thomas et Matthias Schoenaerts.Pour saluer l'événement, nous avons décidé de publier une version graphique du chef d'oeuvre d'Irène Némirovsky. Sachant que le film se concentre sur le second volet de la Suite ( Dolce ), nous avons proposé à Emmanuel Moynot de s'intéresser particulièrement au premier ( Tempête en juin ).Sous la plume acérée de cet auteur complet, fort d'une quarantaine d'ouvrages, qui s'est illustré en reprenant le Nestor Burma de Léo Malet et en réalisant un magnifique travail sur Pierre Goldman, cette fresque sur la Débâcle et l'Exode de juin 1940 acquiert sa dimension visuelle. Comme dans un film de Jean Renoir ou de Robert Altman, les personnages, les trajectoires, les destins se croisent et s'emmêlent, traçant le portrait d'une période de pur effroi où il a semblé que la donne sociale, économique, historique se rebattait intégralement. Les figures inoubliables qui peuplent les pages d'Irène Némirovsky prennent visage. On retrouve comme si on les avait toujours connus le banquier Corbin, le couple Michaud, la tribu des Péricand, le malheureux abbé Philippe, la frivole Arlette Corail, le sinistre Coste et sa maîtresse écervelée, tous les autres, les perdants, les affreux, les purs de la défaite française. Et on découvre, en passant, que l'auteur de David Golder - dont on sait la passion pour la narration cinématographique - aurait fait une grande scénariste de BD.
Apres le triomphe de son Dr Jekyll & Mr Hyde, R.L. Stevenson revient au theme du Double avec Le Maitre de Ballantrae. Recit de mer, de guerre et d'aventures exotiques, c'est aussi un drame intime, l'affrontement dechirant de deux freres, fi ls du Lord de Ballantrae, qui jouent a pile ou face leur camp dans le confl it qui oppose protestants et catholiques pour le trone d'Angleterre. De James le libertin, seduisant et manipulateur, ou d.Henry le vertueux, laborieux et aigri, lequel triomphera de ce duel fratricide qui nous entraine sans temps mort d'un bout a l'autre du monde ?
La mémoire contemporaine réserve une place particulière à la Shoah, événement sans équivalent dans l'histoire moderne. Ce n'est pas sans raison que ce phénomène, pour universel qu'il soit, relève de l'indicible.Comment imaginer relater - spécialement en images - les expériences de Treblinka ou de Sobibor ? Elles échappent à la raison. On se souvient du « Hier ist kein warum » (Ici, il n'y a pas de pourquoi) de Primo Levi.Aucun événement historique, si extrême fût-il, n'échappe à la fiction.Non sans prudence, timidité, erreurs et tâtonnement, parfois avec génie, la BD s'est donc aventurée sur ce terrain. Chacun connaît Maus d'Art Spiegelman. Mais par delà ce chef d'oeuvre, comment, et depuisquand, les artistes de la bande dessinée se sont-ils saisis de la représentation du sujet ? Jusqu'à quel point de réalisme l'horreur est-elle représentée, autour de quels thèmes, de quels motifs, de quels symboles ? Comment la Shoah a été abordée par la narration graphique, que ce soit dans les comics (chacun se souvient de la scène des X-Men où le jeune Magneto réchappe aux camps de la mort) ou dans la bande dessinée franco-belge avec La Bête est morte de Calvo, où le thème apparaît dès 1944.C'est à ces questions que répondra l'exposition proposée par le Mémorial de la Shoah de janvier à septembre 2017. Plus de cent vingt oeuvres, signées des plus grands noms (Calvo, Will Eisner, Joe Kubert, Spiegelman) ou complètement méconnues, seront présentées.Le catalogue, dont les textes sont confiés à un groupe d'historiens contemporains et d'exégètes du 9 e Art, se donne pour mission d'élargir et d'approfondir ce parcours, d'interroger les sources visuelles de ces représentations de l'inmontrable, d'établir leur signification, leur pertinence, leur portée et leurs limites. Et d'essayer de comprendre comment au fil du temps le tabou du génocide juif a pu devenir une unité de mesure de l'horreur, un totem.
Le livre culte de Sempé republié à l'occasion de la sortie du film Raoul Taburin.«Sa réputation était telle que, dans le canton, on ne disait plus un vélo, mais un taburin.» Raoul Taburin, l'illustre marchand de cycles de Saint- Céron, cache un terrible secret. En dépit de multiples tentatives, il n'a jamais réussi à tenir sur une selle. Son talent de réparateur lui vaut cependant de solides amitiés : Sauveur Bilongue, vainqueur d'une étape du Tour de France, le père Forton qui lui cédera son fonds de commerce et surtout Hervé Figougne, le célèbre photographe. Mais Raoul va-t- il accepter de poser pour lui sur son taburin? N'est-ce pas la chance inespérée d'être à la hauteur de sa réputation?
De Sempé, on connaît évidemment les dessins du Petit Nicolas. Mais c'est un autre regard sur l'esprit d'enfance qu'il propose dans ce nouvel album.Dans le long et passionnant entretien avec Marc Lecarpentier, qui accompagne ses dessins, Jean-Jacques Sempé dit ses douleurs et ses joies de jeune Bordelais soucieux de «sauver les apparences», de trouver un métier, et de réussir à placer ses dessins dans les journaux.Et il confie aussi : «Il m'est arrivé de devenir, par moments, raisonnable mais jamais adulte.» Le lecteur le vérifiera, sourire aux lèvres. Les nombreux dessins de ce livre, anciens ou récents, pour la plupart inédits, nous rappellent avec douceur le bonheur de l'insouciance.
Ce qu'en dit Posy.«Ces chroniques ont paru chaque samedi entre 2002 et 2005 dans The Gardian Review, supplément littéraire du célèbre quotidien britannique. Ma seule consigne était que tout devait tourner autour de la vie des lettres. Je travaillais en flux tendu – recherche d'une idée le lundi, fol espoir de l'avoir trouvée le mardi, et le mercredi, jour de remise, frénésie de travail matinal, en robe de chambre parmi les miettes de toast. Puis à 11h50, course jusqu'aux bureaux du journal, au bout de la rue (mais pas en robe de chambre) pour livrer ma planche. Le reste du mercredi était en général consacré à un lunch bien mérité.»
LE LIVRE Las du monde, Popeye decide de batir l'Arche de Popeye et de partir (avec 10 000 copains) creer son propre pays, loin de toute civilisation. Seul hic, son sponsor, Mr Sphink, n'accorde son financement qu.a une condition : pas de femme a Spinachova, le royaume sur lequel notre mataf compte regner en monarque absolu. Du coup, Olive n.est pas du voyage. Heureusement, Wimpy l.emmene sur son rafiot, le Hamburger. Et quand les sujets de Popeye commencent a renacler devant le manque criant de femmes, Olive, reine du royaume d'Olivie en face de Spinachova, devient une serieuse concurrente pour son ádictapateur â de fiance. La plus longue histoire de Popeye jamais ecrite par Segar. Un chef d'oeuvre.
écrire un conte sur une femme mariée à un homme au caractère affable qui est un énorme, quoique inoffensif, menteur.elle est très intelligente, de bonne, haute et pure nature, et doit subir sans broncher ses affabulations - dictées par la vanité, le désir de se rendre intéressant et une pulsion, intérieure irrésistible [. ] jusqu'au jour oú le mensonge devient si gros qu'elle n'a de choix que de l'adopter et l'amplifier. pour le. sauver, en d'autres termes elle doit devenir elle-même une menteuse. cette note, jetée par henry james dans ses carnets en 1884, devint quatre ans plus tard une de ses nouvelles les plus magistrales, le menteur.un siècle après, nadja met ses personnages : animaliers au service de cette fable sur l'art, la vérité et la fidélité, et lui redonne la profondeur du conte et la malice d'une comédie de moeurs moderne, située dans un monde élégant et suavement décadent.
Tamara Drewe, son nez refait, ses jambes sans fin et ses airs de princesse sexuelle.La chroniqueuse trash revient semer panique et confusion à Ewedown, le village à la Gainsborough où une population rurale rêvant de la ville cohabite avec une colonie d'exilés bobos acharnés à faire revivre une campagne fantasmée.Ben, Andy et Nicholas, le triangle de mâles en chasse se reforme autour de la belle amazone, sous l'oeil toujours concupiscent de Glen, l'universitaire obèse en panne d'inspiration, et celui, douloureusement humain, de Beth, la bonne fée de Stonefield, retraite pour écrivains surmenés.Casey et Jody, les adolescentes locales, abreuvées de presse people, hypnotisées par la foire aux vanités londonienne, sont là aussi. Le tout prend force et vie sous la caméra du maître du cinéma britannique Stephen Frears. L'homme qui nous fit découvrir Hanif Kureishi, relire les Liaisons Dangereuses, regarder the Queen d'un autre oeil, se risque à l'adaptation d'un graphic novel.
Célèbre au Royaume-Uni depuis les années 70 pour son travail de presse et sa longue collaboration inauguréeen 1977 avec The Guardian, quotidien de la bourgeoisie progressiste britannique, Posy Simmonds n'a été découverte en France qu'à l'aube du xxi e siècle, avec la publication chez Denoël de son premier roman graphique, Gemma Bovery. Depuis, trois de ses livres adultes, Tamara Drewe, Literary Life et Cassandra Darke ont paru chez nous, ainsi qu'une poignée d'albums jeunesse dont le fabuleux Fred, l'histoire d'un chat ordinaire le jour, rock star la nuit, ou le délicieux Chat du boulanger. Ce qui signifie que le public français ignore encore les deux tiers de l'oeuvre de cette artiste prolifique, qui ne cesse de remettre ses idées sur le métier pour les raffiner. Objet d'un nombre considérable d'articles, de critiques enthousiastes et de savantes exégèses, le travail graphique de Posy n'avait jamais encore été rassemblé dans un artbook.C'est chose faite grâce à Paul Gravett, journaliste et critique anglais de bande dessinée, auteur et éditeur d'ouvrages sur le manga ou les comics, directeur du Festival Comica, commissaire de nombreuses expositions, dont celle que le Pulp Festival de la Ferme du Buisson consacre en avril prochain à Posy Simmonds, la première en France de cette importance. Proche de l'auteure, cet érudit du monde graphique réunit, dans cet ouvrage riche et concis, un portrait rapproché et une étude en profondeur des méthodes de travail très particulières de celle que la presse de son pays a surnommée « la mère du roman graphique anglais ». On y découvre une Posy très drôle, d'une totale liberté de penser, à la main sûre et au regard acéré, redoutable caricaturiste de son temps, toujours lucide, jamais cruelle, passionnée par les rapports humains et les failles qui divisent la société, riches contre pauvres, enfants contre parents, villes contre campagne, observatrice infatigable des grandeurs et vicissitudes de notre présent. Une artiste considérable qui s'inscrit dans la lignée de l'humour graphique anglo-saxon à la suite des William Hogarth, Osbert Lancaster, Ronald Searle ou Raymond Briggs. Cette promenade en 120 images dans la partie inexplorée de son oeuvre (incluant de très rares images de jeunesse) entraînera le flâneur français à la découverte de merveilles inconnues comme Les Trois Silencieuses de St Botolph, True Love ou Le Journal de Mrs Weber, qui font se tordre de rire ses contemporains depuis de longues décennies. Complément et compagnon indispensable de Cassandra Darke, So British ! L'Art de Posy Simmonds paraît à la même date, synchrone avec l'inauguration de l'exposition de la Ferme du Buisson.
Cassandra Darke, Londonienne pur jus, vieille teigne misanthrope, mauvaise coucheuse en surcharge pondérale, n'est pas sans rappelerle célèbre Scrooge de Dickens. Elle ne pense qu'à elle-même et aux moyens de préserver le confort dont elle jouit dans sa maison de Chelsea à 8 millions de livres. La galerie d'art moderne de son défunt mari a été le théâtre de fraudes qui l'ont mise en délicatesse avec la justice et au ban de son milieu. Mais Cassandra s'accorde le pardon, au prétexte qu'«à côté de tous ces meurtriers récidivistes, on se sentirait presque comme Blanche-Neige». Ses fautes n'impliquent «ni violence, ni arme, ni cadavre». Hélas, dans son sous-sol, une ex-locataire, la jeune et naïve Nicki, a laissé une surprise qui pourrait bien s'accompagner de violence et d'au moins un cadavre...Affinant encore sa virtuosité unique, entre roman et bande dessinée, Posy Simmonds poursuit la fresque de l'Angleterre moderne entreprise dans ses livres précédents et donne sa vision au scalpel du Londres brutal et fascinant d'aujourd'hui, «entre paillettes et galères». Son coeur, comme toujours, penche pour les chiens perdus, mais le portrait qu'elle trace de Cassandra, cette femme trop riche à l'hiver de sa vie, est vibrant d'empathie. Pur plaisir. Pur Posy.
Le 4 octobre 1994, radios et télés rapportent un fait divers d'une extrême brutalité.Deux jeunes gens, Florence Rey et Audry Maupin, viennent d'attaquer la préfourrière de Pantin pour voler des armes. Place de la Nation, le taxi à bord duquel ils s'enfuient percute une voiture de police. Fusillade. Course poursuite. Cinq morts et cinq blessés en moins de trente minutes. Coup de folie ou opération terroriste ? Le visage d'ange paumé de Florence Rey devient une icône cathodique instantanée, symbole de la violence et de la confusion idéologique des temps.Les médias invoquent l'influence de films ultraviolents comme le Tueurs nés d'Oliver Stone. On présente Rey et Maupin comme des Bonnie & Clyde de la terreur, des nihilistes délirants, alors qu'en réalité leur parcours épouse celui de tant d'enfants des classes moyenne et ouvrière en rupture avec un modèle de société de plus en plus brutal et matérialiste... Dix ans plus tard,Chantal Montellier rouvre le dossier et suit les pistes négligées à l'époque, y compris celle, évoquée à mi-voix par certains médias, du troisième, voire du quatrième homme.Son travail, vibrant de sincérité, jette une lumière neuve sur une affaire emblématique de notre histoire récente. Et par-dessus tout cela, flotte l'inoubliable visage de Florence Rey, le soleil noir de son regard.
Le Buveur est l'un des romans les plus personnels de l'auteur du célèbre Seul dans Berlin , Hans Fallada. Il a été écrit secrètement en 1944, alors que Fallada se trouvait en prison, présumé coupable du meurtre de sa femme. Ses propres expériences avec l'alcool et l'histoire de ses échecs répétés constituent la matière première du livre. Rien d'illégitime, dès lors, à combiner le récit de la déchéance de son héros, Erwin Sommer, un homme banal qui se met à boireà l'occasion d'une crise existentielle et entreprend de sacrifier sa femme et sa vie à son addiction, et la véritable biographie de Fallada. L'artiste allemand Jakob Hinrichs, à qui l'on doit déjà l'adaptation graphique du Traum Novel de Schnitzler, qui servit de base à Kubrick pour son Eyes Wide Shut , a méticuleusement étudié la vie et l'oeuvre de l'écrivain. Il mêle de façon convaincante la mise en lumière crue des pathologies du commis-voyageur alcoolique Sommer avec l'histoire bouleversante d'un écrivain de premier plan qui n'abandonna sa dépendance à l'alcool et à la morphine qu'à sa mort, en 1947.Le trait extrêmement libre et expressionniste de Jakob Hinrichs, traversé de multiples influences - de George Grosz et Otto Dix à Joost Swarte, Ever Meulen ou Henning Wagenbreth - excelle à représenter cette descente dans un enfer personnel au sein d'une Allemagne tenaillée par les tourments d'un mal infiniment plus grand.
Un soir glacial de 1974, derrière un pilier de Notre-Dame, la voix du Seigneur (impénétrable, comme on le sait) ordonne à Jean-Pierre d'écrire de grands romans chrétiens et à un certain François Mauriac de fonder le plus beau journal de bande dessinée de tous les temps. Pour le bonheur des générations futures, les deux hommes échangent leurs missions. La suite, c'est une décennie d'épopée éditoriale et un demi-siècle de culture pop (des pulps aux punks) racontés par un artiste qui dévore son sujet et le restitue dans cet alliage néomoderne entre Ligne Claire et Style Atome, qui fit sa gloire dans les pages du mythique Métal Hurlant - dont il fut le Mozart.Serge Clerc est de retour après une longue période de silence et de maturation, avec un sujet fantastique qu'il aborde comme s'il l'avait vécu, ce qui est le cas, puisqu'il s'agit de sa vie. Graphiquement, narrativement, celui qu'on nommait le dessinateur-espion, le créateur de La Légende du Rock & Roll, de La Nuit du Mocambo et de Meurtre dans le phare, qui donna ses lettres d'élégance à la BD rock, est dans une forme éblouissante. En 230 pages sidérantes, il fait revivre une époque qui fut le levain de la nôtre, marquée par le génie ombrageux des Moebius, Swarte, Chaland, Clash, Sex Pistols et J.-P. Manchette, que l'on retrouve dans cet ouvrage majeur, aussi frais, dispos et vivants que si on les avait quittés hier au bar du Rose Bonbon.
Au moment où le phénomène Millenium atteint son apogée avec l'arrivée du premier blockbuster de la trilogie signée David Fincher (Daniel Craig est Mikael Blomkvist), voici la première incursion de la BD sur ce territoire de légende.Guillaume Lebeau, auteur d'un essai remarqué sur Stieg Larsson et son univers, scénariste et documentariste ayant longuement rôdé sur les scènes du crime, s'étant frotté de près aux proches de l'auteur, ramène un biopic parfaitement adapté à la narration graphique. En trois instantanés d'une vie trop brève, la genèse d'une oeuvre et d'un auteur qui ont pris le monde par surprise. L'éveil du petit Stieg dans les forêts blanches du haut de la Suède. L'initiation du jeune journaliste dans une Érythrée peuplée d'amazones dogmatiques. Stockholm et la plongée dans le combat antifasciste, avec la création du magazine Expo, qui deviendra Millenium pour la postérité.Tout ce qui a modelé l'énigmatique Stieg Larsson, mort avant d'avoir su qu'il avait réenchanté le crime et ouvert une perspective toujours valide à ce jour sur une Europe du Nord où le ferment des totalitarismes continue de prospérer à bas bruit. Frédéric Rébéna apporte son dessin aux humeurs changeantes, son crayon incisif et laconique, la force de son dépouillement, à ce récit unique de la naissance simultanée d'un héros de papier et d'un héros des lettres. Une chronologie de Larsson, illustrée de photos inédites de l'auteur, complète l'ouvrage.
A l'origine, Sukkwan Island est un court roman paru aux USA dans le premier recueil de nouvelles de David Vann. En publiant une édition séparée de ce texte vibrant, l'éditeur Gallmeister l'a propulsé en France au rang de best-seller avec 200 000 exemplaires vendus et un prix Médicis étranger en 2010.- Le livre :Tim, dentiste divorcé, qui multiplie les liaisons féminines, amène son fils de treize ans, sur un îlot désert des Aléoutiennes, au Sud de l'Alaska, avec l'intention d'y passer une année entière loin de toute civilisation. Le prétexte est de resserrer ses liens avec lui, de le confronter à la beauté et à la sauvagerie du monde, comme pour un rite d'initiation. Mais il se peut que son but inavoué soit tout autre. Retrouver sa dignité de père dans les yeux de son fils, se prouver qu'il est capable d'assurer son métier d'homme. La dureté des conditions de vie et du climat, les pièges cachés de ce théâtre des origines, les manquements et défaillances de Tim, la lucidité du regard que l'adolescent porte sur lui, transforment le rêve de pureté à la Thoreau en confrontation sans pitié, jusqu'à l'épouvantable coup de théâtre qui fait basculer l'histoire dans la folie et l'effroi.Ugo Bienvenu, jeune prodige venu de l'animation, s'empare de ce huis clos en pleine nature. En totale empathie avec les deux protagonistes et la tragédie qui les broie, il en tire un graphic novel hypnotique, où la splendeur glacée du monde sauvage le dispute à la déchirure des sentiments les plus enfouis. Son trait classique allié à une rigueur narrative peu commune produit un objet fascinant, profond et laconique, où les jours et les mots flottent comme la buée d'un souffle dans l'hiver d'Alaska. Une réinterprétation d'une fidélité sans faille au roman d'origine, pourtant complètement neuve et différente. Une réussite impressionnante, s'agissant de la première incursion de ce très jeune artiste dans le domaine de la narration graphique.