En octobre 2006, le tirage de luxe du Long voyage de Léna du duo Juillard&Christin avait été épuisé en un mois. Normal : les Editions Champaka avaient dépassé l'habituelle édition de luxe, grand format certes, mais toujours en noir et blanc. Les planches étaient imprimées, en couleurs, dans un grand format rendant hommage à la majesté du trait et à la délicatesse des tons d'André Juillard.Outre les 54 planches du récit, le livre comportait un cahier de 8 pages de crayonnés en quadri. Juillard avait, pour l'occasion, réalisé un dessin de couverture inédit ! Le tirage de 400 exemplaires numérotés était signé par Christin et Juillard.En novembre 2009, il en sera de même pour le tirage de luxe de Léna et les trois femmes
Elle s'appelle Léna. C'est une jeune femme brune, élégante et mystérieuse. On ignore d'où elle vient et où elle va. Son voyage commence à Berlin-Est, dans le quartier où vivent les anciens dignitaires d'un régime effacé par le vent de l'Histoire. Léna rend visite à un homme qui lui remet une liste de noms et de numéros de téléphone, qu'elle apprendra par coeur avant de la détruire. Après Berlin, il y aura Budapest et un autre rendez-vous. Et après Budapest, Kiev, Odessa, la Turquie et la Syrie. À chaque fois, une rencontre. Peu de mots prononcés, juste un objet étrange remis par Léna à son destinataire ? une boîte de pâtes d'amandes, un flacon de parfum, un nécessaire pour diabétiques.Avec Le long voyage de Léna, Pierre Christin et André Juillard entraînent le lecteur à travers une Europe qui entremêle aujourd'hui et hier. Une Europe où les soubresauts d'une Histoire pas si lointaine semblent se prolonger dans d'étranges projets partagés par ces femmes et ces hommes dont Léna croise la route. Mais elle, quel rôle joue-t-elle? Christin et Juillard laissent planer le doute sur ses intentions. En toile de fond, on devine les ombres du terrorisme international nourri par la frustration d'un passé qui semblait enterré, celui de l'idéal communiste. Récit d'un parcours pas comme les autre baigné de nostalgie et de mélancolie, Le long voyage de Léna permet à Pierre Christin de laisser libre cours à son intérêt pour l'Histoire et pour le destin contrarié des pays de l'Est. Pour leur première collaboration, Pierre Christin et André Juillard signent mieux qu'un album réussi : Le long voyage de Léna est d'ores et déjà un classique.
Avec Macula Brocoli, la science rencontre la fiction. En effet, Edmond refuse l'accès à son génome, préférant ignorer les risques de maladie présents dans son patrimoine génétique. Mais son frère Edgar, en revanche, accepte. Or, Edmond et Edgar sont jumeaux, ils ont donc le même génome. Quelle que soit l'information qui ressortirait de ce séquençage, elle est lourde à porter, puisque pour, chacun, notre destin est écrit : nous sommes tous, littéralement, « prisonniers de nos gènes. » Avec distance et ironie, le dessinateur des Isolés (Ed. Paquet) et de Mai '68, Histoire d'un printemps (Éditions Berg International) fait ici la preuve de son talent graphique et narratif. Dans la mouvance d'un Chris Ware ou d'un Joost Swarte, sa Ligne Claire garde à la fois distance et humanité, dans un ballet qui mène le lecteur à la logique implacable d'un propos éminemment troublant.Laurent Alexandre, le co-scénariste, est docteur en médecine, bien connu pour ses idées visionnaires sur le « destin génétique » de l'humanité : « La chute du coût du séquençage d'un ADN, de 100 millions de dollars en 2002 à 50 dollars estimés en 2020, va révolutionner la médecine, et avoir de lourdes conséquences en termes éthiques, politiques, sociaux, industriels et géopolitiques.» Cela a l'air abstrait, mais il n'en est rien : nous entrons dans un « âge génomique » où l'être humain est susceptible d'atteindre rien moins que l'immortalité. Soudain, la question se pose : qu'allons-nous en faire ?
Dans Coeurs d'acier, Yves Chaland mène Spirou et Fantasio d'une Belgique fantaisiste vers une Afrique farfelue. Le créateur de Bob Fish, Freddy Lombard et Le jeune Albert revisite d'une manière moderne la bande dessinée franco-belge des années 50. Si son trait magique rappelle celui de Jijé ou de Franquin, il est surtout éminemment personnel et fait pour servir le mythe du groom en rouge.