Un petit village de montagne, en hiver.Barnabé, le bûcheron, est tué par un ours. Ce dernier le dépouille de sa peau, s'en revêt et adopte également les habits du défunt. Quand il pénètre dans le village, personne ne remarque la substitution.Cependant l'ours manifeste rapidement une vive attirance pour les villageoises, qui ne sont pas non plus insensibles à sa mâle puissance. Il en résulte que les hommes sont cocufiés l'un après l'autre.Personnage mutique et taciturne, le faux Barnabé devient le révélateur de conflits longtemps tus, auxquels il ne comprend pas grand-chose. La tension s'exacerbe au sein de la petite communauté rurale, et l'ours, inévitablement, servira de bouc émissaire.
A l'orée d'un bois, le Petit Chaperon Rouge rencontre Wolf, un loup déguisé en caporal. Il lui apprend la triste vérité : elle est Uf et, comme pour tous les Ufs petits et grands, tout ou presque lui est interdit. Jean-Claude Grumberg revisite avec humour le célèbre conte populaire qui, sous sa plume, devient une parabole douce-amère sur l'intolérance.
Lorsque l'arbre au bois étonnant tombe sous l'orage, l'home pauvre et généreux décide d'en faire un pantin. Pinocchio est né. Mais c'est un enfant naïf et cruel, qui rêve d'une vie de prince. Après son Petit Chaperon Rouge, Joël Pommerat revisite cet autre conte populaire en soulevant les questions de la paternité, de la pauvreté, de la liberté.
Esla et Fredrike sont soeurs. Leur mère est décédée, leur père est en prison. Elles s'installent dans une maison abandonnée, au milieu des bois, réputée hantée. L'aînée disparaît pendant quelques heures et, à son retour, elle semble transformée, comme possédée, et effraie sa cadette.Cette histoire de fantômes, racontée par la maison elle-même, parle de faim et de solitude. Un récit de genre puissant, émouvant et d'une grande originalité.
«Ô Cruelle est le roman choral des intrigues amoureuses, des drames d'amour, des rencontres hasardeuses et d'un mystère qui plane au-dessus d'une forêt.» Qu'ils prennent l'avion, le train ou choisissent la marche à pied, les personnages de Nadja, tous auscultés avec la même finesse, sont conduits dans une nature mystérieuse.Les jeunes filles discutent alanguies sur les rochers, les couples adultères se dissimulent dans les sous-bois. Au bout du voyage, une maison où l'on ignore les fantômes et les machins bizarres.«Le rêve chemine linéairement, oubliant son chemin en courant. La rêverie travaille en étoile. Elle revient à son centre pour lancer de nouveaux rayons.» Ceci, c'est Gaston Bachelard qui le disait, mais c'est ainsi que Nadja, dans un ciel étoilé, met en scène ce récit où cruel est le mystère et cruelle la nature humaine.
Elle aperçut aussi deux grands yeux qui avaient l'air d'observer dans sa direction. Elle pensa qu'elle n'avait jamais rien vu d'aussi beau et elle eu tout de suite envie de s'approcher. Ce n'était pas une chose ordinaire qu'elle avait devant elle. [...] La petite fille pensa qu'elle en avait peur, c'est vrai, mais que cette chose ne ressemblait en rien à la bête monstrueuse qu'elle s'attendait à rencontrer dans les bois, comme le lui avait prédit sa maman, au contraire. (extrait).
Lorsque le philosophe Michel Guérin décortique l'oeuvre de Dumas et rencontre le trait voltigeur de Jean Harambat pour un savoureux et savant abécédaire des trois mousquetaires !
Beau temps pour un pique-nique ! Pas pour Jo, la cadette, qui fuit sa famille recomposée le temps de se perdre dans une forêt mystérieuse, loufoque et pleine de vermeilles. Camille Jourdy offre aux jeunes lecteurs un récit initiatique de haute voltige.
C'est l'été pour Alban, 14 ans, et Gaël, 11 ans. En permanence, l'aîné teste le cadet, non sans perversité, il teste ses limites. Jusqu'où Gaël sera-t-il prêt à aller pour complaire à Alban ? Une chronique vibrante de l'adolescence, cruelle et sensuelle.
Comme c'est dur, la rentrée... pour la maîtresse, aussi. A la maison, celle-ci s'agite, gigote, marmonne. C'est à son petit garçon de la rassurer. Un comble ! Mais comment ne pas trembler devant vingt-quatre enfants qu'on ne connaît pas et qui vous dévorent... des yeux ? Allons, courage, maîtresse, tout finira bien par s'arranger...
Ils sont jeunes pour la plupart, ils ont tous mis fin à leurs jours. Et les voici rassemblés en un lieu néo-dantesque qui ressemble presque trait pour trait au monde auquel ils avaient décidé de tirer leur révérence. C'est ainsi que, dans cet au-delà étrangement familier, s'est même reconstituée une famille entière, chacun de ses membres ayant successivement eu recours à la solution radicale...
J'en ai vraiment assez des yeux bleus de Maman, pas du tout comme les miens. Vous voulez savoir comment je suis, moi ? Je suis plutôt petite pour mon âge, j'ai la peau très brune, je bronze rien qu'à regarder le soleil, j'ai des cheveux très noirs et très bouclés, et j'ai des yeux complètement noirs. Pas marrons, ou bruns, ou ocre : Noirs. Je vais essayer de savoir si vraiment, vraiment, il n'y a rien à faire pour changer leur couleur.
Jeune femme ambitieuse, Irmina quitte l'Allemagne pour Londres au milieu des années trente, pour suivre une formation de secrétaire bilingue. Elle y fait la connaissance d'un noir, Howard, et sympathise avec ses aspirations à une vie indépendante. Sa liaison avec lui connaît une fin précipitée, quand la situation politique l'oblige à rentrer à Berlin. Dans l'Allemagne national-socialiste, il est vite évident qu'elle ne pourra faire son chemin dans la société qu'en fermant les eux sur les crimes du régime. Mais les événements politiques ressemblent à une escalade sans fin...
Paru en 2008, le premier volet de La Jeune Fille et le nègre, de Judith Vanistendael, avait été nominé dans la présélection des « Essentiels » d'Angoulême.Voici la deuxième partie de ce diptyque ; un album plus long, aussi fort et émouvant que le premier.L'amour. L'amour d'une fille blanche, de nationalité belge, pour un réfugié politique togolais. Un amour pur, passionnel, mais en même temps hésitant, oppressant, terrifiant. La première partie de La Jeune Fille et le nègre s'achevait par un mariage imposé par les circonstances. Dans ce second volume, situé quelques années plus tard, Sophie raconte à sa fille Babette - et au lecteur - ce qu'il est advenu de son amour pour Abou. Elle nous prend par la main pour un voyage dans son passé qu'elle a tant caché, tant voulu oublier.Tandis que le dessin de l'auteur continue de s'affirmer, on retrouve la justesse de ton, le sens de l'observation, le mélange de réalisme social et d'humour qui caractérisaient la première partie de cette oeuvre forte et originale, sur les sans-papiers et demandeurs d'asile.
L'An 2 poursuit son défrichage d'aspects encore méconnus en France du patrimoine international de la bande dessinée en ouvrant son catalogue au dessinateur transalpin - originaire de San Remo - Antonio Rubino (1880- 1964), l'un des maîtres de la bande dessinée européenne.Rubino fut la figure emblématique de l'école du Corriere dei Piccoli, le célèbre illustré italien pour la jeunesse, qu'il contribua à fonder en 1908. Par la suite, il exerça la direction des publications pour la jeunesse de l'éditeur Mondadori, et devint le responsable artistique de Topolino.Peintre, poète et grand illustrateur, Rubino est le créateur d'un très grand nombre de personnages éphémères.Cette anthologie, coéditée avec les éditions Black Velvet en Italie, en rassemble un choix représentatif, recueil d'historiettes autonomes ou suites de courte durée : Quadratino (1910-11), Pino et Pina (1910 et 1926-27), Piombino et Abetino (1917), Caro et Cara (1920), Dino Din et Din Dindora (1955-56). Elle ne tait pas les sympathies que l'auteur eut un temps pour le fascisme mussolinien, dont témoignent la série Lio et Dado et les illustrations pour La Tradotta.Rubino applique à la bande dessinée le style fleuri et ornemental de l'art nouveau (dit en Italie : style Liberty), qui confère à ses dessins un cachet inimitable. Il est en outre fidèle à la formule qu'il avait instaurée au Corriere dei Piccoli, qui place sous l'image un texte rédigé en vers de mirlitons.
Quatre récits composent cet album, mettant aux prises autant de jeunes femmes avec les affres de l'amour, de la vieillesse et de la création.L'une d'elles rentre dans la tête de l'homme qu'elle aime pour y lire ses pensées ; une autre s'entretient avec son grand-père décédé, au milieu d'un champ de pommes de terres ; une troisième se sert d'un pull magique pour renouer avec un ancien amoureux qui l'a déjà remplacée ; une quatrième affronte les blocages de l'écriture en recourant à une boîte de « visualisation créative ».Sensible et drôle, le travail de Sandrine Martin ne connaît pas de frontières entre le quotidien et l'onirisme, multipliant les expériences improbables et les voyages impossibles.Son trait fin, vivant et expressif est rehaussé de grisés délicats.
Héros légendaire qui aurait vécu en Turquie au XIIIe siècle, Nasr Eddin Hodja est célèbre dans tout le monde musulman. Il passe pour l'incarnation du fou sage, au comportement provocant et au raisonnement toujours paradoxal.Ce personnage truculent a fait l'objet de nombreux livres, illustrés ou non, mais ne s'était encore jamais incarné en bandes dessinées. Une jeune dessinatrice française, qui fait ici ses débuts en librairie, s'est pris de passion pour Nasr Eddin. Elle le représente avec légéreté et humour dans une soixantaine d'anecdotes, qui le mettent aux prises, dans des situations souvent très triviales, avec son âne, sa femme, ses voisins, le hammam, les enfants, le seigneur Timour, le Coran... Sa mise en couleurs très chamarrée apporte à l'album un parfum des Milles et une nuits.
VU DEPUIS LE NOMBRIL LIBANAIS. Guerre, immigration, liberté de la presse, écologie... tout est sujet à palabre pour les personnages du théâtre de Mazen Kerbaj.
Une grande dame des Lettres françaises passe quelques jours à Lisbonne pour ses 80 ans et disparaît... Un récit subtil traversé de nostalgie, de dépaysement, de littérature et de politique.
Une adaptation truculente et pleine de saveur de la célèbre farce anonyme écrite vers 1470, l'un des premiers chefs-d'oeuvre du répertoire théâtral français. Comment Maître Pathelin, désargenté, use de ruse et d'hypocrisie pour tromper un marchand drapier pourtant méfiant, et le procès qui s'ensuit. Le personnage de Pathelin est un type universel dont le nom en est venu à évoquer, dans l'usage courant, la douceur insinuante et hypocrite. Le crayon truculent de David Prudhomme fait merveille dans la restitution satirique de l'univers médiéval, et campe des « acteurs » à la fois improbables (ils ont des particularités zoomorphes) et d'une inoubliable présence. La scène où Pathelin joue la comédie du mourant peut dès à présent être considérée comme une séquence d'anthologie. L'auteur a opté pour un « gaufrier » de quatre cases, mis en valeur par de larges marges et quelques hors-texte. La mise en couleur est d'Alexandre Clérisse.
A l'hôpital où travaille sa mère, un enfant de douze ans rencontre un vieil homme qu'il croit être son père. Ce dernier lui raconte des histoires fabuleuses et invraisemblables pour l'aider à dépasser la mort de celui-ci.
Pour beaucoup, Nancy représente la quintessence de l'art du comic strip. Un dessin réduit à l'essentiel, où rien n'est superflu, où chaque trait est pleinement sémiotisé, au service de l'idée. Un ancrage dans le quotidien, le vécu du personnage rejoignant celui des lecteurs qui avaient rendez-vous avec Nancy dans leur journal. Et une obsession : le gag.Qu'ils relèvent d'un humour visuel ou d'un jeu de mots, les gags inventés par Ernie Bushmiller paraissent le plus souvent d'une simplicité désarmante. Cependant beaucoup s'offrent à une autre lecture, plus sophistiquée. Car l'auteur ne cesse de jouer avec les lois de la figuration, de la ressemblance, de l'illusion d'optique, et avec les codes mêmes du dessin. Rien d'étonnant, donc, si les artistes et les intellectuels (de Andy Warhol à Art Spiegelman en passant par Joe Brainard) ont exprimé leur admiration pour cette oeuvre, devenue totalement culte.Il était temps que le public français (re)découvre Nancy - très mal publiée autrefois sous le titre Arthur et Zoé.Les strips des années 1943 à 45 reflètent le contexte particulier de la guerre : restrictions, tickets de rationnement, mobilisation des enfants, etc.
Plusieurs jours se sont écoulés, mes enfants, depuis que je vous ai écrit. C'est que, sur le plus haut sommet de l'Himalaya, le monde étalé sous mes yeux s'est dérobé, comme on voit disparaître de grands navires qui convoitent l'horizon. Il en est ainsi de mes voyages, qui veulent s'emparer de moi pour toujours...
Une fable sur le rapport entre l'homme et la nature, au cours d'une après-midi passée dans un parc entre un père et sa fille de 5 ans. Les jeux et les dessins qu'ils inventeront ensemble, au gré des rencontres, seront autant de propositions, de prises de conscience ou d'idées nouvelles pour préparer demain.
Dix nouvelles, dix vies banales de femmes de Taipeï aujourd'hui. L'autrice, qui a reçu pour ce livre en 2020, le prix de la meilleure bande dessinée taiwanaise, dépeint ces femmes, leurs habitudes, leur manies, leurs doutes et préoccupations.
Le poète Mickhaïl Lermontov (1814-1841) est un jeune homme lorsqu'il est envoyé en exil dans le Caucase pour avoir attaqué le Tsar dans ses textes. C'est isolé dans la montagne qu'il écrit, à l'âge de 22 ans, le roman Un héros de notre temps. Publié en 1840, le livre connaît un succès immédiat et deviendra un classique de la littérature romantique russe. Lermontov est tué dans un duel l'année suivante.Un héros de notre temps se déroule entre 1827 et 1833, au bord de la mer Noire et dans le Caucase. Il est composé de quatre nouvelles , qui ont pour principal protagoniste un jeune homme désabusé, Petchorine - véritable enfant du siècle russe. Celui-ci est présenté successivement de l'extérieur (par un tiers), puis de l'intérieur (par le biais de son journal). Mon âme est pourrie par le monde, j'ai une imagination sans repos, un coeur insatiable. Tout me semble petit, mon existence est plus monotone chaque jour. Bientôt, je prendrai la route. Mais pas en Europe !J'irai en Amérique, en Arabie ou en Inde. Je mourrai en voyage...à moins que ce rêve ne s'éteigne aussi. Céline Wagner signe une adaptation sensible, où l'âme russe s'exprime à travers un clair-obscur raffiné. Elle déploie en particulier un vrai talent de paysagiste.
Sally Salinger est sans nouvelles de son mari Robert, depuis trois ans. Il l'a laissée seule avec ses deux enfants, un crédit à payer, un bureau de détective et des affaires non résolues, mais surtout beaucoup de questions et un paquet d'amertume. Faute d'avoir fait autre chose que d'épauler son mari depuis des années, elle garde le bureau situé dans l'arrière-boutique de l'onglerie de Pat, une vieille copine qui l'aide à joindre les deux bouts.Un certain Osvaldo Brown se présente un jour, la tête bandée. Il veut engager Sally pour trouver celui qui lui a tiré dessus. Sally évite de prendre des affaires impliquant des armes à feu, mais elle finit par accepter. Mais pour Osvaldo, poète de son état, retrouver son agresseur n'est bientôt plus la priorité, il veut surtout séduire cette femme délaissée. Il n'est pas le seul à y prétendre : l'inspecteur de police Raimundo Rayo lui fait aussi les yeux doux. Et si la clé de ce polar résidait plutôt dans la résolution d'une difficile équation amoureuse ?Très attendu, le nouveau Pastor, qui marque son retour à la couleur, témoigne une fois encore de son sens unique des atmosphères et des dialogues.
La première thèse de doctorat en bande dessinée soutenue aux Etats-Unis. Une épopée scientifique, dans laquelle Sousanis s'intéresse aux limites de notre système perceptif, à nos conditionnements et aux moyens de nous en libérer pour déployer nos potentialités. En même temps qu'un éloge de la bande dessinée, et une démonstration inventive, par l'exemple, des ressources de la pensée visuelle.
L'histoire se situe à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1944, au moment où l'Union soviétique s'empare de la Carélie finlandaise. Une femme, Maria, reste au village pour s'occuper de ses vaches. Un soldat qui perd la tête, sur le front, est considéré comme déserteur. Récit poignant sur une tragédie universelle, où des photos des archives de l'armée finlandaise se mêlent aux dessins au crayon...
La scène se passe au Mexique. Eusebio Ramirez est le gardien du musée des Masques. De retour d'une visite au cimetière, pour tromper son ennui il écrit des lettres à propos de la famille Rojas dont il est l'ami, et dont les membres défunts ont chacun leur autel des morts, où leur photo voisine avec. un masque. Les différents chapitres de l'album relatent, à travers le témoignage de ce narrateur pas toujours fiable, les circonstances de la mort de ces différents personnages, à des époques elles-mêmes diverses : XIXe siècle, révolution mexicaine, années trente, années soixante-dix, époque contemporaine. D'autres séquences, réminiscentes de l'inspiration macabre d'un Posada, matérialisent les rêves d'Eusebio et nous entraînent dans une crypte pour célébrer la vie après la mort.Fasciné par les rites funéraires du Mexique - pays dans lequel il a séjourné en 2005-2006, et où la mort, loin d'être un tabou, fait partie de la vie quotidienne et est célébrée de manière éminemment festive -, Felix Pestemer a conçu ce livre original et spectaculaire, entièrement dessiné au crayon, et dont l'esthétique rappelle celle des grands muralistes mexicains. Le récit contient de nombreuses allusions à des personnalités ayant marqué l'histoire du pays, comme le peintre Diego Rivera ou Léon Trotzki.
Le retour d'Ulysse est le point de départ de cette bande dessinée. Elle suit fidèlement le récit d'Homère mais s'interrompt par endroits pour laisser la parole à des penseurs ou à des anonymes, qui apportent leur éclairage sur la signification de ce retour. «Ulysse est l'histoire d'un homme à la reconquête de soi nous dit l'helléniste Jean-Pierre Vernant.
La vie n'est pas drôle tous les jours pour Norbert et ses congénères de la ferme, confrontés aux intempéries, aux abeilles, aux chutes d'arbre, aux taureaux furieux et aux animations stupides (comme ce concours de la plus belle coiffure). Mais Norbert a du caractère, de la répartie et le sens des initiatives. II est la star incontestée de cette comédie agricole où les activités les plus banales deviennent prétextes à des gags irrésistibles.
Mâkhi xenakis dessine, sculpte et écrit depuis l'enfance.Née à paris, elle étudie l'architecture avec paul virilio, puis crée des décors et des costumes pour le théâtre, notamment avec claude régy. en 1987, elle s'installe pour deux ans à new york. elle y fait une rencontre décisive avec louise bourgeois. en 1998, première édition du livre louise bourgeois, l'aveugle guidant l'aveugle.en 1999, première exposition de sculptures, accompagnée du livre parfois seule.A la mort de son père, iannis xenakis, elle publie laisser venir les fantômes. en 2004, découvrant dans les archives de l'assistance publique l'enfer carcéral vécu par des milliers de femmes à la salpêtrière, elle publie les folles d'enfer de la salpêtrière et présente un ensemble de deux cent soixante sculptures dans la chapelle. en 2008, la manufacture nationale de sèvres l'invite à créer des sculptures en céramique.Ses dessins et ses sculptures figurent dans des collections publiques, telles que le musée national d'art moderne - centre pompidou, le fonds municipal d'art contemporain de la ville de paris, la bibliothèque nationale de france, le musée zadkine, le fonds d'art moderne et contemporain de gennevilliers, la bibliothèque municipale de lyon.
Aucun point commun entre le torero de Cordoue et l'écrivain anglais, sinon leur apogée atteinte dans les mêmes années, destinées sans croisement. L'un meurt en 1947, l'autre en 1957. Cela aurait pu être l'inverse, les chefs-d'oeuvre d'une vie étaient libérés. Morts tous deux contre les autres dans et pour la beauté.
Cet album dont l’action se situe en Espagne au XVIe siècle emprunte ses prémissesau Soulier de satin de Claudel mais s’en émancipe bien vite pour virer au récit picaresque quelque peu réminiscent de crises récentes (comme celle de la vache folle). L’héroïne, costumée en homme, joue du couteau comme personne - un faible rempart contre la redoutable Inquisition.
Issu du fanzine 'Bipolar' publié avec son frère Asaf Hanuka et Etgar Keret, voici un recueil de neuf histoires (courtes et sombres) qui ont pour toile de fond les rapports acides des êtres humains : leur identité, leur mémoire, leur destinée. Un mélange de science-fiction, d'atmosphère glauque, d'onirisme et de violence qui au total rend compte du dur métier de vivre.
Lucie se fait un devoir de transmettre ses dons de sorcellerie à ses deux filles jumelles, Maud et Lise. Ces dernières dépasseront bientôt, et de loin, les dons médiocres de leur mère, pour finir par (littéralement) voler de leurs propres ailes, laissant seule Lucie, aux prises avec l'éclatement du reste de sa famille. Le dessin puissant, réel et magique de Benoît Guillaume au service de l'adaptation du roman éponyme de Marie NDiaye.
La Retirada de 1939, l'Exode des républicains espagnols vaincus, parqués dans des camps (Argelès, Prats.) à leur arrivée en France racontée par des dessins, d'une force incroyable, de Josep Bartoli, témoin et acteur de ce drame, grand artiste et ami de Frida Kahlo.En contrepoint le photographe Georges Bartoli, son neveu, interrogé par Laurence Garcia nous livre, pour les 70 ans de la Retirada, son témoignage sur la dure condition des exilés espagnols jusqu'à la fin du franquisme.
Ils jouent sur des terrains poussiéreux en rêvant de l'Europe, de tribunes pleines à craquer et de sortir de la pauvreté. Ils seront peu nombreux à parvenir à l'eldorado de la Ligue des champions. Pourquoi les jeunes Africains fondent-ils autant d'espoir dans le football ? Comment faire pour que les projets d'éducation soient conciliables avec le sport professionnel et permettent aux jeunes sportifs de se construire eux-mêmes ? Quels sont les enjeux de l'évolution du football en Afrique ?
« ça, c'est pas une maison, ça c'est une cabane, dans une cabane il pleut, dans une cabane il fait froid ! » à la croisée du documentaire et de la fiction, le destin d'une famille Algérienne, du bidonville de Nanterre à son relogement.1962, alors que la guerre d'Algérie prend fin, Soraya débarque, à Orly, avec ses deux enfants. Ils sont venus rejoindre Kader, le chef de famille, arrivé lui en France quelques années plus tôt pour contribuer par son travail, comme beaucoup d'autres immigrés, au miracle des Trente glorieuses. Car la France des années 1950, en pleine relance économique liée à la reconstruction de l'après-guerre, favorisait à cette époque l'immigration des Portugais, des Espagnols et des Maghrébins pour fournir une main d'oeuvre bon marché aux industries du bâtiment et de l'automobile. Evidemment personne n'avait pensé à loger ces nouveaux prolétaires qui n'avaient d'autre alternative que de s'installer dans des baraquements en périphérie des grandes villes non loin des chantiers et des usines.Ainsi Kader habite le bidonville de La Folie à Nanterre et c'est là que la petite famille regroupée va s'installer.Monique Hervo, militante et témoin de l'époque, a vécu 12 ans à «La Folie», le plus vaste etle plus précaire des bidonvilles de Nanterre. En 1959, elle décrivait dans son journal, son arrivée : «Des milliers de tôles enchevêtrées se mêlent à des briques cassées : La Folie. Des moutons broutent l'herbe alentour. Gravats et vieilles ferrailles traînent aux abords de cette étrange cité, reliquats des déchets déversés ici par des entreprises : une décharge publique ! Je contourne le bidonville. Je n'ose y pénétrer. Je suis une intruse.[...] Situées derrière le palais de La Défense en construction luisant de blancheur, les baraques s'agrippent les unes aux autres dans un décor de débris de matériaux usés. Les chemins sont vides. Tout semble inerte.» Laurent Maffre dans son récit très documenté, nourri de témoignages, va suivre sur quatre ans les tribulations, le quotidien de cette famille, leurs conditions de vie, leurs espoirs et leurs désillusions . Si tous se souviennent encore ici de la manifestation du 17 octobre 1961, la vie continue avec pour priorité la quête d'un logement décent. Mais c'est sans compter sur les obstacles que l'administration française de l'époque lève face à eux.Un album on ne peut plus actuel alors que la xénophobie est devenue, plus que jamais, le fond de commerce de politiciens dévoyés.
Une jeune femme, qui fait profession d'écrire, arrive à Brême, dans le Nord de l'Allemagne, par bateau.Nous sommes au début du XIXe siècle. Venue pour rédiger une description touristique, elle ignore que toute la ville est en proie à une étrange fièvre, parce que l'on se prépare à exécuter en place publique une femme accusée d'une quinzaine d'assassinats par empoisonnement. Son propre destin va se trouver mêlé à l'histoire de cette meurtrière. Ce drame historique est basé sur une histoire vraie, celle de Gesche Margarethe Gottfried (1785-1831), surnommée l'Ange de Brême .
Deux acteurs se partagent le même rôle, en alternance. Le soir de la première, celui qui devait jouerétant malade, sa doublure doit le remplacer au pied lever. Son personnage se suicide dans la dernière scène. Le pistolet est chargé pour de bon et... le comédien meurt en scène.Tel est le début d'une comédie policière originale, dans le monde du spectacle où les suspects ne manquent pas. L'inspecteur Oulibsky mène l'enquête, mais sa femme, Dita, critique dramatique, y est également mêlée de près.Lucie Lomova suit avec malice et une jubilation communicative les méandres de cette affaire criminelle.
un homme se retrouve au commissariat de police pour un interrogatoire.un de ses collègues a été retrouvé mort dans des circonstances mystérieuses. lui-même a perdu son travail et connaît des difficultés d'argent. pourra-t-il reconstituer son emploi du temps et débrouiller des souvenirs que l'alcool rend confus ? ce polar à la trame simple et au traitement déroutant est signé par l'un des maîtres de la bande dessinée ibérique (l'album a reçu le prix de la meilleure oeuvre espagnole au salon de barcelone en 2003).keko recycle ou détourne toute l'imagerie populaire des années 50, plongeant le lecteur dans un bain visuel psychédélique et envoûtant.
Illustrateur de Lewis Carroll et de bien d'autres écrivains, Arthur Burdett Frost (1851-1928) fut aussi l'un des principaux pionniers de la bande dessinée américaine, et l'une des influences majeures revendiquées par Winsor McCay, le père de Little Nemo. Les trois albums parus du vivant de l'artiste sont ici réunis et publiés en France pour la première fois. Composés d'histoires courtes, quelquefois muettes, ces ouvrages brillent par leur sens du rythme, du mouvement et de la narration graphique. Dessinateur hors pair, Frost inaugure la collection Krazy Klassics vouée à la redécouverte des trésors de l'illustration, de la caricature et de la bande dessinée.
Pieterjan, un artiste en manque d'inspiration, accepte l'invitation de la première Biennale d'art de Beerpoele au beau milieu de la campagne flamande. Mais bien vite, il découvre qu'en fait de résidences d'artistes, il s'agit d'une grande kermesse improvisée par Kristof, le gentil organisateuraux mains de géant. Invité d'honneur d'un groupe d'amateurs farfelus, Pieterjan se prend à jouer le guide spirituel et artistique et profite de l'occasion pour convaincre tout ce petit monde de construire ensemble un grand oeuvre au coeur de la lande.Brecht Evens confronte ici à l'art et à la nature, des personnages hésitants, maladroits ou bancals en quête de monumental. Il se pose la question d'une construction utopique.
Comme les deux autres romans de Kafka, Le Château et America, Le Procès ne fut pas publié du vivant de son auteur.Avant de mourir de tuberculose, à l'âge de quarante ans, Kafka avait demandé à son ami le journaliste Max Brod de détruire, après sa mort, toutes ses oeuvres non publiées. Cependant Brod passa outre les dernières volontés de Kafka et prépara le manuscrit du Procès pour publication, mettant de l'ordre dans les liasses des innombrables chapitres, dont certains n'étaient encore qu'à l'état de fragments.La première édition parut en 1925. Toute sa vie, Kafka écrivit de façon sporadique et le plus souvent très intensivement, pendant la nuit. Encouragé par Brod, qu'il avait rencontré à l'université en 1902, il publia plusieurs nouvelles, les plus célèbres étant La Métamorphose (1915) et La Colonie pénitentiaire (1919), qu'il écrivit alors qu'il travaillait sur Le Procès. A la même époque, il écrivit aussi la nouvelle Derrière la loi, qui figure dans Le Procès sous la forme de la parabole racontée par le prêtre.Des éléments de la vie personnelle de Kafka, faite d'une succession de frustrations, d'angoisses et de relations amoureuses contrariées, trouvèrent leur exutoire dans l'expérience cauchemardesque du Procès. Finalement, la seule chose à faire est d'accepter les choses telles qu'elles sont. Surtout éviter de se faire remarquer. Se taire, même si cela vous répugne. Comprendre que ce grand système légal repose sur une balance extrêmement délicate. Le Procès, réinventé dans ce roman graphique saisissant, est la sombre histoire de Joseph K., arrêté un matin pour des raisons inexpliquées et qui lutte contre un procès ahurissant.K. se trouve plongé dans une succession d'événements déconcertants, dans un climat de violence croissant qui le met au désespoir de prouver son innocence face à des accusations inconnues. Par la peinture très noire d'une bureaucratie autoritaire, qui écrase la vie des citoyens isolés, Le Procès est plus que jamais d'actualité.
Quand il parle du dessin, Baudoin utilise toujours une même métaphore : celle de la musique. Pour lui, les points, les taches, les traits forment une chanson, une sonate, une symphonie. Dans cet ouvrage - qui fait suite à Questions de dessin (2002) - , il nous livre ses réflexions nées de trente ans de pratique. À quel moment un dessin est-il fini ? Peut-on devenir l’arbre que l’on essaie de représenter ? Comment faire entrer la fragilité de la vie dans les traces d’encre laissées sur le papier ? Un ensemble d’illustrations inédites de toute beauté accompagnent ces interrogations, que l’auteur du Chemin de Saint-Jean partage avec nous à sa manière habituelle, simple, sensible, sans prétention intellectuelle.
Foisonnant, dérangeant, provocateur, l'univers de Blanquet ne laisse personne indifférent. Enfant de Crumb, de Topor et des surréalistes, l'auteur (âgé de 31 ans) a derrière lui un déjà long parcours dans l'univers des graphzines, de la presse (il collabore régulièrement à Libération depuis huit ans) et de l'édition internationale. Lui-même éditeur (Chacal puant, La Monstrueuse - primé à Angoulême en 1996), il apparaît comme l'un des créateurs les plus polyvalents de ces dernières années. Son album La Nouvelle aux pis, tout en ombres chinoises, a été salué par la critique, ses films (Mon placard, La Peau de chagrin) ont fait le tourdes festivals, son recueil de peintures érotiques sur corps (Sur l'épiderme) a été une révélation. Pour la première fois, un livre présente Blanquet dans toutes ses incarnations.
1945. Les attentats et assassinats qui secouent Madrid trouvent un écho dans la bande dessinée pourtant très conventionnelle que publie en feuilleton Enrique Montero, un ancien républicain communiste. Ses anciens amis lui demandent de reprendre du service pour aider à piéger l'un des leurs qui enfreint les consignes du parti... Enrique ne veut ni résister, ni survivre en trahissant : il voudrait avant tout oublier.Le Piège combine trois temps différents : celui de la réalité, celui de l'histoire que le « héros » dessine, et celui des souvenirs de la récente guerre civile.Cet album d'une grande force rend hommage aux auteurs de BD de l'après-guerre et ressuscite, dans une ambiance volontairement oppressante, une page noire de l'histoire espagnole.
Depuis 1995, Edmond Baudoin signe deux pages dans chaque numéro de Dada, la revue d’art pour enfants publiée par les éditions Mango. Après une première série construite autour des prénoms, il a concentré sa participation sur les Questions de dessin : le mouvement, l’ombre et la lumière, le portrait, l’inscription de l’homme dans le paysage, le style, etc.L’album réunit une sélection de ces pages, qui composent en quelque sorte l’art poétique de l’auteur du Portrait, de Couma Aco et du Chemin de Saint-Jean, un bréviaire à la portée de tous les publics, où s’expriment tant la profondeur de son questionnement d’artiste que la sensualité de son trait. Baudoin interroge aussi, au passage, l’œuvre de génies tels que Rembrandt, Gauguin, Matisse, Picasso ou Giacometti.
Anna est une jeune femme qui vit à Prague, et qui s’ennuie dans son couple. Son histoire familiale est compliquée et l’a éloignée de sa sœur jumelle. Sa vie s’emballe brusquement le jour où, confondue avec elle, elle se retrouve à fuir à travers la Bohème en compagnie d’un jeune homme dont elle ignore tout, prise en chasse par des tueurs de la mafia russe.Lucie Lomova, dessinatrice tchèque dont c’est le premier roman graphique pour adultes, signe un scénario digne d’Hitchcock, truffé d’humour, d’émotion et de rebondissements. Son graphisme « ligne claire » en sert parfaitement toutes les nuances.Anna en cavale est de la BD d’aventures à grand spectacle, menée tambour battant et traversée de nombreux personnages secondaires pittoresques. Une révélation !
Ce roman graphique brillant parle de corruption et de répression policière dans l'Égypte d'Hosni Moubarak, mais également de solitude et de folie. Salim, un fonctionnaire corrompu, détourne de l'argent public soi-disant destiné à payer les forces de police dans une ville qu'il a imaginée de toutes pièces, Khaldiya. Obligé de rédiger des rapports sans fin pour abuser ses supérieurs, Salim construit dans son propre appartement, avec de l'argile, un modèle réduit de cette ville fictive. Mais il est hanté par des rêves dans lesquels Khaldiya devient un concentré des problèmes posés par un régilme bureaucratique et autocratique. Il perd alors peu à peu le sens des réalités.Cette bande dessinée sur les maux de l'Égypte apparaît prophétique à la lumière des événements qui secouent le pays début 2011.
Cinq amis perdus de vue depuis longtemps se retrouvent dans une maison isolée à la campagne. Celui qui a pris l’initiative de les réunir se fait attendre. Ils ne savent pas pourquoi ils sont là. Ils tuent le temps en remontant des bouteilles de vin de la cave. Des souvenirs reviennent à la surface. Ils mesurent le temps qui a passé sur leurs vies, leurs rêves, leurs ambitions. Au fil des heures, les âmes se confessent. Et l’on apprend que l’une des deux jeunes femmes attend le retardataire depuis... quinze ans, depuis l’époque où il lui écrivait des lettres enflammées. Ce huis clos psychologique (un genre rarement abordé en bande dessinée), tout en subtilité, sera pour chacun un moment de vérité.Barbara Yelin a été l’élève de l’illustratrice allemande Anke Feuchtenberger (La Putain P., à L’Association) aux Beaux-Arts deHambourg et vit désormais à Berlin. Son premier livre, Le Visiteur, a paru à l’An 2 en novembre 2004 (collection roman visuel).
Tout est affaire de décor... Un désordre indescriptible dans une maison et son jardin, où l'on croise une femme seule, entre deux âges ; une adolescente, nageuse filiforme, promise à des triomphes aquatiques, amie des homards et des grands fonds ; un ex-mari regretté, policier anarchiste et amoureux ; une centaine de candidats, esclaves sexuels corvéables à souhait, issus de la sélection drastique opérée par la femme sur un site de rencontre régional ; enfin un bite-bush, arbuste omniscient qui retranscrit toute l'histoire à sa façon.Celle d'une femme croulant sous l'ennui et les livres qui fait creuser une piscine pour retrouver ce qui est à jamais perdu.Mais, de page en page, on passe derrière le miroir : le jardin extraordinaire est pur fantasme, un moyen de rester à distance du grand vide, ce creux, ce trou béant, ce drame auquel le couple a été incapable de faire face - la perte de leur enfant disparue quelques années plus tôt dans les eaux d'une piscine olympique.
Dans le Moscou des années trente, deux écrivains discutent sur un banc, dans un jardin public. Jésus a-t-il réellement existé ? Tel est le thème de la discussion. Tout à coup, se produit un mouvement de l'air, et un personnage est là, assis sur le banc voisin, qui se mêle bientôt à leur conversation. Étranger ? Espion ? Ou intrus simplement ? L'inconnu montre ses papiers : il est en règle. Il est, dit-il, un professeur venu en consultation. Mais, curieusement, il a un don de vision et lit dans l'avenir. Peu après, l'un des écrivains meurt comme il l'avait prédit ; le second devient fou - c'était aussi prédit. L'inconnu, c'est le Diable, en visite dans le monde socialiste. Tel est le début de cet extraordinaire roman. Mais le début seulement. Car autour de Woland (c'est le nom qu'a pris le Diable), trois récits vont s'organiser et s'entre-tisser : la fantastique sarabande dans laquelle va être entraînée Moscou, et qui déchaînera presque une catastrophe nationale ; la rencontre, par l'écrivain devenu fou, à l'hôpital psychiatrique, du Maître , fou aussi, qui lui racontera son amour pour Marguerite
Fort injustement oubliée aujourd'hui, Christine Brisset fut en son temps surnommée la passionaria des pauvres et la Jeanne d'Arc des sans-logis . Bien avant que l'abbé Pierre ne fit du logement son combat, cette grande bourgeoise révoltée par la misère entreprit de reloger les milliers de personnes qui étaient sans toit, à Angers, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir multiplié les occupations illégales de logements vacants, elle fonda le mouvement des Castors et, à la tête d'une armée de volontaires, fit construire des cités entières. Son action militante lui valut d'être traînée quarante-neuf fois devant les tribunaux.Chantal Montellier est amie de longue date avec le propre fils de Christine Brisset, Jean-Michel Arnold, qui lui a donné accès aux archives familiales. Pour ce récit retraçant la vie d'une femme de feu exceptionnelle, elle s'est en outre appuyée sur le film documentaire réalisé en 2004 par Marie-José Jaubert sous le titre On l'appelait Christine.Cet album salutaire retrace l'histoire d'un combat épique, aux enjeux toujours d'actualité.
Ecrit dans un style très clair et volontairement non technique, le présent ouvrage examine les concepts fondamentaux d'une théorie de la BD qui a connu, depuis une quinzaine d'années, de profonds bouleversements. Il propose à la fois une rigoureuse évaluation critique des différents courants théoriques et une description originale des formes, des mécanismes et de la nature des littératures dessinées, basée sur les progrès les plus récents de la stripologie. Loin des afféteries d'une certaine littérature savante, il démontre la possibilité d'une narration par le seul biais de l'image et illustre l'impuissance de la sémiologie à en rendre compte, il montre que les relations entre texte et image ne définissent pas la bande dessinée, que les codes censés la caractériser n'en sont pas, que la distance entre le roman victorien illustré et la moderne BD est moins grande qu'on ne le croit. La question du statut des littératures dessinées n'est pas éludée. Un chapitre est consacré à la lutte séculaire contre la BD menée par les milieux d'éducateurs vitupérant tour à tour les Pieds Nickelés, le strip américain et le manga. Ce livre est pour finir une défense et illustration d'une littérature qui a constamment été victime des discours qu'on a tenus sur elle (nostalgique, universitaire, puriste, populiste).
Le 2 avril 1998, Maurice Papon, ex-secrétaire général de la préfecture de la Gironde, est jugé coupable de complicité de crimes contre l'humanité. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la justice française condamne un ancien haut-fonctionnaire de Vichy.Crimes de papier est un roman graphique qui s'intéresse à l'après. A travers le destin d'un fils de déporté (personnage fictif) consacrant sa vie à la recherche des coupables, ce sont plus de soixante ans d'Histoire française qui sont passés au crible, avec tout ce qu'elle contient de tabous, de non-dits et d'oubli.Le livre s'interroge sur la construction de la mémoire et dévoile les soubresauts d'une longue quête de justice. Il montre comment l'histoire individuelle finit par rejoindre la grande Histoire en dévoilant ses blessures intimes. Le travail de mémoire devient alors une reconstruction permanente.Le jugement de Papon n'a pas seulement permis à la mémoire française de franchir une étape, il a fait émerger la chaîne des responsabilités dans l'acomplissement du crime.En ce sens, Crimes de papier nous plonge dans l'un des vertiges de notre modernité : cette faculté qu'ont les hommes de devenir les rouages d'une machine qui les dépasse. Le passé, comme miroir du temps présent.