Parfaitement adapté à la collection Côtelette, Hard West va permettre de découvrir l'autre face du génie finlandais Matti Hagelberg. Pas de carte à gratter ici, mais des pages minimalistes au pinceau, au service de l'un des ouvrages les plus drôles qui a pour sujet la bande dessinée, ou plutôt une forme méconnue de la bande dessinée : le western de gare italien. L'intrigue commence quand un dessinateur finlandais, Mikko Komu, reprend l'un des westerns italiens les plus célèbres, aux aventures duquel se sont succédées des générations de dessinateurs académiques italiens : Calamity Kid. Le livre est presque exclusivement composé des réactions des lecteurs à cet événement souvent jugé comme scandaleux, et le plus souvent en plan fixe. Déjà totalement culte en Finlande, Hard West devrait devenir ici aussi le livre fétiche des amateurs de paraboles insolites liées à la bande dessinée.
Plongée dans la vie d'un petit village du nord dela Finlande, en plein hiver. Un jeune homme découvre un cygne mort et s'endort à ses côtés. Les plus vieux vont au sauna, et font le point sur leur vie recluse, à l'écart du monde et avec la terre qui tourne sans eux. Le dessin au pinceau d'Anna Sailamaa, sublime, restitue magnifiquement les ambiances hivernales, la blancheur de la neige et l'humanité fatiguée, ni belle ni laide, de ce petit coin pas plus triste qu'ailleurs, et pas plus joyeux non plus. Par touches subtiles, Anna Sailamaa effleure ces vies humaines, évoquant leurs sentiments avec pudeur. Loin de l'humour absurde d'un Matti Hagelberg, ou de la profusion colorée d'un Tommi Musturi, Anna Sailamaa ouvre la voie à une veine impressionniste et sensible de la bande dessinée d'auteur en Finlande. Elle a reçu le grand prix du jury du festival Nordic Comics Competion en 2007 et le grand prix du jury du festival Fumetto en 2009.
Étienne Lécroart, un des grands maîtres de l'OuBaPo, nous présente ses Fifiches à gogo. Paru dans le journal Spirou depuis 1994, sous le nom Les Fifiches du proprofesseur, voilà 24 ans que l'auteur fournit de façon hebdomadaire une fifiche.Cette compilation, de 224 pages de saynètes absurdes, nous pousse à rire de nos habitudes, nos expressions et nos clichés. Grâce aux inspirations prises de la culture populaire et de notre quotidien, dans ces dessins humoristiques, Blanche- Neige, les vikings, nos super héros préférés mais aussi nous-mêmes sommes tournés en ridicule sous le pinceau farfelu de l'artiste. Toujours dans l'économie de moyens et dans la contrainte technique, une phrase accompagnée d'un dessin suffit à notre plaisir. Parmi cette sélection certains dessins sont totalement inédits ou ont été publiés dans le journal Fluide Glacial. Le format carré de cet ouvrage rappellera à ses adeptes l'amour qu'Étienne Lécroart porte aux mathématiques.
En 1914, en Afrique du Sud, “die Foster Bende” (la Bande à Foster, sorte de Bande à Bonnot sud-Africaine) défraie la presse locale : composée de Foster, Maxim et Mezar, le gang, traqué par la police après de nombreux vols et meurtres, se suicide dans une grotte, ainsi que Peggy, la femme de Foster. Cette histoire vraie, patrimoine de l’histoire obscure de l’Afrique du Sud, est la base de ce livre, scénarisé par Ryk Hattingh et dessiné par Conrad Botes, l’un des deux principaux artistes du groupe Bitterkomix (avec Joe Dog alias Anton Kannemeyer : voir l’anthologie de ce groupe publiée par L’Association en 2009). Ce récit (publié en 2000 par Bitterkomix) est construit sur deux niveaux : à notre époque, au Cap, les deux protagonistes, Hitchcock et Nikolaas, décident d’enquêter et de retourner sur les traces de la Bande à Foster. Eux-mêmes quelque peu borderline, entre bouteilles et bagarres, fascinés par cette histoire, retracent l’itinéraire sanglant des meurtriers de 1914, jusqu’à la grotte de leur suicide collectif ; et parallèlement, s’appuyant sur d’authentiques coupures de presse d’époque, Botes redessine les événements. Le pinceau vigoureux et expressionniste de Conrad Botes sert à merveille cette mise en abyme, mélange d’un haletant thriller de l’époque des premiers “bandits en voiture” et d’une peinture déglinguée de l’Afrique du Sud contemporaine.