Howard Shore remplace Danny Elfman, partenaire habituel des films de Tim Burton, pour composer la musique en raison d'un différend artistique qui a opposé Burton à Elfman pendant L'Étrange Noël de monsieur Jack. La bande originale d'Ed Wood apparaît comme un score surprenant et assez original, dans lequel Howard Shore s'est livré à un exercice de style minutieux qui rend clairement hommage à l'univers musical des vieilles musiques des films de science-fiction/fantastique/horreur des années 50 à Hollywood. Ultime hommage kitsch à cette époque révolue, 'Ed Wood' est aussi une partition très « second degré » facile à percevoir même à la première écoute dans le film. Ainsi, de nombreux morceaux incluent l'utilisation d'un thérémine, instrument de musique électronique à la mode à cette époque. On peut également entendre le thème principal du Lac des cygnes lors de certaines scènes concernant Bela Lugosi, en référence au film Dracula, qui utilisait cette musique dans son générique. Le score possède aussi quelques moments plus émouvants, notamment lorsque le compositeur évoque l'amitié poignante entre Lugosi et Wood. Partition surprenante dans la filmographie très éclectique d'Howard Shore, 'Ed Wood' est ce style de BO qui devrait gagner à être plus connu (et reconnu) surtout depuis le récent succès du compositeur pour sa musique de 'The Lord of The Rings'. Un petit bijou à découvrir d'urgence !
En 1992, le très vénéré chef d'orchestre Sergiu Celibidache va conduire à nouveau le Philarmonique de Berlin pour la première fois depuis 37 ans. Cet événement incroyable a été le point final d'une longue carrière avec le très fameux orchestre et également l'unique prestation captée en vidéo de Celibidache conduisant le Philarmonique de Berlin. La 7ème symphonie de Bruckner s'est donc teintée d'une couleur toute particulière et l'interprétation triomphante a rempli le SCHEUSPIELHAUS des richesses sonores et d'une lecture flamboyante de cette exigeante partition. La grande qualité de la prise de son permet de restituer avec plus de force encore cette incroyable représentation.
Compositeur aussi abondamment célébré de son vivant que pleuré à sa mort en 1497, Ockeghem demeure pourtant aujourd'hui un de ceux du XVème siècle dont la musique est la plus parcimonieusement fréquentée. Comme le montre sa Missa Prolationum, véritable tour de force d'écriture, elle atteint, en effet, un niveau de complexité tel qu'il ne peut qu'impressionner les interprètes, y compris les plus chevronnés. L'ensemble Musica Nova, auquel on doit une version de la Missa Cuiusvis Toni du même Ockeghem mais également un choix de Ballades et une intégrale des Motets de Machaut unanimement salués par la critique française et internationale, aborde ce chef-d'oeuvre avec l'audace qu'on lui connaît; en revenant aux sources manuscrites, en les recoupant et en les interrogeant, il livre de la Missa Prolationum une version proprement inouïe dont les réponses nouvelles aux problèmes que posent la partition se démarquent nettement de tout ce qui a été tenté jusqu'ici et font étinceler la profonde beauté de ce joyau du Moyen Âge tardif.
Turandot est l'ultime oeuvre de Puccini. L'intrigue se situe dans la Chine impériale. La princesse Turandot est aussi belle que cruelle et son arrogance a coûté la vie de plusieurs jeunes nobles : quiconque demande sa main risque la mort s'il ne résout pas les trois énigmes qu'elle lui soumet. À ce jour, personne n'a réussi. Et pourtant, le Prince des Tartares Calaf réussit non seulement à les résoudre, mais a également réussi à trouver la clé du coeur de l'arrogante princesse. Cette production de 1959 fait partie des enregistrements majeurs de Turandot : « Nilsson et Björling forment le couple parfait pour cet opéra. Une nouvelle fois, Leinsdorf prouve combien il faut être méticuleux pour diriger Puccini sans négliger les finesses de la partition. Et une nouvelle fois également Tebaldi fait preuve de la discipline et de sa profonde compréhension. » (Hermes Opera Encyclopedia). Pour nombre d'amateurs, cette version est tout simplement de référence, servie par une distribution exceptionnelle : Jussi Björling campe Calaf, tandis que sa compatriote Birgit Nelsson tient le rôle-titre. À leurs côtés, Renata Tebaldi est Liù et Giorgio Tozzi incarne l'empereur.