Brian est le fils mutant d'une femme qui a loué son corps à la science. Il est né sans boîte cranienne et son cerveau est complétement à découvert ; cette particularité lui confère d'inquiétants pouvoirs télépathiques. Le monde dans lequel Brian évolue ressemble beaucoup à notre quotidien ou à ce qu'il pourrait bientôt devenir. Brian incarne toutes les diversités : son quotidien est fait de discriminations et de difficultés d'intégration. Son existence est une lutte quotidienne et silencieuse pour sa survie. Bref, le pire du pire de notre existence actuelle. L'univers de Brian est sans doute un des plus violents qu'un dessinateur de bande dessinée a pu coucher sur le papier. Seulement peut-être certaines pages de Spiegelman peuvent autant choquer. Le regard de Martin sur son personnage est plein d'amour et de poésie et contraste violemment avec letraitement totalement opposé de l'environnement qui l'entoure. La lecture de Brian the Brain est un passage nécessaire pour mieux comprendre notre quotidien. Mais attention : on n'en sort difficilement indemnes !
Tel Caron, le passeur du Styx, un Arlequin en noir et blanc nous fait traver-ser un marais brumeux vers une banlieue jadis prospère et à présent déser-tée où ne demeurent plus que les laissés pour compte. Des gens sans travail ni espoir, se traînant d'un bistrot minable à un immeuble lépreux, survivant au jour le jour de combines et de menus larcins. Cette ville qui se délite au-tour d'eux les opprime, les anéantit, au point que leur désespoir n'arrive même plus à se muer en révolte mais se cristallise en une haine stupide et aveugle.Andrea Bruno ne se contente pas de nous raconter une banale histoire de vol de voiture ; il évoque, par des dialogues fragmentés et des images à la beauté violente, toute la détresse de cette humanité perdue. Bruno répand l'encre noir du pessimisme sur la blancheur aveuglante du papier ; il tra-vaille et contraint la lumière, la fait jaillir de la page et gicler dans nos yeux.Samedi répit est un coup de poing au ventre, douloureux mais nécessaire.
Dans une ville endormie, un homme reste cloué à son bureau. C'est l'Auteur. D'un geste nerveux, il met en boule une feuille de papier et la jette. Elle rejoint toutes celles qui sont amassées autour d'une corbeille trop pleine. Devant sa feuille blanche, de désespoir, l'Auteur prend son visage dans ses mains. Soudain, une ombre apparaît, qui lui glisse : Passe ce manteau, il te guidera vers un lieu où tu trouveras ce que tu cherches tant...Des histoires à raconter. Ainsi commence le voyage de l'Auteur dans la Ville de l'Effroi. Pas à pas, le lecteur va suivre son chemin sinueux et semé d'embûches. Pas à pas, il va partager l'enthousiasme, la lassitude, les doutes et les convictions que chaque créateur traverse nécessairement. Puisant dans l'éternel mythe du séjour en Enfers de tout auteur en quête d'inspiration, Cahier des tourmentes surprend par la spontanéité de son ton et l'honnêteté de son propos.Il est aussi une nouvelle démonstration du talent de David Rubin (Le Héros, Beowulf, Ether...). Inventions graphiques et références littéraires, artistiques et cinématographiques à foison servent une réflexion profonde et poétique sur les mécanismes de la création.
Parti de New York pour fuir les polémiques autour de l'Iraq, Kuper se retrouve au coeur des affrontements entre la police et la APPO (Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca) dans ce qu'on appellera plus tard la révolte d'Oaxaca. Journal d'Oaxaca est le résultat du hasard : se trouver au bon endroit au mauvais moment. Kuper commence à consigner, dans des courrier électroniques qu'il envoie à ses amis, les faits qui mettent à feu et à sang la ville mexicaine, un peu pour rassurer ses proches mais aussi en réaction aux mensonges et approximations des médias qui couvrent la révolte. Ses mails font le tour du monde, sont relayés par de nombreux sites internet et font apparaître au grand jour la féroce politique répressive du gouvernement mexicain. Carnet de croquis à la main et appareil photo en bandoulière, Kuper parcourt les rues d'Oaxaca, dessine les barricades et les charges de la police mais s'attarde aussi sur la beauté d'un visage ou d'un cactus majestueux, pour satisfaire sa nécessité « d'illustrer les moments obscurs d'Oaxaca et d'en capturer en même temps la lumière ».En décembre 2010, Kuper est retourné à Oaxaca, sur les lieux de la révolte de 2006, et a ajouté un dernier chapitre au livre en mettant ainsi en perspective son témoignage et ses impressions.Entre carnet de voyage et reportage dessiné, Journal d'Oaxaca démontre une fois de plus le talent de Peter Kuper, observateur attentif de la vie qui l'entoure et chroniqueur engagé du monde contemporain.
Maria est capable de manger comme un ogre, de dresser des listes interminables des noms des personnes qu'elle a rencontre es et de couper une feuille de papier en mille petits carre s parfaitement identiques. Elle passe ses journées a e couter de la musique et tout récemment s'est de couvert une passion pour le dessin. Maria vient d'avoir 20 ans ; Miguel, son père, est fier d'elle tout aussi qu'inquiet a propos de son avenir... comme tous les pères ; sauf que pour Miguel les choses sont un peu différentes, car Maria est autiste.En 2007, Miguel Gallardo réalisait Maria et moi, la bande dessinée ou il décrivait avec tendresse la routine des vacances avec sa fille. Le livre a apporte un nouveau regard sur l'autisme et connu un succès formidable : il a e te traduit en neuf langues et adapté au cinéma dans un documentaire-fiction plusieurs fois prime . « Huit ans se sont écoulés -dit Gallardo- et Maria vit encore aux Canaries, à 3 heures d'avion de Barcelone, où j'habite. On ne part plus en vacances dans un complexe hôtelier parce qu'on en a marre des Allemands. Maintenant on passe nos vacances à Barcelone et sur la Costa Brava... Maria a 20 ans est le journal de ce que nous faisons durant ce mois et demi d'été que nous passons ensemble. On rit encore beaucoup, on fait des listes et on écoute la musique choisie par Maria. Maria a grandi : certaines choses ont changé et d'autres sont restées identiques. Ce livre parle de tout ça... et du futur ». Toujours avec beau-coup de tendresse, une bonne pince e d'humour et un soupçon de tristesse.