On savait les personnages créés par Yûichi Yokoyama enclins à la déambulation (Voyage) et à la découverte (Jardin). Dans ce nouveau volume, ils abordent des contrées plus désertes et plus sauvages qu'à l'accoutumée qui les conduisent à se muer en explorateurs. Confrontés à de vastes paysages naturels et inhabités, nos aventuriers, tantôt solitaires, tantôt réunis en petits groupes, déploient des dispositifs d'exploration et d'observation diversement sophistiqués. Un missile-appareil photo, un rondin de bois aménagé en embarcation, une tente canadienne conditionnée en tube à l'instar d'une pâte dentifrice sont quelques unes des inventions mises en oeuvre pour assouvir leur commune passion : voir, voir, voir...Explorations est un recueil de 3 brefs récits, dans la veine de Travaux publics et de Combats. Ainsi Yokoyama met-il encore une fois (brillamment) en scène son principal leitmotiv, qu'il s'agisse d'obtenir une série d'instantanés photographiques prise à 400 km/h au ras des pâquerettes, qu'il s'agisse d'observer les phases changeantes d'un déluge ou de se trouver au beau milieu du passage d'un troupeau d'antilopes au galop, il s'agit toujours de voir, contempler et décrire.
Dès son premier long métrage, À Bout de souffle (1960), Jean-Luc Godard se montre attentif à la bande dessinée, au roman-photo et à la publicité. Il s'empare de ces images populaires pour construire certaines séquences cinématographiques, y fait des allusions ou les cite dans ses films, mais surtout - de façon plus originale et plus méconnue - s'en empare hors écran. C'est ainsi qu'entre 1960 et 1968, Godard fait accompagner ses films, dans la presse, d'un important appareil promotionnel qui puise aux registres de la BD et du romanphoto.Au-delà de leur aspect publicitaire, les bandes dessinées et les « romansfilms » conçus pour À Bout de souffle ou Alphaville participent à la fabrication de l'oeuvre. Le scénario imagé du Petit Soldat, paru dans Les Cahiers du cinéma, les romans-photos d'Une Femme est une femme et d'Une Femme mariée (conçu par son actrice Macha Méril) sont des prolongements du cinéma hors la salle :Une extension de l'action de l'artiste à tout l'espace médiatique, qui repose sur l'affirmation de la séquence comme fondement de l'acte cinématographique - le moyen pour Godard d'exercer son art en « contrebandes ». Contrebandes Godard reproduit de nombreux documents restés inédits depuis les années 1960 et fait la part belle à plusieurs oeuvres dans leur intégralité. Ces documents sont présentés par Pierre Pinchon et Marie-Charlotte Calafat, historiens del'art.