Le deuxième volet de la série spéciale Mon Lapin est dirigé par Alex Baladi.Celui-ci convoque ici les auteurs avec qui il anime La Fabrique de Fanzines, (Andréas Kündig, Benjamin Novello et Yves Levasseur), ainsi que quelques nouveaux venus issus de la petite édition (Gérald Auclin, Oriane Lassus et Charles Papier), afin de réaliser un numéro qui, derrière sa magnifique couverture en papier découpé, abrite des préoccupations politiques majeures.Mazen Kerbaj y résume les conflits du Proche-Orient en quelques bandes jouissives, tandis que Gautier Ducatez témoigne d'un pogrom ordinaire dans un train SNCF.Alex Baladi nous offre quelques pages flamboyantes sur les conséquences de la conquête napoléonienne en Egypte.
Pourquoi fais-je de la bande dessinée ?... Chez Olivier Josso, cette question récurrente a peu à peu tissé un noeud de frustration, où s'opposent l'incommunicabilité et le désir de dire. Y répondre tient alors de l'urgence, de la réelle nécessité... dont acte : Au travail. Abandonnant la gomme, le crayon à papier et les hachures peaufinées - jusque là, ses garde-fous habituels -, l'auteur se jette à l'encre sans filet et plonge dans les profondeurs de son passé. À la surface du même papier orange sur lequel il dessinait enfant, il fait remonter les manques et les silences, comblés par l'empreinte salutaire de lectures illustrées. Ces dernières font ici figure de tatouages, de madeleines voire de pierres angulaires, qu'il revisite au gré de son histoire personnelle. Et si la plume se lâche, au risque de gratter, c'est pour mieux respirer.Au travail est un jeu de piste et de construction, une quête de sens et d'identité autour de la création en bande dessinée : un vrai hommage à la bande-dessinée.
Il y a quelques années, Baladi et son ami musicien Brice Catherin ont imaginé le principe des partitions dessinées qu'ils ont multiplié en guise de performances dans de nombreux festivals. Le principe : demander à des dessinateurs ne connaissant pas le solfège de dessiner ce qu'ils veulent sur du papier à portées, Brice Catherin et son Car de thon improvisant ensuite musicalement en public sur ces partitions. Baladi avait déjà dessiné de nombreuses partitions courtes.
Pour son numéro 7, Mon Lapin Quotidien se propose de donner la part belle à nos auteurs, auteuses, autrices motrices tirant avec force les wagons d'oeuvres artistiques qui peuplent les pages du journal depuis de nombreux trimestres.Du roman-photo sentimental au pamphlet coup de gueule, de la chronique autobiographique au projet muséal, les muses s'amusent autantdans la colonne que la rubrique, en vrac, de bric, de broc, voire à brac, fières à bras pas sexistes accueillant un supplément «Monsieur» et l'équipe habituelle dont la réputation n'est plus à faire, elles se déchaînent avec inclusivité pour vous inviter à passer à l'acte d'achat, la lecture, la courbure et la pointure.
Jusqu'où est monté le King avant sa chute finale ? Spiderman ferait-il un circassien de talent ? À quoi ressemblera Paris en 2050 ? Lucky Luke ressemblerait-il toujours à un cow-boy s'il portait un tailleur trop serré ? Vousintéressez-vous à l'art contemporain, au sexe, aux états seconds, au droit des animaux, aux mutilations ?Dans la lignée de Panier de Singe (prix Révélation au FIBD 2007) et Safari Monseigneur, Les petits boloss est un recueil de travaux où l'on retrouve avec bonheur la créativité et l'humour cru de Florent Ruppert et Jérôme Mulot. Courses poursuites, séances photo, faux making-of de vraies performances, ils mettent en lumière la trivialité des situations les plus extraordinaires, et jouent de leurs personnages comme du dessin : anamorphoses, coloriage, jeu de société et phénakiscopes sont aussi au sommaire.Sortez votre boîte à outils, vous avez du travail !
Initialement prévu en couleurs et intitulé Cou Tordu à la Belle de Mai, ce deuxième livre de Caroline Sury à L'Association est une suite directe de son Bébé 2000 ; finalement au format Éperluette et en Noir & Blanc. Oskar a grandi, ça ne se passe pas très bien entre ses deux parents et Caroline a des problèmes de cervicales et de dos. La ville de Marseille est également l'un des personnages principaux de ce livre.À ces planches autobiographiques, traitées avec le côté « brut » qu'on lui connaît, répondent des dessins éclatés et parfois fantasmatiques, dans la manière la plus débridée de la cofondatrice du Dernier Cri. Ceux qui cherchent de l' « autobiolightblog » peuvent passer leur chemin : la fleur de peau, la vraie vie, elle est ici, sur papier, chez Caroline Sury.
Roland, dans le quartier, tout le monde le connaît. C'est un drôle de bonhomme, ce petit vieux-là. On l'a surnommé Le Shérif à cause de son chapeau de cow-boy. Sa vie, elle est réglée comme du papier à musique : levé avant le soleil, une petite visite au poulailler, son «harem», et puis il dépose sa soeur, folle et handicapée, sous la grange, et enfin il enfourche Pégase, sa fidèle bicyclette, direction le bistrot avec ses oeufs frais. C'est là qu'on le retrouve, pour boire quelques petits cafés bien mouillés avant de poursuivre la journée, ponctuée de ripailles, de ballons de blanc, et surtout de bons copains, comme lui des retraités et des chômeurs, qui fanfaronnent et débattent sur des sujets aussi fondamentaux que l'omelette, les tomates, ou le rythme des pigeons.
Deuxième partie du diptyque dont le premier tome s'intitulait Invasion 'A' , Plan 'B' apporte une nouvelle preuve de la singularité absolue du langage de Manuel. Creusant toujours plus loin son parti-pris, Plan 'B' retrouve les perspectives cavalières, les arrêts de bus et les parachutistes, mais y apporte cette fois une inquiétante dimension apocalyptique à base de foudroiements, de zombies et de nounours. Manuel travaille sur la réduction des dimensions, cherchant à en avoir moins que deux, là où tant d'auteurs médiocres s'échinent en vain à aller sur le papier vers une troisième. Nous sommes ici dans un monde Télécran, dont les subtilités narratives se méritent. Probablement l'un des systèmes de narration figurative les plus particuliers et les plus intéressants qui est apparu ces quelques dernières années.Manuel participe au fanzine Georges et collabore sous son vrai nom (Francesco Defourny), et dans un autre style (proche de Mark Beyer ou Kerozen), à la revue de Stéphane Blanquet, Le Muscle carabine.
Quel est le point commun entre Galilée, Robert Bresson, Ettore Sottsass, saint François d'Assise et Robert Walser ? Rien a priori, si ce n'est de se retrouver convoqués par Fabio Viscogliosi dans son dernier ouvrage, Cascade. Réflexions métaphysiques, bribes de souvenirs, références au cinéma et à la littérature se trouvent mêlées dans ce livre album haut en couleurs. Les 103 planches du volume constituent autant de tentatives d'arrêter le temps en isolant une idée, un souvenir ou une sensation et fonctionnent comme des variations regroupées sous une même atmosphère colorée. Fabio joueavec des formes aux couleurs franches et aux contours bien délimités pour bâtir des visuels ludiques à la limite de l'abstraction.Un travail qui évoque ses oeuvres à la peinture acrylique. Il met également en scène le fameux âne, alter-ego de papier et personnage récurrent de son univers graphique - figure que l'on retrouve également sur les pochettes de ses albums, car Fabio est également musicien. À la fois livre de notes et de souvenirs, Cascade s'attaque au joyeux chaos de la pensée pour tenter de le mettre en forme(s).Il s'agit de son troisième ouvrage publié par L'Association.
Au Travail, second du nom ? Donnant suite au jet d’encre éclairé du volume inaugural, Olivier Josso-Hamel continue son exploration autobiographique. Toujours sur papier radiologique, il inspecte la bande dessinée et les origines de sa propre pratique : après un feu orange haut en symbole et en couleur, l’auteur passe au vert, allégorie végétale pétrie d’espoir salutaire.Dans ce deuxième opus, un trait précis sert une lettre soignée afin de sonder un parcours humain et artistique construit dès l’enfance. À travers les figures de son passé, réelles ou dessinées, Olivier Josso-Hamel questionne ici la mémoire et l’absence : quand la famille devient monde du silence, un père disparu peut en cacher bien d’autres. Pourtant, racines et images subsistent, illustrées par une transmission bibliophile issue du Saint-Nazaire de l’après-guerre. Tel un pudique puzzle se dévoilant par à-coups, l’auteur remonte ses pièces manquantes au fil du temps, sans nostalgie mais en quête de sens et de vie. D’une empreinte singulière, les planches d’Au Travail témoignent au présent des perceptions de l’artiste face à l’existence comme à l’activité de création.La bande dessinée et sa part d’inconscient y sont vivement convoquées : après La Mauvaise Tête de Franquin du tome 1, ce volume 2 rend hommage à L’Île Noire de Hergé pour s’achever en un lieu idoine avec Dubout, Sempé, Reiser et Bretécher. Vaste chantier conceptuel, Au Travail nous transporte au sein de pages à double charge, où l’introspection graphique se teinte d’hypnose sensible.
Chasse aux requins, mâles dominants, beuveries, défonce, désoeuvrement et inertie, le chaos règne sur le monde. Jeune ouvrier dans une usine à papier, Éric Palmer emménage en colocation avec Perry, un coureur de jupons désinvolte. Jusque-là, il supportait les dérives décadentes de ses amis, mais sa vie va prendre une tournure particulière lorsqu'il sympathise avec un de ses collègues, un marginal dénommé Billy Boy.Sous son influence, il plonge alors, tête baissée, dans un univers mystérieux et sinistre où triomphe la sorcellerie. Face au complot maçonnique, aux organisations souterraines, aux conspirations occultes, aux manipulations psychologiques et aux gnomes errants, notre héros n'a d'autres choix que de se lancer dans une quête moraliste impossible pour sauver l'humanité. Pour cela, il s'impose une discipline rigoureuse à grands coups d'introspection mystique, de gonflette et de régimes constitués uniquement de navets et d'huile de poisson.Tant que l'ordre des choses ne sera pas rétabli, le néant dominera la terre. Moïse des temps modernes, Palmer apprendra à ses dépens que nul n'est prophète en son pays. Highbone Theater raconte une saga étrange et hilarante imaginée par Joe Daly, l'auteur de la série Dungeon Quest. On retrouve dans cette fable psychédélique de 580 pages le goût du sud-Africain pour les blagues débiles, les personnages maladroits et les quiproquos vaudevillesques.Son style visuel troublant associé à son écriture, qui entremêle à outrance délires paranoïaques, références bibliques et ésotériques, évoque une série B hallucinée. Assurément, cette histoire aurait pu être une comédie « stoners», un genre cinématographique populaire aux États-Unis, prenant pour sujet de jeunes consommateurs de cannabis à qui il arrive de surprenantes péripéties.