George Epinoche est un artiste, un vrai. Son truc à lui, c’est de créer de petits personnages à base de papier toilette qu’il dispose dans des scènes aux titres aussi pompeux que ridicules.Rien ne saurait le faire dévier de son art, si ce n’est son chat Patty, et surtout un coup de téléphone de l’indésirable Yanni qui va plonger Epinoche dans l’enfer du quotidien qui dérape, et dont il aura bien du mal à s’extraire.Après La force des choses, Graham Annable continue avec Epinoche sur un mode humoristique mais sans doute plus grinçant, grâce entre autres à une galerie de personnages faite de tordus aussi ahuris qu’extravagants.Il montre ainsi sa maîtrise dans le comique de situations, et prouve à quel point son trait dénué d’artifices mais hyper expressif fait mouche à tous les coups.
Un voyage ébouriffant dans la littérature chinoise revue et corrigée par Chihoi et Kongkee, deux auteurs de Hong Kong. Dans Détournements, les deux auteurs se sont amusés à adapter leurs ouvrages préférés. Mais pas n'importe comment ! A l'instar de Breccia dans Cauchemars, Chihoi et Kongkee se sont à proprement parlé inspirés de tous ces ouvrages pour en livrer de courts récits, allant chercher ce qui fait à leurs yeux l'essentiel de ces livres de référence.Dans la douzaine d'histoires présentée ici, les styles et les approches se suivent sans se ressembler : crayon, encre, stylo, papier découpé, peinture, informatique, bref, un festival de techniques qui font de Détournements à la fois un voyage d'exploration dans une littérature méconnue, un feu d'artifice visuel et un véritable régal pour les yeux.
Ça fait plus de dix ans maintenant qu'Ibn Al Rabin sème à tout va des pages dans de nombreux fanzines et revues, et il semblait pertinent de regrouper une grande partie de cette production plétorique dans un bon gros volume de la collection Fiel (dont c'est le but justement). Timides tentatives de finir tous nus est donc un recueil d'histoires courtes parues ici et là, et où l'auteur fait feu de tout bois: humour potache (mais de gauche), expérimentations narratives, chansons illustrées, roman photo, le tout dans le style minimaliste et redoutable qu'on lui connaît. Mises bout à bout, toutes ces pages prouvent à quel point Ibn Al Rabin a su creuser un sillon qui n'appartient qu'à lui, et démontrent également sa parfaite maîtrise de la grammaire propre à la bande dessinée.En confrontant ces planches éparses parues sur une dizaine d'années, on pourra également voir comment l'auteur a su faire évoluer son trait et son approche de la narration, se réinventant tout en restant fidèle à lui-même. On y lira donc une sélection de pages passablement rares, en noir et blanc et en couleur, le tout emporté par un ton et un humour versatile, parfois caustique, d'autres fois plus poétique, souvent absurde, et toujours ravageur.