Entre 1970 et 1972, dans les pages de Politique hebdo puis de Charlie, Gébé publia L'An 01 ( On arrête tout, on réfléchit, et c'est pas triste ), l'utopie la plus marquante (et la plus marrante) apparue en France au cours de cette décennie, née des espoirs soulevés par mai 1968, qui donnera lieu à un film coréalisé avec Jacques Doillon et Alain Resnais en 1973.Six ans plus tard, la réélection de la droite, les crises pétrolières et la montée du chômage ont brisé cet élan. À l'été 1979, toujours dans Charlie hebdo, Gébé récidive en publiant Tout s'allume, post-scriptum lucide à L'An 01, réflexion poético-politique fictionnelle sur les possibilités encore existantes de changer la société, de faire plier le pouvoir par le refus d'hommes éclairés de participer à un système de plus en plus aliénant.Avec trente ans d'avance, ce brûlot sans concession semble à maints égards annoncer un mouvement comme celui des indignés . Film à faire de forme mixte, mi-bande dessinée, mi-texte, Tout s'allume est ici publié en livre pour la première fois.
Est-ce de l'art ou du cochon ? À l'heure où les oeuvres d'art se réduisent le plus souvent à des « concepts », voire à de simples discours sur l'art, la question se pose de plus en plus souvent.Portant un regard à la fois caustique et ludique sur l'art contemporain, avec une souriante ironie teintée d'absurdité, les « cartoons » de Jean-Luc Coudray et Isabelle Merlet nous plongent dans un univers tout en chatoiements séducteurs et profondeurs superficielles, où c'est parfois la mauvaise foi qu'on porte au rang d'art.Évoquant le graphisme d'un Joost Swarte, mêlées d'une touche d'onirisme animalier très personnelle, les illustrations d'Isabelle Merlet, nourries de références subtiles à de multiples courants artistiques, offrent un riche et élégant contrepoint aux dialogues.