Conxita, la vingtaine, dernière représentante de toute une génération de Conxitas, navigue entre Madrid et Barcelone. Véritable « boule de nerfs » selon sa mère, elle affronte les événements du quotidien avec un grand courage. Ancienne étudiante des Beaux-Arts, elle dessine ses moindres péripéties, depuis son appartement qu'elle partage avec une fille qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, son ménage, son ordinateur, ses rêves d'ailleurs, ses évasions à la plage, ses conversations téléphoniques avec ses amis, jusqu'à ses rencontres plus ou moins heureuses. Dans ce récit autobiographique en dix-sept courts tableaux, Conxita Herrero bouscule les idées reçues sur le passage à la vie d'adulte. Dans un style minimaliste et rigoureux, elle se joue des antagonismes et mêle inertie et mouvement, cases muettes et dialogues intimistes et mystérieux, lignes dépouillées et couleurs pures. Elle use également de figures géométriques - cercles et carrés - à l'aide de plans audacieux qui défient les perspectives. S'affranchissant du « souci de vérité » propre à l'autobiographie, l'auteure évacue tout sentimentalisme et fournit à ses décors et à ses personnages aux traits ébauchés une dimension étrange et fascinante oscillant entre réel et onirisme.
tu rêves d'un temps oú tout le monde est beau, tout le monde est gentil, oú les paysans sont tous bien en chair et en bonne santé.Ce genre d'époque, bonne comme le bon pain, ça n'a jamais existé, ça ! .
l'art, qu'il soit moderne ou contemporain,n'est la chasse gardée d'aucun expert.juanjo sâez a entrepris de le démontrer à une personne pleine de bon sens : sa mère. entre essai, autobiographie et roman, il nous entraîne ainsi dans une découverte ludique de la création moderne, de calder à warhol,en passant par dali, picasso et bien d'autres. tout à la fois didactique et émouvante, cette initiation est avant tout une ode au plaisir et à l'art pour tous.
Hartigan, vieux flic brisé par le sénateur Roark, est libéré après huit ans de prison et se bat jusqu'à la mort pour sauver Nancy Callahan des griffes d'un violeur et tueur en série, qui n'est rien d'autre que le fils du tout puissant Roark. Corruption, dépravation mais aussi exaltation du sacrifice, sont au centre de Cet enfant de salaud, où Miller revient aux registres narratifs de The Hard Goodbye tout en déployant un effort particulier dans la construction de la psychologie du personnage. Pour la première fois, l'auteur utilise la couleur dans une série jusque là rigoureusement en noir en blanc.À l'occasion du vingtième anniversaire de la publication du premier épisode de Sin City, Rackham réédite l'intégralité de la série dans un nouveau format et avec de nouvelles couvertures, spécialement dessinées par Frank Miller. Couverture cartonnée, dos rond, tranche-fil rouge. tout pour en faire un collector.
Dès son enfance, Frank Miller a été fasciné par le récit de la bataille des Thermopyles et du combat héroïque du roi Léonidas et de ses Spartiates. La version qu'il livre dans les pages de 300 diverge largement des faits historiques, tout en étant marquée par les thématiques communes à l'ensemble de son oeuvre :Célébration du surhomme et de son esprit de sacrifice, légitimation de la violence comme vecteur de liberté... Si l'approche de Miller peut paraître originale tout autant que déconcertante, la puissance de son trait, magnifiquement secondé par la mise en couleurs de Lynn Varley, sa maîtrise de la composition et du rythme narratif surprennent et émerveillent le lecteur à chaque page de cette fresque épique. Le maître américain est au sommet de son art.
Attention : Andy Wicks, homme d'âge moyen, a tout essayé pour arrêter de fumer (de l'arrêt brutal, aux derniers patchs et chewing-gums à la nicotine disponibles).Il envisage donc, malgré sa réticence, de donner sa chance à l'hypnose. Après tout, qu'est-ce qu'il risque ? Malheureusement, son destin lui réserve un sort pire que la mort : le lycée ! Andy est ramené en 1985 et doit revivre ses tendres années dans la peau de l'adolescent ingrat et dégingandé qu'il était. Est-il condamné à reproduire ses erreurs passées, ou est-ce une occasion pour lui de les corriger ? Une chose est sûre : cette fois, il n'hésitera pas à inviter cette fille du cours de maths qui lui plaît tant.
Héraclès et Mégara tombent amoureux et fondent une famille. Deux enfants naissent de cet union et tout dans la vie du héros semble changer. Fini les défis et les batailles, la quiétude et la paix semblent être à jamais entrées dans son existence. Mais c’est sans compter sur l’obstination de Héra, qui a juré de le détruire à tout prix. Alors qu’Héraclès est endormi, la déesse lui fait croire que sa maison est attaquée par des monstres et le pousse à nouveau au combat. Une fois réveillé, le héros se rend compte que sa fureur s’est en réalité déchaînée contre les êtres qui lui sont les plus chers ; sa femme et sens enfants, qu’il vient de tuer. Accablé et fou de douleur, Héraclès finit par se retirer au sommet d’une montagne pour expier sa faute dans la solitude la plus totale…
Salva et Sulfa, soeurs jumelles, vivent au coeur du bois avec leur mère, Dame Gingembre. Avant de disparaître, cette dernière leur fait une révélation : leur père, qu'elles n'ont jamais connu, ne serait autre que Sam Delta, capitaine d'une péniche qui, jadis, voguait le long de la rivière non loin de chez elles. Abandonnées à leur sort, Salva et Sulfa décident de partir à la recherche de ce mystérieux père. Elles se frayent alors un chemin à travers la forêt luxuriante, peuplée de créatures étranges et de personnages hauts en couleur. Ainsi commencent leurs péripéties ; et elles comprendront bien vite que l'aventure ne sera pas de tout repos ! Les jumelles Delta auront en effet besoin de tout leur courage et de toute leur détermination pour mener à bien leur (en)quête...À travers Les Jumelles Delta, Kati Kovács nous convie dans un univers fantastique qui mêle inventivité narrative et prouesses graphiques. L'auteur met tout son talent et son imagination débordante au service d'un album qui s'apparente à un conte surréaliste et poétique, parfois jubilatoire.Mais sous cette légèreté, elle aborde en filigrane des réflexions bien plus sérieuses et ancrées dans le réel, entre relations familiales et fraternelles complexes et construction d'identité.
Anna poursuit sa marche dans la ville en feu, où la lumière crue des flammes déchire la nuit éternelle qui paraît tout envelopper. Sous ses yeux, des images défilent, des scènes brutales, des découvertes douloureuses et des rencontres révélatrices. Sont-elles des séquences d'un film jamais projeté ou bien des hallucinations provoquées par le « lait noir » ? La quête d' Anna, complètement déboussolée, touche pourtant à sa fin ; il est temps pour le Cinéma Zénith de dévoiler tous ses secrets... Ce troisième et ultime volet de Cinéma Zénith montre Andrea Bruno au sommet de sa recherche visuelle et de son expérimentation narrative. Fragmentaire, faisant continuellement se succéder des images qu'il retient avant d'en déclencher leur pleine puissance, le récit se fait ici choral. Y résonne alors l'écho de tout un imaginaire littéraire, d'angoisses ataviques ainsi que d'allusions politiques.
Les pensées d'un mort errent au-dessus du Canal Saint-Martin. Les échos d'un destin absurde et cruel resurgissent. Charles, provincial monté à Paris, a en apparence tout réussi. Un travail, des maîtresses et une femme superbe, il accumule fièrement les succès. Tout va basculer le jour où débarque dans sa vie bien rangée son frère Serge, paumé et mal dans sa peau... Après un remarquable premier album, En série, paru en 2002 aux éditions Frémok, Aude Samama revient avec un livre qui confirme son goût pour les intrigues intimes et passionnelles. Dans la lignée de Breccia ou Mattotti, elle affirme une sensibilité unique empruntant les flammes de la peinture expressionniste pour transcrire des tragédies où plane l'ombre du désir. Simple et terrible, L'intrusion est un drame ardent qui vient confirmer une nouvelle voix dans la bande dessinée d'aujourd'hui.
Nouvelles aventures des personnages crées par Tony Millionaire (et publiés en France par Rackham dans le volume Sock Monkey) : à la fin de ses études, Oncle Gabby se consacre à la poésie et devient expert dans l'art de a-nommer les choses. Il a en effet découvert que si on ôte leur nom aux objets, ils récupèrent immédiatement tout leur mystère et toute leur beauté. Très à l'aise dans son rôle de poète, Oncle Gabby décide - accompagné par le fidèle Drinky Crow - d'aller visiter la maison de Ann-Louise, où ils ont vécu les premières, mémorables, aventures...Oncle Gabby ressemble en tout et pour tout (sans l'être) à un conte pour enfants : quarante magnifiques planches aux couleurs séduisants, peuplées de monstres et de paysages fantastiques, renfermées dans un joli album... le Pays des Merveilles mais aussi les romans de Patrick O'Brien, ne sont jamais très loin.On est vite intrigués par l'oeuvre de Tony Millionaire, ses non-sens, son style « victorien » et son trait proche de celui de Johnny Gruelle; et on finit par être séduits par la poésie qui parcourt les pages de Oncle Gabby, par la richesse du dessin - rehaussé par une mise en couleur réussie - et par des dialogues presque surréalistes. Oncle Gabby délectera ceux qui ont aimé Sock Monkey; ceux qui ne connaissent pas encore Tony Millionaire y découvriront un artiste vraiment hors du commun.
Vasco est toujours à la recherche de son ami Juan, disparu en Amérique Latine des années auparavant. Du Mexique zapatiste (La pipe de Marcos) à la forêt amazonienne (Rio Loco), en passant par le Nicaragua (L'île de jamais jamais), la quête de notre héros post-moderne le mène enfin au Brésil. C'est ici, au milieu des luttes des paysans sans terre, que Vasco retrouve enfin Juan et reçoit une réponse aux questions posées dans les épisodes précédents de Les voyages de Juan Sans Terre.Dénouement attendu d'une saga de plus de 600 pages, Dans la terre des sans terre n'est pas seulement la conclusion d'un récit d'aventures qui nous a fait traverser tout un continent, ses conflits, ses problèmes économiques et culturels face au libéralisme et à la globalisation : De Isusi y synthétise les différentes facettes de son histoire et donne sa définition du mot voyager dans laquelle tout routard s'y reconnaîtra sans difficulté.
Wallace, un illustrateur de presse, ancien du Vietnam, sauve une jeune fille du suicide. Leur rencontre tourne vite à l'idylle, hélas de courte durée, car le premier baiser échangé est arrêté net par un coup de feu. Quand il se relève, Esther a été enlevée. Wallace a maintenant un objectif dans la vie, retrouver Esther et la sauver de ses ravisseurs. Sin City la noire ne trahit pas sa réputation sulfureuse. Aux malfrats les plus terribles s'opposent un nouveau héros au grand coeur et des filles pulpeuses. Si cet épisode de Sin City est avant tout une histoire d'amour, tout comme l'épisode fondateur, c'est aussi pour Frank Miller une nouvelle occasion de renouveler son art. Au choc du noir et blanc et de la bichromie, Miller oppose un chapitre délirant, entièrement mis en couleur par Lynn Varley où l'on retrouve tous les personnages ou héros fétiches de sa carrière, de Elektra à Clint Eastwood, en passant par Hagar Dunor. C'est également le plus long épisode de la série, avec plus de 300 pages de bandes dessinées.
Maria est capable de manger comme un ogre, de dresser des listes interminables des noms des personnes qu'elle a rencontre es et de couper une feuille de papier en mille petits carre s parfaitement identiques. Elle passe ses journées a e couter de la musique et tout récemment s'est de couvert une passion pour le dessin. Maria vient d'avoir 20 ans ; Miguel, son père, est fier d'elle tout aussi qu'inquiet a propos de son avenir... comme tous les pères ; sauf que pour Miguel les choses sont un peu différentes, car Maria est autiste.En 2007, Miguel Gallardo réalisait Maria et moi, la bande dessinée ou il décrivait avec tendresse la routine des vacances avec sa fille. Le livre a apporte un nouveau regard sur l'autisme et connu un succès formidable : il a e te traduit en neuf langues et adapté au cinéma dans un documentaire-fiction plusieurs fois prime . « Huit ans se sont écoulés -dit Gallardo- et Maria vit encore aux Canaries, à 3 heures d'avion de Barcelone, où j'habite. On ne part plus en vacances dans un complexe hôtelier parce qu'on en a marre des Allemands. Maintenant on passe nos vacances à Barcelone et sur la Costa Brava... Maria a 20 ans est le journal de ce que nous faisons durant ce mois et demi d'été que nous passons ensemble. On rit encore beaucoup, on fait des listes et on écoute la musique choisie par Maria. Maria a grandi : certaines choses ont changé et d'autres sont restées identiques. Ce livre parle de tout ça... et du futur ». Toujours avec beau-coup de tendresse, une bonne pince e d'humour et un soupçon de tristesse.
Judas est un personnage muet, inexpressif et mystérieux qui ressemble en tout et pour tout à un écureuil : de lui on sait seulement qu'il aime beaucoup dessiner. Au fil des ses péripéties, on découvre les multiples facettes de sa personnalité, ses dépendances (aux psychotropes etau travail), ses chutes et ses renaissances. Dans son parcours existentiel en zigzag, il rencontre l'ami Vernel, le Gran Maître qui tout connaît, Micael le moineau fantôme, Christian le crapaud, Jésus-Christ l'éditeur, le louveteau. personnages qui accompagnent Judas dans ses déambulations dans des univers imaginaires tels le Labyrinthe du Faux Bonheur, la Montagne du Grand Maître ou Mimolandia. Dans L'évangile selon Judas, Alberto Vazquez (A Coruña, Espagne, 1980) donne une dimension totalement nouvelle à l'autobiographie en l'affranchissant entièrement du registre réaliste et l'ancrer dans l'allégorie et le symbolisme. Qu'ils traitent de doutes existentielles, tracasseries professionnelles, petits ou grands bonheurs de la vie quotidienne, tous les épisodes de L'évangile selon Judas ont, à l'instar des paraboles, un corps et une âme,le récit lui-même dans son sens naturel, auquel se juxtapose un sens parallèle au premier, se déroulant dans un plan supérieur, qui lui confère sa véritable signification. Le riche et original univers graphique imaginé par Vazquez est très proche de celui d'Alice au pays des merveilles mais aussi des codex médiévaux, du symbolisme de l'alchimie et même des tous premiers dessins animés de Walt Disney. Les toutes premières pages de L'évangile selon Judas ont été réalisées en 2004 et publiées dans Fanzine Enfermo et Stripburger
Dès ses débuts, David Rubín a été fasciné par l'univers des super-héros qu'il considère comme le seul genre créé, par et pour la bande dessinée. Dans ses oeuvres précédentes (Hors d'atteinte, Le salon de thé de l'ours malais), Rubín multiplie les références au genre et à ses personnages, en particulier au Superman de Jack Kirby. Jouant avec la symbolique de cet univers, Rubín déstructure le super-héros et sonde sa psychologie, se penchant particulièrement sur ses points faibles, sur cette vulnérabilité qui le rend si normal, si humain. Le héros est la mise en abîme ultime du super-héros, le retour aux sources de ce mythe contemporain à travers la relecture de la saga des Douze travaux d'Héraclès.Avec Le héros, formidable opus qui comptera plus de 500 pages une fois achevé (le deuxième volume est prévu pour le printemps 2013), Rubín s'affirme comme un des dessinateurs les plus talentueux de sa génération. On pourra apprécier son trait particulièrement dynamique et sa maîtrise du récit tout au long d'un espace narratif d'une ampleur, il faut le souligner, tout à fait exceptionnelle.
Peter Hickey, retraité, a trois passions : Dieu, les oiseaux et les enfants. Mais cet ornithologue amateur souffre de ce qu'on pourrait appeler le syndrome du Saint et il se voit fusionner avec le Tout-Puissant et sa création
Voilà une lecture de la Genèse (pour être plus précis, de l'épisode de l'expulsion d'Adam et Eve de l'Éden) qui va se faire remarquer par son originalité et par un traitement graphique iconoclaste. Structuré en mouvements - comme une suite musicale - le livre de Ville Ranta est parcouru de fond en comble par un humour subtil et espiègle.À première vue, l'Éden de l'auteur finlandais ne ressemble que de loin à celui de la tradition biblique : Dieu est égocentrique et possessif, Adam paresseux, les Anges un peu à côté de la plaque... On pourrait se croire dans une parodie irrespectueuse mais, pourtant La Suite du Paradis n'est rien de tout ça. Tout en s'éloignant de la simple illustration du texte biblique, Ville Ranta y reste étonnamment fidèle en le mêlant avec finesse au langage parlé pour créer des dialogues au ton savoureux abordant des questions telles que l'amour, la peur de la mort... En refermant le livre de Ville Ranta, après s'être régalés de ses reparties décalés et de ses aquarelles flamboyantes, on ne peut pas s'empêcher de réfléchir, un bref instant, au sens profond de la vie.
Depuis une dizaine d'années, la question libyenne divise profondément l'opinion publique internationale, entre les adversaires et les partisans de l'intervention armée de 2011 qui a conduit à la chute de Kadhafi. À l'échelle européenne, les dissensions se cristallisent autour des migrants. D'un côté, certains croient que le flux ininterrompu de migrants vers les côtes méridionales du continent doit absolument être endigué et que les centres de détention - licites ou non - sont une solution. De l'autre, certains pensent que les migrants emprisonnés en Libye doivent fuir les camps et se mettre à l'abri des trafiquants et autres exploiteurs.Mais il faut se méfier de tout manichéisme : la réalité est plus complexe et il appartient à tout un chacun de s'en informer. Libye fait le portrait d'un pays bien différent de celui des médias et des réseaux sociaux. Il montre la Libye des Libyens, celle des files d'attente devant les banques en quête d'un argent dévalué. La Libye de ceux qui ont combattu le régime de Kadhafi et qui maintenant regrettent une époque où, au moins, ils se sentaient en sécurité et ne manquaient pas d'argent, d'électricité ou d'essence. La Libye des personnes âgées ayant traversé des années de dictature et qui aujourd'hui continuent à surveiller leurs arrières. La Libye des mères attendant à leur fenêtre leurs enfants qui ne reviendront pas. Ou encore la Libye des gens ordinaires en proie à une terreur quotidienne, soumises au chantages des milices, faisant face à des abus et des enlèvements.Les paroles de Francesca Mannocchi et les dessins de Gianluca Costantini ne cessent d'interroger notre propre sens moral. Aussi terrible soit-elle, l'histoire qu'ils racontent laisse malgré tout filtrer quelques notes d'espoir.
Mis en vignettes, l'un des plus vieux refrains du monde... Cela commence ainsi:Depuis la nuit des temps, et se décline immuablement... Depuis la nuit des temps, donc, l'humanité se compose d'anonymes en quête d'un même butin... chacun souhaitant chasser la proie de son prochain. Depuis la nuit des temps, aussi, tout chasseur se trouve lui-même frappé par une intraitable amnésie... ne sachant vite plus vers quelle proie jeter son dévolu. Alors, lorsque, de temps en temps, l'un d'entre eux vient à changer son fusil d'épaule, c'est toute la face du monde qui s'en trouve ébranlée... Sous l'apparence d'un conte destiné aux tout-petits comme aux plus grands, Medhi Melki, avec ses fins crayons et ses justes mots à lui, remet en question la légitimité des normes façonnant notre société. Des normes qui nous sont imposées, dont l'absurdité n'apporte pourtant que tristesse et malheur, voire violence. Des normes qui nous gouvernent et qui conditionnent même les écarts que nous pouvons faire. Des normes qu'il invite à faire voler en éclats grâce à un récit facétieusement protestataire et poétiquement subversif.
Lors d’une conférence de presse après ses fiançailles avec Diana, le prince Charles dut répondre à la question : « Êtes-vous amoureux ? » Après une petite hésitation, il répondit : « Oui... Quel que soit le sens du mot “amour” ». Or, en lisant la presse people quelques années plus tard, on constata que, de toute évidence, Charles et Diana n’attribuaient pas du tout le même sens au mot « amour »... En feuilletant les mêmes magazines, on pouvait aussi se demander comment Whitney Houston avait pu tomber amoureuse d’un sale type comme Bobby Brown, et de remarquer au passage qu’en matière d’amour, le bonheur de l’un ne fait pas forcement celui de l’autre.?« Qu’est-ce donc que l’amour ? » Forte du constat que les déconvenues sentimentales sont loin d’être l’apanage exclusif de quelques chanteuses ou têtes couronnées, Liv Strömquist mène sa réflexion sur le pourquoi du comment de la relation amoureuse.?Ainsi, les moindres faits et gestes de Charles, Diana, Whitney, Bobby Brown (et d’une foule de philosophes, écrivains et hommes politiques qui peuplent les pages de Les Sentiments du Prince Charles) se mêlent à des faits historiques ou à des situations tirées du quotidien. En replaçant les liaisons sentimentales dans leur contexte socio-culturel, elle invite à reconsidérer la relation amoureuse autrement que selon la norme hétérosexuelle-monogame. Essai en bande dessinée rigoureux et documenté, Les Sentiments du Prince Charles est avant tout un plaidoyer passionné pour l’autodétermination et la libération des corps et des consciences. Par son humour décapant et salvateur, Liv Strömquist insuffle à son livre une exceptionnelle vitalité, tout en réussissant – par son trait à première vue naïf – à l’imprégner d’une fraîcheur singulière qui renforce son propos.
Prénom : Julius. Nom : Knipl. Âge : la cinquantaine. Profession : photographe immobilier. Particularité : ne se sépare jamais de son costume immuablement froissé. Si on cherche cet homme aimable et discret, on le trouvera sans aucun doute en suivant l'ombre des gratte-ciels new-yorkais, à se faufiler au milieu d'immeubles de logements à loyers modérés et d'entrepôts désaffectés. Car la ville que Knipl photographie, faite de kiosques à boissons, de restaurants à bas prix et de petits commerces en tout genre, est un paysage sur le déclin. Dans ses clichés, il tente de figer le fugitif pour conserver l'esprit des lieux et des choses : les poids en fonte des marchands de journaux, les sucriers collectifs aux comptoirs et tables de cafés, les distributeurs de bicarbonate de sodium des restaurants ou encore les boissons désaltérantes artisanales, depuis remplacées par des canettes en métal... Mais cet univers urbain, dans son inexorable disparition, a emporté avec lui les relations humaines qui se tissaient et qui le dessinaient. Paru pour la première fois en 1991, Nouveautés à prix cassé a révélé tout le génie de Ben Katchor pour la narration et la chronique urbaine. Usant d'un trait et d'un oeil aussi précisqu'incisifs, son travail témoigne d'une attention particulière à ces infinis détails qui échappent toujours aux observateurs les plus pressés. Vingt-cinq ans plus tard, les strips de Katchor deviennent un passage en revue édifiant de tout ce que la gentrification et la globalisation à outrance ont réduit à néant. Sans tomber dans la nostalgie d'une époque révolue, l'inventaire qu'il propose a aujourd'hui largement dépassé le seul cadre new-yorkais, nous forçant à sans cesse nous interroger sur le sens de notre existence.
Sin City, comme toutes les villes où règne le crime et la violence, a une pègre et cette pègre a un parrain, Don Giacco Magliozzi. Comme tous ses semblables, il a un code d'honneur et des valeurs, la famille par-dessus tout, avec lesquels il ne badine pas du tout. Un soir, à la sortie d'un restaurant, un petit truand flingue un indic' et sa copine, qui n'est autre que la nièce de Magliozzi. Le malheureux petit truand va devoir faire face à la vengeance du parrain. Une traque impitoyable démarre aussitôt. mais les choses se compliquent quand une balle perdue tue une fille de la Vieille Ville. Miho, la terrible petite tueuse, reprend du service. la pègre de Sin City va en faire les frais.Valeurs familiales est le seul tome de la série Sin City a ne pas avoir été préalablement publié sous forme de comics.À l'occasion du vingtième anniversaire de la publi-cation du premier épisode de Sin City, Rackham réédite l'intégralité de la série dans un nouveau format et avec de nouvelles couvertures, spécia-lement dessinées par Frank Miller.Couverture cartonnée, dos rond, tranche-fil rouge. bref : un collector !
Figure emblématique de militant libertaire, Lucio Urtubia Jiménez est, avant tout, un homme d'action. Car, comme il aime souvent le répéter Un révolutionnaire qui ne fait rien finit pour ressembler à un curé. Toute l'existence de Lucio a été une lutte incessante contre l'oppression et pour un monde libre et juste
Nous sommes dans un futur proche, dans un monde qu'on ne finit pas de saigner à blanc et où le Pouvoir a déployé un brouillard épais qui en occulte la vérité. Un écran fait de millions d'écrans d'où, dans un immense et continu bavardage, se répandent des flots d'images et de mots mis en circulation dans le seul but de travestir la réalité. C'est un monde peuplé de silencieux et d'immobiles ; de temps à autre, certains explosent dans un acte fou, une violence primitive, expression d'une souffrance morale qui rend la vie invivable. Tout semble suspendu dans une sorte de danse cosmique, sans fin, dans cette loi de la conservation de la violence dont parlait Pierre Bourdieu. Soudain, l'empire du mensonge est bousculé par une fureur irrésistible : c'est l'émeute qui sème le chaos et qui fait éclater la vérité. Grand Hôtel Abîme met en scène une dystopie effrayante tout autant que familière, tant elle s'abreuve de « faits » que nous venons peut-être de lire dans les journaux ou de voir à la télévision, aboutissant à une satire politique et sociale qui ne cesse de mettre l'accent sur des questions bien contemporaines. L'expérimentation formelle de Marcos Prior, le découpage dynamique et l'extraordinaire palette de David Rubín sont les moteurs de ce récit « d'anticipation » où les deux auteurs appellent à mettre le feu au lourd rideau du mensonge.
Nés - selon la légende - en 1994 sur le comptoir d'un bar, Oncle Gabby et Drinky Crow trimballent depuis leur carcasse entre combats navals, chasses aux monstres marins, bagarres futiles, expériences pseudo-scientifiques et mémorables beuveries. Ignobles, violents et sanguinaires, ils mènent une vie de débauche tout en essayant régulièrement et en vain d'y mettre fin : on ne compte plus les fois où ils se sont fait sauter la cervelle, ont été mutilés, écrasés, déchiquetés ou brûlés aux enfers. Les morts et résurrections à répétition d'Oncle Gabby et de Drinky Crow ont pour toile de fond des dé-cors féeriques, paysages paisibles, somptueuses marines et jardins luxuriants, et s'enchaînent page après page dans un crescendo de gags toujours plus absurdes, excessifs et hilarants. Un vrai hommage à Krazy Kat de George Herriman par l'auteur de l'incontournable série Sock Monkey. Sentimental et héroïque, grotesque et scatologique, Maakies est un répertoire tout en contrastes des misères humaines, où l'humour bête et méchant cohabite avec un dessin d'une rare élégance ; l'un évoquant toute la laideur du monde moderne, l'autre le souvenir nostalgique de sa beauté passée et le désir de la retrouver.Maakies vol.1 reprend le format à l'italienne des éditions originales américaines. Rackham en publiera l'intégralité au rythme d'un volume tous les 6 mois.
Quel adolescent n'a pas connu à un moment ou l'autre l'exaltante expérience d'être FAN d'un groupe ou d'un chanteur ? Qui n'a pas écouté SES disques au moins douze heures par jour, n'a pas appris par coeur les paroles de SES chansons ? Rares sont ceux qui peuvent répondre « Pas moi. » à ces questions ; tous les autres, par contre, ne s'en vantent certainement pas et font glisser doucement dans l'oubli cet épisode embarrassant de leur jeunesse. Mike Dawson a, lui, décidé de raconter son épopée de fan commencée à l'âge de neuf ans, quand il écoute par hasard I want to break free et tombe littéralement amoureux de Queen et de Freddie Mercury. Cependant, Mike ne devient pas l'obsédé qui tapisse sa chambre de posters, se fait tatouer l'avant-bras, ou qui ne perd pas une occasion pour harceler son idole. Il reste un pré-adolescent qui se chamaille sans cesse avec sa soeur (qui préfère George Michael et Wham !) ou se dispute violemment avec ses copains d'école adeptes du grunge. Sa vie ressemble en tout et pour tout à celle de millions d'adolescents : une enfance dans une paisible bourgade, les disputes avec la fratrie, les problèmes avec les adultes, la passion pour la bande dessinée, les premiers amours...Freddie devient tout simplement son meilleur ami, ses chansons la bande son qui rythme les moments clé de son passage à l'âge adulte (Quand je pense à Queen, je peux me rappeler de toute ma vie), une sorte de point de repère sur le chemin tortueux de l'existence : J'appuie sur le bouton et la musique démarre. C'est toujours la même, mais les choses que je ressens commencent à changer. Un sentiment partagé par tous les ex-fans que nous sommes et qui nous identifie aux personnages de Dawson, même si Queen n'a pas été forcément notre groupe préféré.Dans Freddie et moi, Mike Dawson utilise à merveille le registre autobiographique qu'il arrive à décliner avec délicatesse et humour du début à la fin de ce long récit de plus de 300 pages qui se lit d'une seule traite. Toujours mesuré, le récit ne tombe jamais dans le sentimentalisme ou le nombrilisme
Lors de son premier voyage à Sarajevo en 1995, Joe Sacco fait la connaissance de Neven - un jeune serbo-bosniaque - qui devient bientôt son fixer attitré pendant le conflit en ex-Yougoslavie. Par ce terme (parfois traduit en français par le mot « fixeur ») on désigne le guide-interprète-chauffeur-négociateur devenu l'auxiliaire indispensable de tout journaliste de terrain qui couvre un conflit majeur. Entre Sacco et Neven s'établit bientôt une relation intense, rythmée par des demandes d'argent, des élans d'amitié sincère et, surtout, par de longs monologues où l'ancien baroudeur livre au reporter fraichement débarqué sa vérité sur une guerre qui va bientôt s'achever. The Fixer est avant tout un livre sur Neven et sur sa vision du monde. Ses contrevérités et ses omissions sont le point de départ d'une analyse des réactions de la société bosniaque face aux traumatismes de la guerre et, plus encore, face à l'après-guerre qui se prépare ; Joe Sacco ajoute ainsi une dimension supplémentaire à son remarquable travail d'investigation sur la guerre en ex-Yougoslavie et achève, comme l'a écrit Edward Saïd, un « véritable travail politique et esthétique d’une extraordinaire originalité ».Cette édition de The Fixer est précédée d’un texte de Joe Sacco qui retrace la genèse du livre à travers des extraits commentés de ses carnets, et suivie d'une interview inédite de Neven. Les notes de Sacco sur les personnages et les lieux , enrichies de dessins et de photographies, contribuent à fournir au lecteur un éclairage complet sur l’oeuvre et les circonstances de sa création.
Pour échapper à l’ennui de leurs interminables veillées nocturnes, Igor et le Comte lisent Lovecraft, jouent de l'orgue et discutent de littérature fantastique. Soudain, ils sont interrompus par une visite inattendue : une fonctionnaire de la CAF vient faire un contrôle-surprise. Au village, on raconte des drôles d'histoires sur ce qui se passe au château. Pour continuer à recevoir ses allocations, le Comte doit donc rédiger et livrer immédiatement un rapport détaillé sur sa vie. La fonctionnaire zélée disparaît aussitôt, laissant les deux compères en proie à une profonde inquiétude... au loin, on entend les cris des villageois excités. Malgré tout, Igor rassure le Comte et l’aide à se coucher dans son cercueil ; puis part en ville se présenter aux bureaux de la Caisse pour résoudre tout seul le problème. Sans succès ! Sous prétexte de n’avoir pas fourni les renseignements demandés, Igor est arrêté et mis au pilori. La manoeuvre, qui vise en réalité à faire sortir le Comte de son château, est une réussite. À son réveil, inquiet pour l’absence prolongée d’Igor, le Comte décide de partir le chercher, bien décidé à ramener son ami à la maison…Réécriture très personnelle du roman de Bram Stoker, Horreur Cosmique cache, derrière son ton naïf et ses couleurs chatoyantes, une réflexion profonde sur notre société. Toujours subtil et drôle, ironique et poétique, Aapo Rapi s'interroge et nous interroge, en pointant du doigt le conformisme qui cache la peur de l’autre et l’exclusion.
Alberto Breccia, l'un des auteurs de bande dessinée les plus importants du XXe siècle, a brisé les codes et révolutionné le genre. Faisant figure de précurseur, il a enrichi le neuvième art d'un sens nouveau et en a élargi les potentialités narratives. Les entretiens recueillis dans ce volume, fruit de conversations menées à bâtons rompus entre le dessinateur et le scénariste Juan Sasturain, dévoilent les multiples facettes du créateur en même temps qu'un homme au caractère intègre, tendre et doux, mais aussi têtu et caractériel.Un homme qui s'est fait tout seul et sans détours, unique et inoubliable. Longtemps restées enfouies dans les archives de Sasturain, ces confidences enregistrées sur cassettes ont depuis fait l'objet de retranscriptions fidèles, classées par thèmes : ses premiers pas dans la profession, ses relations avec confrères et éditeurs, ses intérêts, influences, sources visuelles et littéraires mais aussi la genèse de ses histoires, sa conception du travail de dessinateur et enfin sa vision de la bande dessinée comme moyen d'expression à part entière.Le tout forme un éclairage incomparable et souvent inédit à la fois sur l'artiste et sur l'homme. Les textes de Breccia sont accompagnés d'un grand nombre d'illustrations, la plupart encore jamais présentées, et d'un corpus de notes permettant de familiariser le lecteur français avec les situations et les personnages qu'y sont évoqués. Une chronologie détaillée situe pour finir l'oeuvre de Breccia dans son contexte historique.
Bijoux de famille, deuxième tome des aventures de l'Oncle Gabby et de Drinky Crow, est un cocktail fortement alcoolisé d'humour de vaudeville et de dessins sublimes.Les deux soûlards sévissent tout au long des 260 pages du recueil, en laissant parfois une petite place à leurs alter-ego en peluche, à un alligator mécanique, à des monstres marins, à des paysages de rêve et des architectures victoriennes. Guest stars invités dans ce deuxième volume : Renée French, Kaz, Eric Reynolds !
hum ! chers lecteurs, bonjour.nous allons parler aujourd'hui du cid de monsieur corneille, magnifique pièce de théâtre. que dis-je ? ! un chef-d'oeuvre de la culture française ! j'en vois déjà qui soufflent et qui soupirent. n'ayez crainte, jeunes amis, car le texte original a été revu. il a été spécialement adapté pour vos esprits capricieux. nous avons simplifié le vocabulaire et l'intrigue. cette version est bien plus ergonomique ! et tout cela a été pensé avec, bien entendu, monsieur pierre corneille.n'est-ce pas pierre ? - ah bé, parfaitement ! .
Dans une île bouleversée par un désastre écologique, l’oisillon Birdboy essaie en vain de voler et à chaque tentative ratée s’enfonce un peu plus dans son addiction aux psychotropes. Dinky, la souris, ne veut plus se lever du lit pour aller à l’école. Depuis la mort de son père, rien ne semble plus motiver la brillante élève qu’elle était. Dinky n’a qu’une idée en tête : partir ailleurs, laisser derrière elle les paysages desséchés de son île, traverser la mer stérile qui l’entoure, commencer une nouvelle vie avec Birdboy. Forts de leur amour naissant, réussiront-ils à atteindre enfin le monde meilleur dont ils rêvent ? Alberto Vázquez nous livre une histoire intense et poétique, tout en portant un regard lucide et désenchanté sur le monde contemporain. Désindustrialisation, chômage, répression, nature violentée : la petite île de Dinky et Birdboy semble renfermer en elle tous les maux de notre société. Vázquez manie avec grâce son trait élégant et ses ambiances minimalistes en distillant en parties égales, tout au long de son récit, tendresse et cruauté ; un peu comme un Tim Burton qui aurait chaussé des gants de boxe. En 2012, Alberto Vázquez, avec Pedro Rivero, a porté Psychonautes à l’écran dans un film d’animation intitulé Birdboy qui a obtenu le prix du meilleur court-métrage d’animation aux Goyas (les Césars espagnols). En 2015, Vázquez et Rivero ont réalisé une version long-métrage (80 minutes) qui reprend le titre du livre et qui a été présentée au festival de San Sebastián. La version française sera présentée à la prochaine édition du Festival international du film d’animation d’Annecy et distribuée sur le territoire national.
La légende urbaine voudrait que Leonardo DiCaprio ait enchaîné trente-deux conquêtes - toutes de sublimes top models - mais sans tomber amoureux d'une seule. Faut-il en chercher les raisons dans les arcanes de la société de consommation et sa propension au narcissisme ? Dans les lois de la biologie ? Ou, tout bêtement, dans le fait que ce cher Leo ne soit pas encore tombé sur la bonne ? Et nous, dans tout ça, sommes-nous, comme lui, des complexés de l'engagement ? Liv Strömquist, que l'on ne présente plus, a choisi d'intituler sa nouvelle bande dessinée La rose la plus rouge s'épanouit, en référence et hommage à un vers de la poétesse américaine féministe Hilda Doolittle (H.D.) qui, dans sa vie comme dans ses écrits, prônait des amours libérées. Une nouvelle occasion pour elle de disséquer les comportements amoureux à l'ère du capitalisme tardif et de les interroger : comment maîtriser les élans du coeur ? Que faire en cas de chagrin d'amour ? Pourquoi les histoires d'amour finissent-elles mal, en général... ? Et pourquoi certaines personnes papillonnent-elles sans jamais se poser ? Avec sa pertinence et son humour habituels, l'auteure entrechoque les références attendues et d'autres qui le sont moins - entre Beyoncé, les Schtroumpfs, des acteurs de télé-réalité, Jésus ou encore des sociologues... - pour sonder les coulisses de la passion. Savez-vous que Socrate était un véritable Don Juan avant l'heure, ou bien ce qu'est devenu Thésée, une fois le fil amoureux d'Ariane rompu ? Ou, encore, connaissez-vous Lady Caroline Lamb, ici érigée en modèle, dont les coquetteries avec Lord Byron ont défrayé la chronique de l'époque ? Autant d'exemples qui permettent à Liv Strömquist de dévoiler une véritable anatomie de l'éros en quelques battements...
Dessinées (il faudrait peut-être dire : peintes) pendant les années noires de la dictature argentine, les histoires courtes qui composent la série Dracula, constituent certainement la plus importanteoeuvre en couleurs d'Alberto Breccia en même temps qu'un témoignage poignant sur une des pages les plus noires de l'histoire de son pays. Breccia y maîtrise à la perfection tous les registres du grotesque, du noir et de la couleur tout en donnant une véritable leçon de composition.Cette nouvelle édition comprend, en plus, l'ensemble des croquis préparatoires, pour une fois particulièrement aboutis et qui constituent à eux seuls une véritable nouvelle version de la série.
je les entends ricaner.Ceux qui veulent ma peau. ils disent que c'est un reconditionnement éhonté de mon oeuvre, déjà si souvent reconditionnée. ils ont tout vu dans war junkie, ou dans plein feu sur un génie nommé joe sacco. et ils vous diront que ça ne vaut pas un travail plus explicitement politique, comme palestine ou gorazde. ou bien que mon oeuvre politique est une escroquerie, et que ce recueil est encore plus ignoble.Je les entends envoyer leurs mails et se connecter à leurs forums. ils aiguisent leurs couteaux virtuels. ils pensent que je suis fini, que je ressassesans fin les mêmes thèmes éculés. comme je vous le dis. ils n'aiment pas l'idée que je croule sous l'argent et que je peux me payer les plus belles fille. , joe sacco, octobre 2002.
La finance qui règne sans partage, le gouffre qui ne cesse pas de se creuser entre richesse et pauvreté, la mainmise de la classe aisée blanche sur la culture et les médias, la gauche qui a renoncé à faire de la politique et l'a remplacée par un creux moralisme, les gargouillis identitaires...Liv Strömquist s'éloigne le temps d'un livre des thématiques des Sentiments du prince Charles et de L'Origine du monde pour brosser un portrait sans concession de nos chancelantes démocraties européennes. Si le sujet a changé, l'approche de l'auteure suédoise n'a pas bougé d'un iota :Partant une fois de plus d'une galerie d'exemples bien choisis, l'analyse de Liv Strömquist est toujours documentée, brillante et - avant tout - extraordinairement drôle. Un manifeste politique limpide et humaniste, une lecture salvatricedans cette époque confuse et agitée.
Dans un appartement cossu du centre ville, une jeune fille fume cigarette sur cigarette et essaye de chasser la tristesse qui l'envahit. Quelqu'un sonne à la porte. Masque et collants pas de doutes, c'est le fameux vengeur masqué dont toute la ville parle ! Des souvenirs qu'elle croyait enfouis à jamais refont alors surface : la tristesse disparaît, la vie - la vraie, celle faite d'émotions et de sentiments - commence à nouveau..Particulièrement attiré par le genre super héros, qu'il considère comme le seul qui a été crée par et pour la bande dessinée, Rubín s'amuse à le démonter et en étudier le mode de fonctionnement. S'il a parfaitement intégré la leçon de Frank Miller, l'auteur remonte pourtant ce mécanisme en y ajoutant une touche poétique tout à fait personnelle.
Dans son Histoire Naturelle, Pline l'Ancien rapporte la naissance de la peinture : le bien-aimé de Dibutade, une jeune corinthienne, fille d'un potier de Sycione, va partir à la guerre. Elle profite de son sommeil pour tracer sur le mur, à l'aide d'un bout de charbon, le contour de son ombre pour pouvoir en garder le souvenir. À partir du récit légendaire de Pline et du multiple sens du mot du mot latin «filum», qui peut signifier intrigue tout autant que forme, Max imagine un récit où image et narration sont une seule et unique chose, où ce trait au charbon se déroule, se tend, se relâche et s'enroule comme un fil dans flux hypnotique et ininterrompu. Une plongée dans l'essence même du dessin, dans son sens primordial, que Max mène avec rigueur, virtuosité et humour.
Barcelone, 1943. Des lettres manuscrites fourmillant de problèmes intimes, conjugaux et familiaux, inondent les bureaux de l'une des émissions de radio les plus écoutées du pays. Provenant de femmes de tout âge qui subissent de plein fouet la politique régressive de l'Etat national-catholique, elles sont toutes adressées au Dr Elena Bosch, qui livre à l'antenne ses bons conseils. Eulalia Pilar est l'unique scénariste femme de l'émission ; une fois loin des ondes, la jeune trentenaire parcourt les rues à la recherche de son mari Alfonso, porté disparu, alors qu'elle doit accoucher dans quelques semaines et fait appel au detective Don Mauricio pour mener l'enquête.Mais il se pourrait que, sous sa longue robe noire et ses traits angéliques, la jeune femme cache bien des secrets...
Le protagoniste de Le grand carnage est à nouveau Dwight Mc Carthy, le personnage central de J'ai tué pour elle. Le récit, toujours un polar, tourne autour d'un meurtre et d'un cadavre dont il faut à tout prix se débarrasser. Le fil conducteur est celui d'une course poursuite qui se déroule à un rythme endiablé, ponctuée d'affron-tements et de véritables... carnages. En toile de fond, défilent les quartiers de Basin City, dont on commence à apercevoir la géographie, et en particulier la vieille ville où les prostituées font la loi. Miho, la prostituée-ninja, y fait sa première apparition : véritable machine à tuer, nous la croiserons à nouveau dans les épisodes suivants.Sans doute l'épisode le plus violent et sanguinaire de la saga de Sin City, remarquable pour son découpage sans bavure, qui insuffle au récit un exceptionnel dynamisme.Édition cartonnée.
La guerre est finie mais restent les décombres et les blessures qui ne se renferment pas. Dans une prison du midi de la France, Josu - ex-militant de l'ETA - rencontre Emmanuel, ex-membre du GAL. À presque mille kilomètres de distance, Antón - ami d'enfance de Josu - vit dans le deuil de son père, tué par l'ETA vingt cinq ans plus tôt. Marqués au fer rouge par le conflit qui a ébranlé le Pays Basque, ces trois là sont rongés par la rancoeur et la culpabilité ; ils entament un dialogue hésitant, sans cesse troublé par les fantômes du passé, afin de tenter de se retrouver, de tourner la page...Tout en s'inspirant d'une histoire vraie, après un long et minutieux travail de documenta-tion, c'est par une fiction que Javier de Isusi a choisi d'évoquer l'histoire récente de son pays ; ces trois personnages, qui en incarnent chacun une facette, sont le point de départ d'un questionnement sur la violence et ses conséquences, et en premier lieu les moins visibles : celles qui déchirent l'esprit humain jusqu'au plus profond de lui-même.
À longueur de journée, Buscavidas traîne son embonpoint et sa bouille flasque et informe à la recherche de morceaux de vies à écouter, qu'il accumule dans ses archives labyrinthiques.Ses terrains de prédilection : les bars louches, les bancs de jardins publics ou encore les coins de rues de quartiers pauvres. Tandis qu'il enrichit sa collection, Buscavidas se fait le confident d'une humanité affligée et désespérée, qui débite sans pudeur ses malheurs, des tracas les plus anodins aux crimes les plus abjects. Dans ces courtes histoires morales, Breccia et Trillo dressent le portrait de l'homme dans tout ce qu'il a de plus vil et méprisable.Ce catalogue glaçant a été conçu entre 1981 et 1982 et composé alors que la dictature argentine prenait fin, s'en faisant l'écho retentissant. Exceptionnelle à plus d'un titre, cette nouvelle édition de Buscavidas comporte un épisode inédit en France ainsi que l'intégralité des ébauches des histoires, présentée en fin de volume. Y transparaissent, intactes, toute la force et toute la pureté du dessin de Breccia.
En décembre 1991 et janvier 1992, pour connaître un autre point de vue que celui donné par les médias américains, Joe Sacco part en Palestine dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. De ses ren-contres dans les camps de réfugiés et les territoires occupés, il tirera un livre majeur qui marquera l'acte de naissance du journa-lisme en bande dessinée.Palestine offre un bouleversant témoignage humain et un docu-ment de première importance sur le conflit israélo-palestinien qui, à des années de sa première publication, n'a pas perdu une once de sa pertinence et de sa force. Cette édition de Palestine, désormais considéré comme un des grands classiques de la bande dessinée de reportage, est accompagnée d'une préface originale de l'intellectuel et critique littéraire palestinien Edward Said ; et d'un texte où Sacco commente les passages clé de son livre tout en fournissant un éclairage précieux sur sa méthode de travail. Cette partie introductive est illustrée par de nombreux documents tels des pages des carnets de l'auteur, des esquisses et des photos.
Ancien Navy Seal, Wallace gagne maintenant sa vie comme dessinateur de presse. Un soir, alors qu'il se balade seul en bord de mer, il aperçoit une jeune fille se jeter du haut d'une falaise. Sans hésiter, il plonge à son tour, parvient à la sortir de l'eau et la sauver. Entre Wallace et la jeune fille, Esther, nait d'emblée une forte sympathie qui ne tarde pas à se transformer en attirance réciproque ; ensemble, ils sont heureux et décident d'aller boire un verre dans un bar : Wallace raconte son passé militaire et Esther les débuts de sa carrière d'actrice. Mais, lors qu'il est sur le point d'embrasser Esther, Wallace perd connaissance. À son réveil, il comprend avoir été drogué. Esther a disparu et Wallace décide de la retrouver à tout prix...À l'occasion du vingtième anniversaire de la publication du premier épisode de Sin City, Rackham réédite l'intégralité de la série dans un nouveau format et avec de nouvelles couvertures, spécialement dessinées par Frank Miller. Couverture cartonné, dos rond, tranche-fil rouge. un collector !
Vasco, toujours à la recherche de son ami Jean Sans Terre, se rend du Chiapas zapatiste au Nicaragua, où l'attendent des nouvelles et surprenantes rencontres. Dans l'oeuvre de Javier De Isusi, le choix du lieu n'est jamais laissé au hasard. Tout comme le Chiapas l'est de nos jours, le Nicaragua a été un lieu de conflits et révolutions, avant d'être effacé de la mémoire collective par l'indifférence des médias. Poursuivant dans la quête de l'insaisissable Jean, Javier De Isusi nous plonge d'emblée dans la réalité de ce pays oublié en relatant avec beaucoup d'émotion le quotidien des gens, leurs rêves et leurs souffrances. Les personnages, dotés tous d'une forte valeur symbolique, auxquels Javier donne vie au fil du récit, racontent chacun sa propre histoire qui est aussi celle d'un peuple, d'un pays, d'un continent. Les références littéraires, historiques et cinématographiques s'accumulent dans l'oeuvre de De Isusi en l'enrichissant sans jamais l'alourdir, pour donner vie à un beau récit d'aventures qui est aussi un étonnant guide de voyage.
En route pour Seattle conte avec humour les tribulations d'un jeune désoeuvré, Bud Bradley, en compagnie de sa famille et de ses amis. Buddy devient tour à tour libraire manager de rock, disquaire... Les rapports amoureux avec sa compagne Lisa sont des plus tumultueux et son jeune frère raciste lui gâchela vie. Heureusement, il reste la bière et le rock'n'roll !! Peter Bagge garde un regard humain sur les personnages, aussi médiocres soient-il et ne tombe jamais dans la caricature facile. À bien des égards, le personnage de Buddy Bradley est autobiographique. Il est en tout cas, beaucoup plus complexe que ne le laissent entendre ses goûts et son mode de vie. Génération X, version BD. Lancé de Seattle au même moment que la vague Grunge, Buddy Bradley de Peter Bagge est généralement associée à celle-ci, à l'instar de Gilbert Shelton pour le San Francisco hippy. Les six volumes parus aux USA seront publiés en France en 2 volumes de 350 pages. Incontestablement, un des chefs d'oeuvre de la BD underground, encore à découvrir en France.
Dans une ville endormie, un homme reste cloué à son bureau. C'est l'Auteur. D'un geste nerveux, il met en boule une feuille de papier et la jette. Elle rejoint toutes celles qui sont amassées autour d'une corbeille trop pleine. Devant sa feuille blanche, de désespoir, l'Auteur prend son visage dans ses mains. Soudain, une ombre apparaît, qui lui glisse : Passe ce manteau, il te guidera vers un lieu où tu trouveras ce que tu cherches tant...Des histoires à raconter. Ainsi commence le voyage de l'Auteur dans la Ville de l'Effroi. Pas à pas, le lecteur va suivre son chemin sinueux et semé d'embûches. Pas à pas, il va partager l'enthousiasme, la lassitude, les doutes et les convictions que chaque créateur traverse nécessairement. Puisant dans l'éternel mythe du séjour en Enfers de tout auteur en quête d'inspiration, Cahier des tourmentes surprend par la spontanéité de son ton et l'honnêteté de son propos.Il est aussi une nouvelle démonstration du talent de David Rubin (Le Héros, Beowulf, Ether...). Inventions graphiques et références littéraires, artistiques et cinématographiques à foison servent une réflexion profonde et poétique sur les mécanismes de la création.
Micol, la fille aux longs cheveux roux, et Rachid, l'immigré toujours habillé d'un maillot de foot, ont tous les deux vingt ans. Micol vit d'un boulot précaire et arrondit ses fins de mois en livrant des pizzas ; Rachid travaille au noir dans le bâtiment et ne s'en sort qu'en dealant du shit. Micol pense sans cesse à Rico, son grand amour perdu quelque part entre l'héroïne et les rues de Berlin. Rachid rêve d'un travail normal et d'une maison. Micol perd son job et Rachid, accusé d'un vol qu'il n'a pas commis, est renvoyé du chantier. C'est le moment des grandes décisions, le moment de partir, peut-être. Leurs chemins se croisent dans le phone center d'une banlieue morne, sous un ciel sans cesse traversé par les sil-lages blancs des avions. Bien que tout les oppose, le paradoxe auquel ils sont confrontés, la peur du départ et la nécessité de chercher ailleurs un futur meilleur, les rapprochera fatalement. Quelque chose va naître entre le clandestin et la chômeuse. Une amitié, une histoire d'amour, qui sait.
Tony Millionaire décline à nouveau son univers surréaliste dans quatre fables morales qui ont comme protagonistes Oncle Gabby, le singe de chiffon, et ses compagnons Pouce et Monsieur Corbeau. Dans la demeure cossue de Newton Lower Falls, nos trois improbables héros sont tour à tour aux prises avec l'ento-mologie, les bouleversements de l'écosystème, la résolution de complexes pro-blèmes de physique ou encore les spéculations philosophiques sur l'amour et la mort. Autant de sujets que Tony Millionaire traite avec le talent de conteur et le trait séduisant qui lui sont propres. Ses récits sont teintés de poésie, ponctués de non-sens et parfois d'une subtile cruauté qui s'accompagne d'un dessin extraordi-nairement riche et élégant. Digne épigone de Lewis Carroll tout autant que de Windson McKay ou Edward Lear, Tony Millionaire épingle avec ironie les lubies et les paradoxes du monde contemporain.« Je me nourris d'illustrations classiques. J'adore Ernest Shepard (Winnie l'our-son), Johnny B. Gruelle (Raggedy Ann) et tous ces cinglés des années vingt et trente qui dessinaient des strips quotidiens ». Tony Millionaire
En 1825, Mordecai Noah, un politicien new-yorkais et écrivain de théâtre amateur, est possédé d'une vision utopique : rassembler les tribus perdues d'Israël sur une île près de Buffalo dans l'espoir d'y établir un état juif. L'échec de son plan, une note de bas de page dans l'histoire du judaïsme américain, est le point de départ de la brillante épopée que Ben Katchor imagine dans les rues de New York quelques années plus tard. Un boucher kasher déchu, un importateur d'articles religieux et de lingerie féminine, un homme qui veut gazéïfier un lac, un pélerin qui vend du sable de la terre promise. Ce ne sont là que quelques-uns des personnages qui évoluent dans l'univers de Katchor, luttant pour s'établir à New York, emportés dans une frénésie financière qui pourrait tout autant les mener à la ruine que vers un futur meilleur.Le Juif de New York est une comédie burlesque menée de main de maitre par un conteur hors-pair. On ne sait jamais où s'arrête la réalité et où commence la fiction dans ce carnaval de pélerins, de kabbalistes et d'entrepreneurs . L'ouvrage, édité en Italie, au Japon et prochainement en Espagne, a remporté aux Etats-Unis un vif succès tant auprès de la critique que du public.
Le matin du 19 octobre 1945, Primo Levi revient à Turin, sa ville natale, après un an passé dans le camp d’Auschwitz et un long périple à travers toute l’Europe de l’Est. Levi était alors un jeune homme de 26 ans qui rentrait chez lui « bouffi, barbu et en haillons », habité par un besoin presque physique de raconter. Deux ans plus tard, il publiera Si c’est un homme et, en 1963 La Trêve, les témoignages les plus poignants jamaisécrits sur l’univers concentrationnaire.Cinquante ans plus tard, ce sont deux jeunes gens qui se rendent à Turin pour suivre la trace de Levi, et en recueillir l’héritage moral tout en brossant son portrait d’homme et d’écrivain.Entre biographie et fiction, la bande dessinée de Pietro Scarnera se nourrit des photos et documents d’époque et se déroule suivant les anecdotes reportés par Levi lui-même ; elle trace son parcours d’écrivain depuis « Si c’est un homme » et jusqu’à « Les naufragés et les rescapés », pour s’arrêter un instant avant ce matin d’avril 1987 où Levi a mis fin à ses jours.Restituant en plein la complexe personnalité de Primo Levi, Une étoile tranquille est une invitation à découvrir ou redécouvrir une des oeuvres les plus emblématiques de la littérature du XXe siècle.
«Les murderabilia » mot-valise forgé à partir des termes latin : memorabilia (« souvenirs ») et anglais : murder (« meurtre »), désignent des objets liés à des meurtriers, notamment les tueurs en série et les tueurs de masse, exploités principalement sur des sites internet dédiés à ce type de commerce. » (WIKIPÉDIA)Le jeune Malmö Rodríguez a vite abandonné ses études, habite avec des parents qu’il déteste, est sans emploi mais ne cherche pas du travail. Il voudrait être écrivain, mais il n’écrit presque jamais. Tout ce qu’il possède, ce sont deux chats noirs, héritage d’un oncle qui vient d’être terrassé par un infarctus. À première vue, on les prendrait pour des chats quelconques, mais un étrange personnage est disposé à les acheter en échange d’une coquette somme d’argent. Malmö accepte le marché, saute dans un bus et part livrer les chats au mystérieux acheteur, sans se douter que cette rencontre va changer sa vie pour toujours.Après l’étonnant Cendres, Álvaro Ortiz peaufine son style narratif très personnel dans un thriller qui mélange gore, humour noir et coups de théâtre et qui se lit d’une traite jusqu’à l’inattendu dénouement final.
Le 2 juillet 1831, une éruption volcanique fait émerger une île dans le bras de mer qui sépare la Sicile de la Tunisie. Sa souveraineté est aussitôt disputée. Dès que la nouvelle se répand, l'Angleterre y dépêche un bateau et la France y mène une expédition scientifique. Tous veulent être les premiers à planter leur drapeau sur le point le plus élevé de cette nouvelle terre. Mais, ce jour-là, c'est Salvatore, humble pêcheur du tout proche port de Sciacca de sortie en mer, qui a assisté à la naissance de l'île.Quelques jours plus tard, attiré par le spectacle grandiose de l'éruption, il revient sur les lieux et pose son pied sur la terre brûlante. Il en ramasse machinalement un gros caillou avant de rentrer au port. La nouvelle de l'exploit de Salvatore s'ébruite et Ferdinand, roi des Deux-Siciles, voyant d'un très mauvais oeil l'intrusion dans ses domaines de deux grandes puissances, fait convoquer Salvatore par un de ses fidèles : cette terre est sicilienne, un sicilien y a posé le pied en premier et ce caillou en est la preuve ! On propose donc à Salvatore d'en devenir le gouverneur.C'est une chance inespérée ; Salvatore n'y voit que la fin de ses peines. Il sera riche, puissant et pourra enfin épouser la belle et inaccessible Antonia...
Durant l'été 2017, Fabian Göranson a fait le tour de l'Europe en compagnie de son ami Daniel Berg, désireux de comprendre, au plus près des populations, pourquoi tout un continent semble s'effondrer sous le double poids de la crise migratoire et du chômage grandissant, et pourquoi il se révèle impuissant face à la montée du racisme et de la xénophobie, portés par des mouvements fascisants. De Stockholm à Berlin, de Bruxelles à Nantes ou encore de Marseille à Gênes, le voyageur va à la rencontre d'artistes et d'activistes, de chercheurs et de journalistes, sans jamais oublier de s'immerger dans le flot vital qui parcourt le continent. À Belgrade, il découvre une singulière collection de bâtons témoins ; il a la gueule de bois à Budapest et fait une crise de panique à Rome; à Varsovie, il se retrouve au milieu d'une manifestation violente... Étape après étape, à force d'observation, d'écoute et d'interrogations, Göranson dresse un portait sans fard d'un continent coincé entre un héritage historique lourd à porter et un avenir qui se resserre. Honnête et lucide, mais aussi poétique et ironique, Un rêve d'Europe ébranle nos idées reçues et nos certitudes. Il invite à une remise en question globale sur l'Europe, aujourd'hui plus que jamais nécessaire.
Réalisées à différentes périodes, les cinq adaptations de nouvelles d'Edgar Allan Poe par Alberto Breccia, réunies dans Le Coeur révélateur, ne sont pas de simples prétextes à une série de variations stylistiques. Elles fournissent au génie argentin, fermement convaincu que c'est le style qui doit s'adapter à l'atmosphère du récit - et non l'inverse -, une nouvelle occasion de montrer sa maîtrise exceptionnelle du dessin et de la composition. Avec une désinvolture et une facilité étonnantes, il passe d'un minimalisme formel et d'un découpage cinématographique (Le Coeur révélateur) à des teintes grotesques (William Wilson), jusqu'à un style plus expressionniste (La vérité sur le cas de Monsieur Valdemar).Si une distance manifeste sépare la rigueur dépouillée dont il use dans Le Coeur révélateur et le foisonnement de formes et de couleurs qui explose dans Le Masque de la mort rouge, un fil rouge relie pourtant tous ces récits. La constante invention graphique dont fait preuve Breccia a pour unique intention d'éclairer d'une lumière crue la frontière floue entre la vie et la mort. Il capture ainsi ce moment de bascule où, saisi par le néant, l'homme devient son propre bourreau, cette faille insondable que Poe lui-même n'a eu de cesse d'explorer tout au long de son oeuvre.
Abîmée par une longue relation sentimentale, une jeune femme décide de renouer avec sa sexualité et de faire de nouvelles rencontres. Son sésame : une application qui lui permet de contacter des inconnus directement depuis son smartphone pour partager, le temps d'une nuit, des instants de plaisir. Ses débuts sont hésitants, oscillant entre amusement, déception, voire ennui que ces rencontres lui procurent. Tandis qu'elle doit faire face au jugement de son père et à l'obstination de ses amis qui l'encouragent à se trouver un petit ami, la jeune femme cache sa fragilité derrière des comportements décomplexés et destructeurs.Peu à peu, contre toute attente, elle parvient à recouvrer l'estime d'ellemême et à s'ouvrir à des relations plus profondes et sincères, constatant que la quête d'une simple entente sexuelle peut conduire à une lente exploration et appréhension de soi et de l'autre. Au carrefour de la fiction, de l'autobiographie et de la critique sociale, Je ne te connais pas de Cristina Portolano ébranle tout stéréotype ou moralisme facile sur le sujet en l'explorant avec légèreté, mais loin de toute superficialité. Adoptant un point de vue féminin, elle revendique la sexualité en en faisant un élément incontournable de la construction de soi et retrace avec une grande précision les plaisirs et les difficultés menant à la connaissance de l'autre.
Lors de son premier voyage à Sarajevo en 1995, Joe Sacco fait la connaissance de Neven - un jeune serbo-bosniaque - qui devient bientôt son fixer attitré pendant le conflit en ex-Yougoslavie. Entre Sacco et Neven s'établit bientôt une relation intense, rythmée par des demandes d'argent, des élans d'amitié sincère et, surtout, par de longs monologues où l'ancien baroudeur livre au reporter sa vérité sur cette guerre. The Fixer est avant tout un livre sur Neven et sur sa vision du monde. Ses contrevérités et ses omissions sont le point de départ d'une analyse des réactions de la société bosniaque face aux trauma-tismes de la guerre et face à l'après-guerre qui se prépare. Joe Sacco ajoute ainsi une dimension supplémentaire à son remarquable travail d'investigation et achève, comme l'a écrit Edward Saïd, un véritable travail politique et esthétique d’une extraordinaire originalité.À l'instar de Goražde et Palestine, l'édition anniversaire de The Fixer est précédée d’un texte de Joe Sacco qui retrace la genèse du livre à travers des extraits commentés de ses carnets, et est suivie d'une interview inédite de Neven. Les notes de Sacco sur les personnages et les lieux qui apparaissent dans The Fixer, enrichies de dessins et de photographies, contribuent à fournir au lecteur un éclairage complet sur l’oeuvre et les circonstances de sa création.
Ceux qui l'ont fait, savent que traverser des continents ne garantit pas la rencontre avec l'altérité : au bout du chemin, vous avez toutes les chances de ne rencontrer que vous-mêmes, vos certitudes, vos aprioris, vos limites. Mais traversez votre jardin, votre palier, et allez voir votre voisin : votre monde vacille, vos certitudes morales s'écrasent contre un mur, tout ce que vous teniez pour évident se fissure.Dans une bande dessinée, on considère ce qu'on voit comme porteur d'une double évidence : l'image ne laisserait rien échapper à notre regard, elle serait l'affirmation d'elle-même rendue plus évidente encore par le récit, dont elle ne serait que le contexte. Et si le fait même de regarder devenait l'objet d'un récit ? S'il n'y était question que de rapports entre différentes façons de regarder, angles de vues, moments du regard ? Et si cette question prenait son sens dans la sphère politique, où un monde, une nation, une cité se construisent en ne donnant à voir que certains points de vue appelés réalité ? Dans le chaos apparent des images de Moins par moins se dessine une forme d'éducation au regard, une conscience rénovée de la puissance politique des images.
Née d'une famille de pêcheurs qui vit sur une île, à l'écart de tous, Emad se révèle être différente dès sa plus tendre enfance : elle ne parle pas et ne s'exprime que par des simples interjections. La chamane appelée pour prédire son avenir dit qu'elle est chaude et froide, maladroite sur terre et à l'aise dans l'eau car elle est née sous le signe des poissons, de la Morue et du Barracuda. À l'âge de dix ans, Emad est donnée en mariage à un vieil homme dont le seul souci est de lui offrir l'enfance heureuse que ses parents lui ont toujours refusé. Emad apprend à parler, à rire, à jouer de la musique... La guerre met fin à son bonheur et marque le début de ses pérégrinations. Elle devient servante brimée, puis bonne dans un hôtel où elle revitles souvenirs les plus douloureux de son enfance aux travers des mal-heurs des clients. Jusqu'à ce qu'Emad rencontre Baldo, avec qui elle va connaître l'amour et le bonheur, puis la tristesse et la colère...Fable morale sur le sens de l'existence, Qui a peur d'Emad Ellieiv ? réunit tous les thèmes chers à Kati Kovács : la découverte du monde adulte, le besoin de liberté, la jouissance de la vie. Tout en aquarelles, son trait sensuel et son style efferves-cent lui permettent aussi d'aborder des sujets graves avec une légèreté à peine teintée de mélancolie, entourant son récit d'une beauté étrange et profonde.