Beaucoup de fantaisie, une musicalité entêtante, une attention toute particulière portée aux sons, de fines enluminures… il a fallu tout cela pour composer ce recueil de comptines un rien échevelées, résolument printanières et certainement souriantes. Et ne doutons pas, au vu des rythmes, cadences et tons de ces textes, que les jeunes lecteurs se les approprieront rapidement et les transformeront vite en chansons?!
Crise financière, économique, écologique : c’est le tableau qui s’offre aux yeux de tout observateur. Jean, le professeur, ne peut que faire découvrir à son élève, Paul, un monde inquiétant, fragile, incertain, en ce début du XXIe siècle. Mais si l’homme semble pris dans sa propre nasse, Jean fait comprendre à Paul qu’il serait vain de chercher des boucs émissaires dans des institutions nationales ou transnationales. Car c’est l’homme qui est en question…
Jérôme, cinq ans, et son grand-père sont inséparables. Cette complicité dérange les parents du petit garçon qui décident de les séparer en envoyant le vieil homme en maison de retraite. Ils font croire à l'enfant que son grand-père est parti pour un très long voyage. Jérôme ne croit pas cette version. Jamais son Papylou ne serait parti sans l'emmener ou au moins sans lui dire au revoir et, tout seul, il décide de se lancer à sa recherche.
« Suzon et son octodon » ou les mésaventures d’une collégienne qui voit son animal de compagnie s’échapper et provoquer une jolie pagaille chez les professeurs… « Sortie à la librairie » ou le récit de la nuit enchantée de Nathan parmi les rayonnages de livres… « Les Lunettes de Céleste » ou le fabuleux pouvoir d’une remuante élève soudainement clairvoyante… « Ali et ses chaussettes » ou le clash entre deux soeurs aux tempéraments si différents… Mais d’autres histoires encore dans ce recueil signé Laure Saïdi, conteuse qui réussit à faire du réel un lieu plein de facéties, de fantaisie, et de magie… Si Laure Saïdi développe des récits qui se laissent emporter par l’extraordinaire, elle sait aussi dissimuler dans ces textes des messages, sur le prodige de la littérature, sur l’indépendance, sur la confiance en soi, qui parleront directement à l’enfant et aux problèmes qui peuvent être les siens… Un lectorat enfantin que l’auteur respecte en outre plus que tout, qu’elle ne prend jamais de haut et auquel elle n’inflige aucun moralisme, mais en lequel elle accorde sa confiance pour dénicher les perles de sagesse qu’elle a glissées sous le vernis merveilleux de son recueil.
Je suis vert et je cours sur six pattes. Mes défenses sont la fuite par les airs ou bien une giclée de répulsif nauséabond. J’adore la belle saison chaude et parfumée et déteste le froid. Pour éviter le grand sommeil et sa longue nuit glaciale et interminable je suis prêt à tout… « C’est sûr, s’il avance encore je ne retiendrai pas plus longtemps l’excrétion de mon répulsif qui ne demande qu’à jaillir de mon ventre tordu par la peur ! Jamais je n’ai vu un huit-pattes d’aussi près et c’est avec effroi que mes yeux détaillent les deux paires de longues pattes articulées et velues qui encadrent une énorme mâchoire aux deux crocs effilés. Au-dessus, deux rangées de quatre ronds noirs et brillants que j'imagine être des yeux semblent me scruter en profondeur. J’ai à présent la conviction d’avoir été repéré malgré mon camouflage. S’il m’a vu ou senti, il ne me donne pas l’impression d’avoir des intentions mauvaises à mon égard ce qui me fait hésiter à prendre la fuite par les airs. Ses deux petites pseudo-pattes que je compare à mes antennes tapotent la feuille, se redressent, et l'impensable se produit ! » Avec « Six-Pattes », Frédéric Saux nous propose une incursion dans le microcosme des petites bêtes qui volent et courent à nos pieds.
Léna, treize ans et des poussières, élève peut-être pas surdouée, mais courageuse... Autour d'elle, une mère soucieuse du bien-être de ses filles, un père prêt à faire des pieds et des mains pour elles, une petite sœur stupéfiante, un grand-père chéri... Et puis les amies de collège, celles qu'elle côtoie dans sa classe de troisième, année quelque peu stressante, sanctionnée par le brevet. Une galerie de personnages hauts en couleur prend vie sous la plume de Léna qui, le temps d'un journal intime, dit son quotidien, confie ses réflexions sur son environnement, partage les expériences qui bouleversent sa vision de la vie. Qui grandit, tout simplement, dans et par l'écriture. L'on a que trop l'habitude de voir des ados torturés, borderline, inconscients... Mais n'est-ce pas là choisir la facilité ? Cette phase n'est-elle pas aussi le moment où l'enfant gagne en responsabilité, où il apprend à gérer les blessures que le monde lui inflige, où se profile déjà l'adulte qu'il sera ? Où cohabitent, trop brièvement, innocence et réalisme ? Une conception qui sous-tend le texte de Cora Bertin. Le récit pas banal d'une collégienne qui se forge, au contact des siens ou dans l'adversité, un caractère décidément atypique et plein de sagesse.