Dans ce roman graphique nous de couvrons un monde étrange ou les arbres perdent leurs feuilles, et jamais elles ne reviennent. Les oiseaux partent, le ciel est pesant. La nature semble morte dans cette grande ville brumeuse qui rappelle ces grandes métropoles chinoises ou la pollution s'habille d'un brouillard e pais. Etrangement, les habitants semblent s'accommoder de cette atmosphère hivernale ouatée de mélancolie. Au nombre de feuilles mortes gisant a terre répond celui des tuyaux qui trament cette ville.Un jour tout aussi maussade que les précédents, le jeune homme que nous suivons trouve une feuille palpitant d'une lueur vive et bleue. Une feuille vivante. Il en reconnaît la préciosité, me me s'il ne comprend pas d'où elle vient, et pourquoi elle est unique.C'est alors qu'il la montre a cet employé qui s'occupe de balayer toutes ces feuilles mortes pour en alimenter les tuyaux qui convergent vers cette e norme et myste rieuse usine. Que font-ils la -bas avec toutes ces feuilles récoltées ? L'homme tenterait-il de reconstituer la vie végétale ? Et cette énergie lumineuse serait-elle un vestige de l'époque ou végétaux et hommes cohabitaient encore ? Ou bien représente-t-elle l'état d'esprit du jeune homme ?C'est tout en poésie, avec un dessin fascinant, que Daishu Ma nous pose toutes ces questions essentielles sur l'environnement tout en suggérant au lecteur qu'il est important de garder espoir pour tenter d'endiguer cette de shumanisation forcenée.
La Maison qui grince est un conte moderne poétiquement tragique sur la vie citadine cloisonnée. L'histoire se déroule quasiment en huit clos dans un immeuble vétuste où résonne le tumulte étrangement fantasmatique de voisins aux moeurs parfois dissolus...Lorsque Barbara emménage dans cet immeuble afin d'intégrer une école d'esthétisme, elle pense à un immeuble comme un autre. Mais dans le silence de la nuit, la demeure se met à craqueler comme un corps qui se réveille, les bruits à résonner dans les cloisons insalubres et les tuyauteries déglinguées. Des borborygmes, des tintements métalliques, des halètements de copulation. C'est dans cette atmosphère insolite, que nous découvrons une galerie de personnages bien ravagés : Matt, spécialisé dans la retouche photo qui ne peut toucher aucune femme ; Janet la diététicienne concentrée sur son régime, harcelée la nuit par une voix de diva orgiaque appartenant à la plantureuse et hédoniste Marion, matriarche du front des fêtards de minuit.Tout en explorant les thèmes de l'image du corps, de la sexualité, de la solitude et de l'isolement de la vie urbaine, cette demeure qui se délabre tout au long du livre n'est finalement que la métaphore d'un désarroi sociétal profond.
Une épopée passionnante à suspense des frères Mašín en période de Guerre froide. Cinq hommes décident de prendre les armes contre le régime arbitraire tchécoslovaque, et tiennent tête à vingt mille soldats de la Volkspolizei d'Allemagne de l'Est armés jusqu'aux dents. À l'issue d'une lutte effrénée, ils réussissent finalement à passer en territoire libre, à Berlin Ouest.
Nous sommes tous des cosmonautes, enfermés dans une capsule de verre lancée dans l'hyperespace pour donner une seconde chance à une Humanité en perdition, entrée dans le dernier stade de l'agonie. Ce verre nous sépare de la réalité à laquelle nous n'aurons jamais accès. Notre seule compagnie dans la vie, c'est nous-mêmes, nos souvenirs et cette petite voix robotique stupide avec laquelle nous partageons tout.Dans cette cocasse métaphore de la condition humaine, Pep Brocal nous donne une leçon pertinente et comique sur le devenir de l'humanité.
Trois histoires se croisent dans Ne changes jamais et finissent par s'entremêler. Chacune d'elles est empreinte d'étrange et de science-fiction. On découvre un futur possible où les expériences scientifiques ont engendré des mutations irréversibles de l'être humain. Les humains mutants contaminent leur entourage mais tout cela est étouffé et gardé secret. Impossible de dénouer le fil du récit tissé par l'auteur qui nous laisse haletant, pantois et distille en nous l'angoisse sourde d'un mystère non élucidé. Genre, sexualité, condition sociale, espèce, rien n'est établi. Et le portrait encadré d'un singe, à la manière d'une photo de famille, nous interpelle sur le passé de notre espèce et donc son futur à venir.
Au cours de l'été 2015, Ali Fitzgerald commence un atelier hebdomadaire de bandes dessinées avec des réfugiés à Berlin, soutenu par Amnesty International. Dans cette non-fiction graphique surréaliste - c'est ainsi qu'elle définit sa bande dessinée - , l'autrice présente avec beaucoup de sensibilité les difficultés que rencontrent les réfugiés en Europe. En leur proposant de dessiner, elle leur offre un moyen d'exprimer, sans forcément parler, ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils espèrent.Tout en suivant leur parcours, elle raconte Berlin et établit avec beaucoup d'habilité un parallèle instructif entre ce drame actuel et celui des Juifs obligés de fuir les progroms des années 1920, puis persécutés plus tard par les nazis.
Le bon choix en amour ? Tout est une question de nez...Lui et elle: un couple en crise. Après trois ans, quelque chose s'est cassé, les disputes sont continues et il n'y a rien de pire que de se retrouver spectateur d'une relation en train de s'effriter. Les protagonistes de Sniff s'aiment follement, mais ils sont sur le point de se perdre pour toujours. Des vacances ensemble à la montagne sont la dernière chance de retrouver la compréhension et la passion.Là-haut, dans la neige, des choses étranges commencent à se produire ...Un roman graphique léger et surréaliste, avec des échos de Calvino et Gogol, amusant et intriguant pour raconter la danse des sentiments, la fragilité et la versatilité du coeur. Avec les yeux vifs de l'écrivain et réalisateur Fulvio Risuleo, avec les couleurs chaudes et les lignes sinueuses d'Antonio Pronostico, illustrateur à ses débuts brillants dans la bande dessinée.
Cette parodie sulfureuse et jubilatoire, parue aux États-Unis en plein désastre des subprimes, montrant une phalange de super-héros au chômage luttant contre le système financier américain, ne pouvait que nous interpeller. Tout en informant le lecteur sur la complexité de ce système opaque, les auteurs Gan Golan et Erich Origen, indignés de Wall Street et agitateurs adeptes de la « Guérilla artistique », n'ont pu s'empêcher de semer une kyrielle de jeux de mots grinçants, voire hilarants.Ici, les super-héros restent humains, parfois baltringues, parfois judicieux mais surtout solidaires... Épuisé en librairie depuis plus d'une année, Les aventures d'Ultra-chômeur reviennent enfin dans une nouvelle édition augmentée d'un making-off des auteurs qui raconte la genèse du livre et les rencontres avec certains artistes de comics de renom. Il était temps ! Regonflé à bloc et prêt à affronter les monstres de la finance, Ultra-chômeur ne répond plus de rien !
En 1980, toute la famille de l'auteur décide d'aller s'installer à Beyrouth, au Liban, suite à une proposition de travail du père. À cette époque, la situation est très tendue, la ville aborde une période incertaine de pseudo-trêve, ponctuée régulièrement de heurts entre différentes factions, qui durera un peu moins de deux années jusqu'à ce que la situation se dégrade véritablement. C'est cette période que nous décrit l'auteur alors âgé de six ans. Avec son défaut de prononciation, Beyrouth se transforme en Beetroot (betterave en anglais). Ainsi, dans l'esprit du jeune garçon, Beyrouth devient une betterave géante, et c'est tout un monde onirique qui prend forme sous les bombes avec son cortège de terreur, de monstres mais aussi de personnages amis réconfortants. De temps en temps, l'auteur adulte interroge ses parents pour confronter ses souvenirs et s'aperçoit qu'ils ont été parfois transformés. Comment se fier alors à sa mémoire d'enfant quand l'incompréhension se confronte à la peur ? Il pourrait paraître étonnant par exemple que les bombes qui faisaient partie du paysage sonore soient moins traumatisantes qu'une marionnette méchante des Muppet Show vue à la télévision. Comment l'esprit d'un adulte sélectionne ou refoule dans sa mémoire les moments qui ont été ou non vraiment difficiles pour lui ? C'est avec toutes ses incertitudes que l'auteur nous délivre un univers onirique, parfois absurde, appuyé par un graphisme saisissant.
Auckland, Nouvelle Zélande, 1994. Un groupe de punks anarchistes ont élaboré un plan pour saboter l'ouverture d'une chaîne multinationale de fast-food, la nuit précédent la journée d'ouverture. Baguette, un jeune punk asiatique et bouddhiste a la tâche ingrate de poser la bombe cette nuit-là avec sa complice Tracy. Hanté par la mort d'une amie très proche ayant fait partie de son groupe de musique, Baguette se pose sans cesse des questions sur le sens de la vie et l'absurdité du monde. Au début de la nuit de l'opération, Tracy et Baguette taguent la devanture d'une boucherie (« Meat is murder »). Mais Tracy lance la bombe de peinture à travers la vitrine de ce boucher, avant de s'enfuir en courant. Baguette est aussitôt repéré par le boucher de sa fenêtre. Celui-ci s'empressera de téléphoner à son fils skinhead et pro-nazis afin de donner une leçon à « ce trou du cul de punk niakoué ». Reparti retrouver d'autres membres du groupe, Baguette découvre une jeune femme ayant enjambé la rambarde d’un pont. Cette scène lui rappelle alors son amie qui s'était jetée du pont. En allant lui porter secours, il fait connaissance avec Muette, cette fille étrange et sans voix qui va l'emmener jusqu'au bout de la nuit et le confronter à ses antagonismes politique et spirituel.Devenu culte en Nouvelle Zélande, Dharma punks est avant tout un livre sur le tumulte de la jeunesse et ses extravagances, la quête effrénée du sens de la vie qui vacille entre les idées politiques et le chemin spirituel.