« Dis, tu vas quand même pas faire ça ? » Aah... le revoilà, le grand ado que vous étiez, tout plein d'idéaux, qui revient vous hanter et vous demande bien ce que c est qu'être adulte. Eh oui, après Le steak haché de Damoclès, il est ici question de maturité et toujours d'indécision, de décalage voire d'incommunicabilité. Bref, de toutes ces choses qui font un être humain. Dont l'humour.
Un auteur de BD se retrouve enseigner dans une académie spécialisée où il doit transmettre son savoir à de jeunes apprentis bédéastes pas toujours rapides du bulbe. Ce professeur aura bien du mal à faire comprendre à ses Michel-Ange les subtilités de l'Art séquentiel : placer une bulle, rythmer unrécit, décrocher un contrat juteux. Ce récit, d'inspiration autobiographique (par un auteur également éditeur, blogueur, graphiste, traducteur, chroniqueur, constitue une plongée féroce et jouissive dans l'univers impitoyable des études d'art.Il rappellera des souvenirs à tous ceux qui ont étudié et offrira une douce vengeance aux professeurs de toute matière. Le lecteur aura autant un aperçu des bases de la BD que de la meilleure façon de traumatiser un étudiant avec juste deux mots difficiles. De quoi donner envie de faire de la BD tout en perdant toute vocation d'enseignement.
Comment un auteur vit son succès, non sans subir les affres de la création et la peur de voir fuir les muses. Le tout avec une sacrée tendance à la somatisation et l'hypocondrie...De cette période un peu flottante, Fabcaro réalise un album dans la logique de continuité de thèmes qui lui sont chers.On retrouve ainsi son talent à dépeindre avec humour ses travers et défauts, à traiter de sujets profonds sans lourdeur, à en donner une perspective qui nous touche en miroir. Des éléments toutefois étonnants, avec une couverture à l'identité graphique forte où le titre est symbolisé par le logo «Pause» et une oeuvre comportant une touche d'expérimentation : à la fois chronique et journal de bord, elle mélange planches, strips et dessins. Un pêle-mêle calculé qui joue sur les respirations, les vides, les rythmes, comme autant de symboles des doutes de l'auteur, sans volonté d'esthétisme élitiste. Par ailleurs, son graphisme a mûri et évolué depuis quelques temps, se nourrissant même parfois de styles différents.L'album séduira les inconditionnels car, si son personnage manque d'inspiration, elle ne fait pas défaut à son auteur et alter-ego. Et les nouveaux lecteurs découvriront la richesse de son univers.