Il était temps de rendre enfin disponible Plastic Dog, bande dessinée du pionnier allemand de la bande dessinée sur ordinateur, Henning Wagenbreth. Graphiste talentueux et reconnu, Henning Wagenbreth avait choisi de diffuser cette oeuvre, dessinée façon pixel art, uniquement sur internet. Cette première édition mondiale donne enfin un écrin à la mesure de sa réussite.Plastic Dog est, comme son nom l’indique, un chien en plastique. Il côtoie des robots qui prennent sa place, fait un tour dans l’Au-delà et puis revient, pique-nique avec son aïeul cryogénisé.Les pixels et l’humour caustique d’Henning Wagenbreth peignent, en 26 planches somptueuses, un futur où la technologie sert avant tout à nous empêcher de sombrer dans la dépression, et à nous déshumaniser encore un peu plus.
Depuis Lamort & Compagnie (1998) et Bosnian Flat Dog (2005), Max Andersson revient enfin à L'Association après douze ans d'absence. Et on n'a rien perdu pour attendre. Ce livre relié au petit format est un concentré d'apocalypse dans lequel Max Andersson creuse et déterre les vestiges d'un monde enfoui dans les ténèbres. L'Excavation est un merveilleux cauchemar interminable où tout est cassé ou en voie de rupture, les choses comme les êtres, où tout est en décomposition ou en voie d'extinction, le pouvoir comme la résistance, où tout est absurde et drôle, comme un désespoir qui aurait encore du savoir-vivre. Encore un peu. Pas pour longtemps. Dépêchez-vous.
En ce temps là, Joann était plus jeune, il faisait encore ses premières armes : des capes et des épées et se faisait les dents sur... TOUT. Déjà. Sa fringale ne connaissait pas de bornes et n'a jamais été rassasiée depuis. A (re ?)lire cet album édité pour la première fois en 1995, outre le pur plaisir de lecture que Joann Sfar a su nous communiquer par le pur plaisir de création qu'il a de toute évidence éprouvé à le faire, on est fasciné de voir la naissance d'un univers qui ira en se ramifiant, en se développant pour atteindre l'étendue que l'on sait aujourd'hui.Tout n'y est pas déjà, non, l'univers de Sfar est trop grand pour entrer tout entier dans les limites d'un seul livre, mais comme tout livre de Sfar, l'histoire qui se raconte, comme d'elle-même, toute seule comme une grande, nous parle d'autres histoires aussi, plante les germes d'autres univers, d'autres histoires, concomitantes ou à venir, évoque d'autres personnages, d'autres vies. Joann Sfar est, lui, déjà là tout entier, en revanche.Tout son enthousiasme, sa liberté, sa faconde. Dans les aventures picaresques du Borgne Gauchet (avec un T), mousquetaire plus Depardieu que D'Artagnan, plus Portos que Cyrano, brute lettrée, bretteur hors de pair qui baise à couilles rabattues la reine de Saba, tète des monstres, ferraille contre des spectres, le récit est débridé. Pas de limites à l'imagination, pas de bornes à la liberté.
Le milieu de la Peinture et une trame policière fournissent à Ruppert & Mulot le prétexte à une réflexion sur l'Art et le simulacre, et à un questionnement sur la spécificité du médium Bande Dessinée. Tout au long du livre, de longues scènes d'action muettes alternent avec des passages statiques de dialogues entre les protagonistes et un instructeur judiciaire.Cette histoire de tableaux, de détectives et d'adultère est donc avant tout une question de style, chaque nouveau livre étant l'occasion pour Ruppert & Mulot de repousser les limites du genre.
En résidence pour une année à la Maison des Auteurs d'Angoulême, Jessica Abel et Matt Madden en ont profité pour réveillonner en famille avec Lewis Trondheim. Alors que tout un chacun se contenterait d'une coupe de champagne, eux se sont appliqués à dessiner des scènes, en s'inspirant des jouets des enfants éparpillés dans le salon. Ils ont ensuite réuni ces dessins et les ont assemblés en un récit.Le résultat a de faux airs de Toy Story, avec ses combats, ses fuites et son dénouement inattendu. Le tout, bien sûr, évoque le plaisir du jeu et la nostalgie de l'enfance, avec une grâce qui ne pouvait surgir que du hasard.
Ceux qui avaient aimé Loin de tout de Philippe Coudray vont être ravis : voici L'Humanaute, qui vient collecter les pages parues dans Psikopat depuis des années. Pour les non-initiés, c'est l'occasion de mettre le pied dans l'étrier de son humour étrange et d'une logique implacable. Les objets d'étude reviennent comme autant d'obsessions : la potentielle vie sur Mars, la vie des bêtes ou les relations avec les femmes. Car l'art de Coudray, c'est avant tout une science. L'art de surprendre, de passer par des chemins détournés passe toujours par une fine analyse des situa-tions, à la manière d'un physicien ou d'un biologiste.
Mowgli est maintenant un grand garçon. Il est heureux, dans la jungle, parmi les animaux, mais quelque chose le démange...Les animaux, c'est bien beau, mais il lui faut autre chose. Il ne sait pas quoi : il n'a jamais rencontré de semblables. Il est tout innocence. On connaît l'histoire. Mais évidemment ici, on n'est pas chez Disney, pas chez Kipling non plus. On est chez Schrauwen. Et chez Schrauwen, Mowgli est un peu neuneu, c'est un grand dadais d'ado qui cherche la compagnie. Et qui se fait blackbouler de tous côtés. C'est muet, comme du cinéma, c'est drôle comme du burlesque, ça parle le langage du corps. Ça s'agite, ça tombe, ça prend des coups. Ça se relève, toujours enthousiaste, et puis ça recommence.Un trait raffiné, qui puise aux racines d'un Winsor McCay, à la fois naïf et contemporain. Une narration dépouillée qui laisse toute la place à la subjectivité du lecteur. Le tout emballé dans un objet d'une moderne désuétude. Tout un roman d'apprentissage en 48 pages chorégraphiques, qui fait, avec une grâce toute naturelle, le lien entre l'enfance et l'âge d'homme.Publié pour la première fois en 2011, c'est le livre d'un auteur qui devient grand.
Si c'est déjà un événement en soi pour L'Association d'accueillir en son Catalogue un projet majeur de Benoît Jacques, on ne peut que redoubler de bonheur au vu du chef-d'oeuvre que représente L. C'est en effet un Journal Autobiographique en Bande Dessinée que nous offre ce génial touche-à-tout plutôt habitué à auto-produire fabuleusement ses ouvrages. Entièrement muet, noir, métaphorique, d'une facture graphique qui surprendra ses amateurs, ce Journal a aidé Benoît Jacques à traverser une période personnelle particulièrement difficile.L, c'est donc « elle », ou « elles », c'est le chiffre 50 qui correspond à l'âge de l'Auteur lors de cette période, et c'est l'angle droit que sa vie a emprunté. On est loin ici de l'autobiographie light : par pudeur, les événements y sont évoqués par un cryptage qui déjoue tout voyeurisme et débouche sur une symbolique de l'inconscient aussi surréaliste qu'universelle.
... ou la triste histoire de quelqu'un qui disait non avec si peu de conviction qu'on voyait tout de suite qu'il ne savait pas dire non. Second volet d'Enfer et Damnation.
Comme reviennent les saisons, parce que c'est un trimestriel, et aussi parce que, tout comme les saisons, c'est la promesse d'un changement à chaque fois, mais d'un changement qui dit la résilience du monde. Jugeons-en : cette fois, c'est Erratum pour notre numéro 4. Nouvelle Formule, c'était le 3, la formule canal historique en 12 pages reprend ses droits. MLQ s'autorisant tout, s'autorise le repentir, sait si bien tout faire, qu'il sait même faire marche arrière ! Mais qu'on ne s'y trompe pas : c'est pour mieux vous surprendre, chers amis lecteurs, car, en ces temps de marche forcée vers... ben, on ne sait pas trop quoi, en fait, quoi de plus étonnant que le « en arrière ! » ? Le retour n'étant pas une reculade mais une avancée qui a fait un virage à 180 degrés. Pour ce numéro 4, on peut d'ores et déjà annoncer :Trois magnifiques pleines pages de Matti Hagelberg extraites de son grand oeuvre fleuve, Läski-Mooses, qu'il élabore régulièrement sous forme de comics d'une trentaine de pages. Il en est au numéro 35 et le monument achevé devrait en compter 50 !... Ces trois pleines pages grand format MLQ correspondront à 27 pages de son comics. Une histoire complète.Deux autres pleines pages de David B. Encore une histoire inédite autour d'un lieu. Mystère, inquiétante étrangeté, érudition et nuit...Une nouvelle page de L'Autofictif d'Éric Chevillard, une quarantaine d'aphorismes, de petits textes légers, drôles et poétiques autour des animaux qui pullulent dans son oeuvre. Le tout entièrement illustré par les athlètes qui ont remporté haut la main le dernier championnat du monde par équipe de dessins d'animaux !En plus de toutes nos merveilleuses rubriques habituelles ! Vive MLQ !
Sur un agenda ordinaire, tout au long de l'année, l'auteur a réalisé un dessin par jour, au feutre, au lavis, ou au crayon, symbolisant son univers graphique expressionniste.
Cette histoire a été créée et réalisée en 20h30 à la Maison des Auteurs de la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image d'Angoulême au cours de la sixième édition des 24 heures de la bande dessinée, lors du festival d'Angoulême, les 24 et 25 janvier 2012. La contrainte de cette édition était de placer les trois récitatifs suivants (tirés au hasard parmi 16 propositions) dans cet ordre :- « Surgissant soudain. », dans le premier tiers du livre - « Et à la fin. », dans le second tiers du livre - « Elle s'interrompt brusquement. », dans le dernier tiers du livre Avec ce Patte de mouche, Etienne Lécroart réussit le tour de force de combi-ner en 24 pages, le récit d'aventures, l'épopée historique, le roman policier et l'énigme littéraire. Le tout sans calculette !Unpetit livre qui pourra évoquer ses plus anciens : Et c'est comme ça que tout a commencé. (Le Seuil), ou Le Cycle et Cercle Vicieux, ces derniers parus à L'Association.
Faut qu'on y aille sinon on va louper le dernier drakkar, un titre en trompe-l'oeil pour un vrai-faux manuel de bande dessinée à l'usage de tout lecteur déridé.Comment construire des phylactères ? Comment surmonter les affres de la création ? Comment faire de ce chemin de croix une partie de plaisir ? Et surtout, comment trouver l'inspiration ? Muzo fait profiter tous les aspirants dessinateurs de ses conseils expérimentés. Dans cette fantaisie, le lecteur attentif pourra trouver les réponses aux questions qui l'obsèdent.Un livre à ne louper sous aucun prétexte donc (comme le dernier drakkar, d'ailleurs). Car même si deux vikings sont toujours un bon début pour faire une bonne histoire, il faut au moins tout le talent de Muzo pour nous instruire avec autant d'humour.
On croyait tout savoir de la légende biblique de David et Goliath. Symbole de la victoire du faible contre le fort, de l'intelligence contre la force, ce duel à l'issue inattendue est un des mythes les plus connus, qui a déjà inspiré quantité de peintres et de poètes. Pourtant, Tom Gauld, qui avec ce magnifique ouvrage en bichromie, riche et plein de tension, faussement minimaliste, entre enfin dans le catalogue de L'Association, renouvelle le mythe et en donne une version surprenante et émouvante. Dans la lignée de sa « revisitation » du mythe de l'Arche de Noé vu par ses fils(paru dans Kramer's Ergot 6), il fait revivre le combat en suivant Goliath et son écuyer.Qui est Goliath ? Pourquoi a-t-il été choisi pour le duel fatidique ? Parce que c'est un géant et qu'il fait peur avec sa grande armure. Malheureusement pour lui, c'est tout et cela ne suffira pas face à la volonté divine. Prenant le point de vue du géant contre le berger, Tom Gauld nous offre un portrait de Goliath en victime - de son armée, de Dieu, ou de la malchance.
Lapin, la revue historique de L'Association revient dans une (très) nouvelle formule, en grande forme et en grand format! Après Lapin, puis Mon Lapin, voici Mon Lapin quotidien, une chose encore jamais tentée : un vrai journal. Avec une flopée d'auteurs (pas moins de 60 !), dessinateurs, écrivains, vieux cons des neiges d'antan et petits jeunes de la dernière averse, mais toujours la crème de la crème. Dans cette avalanche de « mooks » épais mais plats, de revues plus ou moins classes et d'une presse atone, le moment était venu pour que L'Association lance la formule du journal qui fait du bruit quand on le secoue, et qui secoue les marronniers du journalisme et de la bande dessinée. Mon Lapin quotidien (MLQ), sur douze pages king size (41 X 58 cm), chaque trimestre, c'est forcément : de la bande dessinée, en planches ou en strips (Emmanuel Guibert, Lewis Trondheim, Lisa Mandel, Berberian...), mais aussi de la belle illustration (David B., Icinori, Anouk Ricard, Thomas Ott...), mais encore du cartoon (Stéphane Trapier, Antoine Marchalot, Ruppert et Mulot, Parrondo...), et également des textes (Éric Chevillard, Pacôme Thiellement, Denis Robert, Jean-Yves Duhoo...). Le tout dans des pages labyrinthiques et foisonnantes, pour parler de TOUT : tout autre chose que ce dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps. Et pour ressembler à un vrai journal, celui dont on rêve depuis toujours. Ça va arracher, ça va s'arracher !
Réédité quinze ans après sa première parution, le Pat Boon de Winshluss revient !Plus grand, plus gros (huit pages inédites), plus beau (couverture couleur, reliure intégra) mais toujours autant « au fond de la loose », par contre.Pat Boon, ce n'est pas seulement Pat Boon, c'est aussi Peggy, Fat Slim, Klux et Klux, etc... Toute une ménagerie de personnages plus ou moins animaliers qui trimbalent leurs désirs dérisoires, leurs frustrations, ou tout simplement leur connerie dans un fantasme d'Amérique dépressive et raciste des années trente.Et Winshluss de s'en donner à coeur joie, avec l'impitoyable virtuosité qu'on lui connait dans le récit muet (on ne peut pas s'empêcher de penser au cinéma burlesque) ou lorsqu'il s'agit de raconter le sort qui s'acharne. Des rêves et des coeurs brisés, des destinés grotesques et pitoyables qui finissent toutes par se croiser pour former ensemble un précis hilarant de la stupidité humaine. Et de la fatalité.Dans Pat Boon, personne ne tire son épingle du jeu... à part, peut-être, Pat lui-même... puisqu'il parait que la fin est un Happy End...Il est comme ça, Winshluss : avec lui, tout fini toujours dans l'amour !
Premier livre en France de cet étonnant auteur croate : Igor Hofbauer. Repéré il y a déjà quelques années, il aura fallu être patient mais ça valait le coup d'attendre !En présence de Mister Morgen, on sent que l'on se trouve face à ce genre de livre impérieux, nécessaire et rare dans lequel l'auteur veut se projeter intégralement, charger la barque au maximum, tout dire.Dans un univers nocturne, glacé, pollué, finissant, malade, peuplé d'êtres déchus, corrompus, de mutants, voir de zombies, de l'auteur lui-même... et de Staline, une suite de courts récits dans lesquels le plus inquiétant réside dans les non-dits et les flous savamment distillés, sans sacrifier à la clarté, la cohérence et la limpidité.Igor Hofbauer est aussi un affichiste accompli et les superbes compositions de ses planches en noir et rouge, entre dessin contemporain, expressionnisme, constructivisme, réalisme socialiste, comics américain ou bandes dessinées européennes, en attestent. Du cinéma noir, très noir, trempé dans un cambouis post-communiste, post-catastrophiste... post-tout.
Recapitation est une collection dedessins dont la richesse, la diversit et l'inventivit ne sont pas sans voquer le talent d'un Topor ou d'un Steinberg. Dsespr, obsessionnel, obscne, dstabilisant, fascinant : ce petit livre est tout a. Killoffer se frotte au dessin pur, ni illustratif, ni narratif, et montre qu'il y excelle, comme ailleurs.
David B. est un génie. Il a reculé les limites de la bande dessinée et c'est tout naturellement qu'il s'en trouve, la plupart du temps, écarté des honneurs officiels réservés à ce mode d'expression. Ça viendra. Il est vrai que David B. ne rend pas la tâche facile aux béotiens, tant il s'écarte de tout : de lui-même et du monde. Mais pour mieux y revenir.Mon frère et le Roi du Monde, en partant de la commande d'une exposition pour le Festival de Colomiers et pour le musée de L'Abbaye Sainte-Croix-des-Sables-D'Olonne, est une suite de 36 diptyques, 72 portraits face à face qui, au delà de la virtuosité qu'on lui connait, vont explorer un ailleurs d'autant plus troublant qu'ils relèvent d'une inquiétante familiarité : Un David B. qui renoue, qui tourne autour, qui revient à SON sujet : un autre-lui-même : le frère. Un autre frère : le Roi du Monde. Une autre forme d'autobiographie : purement plastique, mais qui ne raconte pas moins pour autant (voir : plus, peut-être...) Une suite de dessins qui, en représentant le frère et la figure mythologique dont parle Rene Guénon, dessine UN portrait : celui de l'auteur à travers... son double ? Quel double ? Qui est le frère ? Qui est le roi ? Ne serait-ce pas toujours David ?... Mais un David toujours en devenir, toujours en recherche, toujours rêvélé et à la fois caché. Un David TOUJOURS : B.
Martha et Alan, nouveau volet de la vie d'Alan Ingram Cope, nous replonge dans son enfance. Avec cet aparté, Emmanuel Guibert s'attache à un épisode tout particulier, celui d'une amitié qu'il a noué dès l'âge de 5 ans avec une petite fille de son école, Martha Marshall. De leurs jeux et bêtises d'enfants aux rendez-vous hebdomadaires au choeur de l'église presbytérienne, on retrouve Alan, bientôt orphelin, et son quotidien de petit californien dans une Amérique des années 1930 marquée par la Grande Dépression. Les années passant, Martha s'éloigne peu à peu à l'adolescence, jusqu'à des au revoir hâtifs à la veille de son départ pour l'armée. Avec ce souvenir au timbre nostalgique, Emmanuel Guibert donne une nouvelle fois voix à Alan et laisse transparaître avec pudeur le regret qui teinte l'évocation de celle qui fut son premier amour. Un récit, tout en couleur, composé d'images en doubles pages, qui restitue une Amérique surannée grâce à un dessin plus que jamais somptueux. Poursuivant ce qui devient peu à peu la fresque de la vie d'Alan Ingram Cope, Emmanuel Guibert rend le plus bel hommage qui soit à cet ami humble et extraordinaire qui disait « nous sommes les gens de qui nous parlons ».
Originellement paru dans la prestigieuse collection 30-40 de Futuropolis, Le Portrait est longtemps resté épuisé. Sa réédition vient trouver tout logiquement sa place aux côtés des travaux ultérieurs de Baudoin. Parabole magistrale sur le thème de l'artiste et du modèle, Le Portrait est un des chefs-d'œuvres de Baudoin, un classique de la bande dessinée.
Une histoire plus noire que noire qui ne déroutera pas les amateurs de T.O.T.T. Développant l'obsession des chiffres et leurs projections superstitieuses, Thomas Ott réussit parfaitement le pari de tenir son lecteur en haleine sur un rythme long (car c’est sa première longue histoire), tout en conservant son style inimitable fait de clair-obscur expressionniste et d’angoisse fortement communicative…
Originellement paru dans la prestigieuse collection « 30-40 » de Futuropolis, Le Portrait est longtemps resté épuisé.Cette réédition, dotée d'une nouvelle couverture, vient trouver tout logiquement sa place aux côtés des travaux ultérieurs de Baudoin. Parabole magistrale sur le thème de l'artiste et du modèle, Le Portrait est un des chef-d'oeuvre de Baudoin, un classique de la bande dessinée.
Lewis fait un carnet, alors je fais pareil. Rien de plus simple pour expliquer la présence de Joann Sfar dans la collectionCÔTELETTE. Si ce n'est que lui, base tout son carnet (ou presque) sur son apprentissage, aussi dilettante que cocasse, de… l'harmonica. On n’imaginait pas alors où nous mèneraient les débuts autobiographiques de Joann Sfar.
Avec Famille royale, Ruppert et Mulot reviennent avec une histoire au substrat psychanalytique où Eros et Thanatos s'immiscent dans l'univers feutré des têtes couronnées.Une princesse danoise délaissée par son prince, profite de son passage à Paris pour consulter, avec son amant qui ne la délaisse pas moins, un célèbre sexologue. On ne tarde pas à découvrir que le sexologue et l'amant sont de mèche pour se faire offrir par la riche princesse, pistolet incrusté de diamants et autre canne en or sertie d'émeraudes, autant d'accessoires ostentatoires et suggestifs qui donnent le ton de l'analyse entreprise par le couple. Mais bientôt l'irruption vaudevillesque du prince en pleine séance met brutalement fin à la thérapie. S'ensuivront prises d'otage, meurtres, kidnapping et se mêleront à cette histoire un bijoutier installé dans un théâtre qui veut faire régler ses factures, une jeune princesse aux pouvoirs étranges, une ribambelle de danseuses, tout cela sous la vigilance de la police secrète royale.Dans ce récit où le sexe et l'argent sont les ressorts d'une intrigue fantasmagorique, Ruppert et Mulot font de cette famille royale tenaillée par les conventions, des héros de la transgression. Tout est mise en scène, métaphore et symbole, et le lecteur goûtera aussi bien l'humour corrosif du duo que son sens des compositions qui lui est si caractéristique.
Envoyé pour trois mois à Shenzhen, en Chine, pour superviser un studio de dessin animé, le Canadien Guy Delisle raconte par le menu les rapports parfois incongrus, souvent drôles, toujours enrichissants qu'il entretint tout au long de son séjour avec ses collègues et amis, malgré la barrière de la langue et avec un style unique, incisif et observateur.
Comment présenter L'An 01 ? Est-ce une bande dessinée de Gébé, un film de Jacques Doillon, un mouvement, une utopie ?En 1970, Gébé publie ses premières planches, et dans Charlie Hebdo l'aventure commence.Le premier livre qui les recueille paraît un an plus tard. Ensuite, c'est un film, que Jacques Doillon réalise, avec la participation d'Alain Resnais, de Jean Rouch, et de nombreux acteurs et amis : Coluche, Miou-Miou, Gotlib, Stan Lee.L'An 01, c'est l'envie d'en finir pour de bon, mais sans violence, avec une société morne et matérialiste, vendu comme un horizon indépassable. On arrête tout, là, maintenant, et on imagine, au fur et à mesure, le monde à venir. Le tout avec poésie et humour, avec une liberté et une joie qui ne manque pas de rafraîchir nos cerveaux engourdis. Pendant toute la durée de réalisation du film, Gébé dessine, dans ses planches, le film en train de se faire, prolonge le travail, répond au lecteur, rend compte de l'enthousiasme général. Le film, c'est l'Utopie en train de se faire, L'An 01 qui commence. La bande dessinée, elle c'est le carnet, la mémoire de cette révolution en marche. Le monde entier participe au film. Le scénario paraît en feuilleton dans Charlie Hebdo. Pour la première fois, les planches de Gébé et le film de Jacques Doillon seront disponibles de conserve. Écologie, amour, refus des rapports marchands, réinvention de soi et de la société : et si L'An 01 commençait pour de bon ?
Ce livre en quadrichromie sera comme un tout petit frère au M le Magicien puisque les aventures du Vermetto (le petit ver) datent de la même période, à savoir la fin des années 1960. A la différence près que ces pages ne sont jamais parues en France. On y retrouvera le même goût pour l'absurde que dans M le Magicien ainsi que certains personnages en commun, comme la fleur, le champignon et le caméléon...
L'Eprouvette n'a pas remplacé Lapin, dont le n°35 sera un gros pavé comme les deux précédents. On y pratiquera la reprise (des auteurs réinterprèteront à leur manière une bande dessinée ou une séquence connue) avec Baladi, Benoît Jacques, Sattouf, Vanoli, Hagelberg, Tuikiainen, Duffour ou Touïs (du Sergent Laterreur). Parallèlement, la revue accueillera El Don Guillermo, P.E.E.P.S, Tom Dieck, Sjunesson, Parrondo, Ayroles, Gerner, Placid... Le tout avec une couverture et une histoire inédite de Max Andersson.
Avec Histoires à emporter, José Parrondo détourne savamment la forme du conte et fait de la formule consacrée il était une fois une ritournelle pour mettre en scène un cortège d'histoires qui sont leurs propres personnages. Les saynètes se succèdent alors en un subtil jeu de miroir qui guide la lecture. C'est tout à la fois, l'histoire des histoires, des histoires dans l'histoire et des histoires qui font l'histoire. Des histoires à venir, passées, qui se répondent, qui se croisent ou se mordent la queue.
Créé pour l'hélas éphémère revue Strips, Le Pays des trois sourires est une série de 100 strips d'un Lewis Trondheim qui renoue avec l'univers métaphysique de Moins d'un quart de seconde pour vivre. Dans cet album le monde est plat. Dieu y a provisoirement l'apparence d'un plat de spaghettis à la bolognaise, et on se demande où va tout ça. Mais comme toujours avec Trondheim, les situations les plus abracadabrantes deviennent logiques.
Dans ce quatrième tome deportraits croisés, Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive s'attachent à suivre les faits et gestes de Véra Haine, adolescente de son état. Leur inégalable justesse de regard à toutes deux, Baraou dans les dialogues et les situations, Dalle-Rive dans le détail graphique qui dit tout l'air de rien ; fait toute la richesse de cette chronique de moeurs contemporaine.
C'est le retour de Bouclette, Surfer Girl et Gypsy, les GTO's pour « Girls Together Outrageously », les groupies emblématiques qui ont embrasé la scène rock des sixties. Plus excentriques que jamais, elles poursuivent leur idylle auprès des icônes de la pop-culture que sont Brian Jones, Jim Morrison ou encore Jimmy Page. Avec l'appui de Frank Zappa, les voilà encouragées à enregistrer un album. Elles chantent admirablement faux pour exprimer leur amour des garçons. Alors que les discours féministes de l'époque présentent les groupies comme des femmes astreintes à la domination des hommes, elles revendiquent leur pouvoir et leurs libertés. La passion, le sexe, la drogue, la musique, tout s'entremêle.Dans la Face B d'Autel California, les héroïnes ont désormais quitté l'adolescence et perdent progressivement leur insouciance. C'est le temps des remises en question pour Miss Pamela des Barres, a.k.a Bouclette. Après le massacre perpétré par Charles Manson et sa clique de fanatiques au 10050 Cielo Drive, rien ne sera jamais plus comme avant. On assiste vraisemblablement au déclin de l'utopie hippie, les groupes se séparent et certaines étoiles de la contre-culture disparaissent définitivement dans l'alcool et les psychotropes. Du swing de Treat Me Nice à la ballade romantique Blue Moon, Elvis Presley, omniprésent, aura donné la tonalité du diptyque de Nine Antico. L'intensité de la narration ferait passer la fiction pour une réalité, ou alors la réalité pour une fiction, on ne saurait dire. Ici, rien n'est idéalisé, tout est très documenté et réfléchi jusqu'aux références musicales qui rythment le récit.
En 108 dessins, Andréas Kündig décrit, d'un trait minimaliste, un monde étrange qui prend forme au fil des pages. Andréas Kündig égrène ses pensées au gré de son crayon, prenant des notes sur les associations d'idées qui traversent son cerveau et forment un inventaire de l'absurde, du saugrenu ou de l'impossible.Merveilles d'inventions graphiques, humour unique, réflexions métaphy-siques : Un coup de vent contre un bout de viande est avant tout un livre de dessin, et des chemins qu'il peut tracer.
Enfin un coffret réunissant le chef d'oeuvre de la confession en bande-dessinée de Blutch : Le Petit Christian !On sait grâce à son pseudonyme, Blutch, emprunté au fameux lieutenant des Tuniques bleues, qu'il garde le souvenir chéri de ses lectures de jeunesse et grâce à ces deux tomes, on découvre par le menu, le récit magistral et drôle de son enfance alsacienne à l'époque de Pif Gadget et des Drôles de dames avant de plonger, avec tout autant de délectation, dans les affres de son adolescence : le collège , les filleset le premier amour.
Pour cette nouvelle Ciboulette, Vincent Vanoli a remanié de nombreux courts récits autobiographiques parus dans Lapin depuis 1994, jusqu'à en redessiner certains entièrement. Une histoire inédite complète le recueil, dans laquelle l'auteur accompagne son père dans un retour à son village natal d'Italie. Cette collection d'instantanés brumeux ou lumineux représentent une forme toute en fugacité de pratique de l'autobiographie en Bande Dessinée, et qui évoquent une véritable matière de souvenir. Un livre touchant et indispensable à tout amateur de Vanoli.
Le Haut-Mal c'est le nom qu'on donnait à l'épilepsie au Moyen Âge. L'Ascension du Haut-Mal c'est l'histoire d'une famille au milieu des années soixante dont le fils aîné, Jean-Christophe, est atteint par cette maladie à l'âge de sept ans. C'est le regard que porte son petit frère, Fafou, qui devient David, sur le bouleversement que ses crises entraînent dans la famille, sur la façon dont les adultes, parents, médecins, passants, charlatans, gourous, réagissent et tentent de guérir Jean-Christophe. Ce sont les souvenirs des ancêtres de la famille. C'est tout l'imaginaire que Fafou projette sur le monde et les événements qui l'entourent et qui participent à la construction du dessinateur qu'il est devenu.
Encore un événement dont on peut se réjouir : une deuxième Mimolette de Willem, tout aussi jubilatoire et corrosive que Coeur de chien, paru en 2004. Quatre courts feuilletons publiés dans Charlie Hebdoces dernières années en forment le sommaire : Le Prix du poisson ;Passion postale ; Prostitution zéro ; Amour en catastrophe. À son habitude, Willem nous explique la géopolitique internationale mieux que personne : poissons recherchés pour leur vertus aphrodisiaques, armateurs véreux, pirates, guerres, prostitution venue de l'Est, flics corrompus, maîtres-nageurs altermondialistes constituent le théâtre du pitoyable monde vu par Willem : merde, c'est le nôtre !
Roland, dans le quartier, tout le monde le connaît. C'est un drôle de bonhomme, ce petit vieux-là. On l'a surnommé Le Shérif à cause de son chapeau de cow-boy. Sa vie, elle est réglée comme du papier à musique : levé avant le soleil, une petite visite au poulailler, son «harem», et puis il dépose sa soeur, folle et handicapée, sous la grange, et enfin il enfourche Pégase, sa fidèle bicyclette, direction le bistrot avec ses oeufs frais. C'est là qu'on le retrouve, pour boire quelques petits cafés bien mouillés avant de poursuivre la journée, ponctuée de ripailles, de ballons de blanc, et surtout de bons copains, comme lui des retraités et des chômeurs, qui fanfaronnent et débattent sur des sujets aussi fondamentaux que l'omelette, les tomates, ou le rythme des pigeons.
Le premier livre de Ruppert & Mulot réédité ! Épuisé depuis plusieurs années, (re)découvrez Safari Monseigneur, délicieuse chronique de guerre coloniale qui mêle avec subtilité les ingrédients historico-politiques et cruauté ordinaire.Deux photojournalistes embarquent sur un bateau quelque part en Afrique au début du siècle dernier. Leurs rencontres avec les militaires, les prostitués, le capitaine (sourd et muet) agrémentent un reportage mordant dans lequel tout l'imaginaire colonial se déploie avec horreur, poésie et humour noir. Dans une préface nouvelle et indispensable, Ruppert et Mulot jettent un regard contemporain sur leurs premiers travaux et nous livrent enfin la définition de Safari Monseigneur.
Le Haut Mal c'est le nom qu'on donnait à l'épilepsie au Moyen Âge.L'Ascension du Haut Mal c'est l'histoire d'une famille au milieu des années soixante dont le fils aîné, Jean-Christophe, est atteint par cette maladie à l'âge de sept ans. C'est le regard que porte son petit frère, Fafou, qui devient David, sur le bouleversement que ses crises entraînent dans la famille, sur la façon dont les adultes, parents, médecins, passants, charlatans, gourous, réagissent et tentent de guérir Jean-Christophe. Ce sont les souvenirs des ancêtres de la famille. C'est tout l'imaginaire que Fafou projette sur le monde et les événements qui l'entourent et qui participent à la construction du dessinateur qu'il est devenu.Ce classique du catalogue L'Association et de la bande dessinée, dont la première édition est maintenant épuisée, est désormais réédité dans une version reliée.
La nouvelle collection théorique Eprouvette et le Plates-Bandes de JC Menu ont montré qu'un débat critique autour du contexte actuel de la bande dessinée était crucial. Il était logique que ces réflexions débouchent sur une revue,L'éprouvette, qui devrait paraître deux fois par an en janvier et en juin. Néanmoins, cette revue ne se bornera pas à la polémique : elle tentera aussi et surtout, de participer à combler le vide intersidéral en matière de théorie et de critique autour de la bande dessinée. On y trouvera donc des réflexions de tout ordre, mais aussi de la bande dessinée elle-même, les auteurs étant les premiers invités à s'exprimer sur leur moyen d'expression. Ce premier numéro interviewera François Caradec, Ruppert et Mulot, Blutch et Blain
C'est à la fin des années 1980 que Lewis Trondheim a dessiné les premières planches de Psychanalyse, dans son fanzine ACCI H3319, puis dans l'éphémère mais fondatrice revue Labo. Édité ensuite chez Le Lézard, Psychanalyse s'est vu augmenté en 1992, d'une deuxième partie intitulée Monolinguistes. Après deux rééditions, ce petit opuscule était devenu introuvable. Chef-d'oeuvre du courant minimaliste du début des années 1990, Monolinguistes & Psychanalyse illustre à merveille la force et la radicalité du procédé le plus simple qui soit, l'itération iconique, ou la répétition d'une même case tout au long de l'album.À rebours total de l'esprit de l'époque, Lewis Trondheim y affirmait ainsi qu'il n'est plus besoin d'être un virtuose du dessin pour s'imposer comme un auteur de bande dessinée : le talent et l'audace suffisent.
Jim Woodring nous prévient qu’il ne s’agit pas d’une suite de Fran ni de Frank et le congrès des bêtes (prix spécial du jury au FIBD 2012), mais il ne fait aucun doute que c’est dans le même univers psychédélique que Poochytown va nous replonger.D’ailleurs, on retrouve très rapidement Frank et ses deux compagnons, Pupshaw et Pushpaw, sur le seuil de leur maison. Un mystérieux instrument tombé du ciel permet au petit couple de rejoindre un monde orgiaque fait à leur image, mais Frank, incapable de les suivre, reste seul. Il se lie alors d’une amitié improbable avec L’Homme-porc. S’ensuit une succession de découvertes excitantes ou effrayantes, de festins douteux et de courses folles.Le graphisme si particulier de Jim Woodring, nous emporte tout au long de ces 100 pages muettes, nous laissant ivres de vertige, de surprise et d’émerveillement.
Mon Lapin Quotidien se lance dans les affaires ! Les affaires à ne pas rater, les aubaines à saisir. Ce numéro printemps-été, c'est des centaines d'affaires bien juteuses comme des fruits gorgés de soleil ! Des wagons de petites annonces à foison. Des choses que l'on cherche, dont on cherche à se débarrasser, des choses à vendre, à donner, à échanger, des gens qui se vendent, qui se donnent qui s'échangent, toutes sortes de choses, les choses de l'esprit y compris, toutes sortes de gens, d'esprit exclusivement. C'est une manière de «MLQ BOUM BOUM» qui va faire un bruit du tonnerre. Et les affaires de nos lecteurs ! Sans oublier, évidemment, les plus belles plumes de la littérature, de la bande dessinée et du dessin contemporain ! Ce qui, on en conviendra aisément, ne gâche rien, au contraire. MLQ, ou comment faire des affaires tout en se rinçant la rétine et en se musclant les méninges. MLQ est copain avec radio NOVA.
À peine remise de la parution du tome 1 de DungeonQuest en octobre dernier, livre qui était en quelque sorte son premier ouvrage de Fantasy, L'Association publie déjà le deuxième tome de cette trilogie, toujours en avant-première sur la future édition américaine de Fantagraphics.Les lecteurs ayant apprécié cette histoire inspirée de l'univers des jeux de rôles, aux parfums ésotériques et psychédéliques, ne seront pas déçus par la suite de la Quête : Joe Daly continue à dérouter son lectorat en parasitant allègrement les poncifs du genre, avec des scènes hallucinantes qui lui sont a priori totalement antinomiques. Néanmoins, on n'est pas ici dans la parodie : l'épopée vécue par Millenium Boy, Steve, Lash Penis et Nerd Girl relève d'un premier degré tout personnel du Sud-Africain Joe Daly. Dans ce deuxième volume, la mission de trouver Bromedes sera accomplie
En 2005, François Ayroles publiait ses 28 moments-clés de l'Histoire de la bande dessinée (Le 9e monde). En 2008, il nous montrait encore son talent de cartoonist dans les Nouveaux moments-clés de l'Histoire de la bande dessinée (Alain Beaulet). Désormais auréolé du titre de meilleur fournisseur de private jokes de l'histoire de l'art séquentiel, il remet ses gants pour nous livrer ses Moments-clés de L'Association.En 44 dessins, François Ayroles dresse un portrait tour à tour tendre et ironique des auteurs majeurs de L'Association. Tout y passe, de la gestation des grands classiques à la découverte des vertus de l'humour autrichien ou finlandais, sans oublier les affres du succès et les joies de la vie associative.Un bon moyen de se remémorer plus de vingt années d'édition et de bande dessinée, en compagnie de l'humour mordant et absurde de François Ayroles.
Frank et le congrès des bêtes, prix spécial du jury d'Angoulême 2012, s'achevait sur Frank enlaçant tendrement Fran, son âme soeur fraîchement rencontrée, sous un ciel d'étoiles hallucinées.Fran, la deuxième partie, s'ouvre sur leur couple désormaisen ménage. Mais le parfait amour ne peut se filer dans le monde faussement paisible du chat psychédélique. Tout s'enraille à la découverte d'un étrange casque-projecteur qui projette le passé de celui qui le porte, Fran refusant de le porter, s'enfuit. Voilà Frank éploré qui part à sa recherche. Intrus fantasques et inquiétants, saillies du bizarre surgissent alors et brèches ouvrant sur des dimensions parallèles s'enchâssent dans le chassé-croisé des amoureux brouillés. À n'en pas douter, les meilleurs ressorts du cartoon, feront comme toujours régner l'éphémère dans le monde de Frank, personnage au destin immuable.
Publié dans sa version originale suédoise en 2016, La Perruche noire révèle la grande confusion qui règnent chez l'être humain face aux aléas du réchauffement climatique et à ses conséquences sur les sociétés contemporaines. Observant un nuage se diriger vers eux, les personnages s'inquiètent : « On est foutus ». Le phénomène naturel est confondu avec un nuage chimique menaçant. La situation fait alors l'objet de nombreuses spéculations et théories scientifiques farfelues que nous retrouverons tout au long de l'ouvrage. Un sentiment de persécution qui donne lieu à des raccourcis où « se présenter comme handicapé est une technique de domination masculine typique destinée à maintenir la hiérarchie établie entre les sexes ! » amenant les personnages à consulter le livre En cas de guerre des sexes. Se croisent alors des situations incongrues comme celle d'une perruche s'avérant, après consultation, être un moineau, s'interrogeant « les oiseaux sont-ils aussi innocents qu'ils en ont l'air ? ».
Le vieux dessinateur aigri Mathieu Sapin a retrouvé la pipe à opium d'H.P. Lovecraft grâce au facteur Septimus, ce qui devrait lui permettre d'enfin réaliser le come-back des aventures de Rififi et Biscoto. Mais le scout Capucin, voleur de la pipe, est enrôlé de force par des pêcheurs véreux, pour livrer du poisson aux riches colons, alors que le scout Buseau est séquestré dans un clapier à lapin par deux gosses de riches. Pendant ce temps, Pedro va encore être accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, et de la femme qu'il aimait, de surcroît ! L'ignoble écrivain Ernest Lamare a t-il, jadis, eu quelque chose à voir avec tout ça ? Seule chose sûre, quand apparaît dans un coin un vieux Journal de la Jungle, les aventures de Crispin Sucre s'y achèvent systématiquement en eau de boudin. Quant à Jean-Poil, il vient juste d'arriver et son rôle est encore un peu obscur...
Vingt quatre heures, pour Lewis Trondheim, c'est combien d'heures en trop, pour faire un album de bande dessinée ? Trondheim est un athlète, Lewis est un sportif. En 24 heures, il est à même de vous pondre un récit. Avec contrainte, qui plus est ! Mais ça n'étonnera plus personne... La prouesse ne réside pas là. Le tour de force, chez lui, consiste à nous faire croire que nous sommes intelligents. Nous SEULS avons compris, sous ses dehors bourrus, qui EST Lewis Trondheim.Lewis, en parlant à chacun de nous, s'adresse à tout le monde et, finalement, ne fait que parler de lui-même, bien entendu ! Sa maitrise du langage bande dessinée est telle que nous pourrons toujours le suivre n'importe où. Ici, sous une contrainte où il doit utiliser plus de 80 photos de l'Instagram de Boulet, il nous donne, en moins de 24 heures, un récit virtuose qui se joue des obstacles, qui slalome entre les écueils. Du grand art. Comme d'hab.
« C'est un arbre qui a comme des mains au bout. Des mains qui offrent. C'est un des arbres les plus vieux de la planète. » L'arbre décrit ici par Baudoin, c'est l'araucaria, un arbre originaire du Chili, pays qu'il va découvrir un mois durant, en 2003.Invité par la bibliothèque de l'institut franco-chilien, il est là pour donner des cours de dessin, et pourtant, il découvre et apprend autant qu'il enseigne. Dans les pages de ce carnet, on le retrouve en voyageur insatiable, curieux de tout, des paysages et des autres. Il est avide de mieux connaître ce pays encore meurtri par les terribles années de la dictature de Pinochet, lui qui avait tant cru à la promesse du socialisme chilien et pleuré Allende. De Santiago à Valparaiso, Baudoin garde aussi trace de ses rencontres chiliennes avec les étudiants, les indiens mapuche, ou d'anciens dissidents du régime militaire, autant d'amitiés qui l'aident à comprendre le Chili, pays de Pablo Neruda, ce poète qui lui est si cher et qu'il avait pu rencontrer des années auparavant.
Démarré il y a quelques années dans l'éphémère revue Black (Coconino), Le Mort détective est un feuilleton composé uniquement des têtes de ses chapitres. Chaque page contient un titre, une (sublime) illustration, et une phrase « extraite » d'un texte auquel nous n'aurons pas accès. C'est tout. Guidés par les indices que David B. nous fournit, c'est à nous, lecteurs, de deviner, d'imaginer ce qu'il se passe entre les moments clefs. Loin de nous perdre, c'est avec ferveur qu'on suit les péripéties du mort détective, de la fille aux 1000 poignards, du poulpe géant et de tous ces personnages étranges, effrayants ou grotesques, qui peuplent l'univers graphique de l'auteur. On retrouve avec bonheur le trait noir précis et puissant de David B, et on partage avec lui le plaisir d'animer ces infatigables gargouilles. Avec Le Mort Détective, David B pousse l'ellipse de l'espace inter-iconique à son paroxysme, mais c'est bien à vivre une incroyable épopée plutôt qu'à un exercice de style qu'il nous convie.
Mattt Konture, qu'on ne présente plus, et Jacques Velay, son camarade de l'ex-fanzine La Table, de Montpellier (Fuméti d'un fumiste en collection Mimolette, Lapin) ont réalisé ensemble ce Jean de l'ours : vu les auteurs, on pourrait s'attendre à un manifeste punk et destroy, mais on a ici affaire à ce qui ressemble à une bande dessinée presque classique. Presque... Car si tout commence comme une aimable fiction bucolique de couple en vacances, admirablement dessinée par un Mattt Konture en pleine forme, prenant un plaisir évident à dessiner la végétation, les rochers ou les arbres, le récit part lentement mais sûrement vers des turbulences particulières. Au moment de tranquillement planter leur tente dans un coin rêvé de Lozère, la femme du couple est enlevée par un ours, et il ne semble pas que cela s'avère si malencontreux. Quant à l'homme, il va lui arriver d'autres espèces de choses particulières.Un livre insolite et décalé au sein de la bibliographie de Mattt Konture, et un Velay bien différent de ses Fuméti anarcho-lyriques.
Après la mort de son père, Léopold Prudon part s'installer un an à Shanghai. Un monde neuf, inconnu, où il observe les formes de la ville sans plus penser à rien. C'est ainsi qu'il fait son deuil dans cette ville étrangère qui se dévoile par fragments, au gré des cases, à travers un noir et blanc élégant et épuré : des lignes d'horizon rompues par le sommet des gratte-ciels, les courbes de béton des échangeurs autoroutiers, les passants anonymes ou encore les néons des sinogrammesqui clignotent dans la nuit.Des images auxquelles se superposent des bribes de poèmes liés à la mort de son père et des dialogues issus de conversations banales — comme pour souligner que la vie suit son cours. A travers cette promenade mélancolique, Léopold Prudon raconte la sidération et la douleur causées par le deuil tout autant que les paradoxes d'une mégapole gigantesque et ultramoderne, qui peut cependant, au détour d'une rue, prendre l'aspect d'un village.Shanghai Chagrin est le premier ouvrage de Léopold Prudon publié par L'Association.
Remarquée avec Le Goût du Paradis (Ego Comme X, nominé pour l'essentiel Révélation d'Angoulême 2009), Nine Antico est l'une des jeunes dessinatrices qui se sont imposées ces dernières années. Son style, à la fois résolument contemporain et emprunt d'éléments stylistiques des années 1970, est déjà reconnaissable entre tous. Un style sur mesure pour Coney Island Baby, qui contrairement à son premier album, est ici une fiction, ou plutôt une étrange double biographie semi-imaginaire, basée sur deux figures féminines sulfureuses : la pin-up Bettie Page et la pornostar Linda Lovelace. S'inspirant des vies réelles de ces deux personnalités, Nine Antico construit un livre tout autant sensuel que mystérieux, revisitant aussi bien l'Amérique mythique que les coulisses du porno, et où revient régulièrement la figure charismatique d'Hugh Hefner, le légendaire patron de Playboy. Mais on aurait tort de croire que ce livre hors-normes (dont quatre chapitres ont été publiés dans Lapin) ne parle que de sexe.
Lapin est la revue de L'Association depuis 1992. Son labo, sa danseuse, son terrain de jeu. Au fil de ses diverses formules, une foule d'auteurs, aujourd'hui acclamés par la critique et réclamés par le public, a pu y faire (outre nombres d'entrechats, bonds spectaculaires, et autres sauts périlleux) des premiers pas de géants pour l'humanité. Avec Mon Lapin Quotidien, c'est un nouveau paradigme. Tout en restant, techniquement, une revue, Mon Lapin Quotidien ressemble à s'y méprendre à un journal... qui parait tous les trois mois. Et qui ne se contente plus de la bande dessinée. MLQ, sur ses 12 ou ses 16 pages grand format (41 x 58 cm), s'est ouvert tousazimuts et notamment à ce que la littérature compte de plus huppé en termes de plumes. Dans ce chaos apparent - mais parfaitement maitrisé par un Rocco aux manettes de la maquette - le lecteur, sidéré par ce déferlement jubilatoire de textes, de typos, de dessins et de bandes dessinées, aura toutes les peines du monde, dorénavant, à faire encore confiance à ses yeux... On en a plein les mains, on en prend plein la gueule, on ne saurait en sortir indemne. Jean-Yves Duhoo et Killoffer en sont les rédacteurs en chef.
Lapin est la revue de L'Association depuis 1992. Son labo, sa danseuse, son terrain de jeu. Au fil de ses diverses formules, une foule d'auteurs, aujourd'hui acclamés par la critique et réclamés par le public, a pu y faire (outre nombres d'entrechats, bonds spectaculaires, et autres sauts périlleux) des premiers pas de géants pour l'humanité. Avec Mon Lapin Quotidien, c'est un nouveau paradigme. Tout en restant, techniquement, une revue, Mon Lapin Quotidien ressemble à s'y méprendre à un journal...Qui parait tous les trois mois. Et qui ne se contente plus de la bande dessinée. MLQ, sur ses 12 ou ses 16 pages grand format (41 x 58 cm), s'est ouvert tous azimuts et notamment à ce que la littérature compte de plus huppé en termes de plumes. Dans ce chaos apparent - mais parfaitement maitrisé par un Rocco aux manettes de la maquette - le lecteur, sidéré par ce déferlement jubilatoire de textes, de typos, de dessins et de bandes dessinées, aura toutes les peines du monde, dorénavant, à faire encore confiance à ses yeux...On en a plein les mains, on en prend plein la gueule, on ne saurait en sortir indemne. Quentin Faucompré et Killoffer en sont les rédacteurs en chef.