Le héros de Courir deux lièvres, John Caldigate,est un jeune homme qui après avoir contracté des dettes au jeu et s’être brouillé avec son père, part chercher fortune en Australie à l’époque de la ruée vers l’or. C’est en homme riche qu’il rentre au pays, où il épouse son amour de jeunesse. Un enfant leur naît, ils filent le bonheur parfait. Mais Caldigate n’est pas le seul à revenir d’Australie : une femme, pauvre et de mœurs suspectes, surgit tout à coup et se prétend son épouse. Quelles ont été les relations entre Caldigate et cette Mrs Smith ? S’étaient-ils vraiment mariés en Australie ? Et que veut vraiment Mrs Smith, outre l’argent qu’elle réclame ?Avec cette brillante adaptation de Trollope, le plus célèbre des écrivains réalistes de l’âge victorien, Simon Grennan propose un passionnant récit d’aventures, tout en reconstituant de manière très authentique la culture de l’époque.
Un bombardement nucléaire vient d'avoir lieu.Les lourdes portes blindées du centre commercial Shelter Market se sont refermées sur ses centaines de clients...Très vite, la direction du centre met en marche le plan de survie, avec l'aide des nombreux vigiles présents sur les lieux. On assure aux clients qu'ils peuvent s'estimer heureux de leur sort : ils seront abrités et nourris gratuitement jusqu'à ce que la vie redevienne possible à l'extérieur.La clientèle est désormais captive et se doit donc de garder le sourire en toutes circonstances...Mais, face aux abus de pouvoir et autres dérives fascisantes, quelques personnes finissent par réagir... Un doute commence à s'insinuer quant à la réalité de l'explosion atomique. Et si tout cela n'était qu'une manipulation de plus ?
Autobiographie sans fard, confession érotique à la fois crue et tendre, reportage sur la vie contemporaine à travers les continents, regard féminin sur les choses du sexe, mais avant tout bande dessinée d’une fraîcheur et d’un brio éclatants : les deux volumes de Fraise et Chocolat (2006-2007) se sont imposés comme une référence durable. Beaucoup de jeunes et de moins jeunes ont jeté sur leur couple un regard inspiré des dessins et de l’humour d’Aurélia Aurita. Le succès exceptionnel de cette première Tmuvre d’une grande maîtrise formelle et narrative a transformé Chenda (« Chocolat ») et Frédéric (« Fraise ») en véritables personnages, qu’une nouvelle génération de lecteurs peut maintenant redécouvrir dans cette édition complète et enrichie de 32 pages de bonus inédits.
Le temps des siestes est le nouvel album de Jimmy Beaulieu, qui prolonge sa Comédie sentimentale pornographique et À la faveur de la nuit, deux albums qui lui ont valu un beau succès en 2011. Il s’agit d’un carnet d’esquisses inédites, où Jimmy Beaulieu se laisse aller à son sujet préféré : les femmes. Excitées, excitantes, à demi nues, confidentes… mais toujours libres et conquérantes. Le temps des siestes offrira l’occasion de découvrir toute la sensibilité du créateur à travers plusieurs dizaines de dessins parfois osés, parfois touchants, accompagnés de très courts textes qui sont autant de micro-nouvelles. Un moment de repos dans une carrière déjà riche, un ouvrage tout en finesse qui, nous le promettons, sera beau et troublant comme une femme endormie au petit matin.
Le 15 octobre 1905 commençait à paraître dans la presse américaine une bande dessinée qui allait révolutionner le monde de la narration par l'image : Little Nemo in Slumberland. Winsor McCay, qui fut aussi un des pionniers du dessin animé, a créé avec son petit Nemo un personnage tout aussi attachant que l'Alice de Lewis Carroll. Par la qualité, voire l'audace de ses dessins, par la subtilité de sa réflexion sur le monde du rêve, Little Nemo reste un exemple inégalé. Pour beaucoup d'auteurs et de critiques, il s'agit même de la plus belle bande dessinée de tous les temps. L'oeuvre de McCay restait pourtant peu étudiée et médiocrement éditée. Alternant études des meilleurs spécialistes de la bande dessinée et hommages des plus grands auteurs, cet album voudrait profiter du centenaire de Little Nemo pour lui donner enfin sa vraie place.
Tout le monde a lu Fraise et Chocolat, l'un des événements éditoriaux de 2006 qui a permis la découverte d'une voix de femme totalement nouvelle en bande dessinée. Personne n'avait jamais parlé d'amour et de sexe comme Aurélia Aurita : avec franchise mais aussi avec humour, avec crudité mais non sans candeur. Le temps passe. Chocolat (Chenda) aime toujours Fraise (Frédéric), et en est toujours aimée, mais aux ébats se mêle le doute, l'enthousiasme se teinte de peur. Le monde extérieur aussi est là : une amie attachante (Kan Takahama), un voisin raciste, le quotidien et ses contraintes, la menace de la séparation, les superstitions petites et grandes de l'héroïne qui va jusqu'à invoquer le divin... Mais surtout il y a l'amour, et les vraies-fausses naïvetés qui font le style incomparable d'Aurélia Aurita et l'enchantement du lecteur (et des lectrices).
Lire une bande dessinée ou un dessin de presse est simple, mais cette simplicité est trompeuse. Dans Images à mi-mots, Pierre Fresnault-Deruelle nous apprend à lire les images, vignettes de bande dessinée et dessins de presse confondus. Il le fait « à mi-mots », car les images sont à bien des égards porteuses de mots, par exemple sous forme de calembours visuels ou encore sous forme de mots dans l'image.Ce livre, toutefois, est bien plus qu'un manuel. Fresnault-Deruelle nous communique aussi son amour et son intelligence des images. Rassemblant et rapprochant de nombreux exemples très variés, de Winsor McCay à Emmanuel Guibert en passant par Plantu et Geluck, il offre enfin un éventail tout à fait étonnant de ce que l'image peut représenter et produire actuellement.
« En sélectionnant et en présentant les documents proposés dans ce livre, nous avons cherché à donner une idée de la richesse de l'image humoristique en Angleterre, en France, en Allemagne et aux États-Unis - une culture dont William Hogarth fut le grand précurseur au XVIIIe siècle. Pour comprendre l'évolution des formes séquentielles qui ont fait le lit de la bande dessinée moderne, leurs interactions constantes avec des formes concurrentes dont nous ne soupçonnons plus l'existence doivent être prises en compte. Les «raisons d'être» des histoires séquentielles sont multiples, et elles ne deviennent intelligibles que si l'on tient compte des solutions alternatives qui se présentaient à ces dessinateurs.Il faut dire que la variété des expériences menées tous azimuts par les artistes humoristiques, dans ces pays et durant cette période, met à mal toute classification et suggère au contraire l'idée d'un véritable continuum. Du rébus au roman en estampes à la Töpffer, de la caricature politique à l'illustration romanesque, du feuilleton dessiné aux «macédoines» thématiques, les illustrateurs professionnels travaillant pour le ivre et la presse au XIXe siècle prennent un malin plaisir à générer des formes hybrides et à ne laisser aucun genre intermédiaire inexploré.Dans ce paysage décidément bien éclectique, on comprendra qu'il ne soit pas possible de fixer a priori - c'est-à-dire axiomatiquement - les limites de notre corpus. Il ne s'agit pas non plus d'aborder ces productions comme des approximations ou des tâtonnements qui tendraient peu à peu à se rapprocher de la seule forme réellement pertinente - la bande dessinée familière et transparente du XXe siècle. Nous nous proposons de les voir, au contraire, comme des formes dynamiques qui explorent avec audace leur propre espace de possibilité. Elles se rapprochent en cela des productions qui depuis une vingtaine d'années prolifèrent aux frontières du genre «bande dessinée» dans nos librairies.À l'instar de nos auteurs les plus inventifs, les créateurs marquants du XIXe siècle aimaient, en effet, l'ironie et la prise de risques : ils innovaient, tout en revisitant souvent des modèles qui apparaissaient archaïques ou dérisoires aux lecteurs de l'époque. Pour donner corps aux pressentiments que leur inspiraient les transformations du temps - le progrès industriel en particulier - ils faisaient feu de tout bois. Chris Ware, aujourd'hui, ne procède pas autrement quand il emprunte aux origines du cinématographe, aux funnies et aux réclames des années 20, aux diagrammes didactiques des années 50, les bribes d'un langage polyphonique qui lui sert à décrire l'Amérique contemporaine. Ce dialogue entre la «préhistoire» de la bande dessinée et les formes les plus innovantes qu'elle prend aujourd'hui est l'une des justifications de cet ouvrage. » Thierry Smolderen
Fin de la première journée.Il n'est pas venu. J'essaierai encore demain : peut-être viendra-t-il, ne serait-ce que pour défier la loi des probabilités. Je le vois déjà, avec son feutre, debout dans son imperméable, comme sur les photos, le col relevé, le dos à l'objectif, cloué au bout de la jetée comme une paire de jumelles sur leur socle, fixant l'horizon lointain comme si plus rien d'autre n'existait. Oui, exactement ainsi, le chapeau baissé sur le front, la tête tournée, répétant sans cesse les mêmes phrases brèves et incompréhensibles, qui finiront par le rendre malade et qui bourdonneront dans ses oreilles comme un dernier roulement de tambour.Il y aura un bruit de pas derrière lui, le contact glacé d'un canon noir contre son cou et pari - une maudite éclaboussure en travers du ciel. Les vagues viennent se briser, dans une monotonie lugubre, le long du sombre littoral. Par-delà les derniers pilotis noirs de la jetée, le ciel et la mer se confondent derrière un rideau de pluie grise. L'air salé, les algues, le crissement des galets sous les pas, l'inévitable cri des mouettes - tout y est, je suis chez moi.Vers l'intérieur, dans les quartiers est de la ville, le crépitement des armes automatiques décroît, s'éteint. Demain, je reviendrai.
Au premier abord, tout semble opposer le monde créé par Brassens à travers quelque 300 chansons et celui où évoluent Tintin et ses compagnons au long des 24 albums. L'univers des chansons est rèvé, légendaire, celui des Aventures est concret, comme une copie du réel. La poésie et la folie planent sur l'oeuvre du premier tandis que le petit reporter est immergé dans l'action. Brassens est un spectateur distancié, Tintin un aventurier engagé.L'un, amoureux des femmes, parle cru, l'autre, asexué, ignore le désir. Anticonformisme et anticléricalisme d'un côté, valeurs boy-scouts chrétiennes de l'autre. Et pourtant... Ces deux créations majeures du XXe siècle séduisent des publics communs. Est-ce seulement dù à l'immense talent de leurs démiurges ou à leur contemporanéité - 1921-1981 pour Brassens, 1907-1983 pour Hergé - qui suffirait à engendrer une connivence générationnelle et culturelle ? Ce livre démontre qu'une telle explication ne suffit pas : il existe des analogies, voire des affinités entre ces oeuvres apparemment si dissemblables.Contrairement à ce que pourrait laisser penser une approche superficielle, les philosophies de vie des personnages mis en scène par Georges Brassens et Georges Remi sont loin d'ètre incompatibles. Grâce à une analyse approfondie des récits du poète sétois et du dessinateur belge, Renaud Nattiez met en évidence des correspondances surprenantes, des similitudes insoupçonnées. Deux mondes parallèles, au double sens du mot : ils ne se confondent pas, ils ne se rejoignent pas, mais ils évoluent dans la mèmc direction comme si, au fil des ans1 Brassens s'était rapproché de Tintin et Tintin de Brassens.Renaud Nattiez est né entre Mouhnsart et Sète, lorsque Tintin s'apprétait a marcher sur la Lune et Brassens à enregistrer son premier disque. Le premier lui a donne le gout de l'ailleurs, le second celui du jeu avec les mot, de la langue française. L'auteur a publié Le Mystère Tintin (2016), Le Dictionnaire Tintin (2017), Les Femmes dans le monde de Tintin (2018). Ancien élève de l'ENA, ex-diplomate, il est docteur en économie.