Après le fabuleux Nippon Folklore, Elisa Menini nous revient avec un nouveau recueil tout aussi époustouflant.Un jeu antique de la période Edo (1603-1868) inventé, dit-on, par des samouraïs comme épreuve de courage, veut que, dans une pièce, en pleine nuit, on allume autant de bougies que de participants au jeu.Chacun, à tour de rôle, raconte une histoire de fantômes, et à la fin du récit, il éteint une bougie. La pièce se fait plus sombre au fur et à mesure que le jeu progresse. à la fin, lorsque s´éteint la dernière bougie, apparaît un yokai, esprit puissant, parfois bienveillant, parfois moins ! Orques, diables, arbres parlants, araignées, dragons et autres chats magiques peuplent ces histoires qui proviennent tout droit de la tradition et des légendes japonaises.
Persécution et répression de l'homosexualité au xxe siècle : le roman graphique de Colaone et de Santis demeure d'une amère actualité En 1938, l'Italie fasciste promulgue de nouvelles lois raciales. Mais, contrairement aux mesures prises en Allemagne, aucun arrêté ne vise les homosexuels. Dans l'Italie d'alors, en effet, tous les hommes sont actifs, virils et certainement peu enclins à une telle faiblesse.C'est en tout cas ainsi que Mussolini règle officiellement la question. Mais la réalité est tout autre. Une intense répression s'est abattue à cette époque sur les homosexuels : de 1938 à 1942, environ 300 Italiens ont été envoyés en prison au motif de leur orientation sexuelle. Rares sont ceux qui, par la suite, ont accepté de témoigner de la répression subie, et ceux-là ont préféré dissimuler leur identité.C'est ainsi que débute ce récit, qui s'inspire de la figure d'un des rares témoins de ce pan sordide de l'Histoire.
A Paris, une corneille est témoin d'un attentat terroriste. Se remémorant l'anecdote selon laquelle Rod Taylor, l'acteur principal des Oiseaux d'Hitchcock, aurait durant tout le tournage été harcelé par l'une des corneilles utilisées pour le film, Giacomo Nanni part du postulat selon lequel l'animal est capable didentifier et de se souvenir des visages humains. De là, il imagine l'une delles en témoin des préparatifs d'attentat de la filière jihadiste dite des Buttes-Chaumont , suspecte des attentats survenus en France en janvier 2015.Il reprend pour ce faire le procédé si original et poétique déployé dans Acte de Dieu de l'enchaînement et du croisement des regards et points de vue. La vision d'une corneille a la même valeur que celle d'une petite fille, le Parc des Buttes-Chaumont comme le piège à corneilles deviennent des protagonistes à part entière. Selon Giacomo Nanni, le but de cette histoire n'est pas seulement de raconter la violence d'un attentat terroriste, mais aussi d'évoquer la brutalité des faits par rapport à linvention littéraire et artistique .Comme d'habitude chez Nanni, cette évocation est d'une subtilité et d'une poésie rares.
Quiconque est prêt à se salir peut aussi s'enrichir. Dans une ville marécageuse et dystopique, deux frères découvrent le règne du profit et de l'opportunisme, au coeur d'une ruée vers la fortune impitoyable et sans vergogne. Mais de la horde qui se précipite vers les marais, ou de celle qui cherche à tout prix à les fuir, qui est le plus malin ou le moins fou ?
« Une femme qui réussit réussit pour toutes les autres ».1955, côte adriatique.C'est l'heure du miracle économique pour l'Italie, et les plages qui bordent l'hôtel Ariston accueillent un tourisme tout neuf.De cet hôtel comme d'un théâtre, Ariston Hotel explore la scène et les coulisses. Au travers des vies, aventures, anecdotes des clients et du personnel, l'album égrène trois décennies et raconte, autour du personnage central de Renata, la propriétaire des lieux, une histoire de l'émancipation féminine.
Recueil de sept mythes et légendes du folklore japonais, Nippon Folklore rassemble des histoires d'animaux, d'hommes et de métamorphoses. Ainsi, «Le Chat aux trois couleurs» raconte l'histoire d'un couple de vieillards dont le chat dévoile de fascinants pouvoirs. «Le Chapeau de paille» relate le supplice que le sort réserve à un homme qui s'est saoulé au saké. «Momotaro» retrace le destin d'un homme envoyé par les dieux pour détruire les orques d'Onigashima...Couleurs, ambiances et références : tout ici évoque l'art graphique du Japon des années 1800, réinterprété dans un style synthétique, contemporain et très personnel, qui lorgne du côté du manga.
Aventures sur une île déserte est un ouvrage construit selon le procédé de la mise en abîme. L'intrigue est constituée de nombreux récits étranges, qui s'emboîtent.Le héros, au sortir d'un cauchemar, trouve devant sa porte un journal intime qu'il commence à lire. Ainsi il découvre les aventures d'un autre homme parti en croisière en Afrique. Durant son voyage, un tsunami fait couler le bateau. Ayant survécu, il se retrouve sur une île déserte qui cache des secrets.En apparence, voilà qui rappelle les romans d'aventure initiatiques où le héros entreprend un grand voyage pour devenir homme, conquérir le monde ou, comme dans les contes philosophiques, acquérir personnalité et sagesse. Sauf que chez Sienczyk, tout est différent, comme dans un rêve malade où l'on s'embourbe insensément.
Un jeune homme vient visiter une chambre à louer dans un appartement. L'appartement est immense, classieux , l'affaire est vite conclue avec les autres locataires. Mais voilà que bien vite, le nouvel arrivé découvre qu'il ne peut plus sortir... pas davantage que les autres occupants. La porte par laquelle il est entré semble condamnée, comme le sont les fenêtres, et toute autre issue. Ainsi commence Abaddon, le plus fascinant et le plus dérangeant des romans graphiques de Koren Shadmi. Ainsi commence un cauchemar polymorphe, où l'auteur alterne le quotidien emmuré des cinq protagonistes et les cauchemars du héros, hanté par des images de guerre. Immédiatement, le lecteur est pris au piège, happé par l'angoisse, et n'aura de cesse de tenter de trouver une explication à cet enfermement. Le héros est-il victime d'une machination infernale, ou bien en proie à la folie ? Voici enfin éditée l'intégrale d'Abaddon, indispensable à tout amateur de l'univers de Koren Shadmi.
En Inde, et en rêve, le jeune Helios est convoqué par les Mères sacrées du temple d'Orissa pour se voir confier une mission : aller à Bombay, y retrouver la trace d'une jeune fille disparue. La route d'Helios croisera celle du riche sultan Othmar Babula, qui le mènera à la rencontre de la belle et mystérieuse Aparna Tagore, elle-même éperdument amoureuse du fantôme du célèbre danseur Nijinsky.C'est une histoire d'amour et de captivité. Un récit de destins croisés à Bombay, la ville des souvenirs infinis et des passions qui ne veulent pas mourir.Ce livre fut inspiré à son auteur par l'histoire vraie d'Elissa Rhais, une danseuse enlevée par son prétendant et enfermée dans un harem pendant 17 années. Rendu fou de rage par son amour non partagé, le sultan tout-puissant se vengera sur la belle en la gavant telle une bête, déformant à dessein le corps désiré et inaccessible.Igort se livre ici au jeu de boîtes chinoises qui lui est cher, offrant une déambulation entre Inde, Turquie et Russie.De longs voyages, colorés et mystérieux, en quête de quoi ?D'une identité qui se dérobe. D'un amour qui confine à l'enfermement.
Dans une métropole sale, livide et peuplée de freaks, l'inspecteur Mortenson enquête. Le suicide de Pol Riviera, le plus célèbre des présentateurs de la télévision, a surpris tout le monde. Mais une personnalité haut placée doute fort de l'hypothèse d'une mort volontaire.Mortenson, enquêteur dépressif en proie à de sombres démons intérieurs, va se mettre en quête de la vérité, et se retrouver nez à nez, au coeur de la ville, avec de monstrueuses créatures, démons bien réels. Avec Oceania Boulevard, ce qui s'annonçait comme un polar classique va bien vite se transformer en film d'horreur existentialiste et visionnaire.Et cette BD qui évoquait très nettement le Twin Peaks de David Lynch va rapidement lorgner du côté des pires cauchemars de William Burroughs.La mise en scène totalement cinématographique de Marco Galli - cadres panoramiques en cinémascope, texte sur fond noir, couleurs acides et récit au cordeau - participe grandement à l'originalité d'Oceania Boulevard, un vrai polar qui revisite avec bonheur les codes du genre. Et offre, sous la forme d'un hommage aux seventies façon Métal Hurlant, un univers absurde et parfois génial.
Trois histoires, de solitude et d'urgence, une urgence qui saisit les protagonistes et que personne autour d'eux ne perçoit ou ne comprend. Et qui forment un beau récit choral et une délicate analyse des rapports humains. Katherine Mansfield passe quelques mois de l'année 1915 seule à Menton, à écrire des récits et des lettres, et à parler presque exclusivement à son frère. Celui-ci vient de mourir et lui apparaît parfois dans les jardins abandonnés ou dans la cuisine de la petite maison qu'elle occupe.Liam est astrophysicien. Après un brillant doctorat, il choisit les travaux les plus éclectiques et apparemment subalternes plutôt que de rester à l'université où il se sent humilié et ne trouve pas sa place. Lorqu'enfin se présente le poste qui lui donnerait l'occasion de reprendre son travail de chercheur, il va devoir choisir entre son rêve et la vie avec celle qu'il aime. Marzia a 14 ans. Déjà trop vieille pour sortir indemne du procès où elle est accusée de fraude informatique.Marzia est un petit génie du Web, elle passe tout son temps sur son smartphone où elle évolue sous moult identités différentes, toutes évidemment fausses ; elle s'est construit un discours complexe, très évolué pour son jeune âge, qu'elle déroule sans jamais regarder quiconque dans les yeux. Personne n'écoute ni ne croit Marzia. Et Marzia ne s'en soucie guère.